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Résumé Le Provencal

du 14 octobre 1968

 

L'O.M. poignardé par les "contres" stéphanois

FEFEU, REVELLI, Keita auteurs des trois buts..

Dominé territorialement les trois quarts du temps, souvent acculés sur leur but, parfois soumis à un véritable bombardement, les champions de France stéphanois n'en ont pas moins quitté le stade vélodrome nantis d'une large victoire que leur avant-centre Revelli pouvait grossir de deux unités, au cours du dernier quart d'heure.

Inutile d'ajouter que le score déjà lourd, aurait pris là des proportions tout à fait injustes, même si le trois à zéro final reflète à peu près l'écart qui sépare actuellement les deux équipes, qu'on les juge d'homme à homme ou collectivement.

L'individuelle

On sait que l'O.M. venait d'obtenir deux bons résultats en championnat, aux dépens de Sedan et Ajaccio, en utilisant les mêmes principes : marquage individuel et couverture, autrement dit en jouant le béton. Aussi ne fut-on pas surpris de voir Tassone, Novi, Lopez Djorkaeff s'attacher aux pas des attaquants au maillot vert : Bereta, Keita, Revelli, Fefeu, couverts par leur camarade Zwunka.

Pendant un bon quart d'heure, les défenseurs marseillais étouffèrent littéralement dans l'oeuf les offensives stéphanoises et nous ne saurions dire ce qui serait advenu du match si le destin, alors n'avait aidé les champions d'un sérieux coup de pouce !

L'erreur de Tassone

Il y avait beaucoup de monde devant le but marseillais, lorsque Tassone, en possession de la balle, eut la mauvaise idée de vouloir donner en retrait à escale... Fefeu sortit alors du paquet de façon foudroyante, surprit tout le monde en une fraction de seconde, et la poussa dans la cage du bout du pied... Nous en étions à la 17e minute et ce but qui ne récompensait en aucune manière une quelconque supériorité stéphanoise, allait permettre aux "verts" de jouer sur du velours...

Tandis que Joseph et Fiawoo se signalaient dans des conditions difficiles et portaient souvent le danger devant le but de Carnus, les Foréziens, animés par le vif et entreprenant Bereta, commençaient à montrer le bout de l'oreille et à poser des banderilles.

L'exploit de Revelli...

Dix minutes de ce petit jeu là, et Keita que l'on n'avait pas beaucoup vu jusqu'alors, prolongeait de la tête la balle vers Revelli, lui aussi tenu de près par Lopez. Le Gardannais donnait là un aperçu de cette possibilité en lobant Lopez du pied pour tromper ensuite Escale de la tête ! Entre la passe de Herbin et la réussite de Revelli, la balle n'avait pas touché le sol... Du vrai travail d'avants de pointe...

Jusqu'à la pause, les Stéphanois tirèrent habilement parti de leur supériorité technique, faisant courir le ballon... et aussi leurs adversaires...

...et celui de Keita

La seconde mi-temps débutait par une vive et courageuse poussée marseillaise qui n'allait d'ailleurs pas se démentir jusqu'au coup de sifflet final, les actions les plus dangereuses trouvant Fiawoo, le plus souvent, à leur origine.

Les Stéphanois se défendaient avec bec et ongles et leurs ailiers Fefeu et Bereta n'hésitaient jamais à venir chercher le ballon, aux abords de leur surface ou les Bosquier, Herbin, Mitoraj, pliaient parfois, mais se tiraient toujours finalement d'affaire grâce à leur technique et à leur sang-froid.

Grâce aussi, en certaines occasions à M. Mouthon, aux décisions parfois bizarres.

Au moment ou Saint-Étienne était le plus dominé, Bereta prenait la balle et la conduisait jusqu'à la ligne médiane, d'où il alertait Keller d'une splendide ouverture. Le Malien laissait tout le monde sur place et marquait imparablement, assassinant à la fois l'O.M... et la dernière demi-heure de jeu...

Au cours au cours de ces 30 minutes, les Marseillais ne parvinrent pas à sauver l'honneur - ils le méritaient amplement - malgré une domination écrasante et des tirs à bout portant de Gueniche et Bonnel. Mais Revelli, sur des passes lumineuses de Fefeu et Keita arrivait deux fois seul devant Escale sans pouvoir le battre !

Plusieurs minutes avant la fin, bon nombre de spectateurs cruellement déçus roulaient déjà sur le boulevard Michelet !

Louis DUPIC

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Un constat de faillite

Il est un signe qui ne trompe pas.

Quand, à un bon quart d'heure de la fin, les virages du stade se dégarnissent, laissant apparaître des taches blanches là où était la couleur et l'enthousiasme prêt à descendre vers la pelouse en ondes sonores, c'est que le public est cruellement déçu.

Nous le sommes, nous aussi, malgré le but lumineux de Keita - un véritable exploit de matador du football - et la classe sereine affichée tout le long de la rencontre par Bosquier, Herbin et Carnus.

Notre déception vient du fait, hélas trop évident, que nous n'avons pas eu la rencontre escomptée.

Ce sentiment de frustration que nous n'avons pas été le seul à éprouver, a rendu la partie fade et amère à la fois.

Une tactique de masse

Ce n'est pas tellement la nette défaite de l'O.M. qui nous chagrine - il faut savoir sportivement s'incliner devant plus fort que soi - mais la manière dont elle fut consommée.

Sans même que Saint-Étienne ait eu à forcer son talent !

À dire vrai, nous n'arrivons pas à comprendre pourquoi et comment l'O.M. a pu, sur son terrain, essayer de battre la meilleure équipe de France, en choisissant la voie la plus étroite, la moins spectaculaire et en définitive moins sûre.

