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Résumé Le Provencal

du 27 novembre 1975

 

  O.M. : ENCORE UNE VICTOIRE IN EXTREMIS !

 

Les Marseillais ont très longtemps cherché l'ouverture (1-0)

Nous avons failli attraper le torticolis à force de regarder à droite en première mi-temps et à gauche en seconde. Traduisez si vous n'étiez pas l'un des 10.000 spectateurs présents à cette rencontre, en direction du camp de Strasbourg.

Se laisser dominer, volontairement la plupart du temps, de cette façon est incroyable. D'autant plus que l'équipe alsacienne, et elle l'a largement prouvé au cours de ses rares contre attaques, ne manque ni de qualité ni de bons joueurs.

Mais bien jouer au football avec un parer esprit est totalement impossible. Nous plaignons sérieusement les jeunes footballeurs alsaciens, tels Ehrlacher et Gemmrich qui ne progresseront jamais dans un pareil contexte.

Pauvre... pauvre football français, même quand il est dirigé par un entraîneur hollandais.

Nous ne pourrons vous dire exactement le nombre des corners, une vingtaine pour l'O.M. environ, ni le nombre de passes en retrait faites à Dropsy, ni le nombre de sombres mêlées qui se déroulèrent devant la cage de l'excellent gardien de Strasbourg.

Continuez ainsi, messieurs, et bientôt vous serez payés avec l'argent des spectateurs qui deviendront plus vous voir.

Il est excellent pour le moral et la beauté du football que l'O.M. ait tout de même fini par l'emporter à une minute de la fin : un but digne de cette rencontre, c'est-à-dire un essai de rugby marqué à la suite de ce que l'on pourrait appeler une mêlée enfoncée.

Il est vraisemblable que ce but fut parfaitement irrégulier, le gardien strasbourgeois ayant été gêné dans l'action, mais nous l'accorderons volontiers à l'O.M. Car de la façon dont Strasbourg a abordé et disputé ce match nous a souverainement déplu.

BRAVO LE POTEAU !

La première mi-temps s'était terminée par un 0 à 0 ne reflétant qu'imparfaitement la physionomie de cette première période.

L'O.M. jouant avec un dynamisme certain, avait dominé presque tout le temps. Mais l'équipe alsacienne n'avait jamais paru paniquer et sa défense orchestrée par le technicien Spiegel et paraissant avoir la plus grande confiance en son gardien Dropsy, s'était montrée très sûre et efficace.

À peine pourrait-on lui reprocher d'avoir péché par un excès de confiance. L'O.M. aussi s'était laissé emporter par une fausse impression de sécurité.

Tant et si bien que sa défense s'étant un peu trop découverte avait permis le développement de plusieurs contre-attaques extrêmement dangereuses. Tellement dangereuse que deux fois, sur les tirs de Deutschmann et Ehrlacher, Migeon fut sauvé par le poteau.

Enfin, à ce moment de la partie, on ne pouvait guère reprocher à l'équipe olympienne que de manquer un peu d'expérience, ce qui est bien normal quand on connaît la moyenne d'âge d'un ensemble très rajeuni par suite des circonstances que l'on fait.

Ne revenons pas sur cette horrible deuxième mi-temps qui vit les Strasbourgeois se recroqueviller littéralement devant leurs buts dans l'espoir d'obtenir le point du match nul. Il est beaucoup plus intéressant de juger l'équipe de l'O.M. complètement rajeuni.

Il est bien certain, comme nous l'avons déjà fait remarquer, que cette équipe manque un peu d'expérience. Elle a failli, hier soir, se laisser prendre au piège d'une équipe expérimentée et résolument défensive.

Cependant, et ce sera là une note optimiste, on peut considérer que cette équipe est plutôt celle de demain que celle d'aujourd'hui.

Le milieu du terrain, Buigues - Fernandez - Martinez, a fait une excellente première mi-temps. Ces joueurs ont des qualités complémentaires.

Fernandez, à l'image de son ancien capitaine Bonnel, est infatigable et dur à la tâche. Martinez est le plus technique des trois. Quant à Buigues, on le connaît assez pour ne pas avoir à s'étendre sur son cas.

En deuxième mi-temps, les deux plus jeunes de ce milieu de terrain accusèrent une fatigue bien compréhensible. Florès avait également été essayé. Il sortit à 20 minutes de la fin pour être remplacé par Noguès, mais il n'avait pas le moindre du monde démérité.

Il montra, au cours de la première mi-temps, un certain culot, une bonne technique. Sa vraie place devrait être pour l'instant celle de deuxième avant-centre.

Les autres joueurs de l'O.M. sont trop connus pour qu'on ait longuement à s'étendre sur leur jeu d'aujourd'hui, surtout au cours d'une partie totalement à sens unique.

Dans l'équipe de Strasbourg, on a remarqué de très bons joueurs, mais une absence totale de jeu, et c'est grand dommage.

Dropsy est un gardien de classe internationale. Spiegel est l'un des meilleurs "libero" jouant en France, et l'on a également noté les qualités de Tonnel (très isolé), de Ehrlacher, de Gemmrich et de Specht.

