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Résumé Le Provencal

du 01 décembre 1977

2 POINTS QUI VALENT DE L'OR !

Un seul tir d'Emon suffit pour battre Troyes (1-0)

TROYES - Après le coup de mistral de Marseille, le froid sec de l'Aube et une pelouse verglacée par endroit.

Une fois de plus, par conséquent, un match hivernal, fortement influencé par les conditions atmosphériques. Mais, contrairement à ce qui s'était passé au Stade Vélodrome, ce sont les Troyens qui firent tout le jeu, ratèrent un nombre assez grand d'occasions par maladresse ou précipitation et qui, finalement, se firent piéger par l'O.M.

Il convient, objectivement, d'ajouter que si le piège fonctionna, ce fut avec le maximum de chance.

Le tir d'Emon, à la 63e minute, était le premier et fut le seul des Olympiens durant toute la partie.

De plus, il n'était nullement irrésistible et seul un faux rebond sur la pelouse glacée trompa Formici. Lequel, jusque-là, n'avait pas eu un seul tir à arrêter.

On comprend aisément que ce but, il faut bien le dire inespéré, produisit par les Troyens l'effet d'un coup de massue. Mais c'est ça le football.

Dans la mesure où seul le résultat compte, l'O.M. a réalisé, hier soir, une merveilleuse affaire, confirmant ainsi qu'il était beaucoup plus heureux à l'extérieur que sur son terrain. Mais, répétons-le, de pareils matches ne peuvent pas se gagner deux fois.

L'O.M. À L'ITALIENNE

En première mi-temps, l'O.M. avait joué à l'italienne. Trésor et Victor Zvunka se contentant de protéger leur surface de réparation, Baulier et Bracci étant très peu offensifs et, devant, le seul Boubacar se trouvant vraiment en pointe, parfois aidé par Emon.

Dans ces conditions, Troyes ne pouvait que dominer, obtenir des corners et se créer une bonne douzaine d'occasions de buts.

Les plus nettes se situèrent en fin de mi-temps. Un remarquable tir de Verstraete, non moins remarquablement dévié en corner par Migeon, et sur ce corner, un coup de tête de Mahut qui catapulta le ballon sur la barre transversale. On avait eu chaud au sens figuré du mot dans le camp olympien, mais à la mi-temps, le score était toujours de 0 à 0.

Malgré les conditions atmosphériques défavorables, cette mi-temps avait été agréable, très correcte et pas trop mal jouée. À défaut d'esprit d'entreprise, O.M. avait fait preuve d'un très grand sang-froid et d'un excellent esprit de corps.

On devinait que les Olympiens étaient venus dans l'Aube pour essayer de grignoter au moins à haut et non pour faire du grand spectacle. À la mi-temps, il restait encore 45 minutes pour savoir si ce réalisme allait être payant.

LE MIRACLE D'EMON

Vous savez déjà que le miracle, sur lequel on ne comptait pas en première mi-temps, se produisit à la 63e minute. Ce fut le miracle d'Emon et il est fort sympathique que ce joueur, longtemps blessé, eut été ainsi récompensé par le ciel.

Après ce but, la partie sombra dans l'incohérence. Les Olympiens s'efforcèrent de conserver les deux points de cette victoire inattendue, et les Troyens, complètement désorientés, se mirent à jouer dans le plus grand désordre.

Tant et si bien que quand l'arbitre lyonnais M. Martin siffla la fin de la rencontre, l'O.M. pouvait reprendre l'avion pour Marseille avec deux points dans ses valises.

Il est assez difficile de juger ce match qui fut marqué par la constante domination de Troyes et par l'énergique défense des Olympiens.

On ne peut tirer aucune règle générale d'un cas aussi particulier.

Certes, le plan de l'O.M. était très net. Laisser venir à lui les joueurs troyens, en demandant à ses défenseurs de jouer avec la plus grande prudence et compter sur une quelconque contre attaque, un véritable truc pour faire la différence. C'est ce qui se réalisa, et nous nous en réjouissons. Toutefois, il ne faudrait pas baser tous les matches de l'O.M. sur cette tactique qui, à la longue, s'avérerait inopérante.

