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Résumé Le Provencal

du 22 décembre 1975

 

  O.M. : ENCORE UNE VICTOIRE A L'ARRACHE

  

Malgré Marx Lens s'incline (3-2)

De petite victoire en petite victoire, de buts marqués à l'abordage, à la manière d'une équipe de rugby, en buts consécutifs à des fautes plus ou moins grossières de l'adversaire, l'OM n'en a pas moins fait un bout de chemin.

Pas de bonus, sans doute, mais treize victoires depuis le début de la saison.

Il faut en prendre son parti et prendre l'O.M. 1975-1976 tel qu'il est.

Une équipe plus physique que technique, animée d'un moral exemplaire, ne renonçant jamais et dotée d'un ensemble de qualités au-dessus de la moyenne.

L'équipe de Jules Zwunka en quelque sorte.

Peut-elle faire mieux, harmoniser davantage son jeu, marquer de ces buts de vrai football qui font se dresser les puristes ?

On peut le souhaiter sans avoir la certitude que la chose soit possible.

Pour nous, l'O.M. joue actuellement le pied au plancher et, à moins d'un problématique retour de Bereta remis à neuf par sa cure de Quiberon, nous pensons que le public marseillais devra se contenter, jusqu'à la fin de la saison, de son O.M. au grand coeur, mais aux possibilités limitées.

MARX LA TERREUR

De l'animation, des buts, de l'indécision et une bonne volonté générale, tels furent les thèmes principaux du match de ce dimanche d'hiver printanier.

Lens présente l'avantage sur la plupart des équipes françaises, de jouer la victoire même en déplacement. On ne s'embête jamais avec elle et c'est bien là son plus grand mérite.

Cette saison, elle se présente sous un aspect paradoxe et qui explique son classement médiocre. Un avant-centre de classe européenne, Marx, et une défense en deuxième Division tout au plus.

Ce Marx Polonais, ex avant-centre vedette de Chorzov, a fait la conquête du public du Stade-Vélodrome pour sa première apparition.

En première mi-temps, il partit deux fois : la première Buigues le ceintura à bras-le-corps, à quelques centimètres de la surface de réparation, avec la bénédiction de l'aimable M. Vautrot.

La deuxième fois, dans un style très délié et brillant, il trompa Migeon d'un tir du pied droit après avoir éliminé Lemée au passage.

En deuxième mi-temps, après avoir passé en revu Trésor et Lemée, battit une deuxième fois Migeon d'un tir du pied gauche, cette fois.

Il faillit y avoir une quatrième fois, mais là, Migeon put arrêter son tir.

C'est beaucoup, c'est mêmes énormes pour l'avant-centre servi au compte-gouttes dans une équipe dominée et que ses adversaires devaient, du moins le supposons-nous, surveiller comme le lait sur le feu.

LA PREMIÈRE ÉGALISATION DE L'O.M.

L'O.M. dut donc égaliser deux fois avant de prendre définitivement l'avantage. C'est assez dire que le public passa par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel au cours de ce match un peu fou fou.

Toutefois, le but de la première égalisation, marqué à quelques minutes de la mi-temps fut de ceux, qu'un arbitre n'accorde qu'à l'équipe jouant sur son terrain.

Il fut marqué par Buigues au cours d'une mêlée de rugby sur la ligne même du but de Lens, mais c'est que si au rugby on a le droit d'écraser l'adversaire dans son en but, il est interdit au football de charger un gardien de but n'ayant pas le ballon.

Passons, le gentil M. Vautrot fera vraisemblablement payer à l'O.M., sur un quelconque terrain de France, le petit coup de pouce qui vient de lui donner au stade Vélodrome.

YAZALDE A CONFIRMÉ

Yazalde, que l'on avait mis plus bas que terre, il n'y a pas si longtemps, a confirmé son retour en condition, ou plus exactement, son adaptation au jeu très particulier de son équipe.

Il marqua le but de la victoire, d'un magistral coup de tête et ce fut, cette fois, un fort beau but.

Un but que les Lensois même les plus pointilleux, ne purent discuter.