Bref, une bonne équipe qui s'ignore et qui devrait complètement modifier sa façon de jouer.

Elle doit une revanche au football.

Maurice FABREGUETTES

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Le président MERIC :

"Ca commence à aller mieux"

Dans les vestiaires marseillais, on savourait la victoire d'autant mieux qu'elle s'était fait longtemps attendre. En conséquence, lorsque nous y arrivâmes, chacun avait un sourire large comme ça et même un peu plus.

C'est le président Meric qui, le premier, donna son sentiment.

"Si, un jour, il est décidé qu'un match de football durerait pas plus de 86 minutes, nous risquions de la plus en gagner".

Puis, redevenant sérieux, le président olympien ajouta : "J'ai vu, ce soir, plus de tirs aux buts que dans les quatre ou cinq dernières rencontres. À mon avis, nous sommes vraiment sur la bonne voie. Certes, ce n'est pas parfait, mais que l'on ne vienne pas me dire le contraire, c'est perceptible. Il n'y a qu'à voir la moyenne d'âge de l'équipe qui ce soir a battu Strasbourg. Un à zéro, certains trouveront que la victoire est un peu courte, c'est leur affaire. Moi j'estime que chacun mérite des compliments, d'autant que le terrain lourd à favoriser beaucoup plus nos adversaires habitués à jouer dans la gadoue".

Jules Zwunka, qui savourait une coupe de champagne, nous accueillit avec le sourire. "Ne croyez pas que nous avons mis une tactique au point en décidant de marquer dans les ultimes secondes de match pour ne plus être rejoints. À vrai dire, j'ai longtemps souffert car j'avais peur que les Strasbourgeois nous fassent au stade-vélodrome ce qu'on avait fait aux Nantais quatre jours plus tôt. Autant dire que je regrette qu'on n'ait pas marqué avant : nos adversaires étaient venus pour faire zéro à zéro. Je ne leur reproche pas leur méthode, mais je persiste à croire qu'ils ont eu tort de ne pas prendre de risques. C'était le football négatif qui, s'il était joué par de nombreuses équipes, inciterait spectateurs à rester à la maison. Pour ce qui est de mes joueurs, je retiens le bon match de l'ensemble, le très bon travail de Fernandez et surtout la technique de Martinez qui a une très belle vision du jeu.

"Pour ce qui est de florès, je pense qu'Hervé était beaucoup trop nerveux, peut-être parce qu'en début de match il a raté des choses qu'il a l'habitude de réussir. De toutes façons, je ne condamne pas, loin s'en faut. On le reverra sous le maillot blanc".

André de ROCCA

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L'homme de la dernière minute

Oui, voilà la preuve par neuf, ou si vous préférez par 1 à 0 qu'il peut parfois hésiter une justice en football.

Pendant quatre-vingt-dix minutes ou presque nous avions souffert à l'image de tous les spectateurs sans doute en voyant cette équipe olympienne s'évertuer enfin à trouver le chemin des filets strasbourgeois.

Il n'était pas possible, en effet, de voir une formation dominer à ce point sans pouvoir inscrire le moindre but. Si nous avons bien compté, l'O.M. avait obtenu une vingtaine de corners contre deux. C'est dire si son avantage territorial paraissait pour tous indiscutable.

Pour respecter la chronologie des événements, il faut tout de même préciser que les Strasbourgeois avaient catapulté par deux fois le ballon sur le poteau marseillais.

Mais empressons-nous d'ajouter qu'une victoire alsacienne hier soir au Stade Vélodrome aurait constitué une entorse à la morale sportive et même le match nul, que tout un chacun pouvait redouter, eut été extrêmement flatteur pour le onze strasbourgeois.

Boubacar heureusement a pu libérer ses camarades et à la fois l'assistance qui commençait à désespérer.

Qu'importe alors si ce but est arrivé dans la dernière minute. On attendait peut-être un peu mieux, certains avaient envisagé un possible succès avec bonus. Mais soyons objectifs, l'O.M. qui avait dû recommencer à zéro par la force des choses à prouvé qu'il pouvait remplacer ses joueurs vedettes et battre avec la relève un adversaire dont le moins qu'on puisse dire c'est qu'il était peu malléable.

Voyez-vous, ce genre de résultat n'est sans doute pas fait pour enflammer une ville comme Marseille, amoureuse de grands exploits et friande dans le domaine du football des victoires qui claquent, mais l'O.M. entrevu hier soir par une pluvieuse soirée de novembre mérite beaucoup d'indulgence.

C'est l'équipe de demain, celle de l'avenir que les spectateurs eux-mêmes ont souvent réclamée.

La belle santé de Fernandez que l'on compare volontiers à Joseph Bonnel, la sûre technique de Martinez et même les débuts encourageants de Florès sont des gages que les dirigeants marseillais peuvent envisager des lendemains qui chantent.

Bien sûr tout le monde s'est aperçu qu'il manquait un petit quelque chose. Un je ne sais quoi qui aurait permis à cet ensemble inédit de remporter un succès beaucoup plus large et certainement beaucoup moins éprouvant pour les nerfs. Un je ne sais quoi qui pourrait s'appeler un manque d'expérience.

