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Résumé Le Provencal

du 16 janvier 1967

 

A CARCASSONNE, SKOBLAR sauve son équipe à... la 115me minute

O.M. : coup d'arrêt

ALBI oblige les Marseillais à rejouer (1-1)

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

Albi, rejeté du Championnat de France amateur et mal placés en Division d'Honneur du Midi, avait réalisé l'un des exploits du sixième tour en éliminant Montpellier, à domicile.

On ne pensait pas, pourtant, que les Tarnais, en dépit de cette excellente performance, seraient capables de mener la vie dure àune solide équipe de Première Division comme l'O.M.

Les Marseillais, vainqueurs de Nantes, qui ont tenu Saint-Étienne en échec, ont pourtant été à deux doigts de s'incliner sur le terrain sec et bosseler de Carcassonne, que la Fédération avait sans doute désigné dans un but de propagande.

Il faisait assez beau dans l'Aude, et les sportifs locaux, acquis au rugby, s'étaient rendus au stade en curieux, pour voir ce que pouvait être une équipe de Division Nationale. Et bien ! tout ce que nous pourrions dire en 1.000 lignes, nous pourrions aussi bien le résumé en dix !

Les Marseillais s'établirent dans le camp albigeois, leurs arrière prenant leur quartier à la ligne médiane, les attaquants et les demis s'efforçant de mettre la balle au fond, ce qui ne s'avérait pas facile.

Successivement, Casolari, Skoblar, Buron, Joseph, Djorkaeff, Destrumelle, voir Tassone et Artelesa, tentèrent leur chance. À chaque fois la balle passa à côté ou au-dessus... quand elle ne fut pas déviée par les défenseurs tarnais ou l'ultime rempart, le gardien Sanchez.

Il est à remarquer que ce dernier est le 3me gardien de but des Albigeois. Ces derniers bénéficiaient, il y a quelques saisons au temps où ils jouaient les premiers rôles en C.F.A. des services de l'excellent Gayet. Aussi, précisons-le tout de suite, des services d'un notre international, arrière Soccoia.

Lorsque Gayet prit sa retraite, il céda son poste à son jeune frère. Le football et le poste de gardien étant chez les Gayet une affaire de famille. Ce dernier étant indisponible, la place échue à Sanchez qui joua contre l'O.M. le match de Di Lorto contre l'Italie avant la guerre !

On arriva ainsi, cahin-caha - et l'O.M. dominant à outrance - à la fin du temps réglementaire, et la cage de Sanchez était toujours inviolée.

Peu après, alors que l'on m'approchait de la fin de la première prolongation, ce fut le coup de théâtre !

L'une des rares contre-attaques tarnaises se développait. L'avant-centre Rivals tentait sa chance et Azéma, l'homme qui avait déjà éliminé Montpellier, la touchait légèrement au passage, prenant complètement le malheureux Escale à contre-pied !

On en était à la 104me minute du match. Les rares Albigeois présents s'embrassaient de joie. Le public local n'en croyait pas ses yeux et les Marseillais étaient catastrophés. Le temps de rire ou de pleurer, en tous cas de commenter l'événement et les deux équipes changeaient de camp pour la dernière fois.

Les Marseillais qui n'avaient pu marquer le moindre but en 115 minutes allaient égaliser tout aussitôt. Et c'était à Skoblar, l'homme qui vaut un but par match, qu'allait revenir l'honneur de ce sauvetage.

Il fonça dans son style à la fois élégant et puissant, et l'expédia la balle au fond.

Il restait treize minutes à jouer qui ne changèrent rien à l'affaire. Les Tarnais défendirent âprement leur match nul et l'O.M. qui revenait, en l'a compris, de loin, ne put arracher la victoire malgré de nombreuses tentatives...

On comprend qu'il soit difficile de tresser des couronnes aux joueurs de l'O.M., qui eurent le seul mérite de ne pas se décourager et de réagir lorsque Azéma eut ouvert le score.