Buigues, lui, aura été avec ces deux buts, l'homme providentiel est toujours précieux de son équipe.

Trésor, Bracci et Emon, les trois internationaux eurent des hauts et des bas. Le premier, le Capitaine, ayant parfois péché par manque de concentration.

Lemée, malgré sa bonne volonté et son courage physique n'est pas taillé pour s'opposer, pendant 90 minutes, à un footballeur de la classe de Marx.

Pour le reste, on constata comme toujours, un certain désordre tactique et une tendance trop prononcée à porter le ballon dans ce qu'on appelle le paquet.

Le roi de ce jeu à l'emporte-pièce est Boubacar dont le pressing constant, la hargne, la rudesse et les qualités de vitesse ont beaucoup pesé sur la défense lensoise.

Aujourd'hui commence la trêve, l'O.M. avec les moyens dont il dispose, et que nul ne peut changer, a bien négocié à l'énergie, un peu plus de la moitié du parcours.

Ne nous plaignons pas, l'énergie en sport est une qualité non négligeable.

 Maurice FABREGUETTES

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Les Olympiens unanimes :

"Vivent les vacances"

Pour un soir de victoire, l'allégresse était loin d'être à son comble dans le camp marseillais.

Le fait d'avoir était mené deux fois à la marque, de n'avoir enlevé en définitive qu'une étroite victoire, laissant par conséquent échapper un bonus auquel plus d'un avait pensé, tout cela rejeté momentanément dans l'ombre les deux points de cette treizième victoire.

Le vice-président Roger Heuillet, par exemple ne mâchait pas ses mots.

"Nous nous créons nous-mêmes nos propres difficultés : par nos erreur s de défense nous avons permis aux Lensois de mener deux fois à la marque. Dans ces conditions je ne suis pas loin d'estimer qu'empocher deux points consiste une réelle performance !

"Soyons sérieux : je soutiens toujours, après avoir vu le match que c'était là une occasion unique de prendre le bonus. Rien que dans le premier quart d'heure nous avons eu trois actions extraordinaires qui auraient pu se traduire par autants de buts au tableau d'affichage.

"Et qu'on n'invoque pas toujours le manque de réussite ! Dans des cas comme celui-ci il s'agit tout bonnement de maladresse."

Jules Zvunka, lui non plus, n'était pas satisfait.

"Oui je suis déçu, en dépit de cette victoire qui nous hisse au 4e rang.

" J'estime que Lens possède une équipe relativement faible en défense et que dans ces conditions nous n'avions pas le droit de faire souffrir nos supporters de la sorte. Marx est certainement un très bon joueur, mais même en tenant compte de ces deux buts nous aurions du nous imposer par un score beaucoup plus large.

Il ne reste plus à espérer que la trêve, en nous permettant de récupérer tout notre petit monde, nous aidera à repartir du bon pied... et à ne plus ainsi laisser passer de belles occasions !"

Chez les joueurs, les sentiments étaient plus mitigés.

Ainsi Marius Trésor, le capitaine, estimait-il :

"Nous avons abordé cette rencontre avec en tête l'idée du bonus. Je crois que nous aurions mieux fait de penser avant tout à l'essentiel, c'est-à-dire la victoire.

"Cela dit, nous nous sommes montrés maladroits, c'est une chose incontestable. Mais convenez qu'avec un maximum de réussite de part et d'autre le match se serait terminé sur un score de rugby. C'est la preuve que ni le spectacle ni l'intérêt n'étaient absents..."

Albert Emon, lui, était en colère. Après le public qui, il est vrai, ne lui avait ménagé ni sifflets ni quolibets.

Nous estimons pourtant qu'Albert, en offrant deux balles de but à Buigues et Yazalde et en créant plus d'une situation confuse devant le but nordiste, fit un bon match. Mais il entendait encore les sifflets du public lorsqu'il nous déclara :

"Les gens me mettent plus bas que tout parce que je par deux fois j'aurais pu donner la balle et que j'ai tenté ma chance. Sans succès, d'accord. Mais si j'avais marqué ?