Comment peut-on espérer troubler le trio central de la défense de l'Equipe de France en ne lui opposant que le seul Joseph, épisodiquement soutenu par l'excellent Fiawoo ?

Comment aussi espérer pousser l'équipe stéphanoise dans ses derniers retranchements, l'obliger à faire des fautes, en massant sept de ses joueurs du champ sur dix, au centre et au milieu du terrain ?

Le résultat le plus clair de cette tactique de masse et que Herbin, Polny et Jacquet se sont promenés, les fautes inévitables étant commises par la trop dense défense marseillaise.

"Ligne Maginot"

et "Fort Vauban"

Nous ne sommes peut-être pas au goût du jour, mais nous trouvons aberrant qu'une équipe professionnelle de Première Division, jouant sur son terrain, même contre un adversaire réputé supérieur, manifeste trop visiblement sa peur bleue de perdre.

Récapitulons.

Devant Escale, il y avait Zwunka. Devant ce dernier, la "ligne Maginot" Tassone, J.P. Lopez, Novi, Djorkaeff, elle-même couvrant le "Fort Vauban" fait de Bonnel et Destrumelle.

Dans de pareilles conditions l'aile droite du terrain complètement abandonnée, l'aile gauche occupée par un joueur pratiquement isolé, ne pouvant compter, face au rude Durkovic que sur des balles "pourries", comme peut-on espérer obtenir autre chose en mettant les choses au mieux, qu'un misérable résultat misérablement tiré par les cheveux ?

L'occasion perdue

Pourtant, l'occasion était belle.

Inespéré même !

25.000 spectateurs déclarés, un air de fête, des supporters décidés à soutenir inconditionnellement leur équipe.

Enfin faut-il enfin sortir de Polytechnique, pour penser tout simplement, naïvement :

"Ces braves gens, nous allons essayer de leur faire plaisir en ouvrant le jeu, en attaquant les Stéphanois sur tous les points du terrain."

Livrer le grand combat attendu, au lieu d'essayer de faire tomber les Stéphanois dans une embuscade, dans un piège tendu au coin de leurs bois.

Admettons qu'à ce jeu-là l'O.M. ait été tout de même battu par 5 à 3, 6 à 4 ou tout "score" ouvert que vous voudrez.

Combien, nous aurions été plus à l'aise pour écrire :

"L'O.M. a dû s'incliner avec brio devant une belle équipe stéphanoise ; mais il a laissé entrevoir des qualités qui nous permettent d'être optimisme pour la suite la saison".

Hélas !

À force de déjouer, il est bien difficile d'apprendre à jouer.

Fiawoo et Escale

Il nous reste peu de place pour traiter les joueurs pris individuellement.

Ce n'était pas involontaire.

Écrivons donc que les points forts de l'équipe stéphanois sont : Bosquier, Herbin et Keita, ce dernier possédant une finesse, un double démarrage et un sens du jeu rare à son âge.

Novi ne nous contredira pas.

À l'O.M. accordons la meilleure mention à Escale et à Fiawoo.

Les autres ne nous ont pas déçus, c'est la manière dont ils ont abordé et disputé cette rencontre qui nous a paru illogique et peu faite pour retenir les spectateurs au stade

Maurice FABREGUETTES

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Batteux : "Notre mérite ?

Rester calmes !"

Dans le camp stéphanois c'était la satisfaction mais pas l'euphorie.

On considérait le résultat tout à fait normal. L'entraîneur Albert Batteux nous a dit simplement : "Le mérite de notre équipe et d'avoir su rester calme. Chaque fois qu'elle a perdue momentanément la balle elle s'est efforcée aussitôt après de relancer le jeu".

Le capitaine Bosquier, très amusé, s'est exclamé : "Nous aurions pu ajouter deux ou trois buts de plus, mais les Marseillais, de leur côté, auraient dû scorer une fois ! Alors ? Mais je me demande pour quelle raison les Marseillais ont joué sans ailier droit ?

Herbin, avec beaucoup de sang-froid, a analysé le match en ces termes : "Ca c'est bien passé pour nous, sauf pendant le premier quart d'heure durant lequel nous avons joué un peu à l'emporte-pièce, ensuite notre action a été simple et efficace".

Carnus, gentiment remarquait : "C'est toujours embêtant pour un club de perdre sur son terrain, mais l'O.M. gagnera bien d'autres matches !"

Alain DELCROIX

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LECLERC : "Nous avons fait deux somptueux cadeaux"

Chez les Marseillais tous les visages étaient tristes, les propos rares.

L'entraîneur Robert Domergue a expliqué la défaite olympienne par les motifs suivants : "On ne peut pas rendre deux buts à une équipe de la valeur de Saint-Étienne !

"Nous avons joué avec une défense renforcée dans l'espoir d'obliger les Stéphanois à faire le forcing, mais les deux premiers buts, encaissés ont tout modifié. Enfin, il ne s'agit pas de contester la victoire du champion de France".

Le président Marcel Leclerc constatait avec une pointe de soupir : "Nous avons fait deux somptueux cadeaux aux Stéphanois. C'est vraiment trop pour une équipe comme la nôtre, mais c'est dommage que nous jouions bien quand il y a peu de spectateurs et mal quand il y en a beaucoup".

Zwunka faisait remarquer : "La douleur de ma blessure s'est réveillée rapidement et chaque fois que je tapais dans la balle j'avais mal".

Djorkaeff constatait : "Il n'est pas possible de remonter deux buts devant une formation comme Saint-Étienne"

Bonnel affirmait d'une façon lapidaire : "Dans l'ensemble le résultat est normal, les Stéphanois sont trop forts pour nous !"

Alain DELCROIX

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