Pour l'ensemble de la rencontre, nous ajouterons que la victoire de l'O.M. fut essentiellement collective. Il est fort difficile de dire quels sont les joueurs qui se distinguèrent ou ceux qui jouèrent en dessous de leur valeur. C'est toute l'équipe qui fit front dans l'adversité et qui, finalement, fut récompensée de son obstination.

Quant à l'équipe de Troyes, elle ne méritait pas, sur le match d'hier soir, cette défaite. Son milieu de terrain se montra excellent durant la majeure partie de la rencontre, sa défense fut assez sûre, mais c'est l'attaque qui pêcha essentiellement par manque de sang-froid et d'adresse. Il n'en reste pas moins que l'O.M. est maintenant seul installé à la deuxième place et que ces deux nouveaux points pris à l'extérieur lui confèrent une position d'attente pouvant lui permettre d'aborder les trois matches retour avec beaucoup de confiance.

Maurice FABREGUETTES

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La preuve par Troyes

Au soir de la victoire olympienne à Metz, nous avions cru percevoir et prémices d'une évidente baisse de forme.

L'O.M., dans la première demi-heure, avait été incapable de forcer la décision, alors qu'il avait le match en main.

Il lui avait fallu, par la suite, un coup de pouce de l'arbitre et beaucoup de chance pour, dans un premier temps, faire la différence, et dans un second, contenir les assauts de dix Messins déchaînés.

Les joueurs qui, sans rougir, acceptent volontiers qu'on les couvre d'éloges, réagissent mal en règle générale à la critique.

"Vous êtes plus royaliste que le roi, nous firent-il remarquer alors le sourire crispé. Nous ramenant deux points d'un stade où nous ne réussissions jamais à vaincre et vous faites la fine bouche".

La suite prouva que nous avions raison de la faire.

Samedi dernier, Nîmes, une équipe que l'on disait à l'appel dérive, sans vint prendre un point précieux au Stade Vélodrome.

Dès lors, la seule et véritable grande question que l'on pouvait se poser était la suivante : où, quand et comment le onze marseillais retrouvera-t-il son rythme de croisière.

La réponse n'a pas tardé à venir. Il serait injuste, désormais, de crier victoire après les deux points obtenus, hier, à Troyes. Cependant, il faut se faire une raison, ces deux points sont de ceux qui comptent et qui risquent même de compter double au moment du décompte final.

On pourrait estimer que le panache n'était pas au rendez-vous du stade de l'Aube, mais il faut signaler que pour les six derniers matches disputés à l'extérieur, l'O.M. en a gagné 4, fait une fois match nul, et perdu qu'une seule fois à Lyon dans les conditions que l'on sait.

C'est tout à fait remarquable.

La preuve par Troyes, et par moins neuf (degrés), a donc été faite, hier, avec un peu de chance et beaucoup de bonne volonté, on arrive en football à réussir de grandes choses. S'étendre longuement sur la tactique, la technique et les méthodes d'entraînement, ne saurait être en la circonstance que (mauvaise) littérature ou mauvaise fois.

L'O.M. est donc toujours aujourd'hui sur orbite.

Il lui reste, désormais, à prendre le meilleur, dimanche, sur son éternel et grand rival stéphanois, pour véritablement envisager la suite de la saison avec de très grands espoirs.

André de ROCCA

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Les réponses aux questions que vous vous posez

COMMENT JUGER EMON ?

Il est évident que c'est la première et la plus importante question que l'on peut se poser à la suite de ce match.

Vous savez déjà qu'Emon fut l'auteur du but de qui permit à l'O.M. de gagner cette rencontre. Mais pour qui connaît l'encore jeune olympien ce tir n'avait rien d'exceptionnel. Il bénéficia au passage d'un faux rebond, lequel trompa Formici.

Sur l'ensemble de la rencontre, Emon prouva qu'il possédait toujours la classe de footballeur, ce dont personne ne doutait, mais aussi qu'il manquait de compétition.

En première mi-temps, dans les disputes de balles, il fut régulièrement battu et parfois on s'aperçut qu'il revenait très lentement ou était incapable de monter en attaque très vite.

Toutefois, il prouva à certains de ses gestes qu'il était toujours un footballeur de race et de classe. Il convient donc de lui faire confiance, car l'avenir travail pour lui et il pourrait devenir, au prochain printemps, l'un des principaux atouts offensifs de l'O.M.