"Ils ne tiennent pas compte non plus du fait que sur deux de mes centres nous avons marqué.

"Et puis on me traite individualiste, mais on oublie aussi que lorsque je tente un dribble c'est souvent pour me servir un partenaire et non pas pour marquer moi-même. Si j'avais fait un match comme cela l'an dernier on n'aurait porté aux nues ; aujourd'hui on ne me pardonne rien.

"Dans ces conditions, je sens bien qu'il faudra me résoudre à ne plus faire de vieux os à l'O.M !". Paroles excessives sans aucun doute, prononcées alors qu'Albert été encore "dans le match".

Voyons en bref le point de vue de quelques autres Olympiens.

LEMEE : "Marx est un excellent joueur, toujours en mouvement et qui nous a posé pas mal de problèmes. Il n'empêche qu'il a eu un maximum de réussite sur ses buts, surtout sur le second ou j'ai effleuré la balle de la tête. Il a en outre à demi raté son tir qui, prenant de l'effet, a trompé "Ma Mige".

FERNANDEZ : "nous avons raté beaucoup d'occasions, mais nous avons gagné. C'était essentiel. Je pars en vacances l'esprit tranquille.

BUIGUES : "13 victoires et 7 défaites ce n'est pas un bilan si désastreux. On verra bien par la suite. Pour l'instant pensant à nous refaire une santé."

Alain PECHERAL

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Ni mieux ni plus mal

Brillant ? Non ! Spectaculaire ? Pas tellement non plus ! Déterminé, volontaire, courageux ? Oui sans aucun doute tel est donc apparu l'O.M. hier après-midi, de telle sorte que le public du stade-vélodrome n'a pas trouvé de bien gros changements dans son équipe favorite. Un match en somme qui fut conforme au visage offert par la formation olympienne depuis le début de la saison.

Mêmes passages difficiles, mêmes hésitations, entrecoupés de quelques petits coups d'éclat par-ci par-là. En un mot, le visage d'une équipe possédant de bonnes individualités mais dont le jeu d'ensemble ne parvient toujours pas à s'élever au-dessus d'une juste moyenne.

Un O.M. ni meilleur ni pire que celui que nous avions l'habitude de voir, non seulement à Marseille mais aussi aux quatre coins de France.

Pour bien rester dans la note, Boubacar a même mis un point d'honneur à marquer son fameux but dans les cinq dernières minutes. Vous voyez que rien n'avait varié dans le scénario traditionnel. Mais ce but, qui aurait pu libérer l'assistance, était, paraît-il entaché d'un hors jeu. Et ce n'est pas la faute de l'ami Bouba si l'arbitre a décidé à la fois de l'annuler et de maintenir ainsi le suspense.

Deux faits notables toutefois au cours de cette curieuse rencontre. Tout d'abord la réussite de Buigues, auteur de deux tirs victorieux et qui fut du côté olympien une sorte de libérateur, aussi bien pour ses camarades que pour le public sur les gradins.

Car il faut vous dire - et ce sera la deuxième particularité - que Joachim Marx l'avant-centre de Lens, avait mis par deux coups de patte bien ajustés les Marseillais dans leurs petits souliers. Voilà l'attaquant dont on a beaucoup parlé depuis son arrivée dans votre pays et qui de toute évidence n'a pas usurpé sa réputation de terreur. Un grand monsieur du football, c'est incontestable.

Qu'ajouter d'autres ? Pas grand-chose, sinon que Lens gaspille un peu les qualités de son avant-centre polonais par une défense qui, hier encore, a confirmé son peu d'assurance.

On pourrait encore ajouter, et sans entrer dans le détail, que l'arbitre, M. Vautrot, a été plus gentil avec le visité qu'avec le visiteur. Mais nous sommes, n'est-ce pas, en période de cadeaux.

Quant à l'O.M., eh bien, il faut cette saison du moins, le prendre comme il est. Il gagne petit mais il gagne.

Alors ne soyons pas trop exigeants. Le génie, c'est bien connu, et une longue patience...

