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Le foot pendant la guerre

OM-SAINT ETIENNE Octobre 1941 : large succès contre les Verts avec 5 buts d'Aznar. Wilfried Pradal faisait partie de l'effectif olympien et se souvient, à 90 ans, de cette drôle de période

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On a du mal à mettre en parallèle l'actualité mondiale de 1941, qui se résumait à la guerre et le football qui continuait à exister dans une France coupée en deux, entre zone occupée et zone non occupée dont Marseille faisait partie. "Cela permettait d'avoir un dérivatif, aussi bien pour les joueurs que pour les spectateurs et je pense que si l'occupant avait laissé cette activité se poursuivre, c'est qu'il pensait que pendant qu'on jouait au foot, on ne résistait pas", nous explique Wilfried Pradal. Ce monsieur, qui habite dans les quartiers sud de Marseille, à portée de frappe de la tribune Ganay du Vélodrome, est âgé de 90 ans et il conserve des souvenirs précis de ses deux années de joueur dans l'effectif olympien.

Je suis arrivé de Villefranche-sur-Mer en 1939 et, à 17 ans, j'ai commencé à m'entraîner avec l'équipe première de l'OM. Le gouvernement de Vichy avait aboli le professionnalisme et instauré des équipes régionales où il avait lui-même imposé quelques transferts. Moi, j'étais le petit jeune, je jouais essentiellement en équipe réserve, mais parfois avec des gens comme Veneziano, Delachet, Scotti, qui était jeune lui aussi et qui débutait, j'ai disputé aussi quelques matches avec l'équipe fanion. Nous nous entraînions deux fois par semaine au stade Fernand Bouisson de l'Huveaune.

 

"Aznar, le Papin de son époque"

Dans les statistiques officielles du professionnalisme ces championnats de guerre ne sont pas comptabilisés, contrairement à la coupe de France, que l'OM gagna d'ailleurs en 1943. Dommage pour Emmanuelle Aznar, qui marqua 9 buts lors du même match contre Avignon et qui, au cours de la saison 41-42, réussit un quintuplé face à Saint Etienne pour la première journée de championnat, le 04 octobre. L'OM l'emporta 8-3 face à une ASSE dont le gardien était l'ex international René Llense et où on relève le nom du futur entraîneur mythique, Jean Snella.

"Aznar, c'était le Papin de son époque, rappelle Wilfried Pradal. Un vrai grand buteur, une vedette qui soulevait les foules. Moi, j'étais demi et il me disait : 'Si les défenseurs sont grands, envoie-moi le ballon à terre". Une fois qu'il le recevait, les buts, il se les fabriquait lui-même. Je l'ai revu longtemps après, il avait embauché ma belle-fille dans son magasin de chaussures, rue de Rome.

"J'entends encore la voix de Ferdi Bruhin aussi, me conseillant : 'Petit, frappe ! Dégage !' ou Georges Dard, ailier à la vitesse ahurissante, qui réclamait : 'tu me lances à la corde ! ' Je revois aussi Pepito Alcazar, notre attaquant vedette, très gentil avec moi mais tellement pingre qu'il marchait sur la pointe des pieds pour ne pas user les talons de ses chaussures.

 

 On jouait beaucoup plus lentement et on devait garder son poste, sans trop changer pour aller aider le partenaire ; il y avait donc beaucoup de un contre un et personne ne virevoltait comme le fait aujourd'hui le merveilleux Valbuena.

"Un jour où nous avions gagné à Chambéry, le président nous avait offert des boites de chocolat. C'était extraordinaire pour nous, nous n'avions rien à bouffer, c'était épouvantable".

En 1943, Wilfried Pradal allait partir dans la Drôme, dans les chantiers de jeunesse, pour éviter le STO, comme technicien radio (j'en ai réparé quelques-unes pour le maquis") et n'allait ensuite rejouer qu'en amateur à l'AS Mazargues, poursuivant sa carrière professionnelle dans la technologie de l'audiovisuel. L'OM, premier de la zone sud en 1941 allait finit 5e en 1942

Lien vers la rencontre >>>

Fiche joueur Wilfried Pradal >>>

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