Tout cela était somme toute normal. On ne remplace pas au pied levé des hommes comme Bereta ou Yazalde sans quelques petits contrecoups. L'O.M. hier soir ne méritait pas de perdre. Mieux même, il méritait de gagner.

Que Boubacar, l'homme de la dernière minute, lui ait permis d'enlever les deux points de l'enjeu n'est ni plus ni moins une légitime récompense.

Le troisième but de "Bouba" en position d'avant-centre est sans doute le plus beau, car il permet à l'O.M. d'espérer...

Jean FERRARA

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Les Strasbourgeois : "Le but marseillais

entaché d'irrégularité"

Evidemment dans les vestiaires strasbourgeois l'entraîneur et les joueurs faisaient grise mine. L'entraîneur M. Hollink nous a déclaré d'un ton flegmatique : "Nous étions venus à Marseille pour gagner. Je pense que nous avons eu des occasions. Malheureusement en première mi-temps nous avons oublié de marquer des buts. Il est tout de même dommage de perdre à la dernière minute. Mais à notre décharge il faut remarquer notre excellent gardien de but Dropsy a été blessé cinq minutes avant la fin de la rencontre. D'ailleurs, je considère pour ma part que le but marseillais était entaché, d'irrégularité !"

Cette opinion était confirmée par le gardien strasbourgeois Dropsy qui nous a dit : "Boubacar m'a donné un coup très douloureux mais qui n'est pas grave. Mais sur le coup franc final qui lui a permis de marquer le seul but de la rencontre il a commis une faute, car il m'a tenu le bras droit et m'a empêché de dégager la balle".

Et Tonel ajoutait de son côté : "Nous avons au moins fait jeu égal avec les Marseillais mais une fois de plus, la chance n'a pas été de notre côté. Il s'en est fallu de quelques centimètres en première mi-temps pour que nous ouvrions le score et si cela s'était produit je pense que nous aurions pu conserver notre avantage, car dans le domaine collectif nous avons su faire mieux circuler la balle que nos adversaires".

Alain DELCROIX

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

Comment juger la rentrée de Florès ?

- Il est certain que le jeune Hervé Florès a fait ses débuts hier soir dans des conditions peu favorables. Surtout en raison de la manière strasbourgeoise entraîneur avait visiblement misé sur la défensive. Mais tout au long de la rencontre, jusqu'à ce que Jules Zvunka le remplace par Noguès, ancien Mazarguais avait su tirer son épingle du jeu, et même davantage. On a pu s'apercevoir que sa technique en mouvement n'était pas une légende. Bien sûr, il n'a pas réalisé que des exploits, sans doute parce que qu'il était un peu plus contracté que ses camarades. Mais après ses camarades de promotion, Fernandez et Martinez, le jeune Hervé a démontré que ses dirigeants avaient eu raison de lui faire confiance.

La rentrée de Noguès a-t-elle influé sur le résultat ?

- A priori, nous ne pensons pas que l'entrée en jeu de l'Argentin ait à ce point désorganisé la défense strasbourgeoise, qui jusque-là avait tenu bon. Le but obtenu par Boubacar fut, en effet, consécutif à un exploit personnel de l'avant-centre. Comme à son habitude, Nogues s'est signalé par son courage et sa détermination. Si son entraîneur a décidé d'utiliser son 12e homme, c'est non pas qu'il était mécontent des services de Florès mais plutôt qu'il voulait essayer, par l'apport d'un nouveau joueur, de changer le cours des événements, jusque-là assez peu favorables.

À quoi attribuer la faible densité du public ?

- Le stade vélodrome a enregistré hier soir une de ses plus faibles assistances. Mais nous ne pensons pas que les supporters aient tout d'un coup décidé de ne plus encourager leur équipe favorite. C'est seulement à cause de la pluie, tombée violemment sur le coup de 19 heures, que la plupart des spectateurs avaient choisi de s'abstenir. On peut ajouter que les absents eurent tort, car cette rencontre, crispante pour les nerfs, fut tout de même de bonne qualité.

Que dire sur cette nouvelle équipe olympienne ?

- Nous l'écrivions par ailleurs, l'O.M., qui ne connaît pas moins de trois jeunes joueurs dans ses rangs, a mérité hier soir la considération de ses supporters... Ceux qui n'étaient pas au stade pourront penser, avec l'étroitesse du score, que les Olympiens ont obtenu un succès tiré par les chevaux. Rappelons leur alors que Strasbourg a dû concéder pas moins d'une vingtaine de corners et que l'équipe marseillaise a suffisamment dominé pour mériter sa victoire, aussi mince puisse-t-elle paraître.

L'influence de l'arbitre ?

M. Besory, semble-t-il, s'est acquitté fort honorablement de sa tâche. Il ne semble pas qu'il ait désavantagé les Strasbourgeois. Disant que si l'O.M. l'a emportée, il le doit surtout à lui-même. À notre connaissance d'ailleurs, le public n'a pas très bien discuté les décisions du directeur de jeu. En général, c'est un signe qui ne trompe pas

M.F.

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