Jean FERRARA

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LECLERCQ :

"L'arbitre n'était pas neutre"

Visages fermés, sévères dans le camp lensois ou chacun méditait en silence sur l'échec.

L'entraîneur Socvinski, cachant sa déception, s'efforça de nous donner un point de vue objectif.

- Je ne dirai rien sur l'arbitrage cela ne sert à rien, mais nous n'avons pas de raison d'être satisfaits du résultat final.

Sur le premier but, notre gardien Lannoy a été bousculé et on lui a même mis un doigt dans l'oeil, le second but est incontestablement hors jeu, l'arbitre de touche aurait dû le signaler mais il était mal placé sur la phase litigieuse. Dans ces conditions comment voulez-vous avoir un honorable comportement ? Des mesures parallèles cassent le rythme de l'équipe la mieux intentionné !

Daniel Leclercq avait le visage très rouge - J'aurais aimé faire un bon résultat. Si nous avions été dirigés par un arbitre vraiment neutre, aujourd'hui nous pouvions prendre le bonus, ce n'est pas une blague. Et maintenant nous avons des adversaires plus redoutables à affronter...

Le gardien Lannoy soupirait : - L'absence de Bousdira s'est fait cruellement sentir. Avec lui Marx aurait été moins solitaire.

Zuraszek constatait avec déplaisir : - J'ai pris un coup de crampons dans le genou et j'ai eu ensuite de la difficulté pour marcher.

Jankovic expliquait : - Pour ma part je n'étais pas en pleine possession de mes moyens physiques, je souffrais encore des adducteurs et je manquais de compétition...

Alain DELCROIX

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

M. VAUTROT EST-IL EXEMPT DE TOUT REPROCHE ?

Il nous est arrivé moultes fois de critiquer un arbitrage ayant sensiblement désavantagé l'O.M. Ce fut le cas lorsque M. Bacou refusa à Lille quatre buts aux Olympiens. Nous sommes à l'aise donc pour écrire aujourd'hui que M. Vautrot est à créditer d'un arbitrage "maison". Il a accordé un but litigieux aux Phocéens (Bouygues était apparemment hors jeu lorsqu'il trompa Lannoy pour la seconde fois) et a notamment oublié de sanctionner une faute flagrante du même Buigues sur Marx à la limite de la surface réparation. Ses décisions ont-elles eu une influence capitale sur l'issue de la rencontre ? C'est l'avis des Nordistes. Ce n'est évidemment pas celui des Marseillais qui estiment que leur succès ne doit rien à personne.

LENS A-T-IL FAIT UNE BONNE AFFAIRE EN ENGAGEANT MARX

Nous n'hésiterons pas pour répondre oui. Le Polonais est le type même de l'avant-centre. Il va vite, et sa puissance de tir, aussi bien du pied droit que du pied gauche, est tout à fait remarquable. Ce n'est pas Migeon qui viendra nous dire le contraire.

POURQUOI LE PUBLIC A-T-IL SCANDÉ LE NOM DE MARTINEZ SUR L'AIR DES LAMPIONS ?

Parce que Noguès n'a pas réussi à s'imposer. Dimanche dernier, à Bastia, le franco-argentin avait été irréprochable.

Hier, il est retombé dans son péché mignon. C'est-à-dire qu'il a beaucoup trop porté le ballon et c'est sans doute ce qui a irrité les spectateurs. Il n'a jamais su ou presque réussi à assurer les passes.

QUI PORTE LA RESPONSABILITÉ DES DEUX BUTS DE MARX ?

Curieusement, nous accuserons dans les deux cas le même trio, à savoir : Lemée, Trésor et Migeon.

Sur le premier but, Lemée, pris de vitesse, à eu sans doute le tort d'être, au départ de la balle, devant son adversaire et non derrière. Migeon, lui, en voulant anticiper, s'est employé du mauvais côté, alors que Trésor n'était pas au moment de l'action dans ses 18 mètres.

Sur le second but, Trésor et Lemée ont été incapables de "contrer" l'avant-centre lensois alors que Migeon semble s'être élancé avec un temps de retard.

André de ROCCA

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