Il faut tout de même citer Skoblar, qui réussit là où les autres avaient échoué.

Albi, entendu, il faut louer la défense en bloc, et en particulier le gardien Sanchez, les frères Guillot, Slonenski et l'opportuniste Azéma.

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L'O.M. a dû attendre 107 minutes

pour marquer un but Albi

et encore ce but de Skoblar ne fut-il que celui de l'égalisation

Durant toute la première mi-temps en se posa la question :

"Ca va-t-il ou ça ne va-t-il pas entrer ?"

Et bien, à la 45me minute, on pouvait encore lire au tableau d'affichage :

0 à 0.

Pourtant sur une pelouse impropre au football et sous un ciel d'une luminosité estivale, le jeu s'était presque constamment déroulé dans le camp des amateurs albigeois.

Des occasions de buts, pour l'O.M. nous en avons une pleine page.

Les plus nettes, les quasiment immanquables, furent ratés surtout par Joseph.

On n'étonnera personne en écrivant que les actions offensives les plus lumineuses de l'O.M. eurent pour inspirateur Skoblar, souvent bien secondé par Buron.

Chez les amateurs, la défense, animé par Christian Guillot, avait fait tout son devoir et même un peu plus.

Alors que les deux équipes rentrées sur le terrain, souhaitons que la deuxième mi-temps permette d'ouvrir la rubrique buts.

2me MI-TEMPS

Incroyable mais vrai, à la 90me minute notre rubrique but, est encore à l'état de papier blanc.

Mieux même, à deux reprises (55me et 87me), Escale en déviant deux tirs de Rivals, épargna à son équipe la pire humiliation.

Le dernier, en particulier, à cinq minutes de la fin, donna le frisson aux quelques marseillais présents autour du terrain.

Car l'O.M. avait moins dominé qu'en première mi-temps et ne s'était offert que trois ou quatre occasions de buts bien nettes.

La meilleure, la 75me. Sur coup franc, Skoblar trouva la tête de Joseph. Ce dernier rabattit le ballon, exactement comme dimanche dernier contre Saint-Étienne mais Sanchez, plus heureux que Bernard, plongea et évita miraculeusement le but.

Ce Sanchez a d'ailleurs été excellent, du moins jusqu'à présent.

LA PROLONGATION

Dès le début de la prolongation, l'O.M. essaie de prendre d'assaut la position retranchée albigeoise.

Le haut moment de cette offensive se situe à la 98me.

Un tir de "Caso" du gauche sans devoir faire but. Sanchez plonge et repousse le ballon dans les pieds de Joseph. Ce dernier va-t-il enfin marquer ? Non, dans un vrai saut de carpe Sanchez fait barrière de son corps.

À la 104me minute, se produit imprévisible.

Sur coup franc pour Albi, Rivals tire ras de terre assez mollement. Mais au passage, le ballon heurte le talon d'Azema et l'on voit le dit ballon entrer dans la cage de l'O.M., à gauche, alors qu'Escale, pris à contre-pied plonge à droite.

Albi 1 - O.M. 0.

Là-dessus on change de camp et se produit alors un deuxième coup de théâtre.

À la suite de l'un des rares loupés, sinon le seul de Christian Guillot, Skoblar de l'extérieur du pied, loge acrobatiquement le ballon dans la cage d'Albi.

Albi 1 - O.M. 1.

Sur le banc de touche, Robert Domergue retrouve sa respiration perdue.

Plus rien jusqu'à la fin : il faudra rejouer dimanche prochain.

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Le choeur des Albigeois !

"Nous ne sommes pas des manchots"

On chantait dans le vestiaire des Albigeois

L'opinion générale peut se résumer dans la remarque pittoresque de l'un des frères Guillot :

"Nous leur avons montré que nous n'étions pas des "branques", nous n'étions pas des "branques"."

Traduisez des manchots, si vous ne comprenez pas le patois du Sud-Ouest.

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Merci à M. Henri Llanes pour la photo et son aide à la réalisation de la feuille de match.

 

 

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