 QUE FAUT-IL PENSER DE LA TACTIQUE DE L'O.M. ?

La tactique olympienne, hier soir, était une tactique de circonstances. Venant d'être contrés sur leur terrain par Nîmes, et jouant sur une pelouse complètement verglacée, les Olympiens avaient décidé de jouer la prudence.

C'est ainsi que Trésor et Zvunka ne dépassèrent jamais la moitié du terrain. Le grand Marius Trésor ne monta même pas sur un seul corner.

C'est assez dire que les deux défenseurs centraux marseillais, dont on connaît la taille et les moyens physiques, se contentèrent de faire de la défense pure.

Le plan était simple, même simpliste : laisser dominer les Troyens, les contenir, les empêcher de marquer un but et profiter d'une quelconque contre-attaque pour faire la différence. Ce plan a réussi hier soir, mais il faut dire qu'il ne saurait être toujours adopté. On ne peut pas compter éternellement même en déplacement sur la chance.

Sans doute les Italiens, à l'époque de l'Inter, jouaient-ils de cette façon et obtinrent-ils de cette façon et obtinrent-ils sur tous les terrains d'Europe des résultats qui, pour être nombreux, n'étaient donc pas totalement espérés. Mais il faut conclure, tout de même, qu'imiter l'Inter, en 1977, est une chose qui nous paraît aléatoire.

Cette façon de jouer a été bonne hier soir pour l'O.M. Bravo, pour hier soir, mais on ne saurait jouer ainsi tout le temps !

 ET MAINTENANT ?

Et, maintenant, il suffit à l'O.M. de battre dimanche prochain, une équipe stéphanoise qui vient de venir à bout difficilement de Nancy sur son terrain.

Ce n'est pas une besogne impossible et l'on sait qu'au stade vélodrome les Olympiens joueront franchement l'offensive.

Ce match, qui devrait attirer au boulevard Michelet un très nombreux public, sera sans doute le sommet sportif du mois de décembre à Marseille.

Après cette victoire à Troyes, l'O.M. décevrait vraiment son public s'il ne venait pas, chez lui, à bout des "Verts".

M.F.

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BRACCI : "Promesses tenues"

En règle générale, il faut attendre de longues minutes devant la porte des vestiaires avant de pouvoir y pénétrer. Il faisait tellement froid hier à Troyes, que les dirigeants, entraîneurs et joueurs marseillais, bons princes, nous ont laissé entrer quelques secondes seulement après les joueurs.

Le premier sur qui nous somment tombés était Markovic.

"Aujourd'hui, nous avons gagné à la "paysanne" devait-il nous dire sans préambule. Et devant notre stupéfaction de préciser "c'est-à-dire que nous avons joué le plus simplement possible, sans fioritures, car l'état du terrain ne permettait pas la moindre fantaisie. Par ailleurs, j'avais demandé à mes deux attaquants de pointe, c'est-à-dire Boubacar et Emon, de rester toujours très près l'un de l'autre, c'est ce qu'ils ont su faire et le but vient de cette façon de jouer".

Hervé Florès, lui, commentait les résultats de la soirée. A l'annonce de la défaite de Monaco, de celle de Strasbourg et du nul de Nantes à domicile, il eut un large sourire.

"Bonne soirée pour nous", laissa-t-il tomber. Il ajouta : "Sur cette pelouse gelée, il fallait surtout chercher la faute de l'adversaire. C'était très difficile, je crois que nous avons su finalement mieux nous adapter aux conditions que nos adversaires".

Le buteur du soir, en l'occurrence, Albert Emon, était tout sourire : "J'ai surtout souffert devait-il indiquer, durant les vingt premières minutes. Par la suite, c'est allé beaucoup mieux et je pense qu'on a très bien joué collectivement, sous la houlette de Linderoth notamment, qui est un équipier de tout premier ordre. Pour ce qui est des conditions climatiques, le froid ne nous a peut-être pas trop gênés, mais l'état du terrain, n'en parlons pas..."

À ses côtés le président d'Agostino enchaîna : "Pour nous, c'est tout à fait le contraire. Sur le banc de touche, la qualité de la pelouse nous importait peu, par contre, nous avons terriblement souffert du froid. De toute manière, l'important était que nous ne revenions pas de Troyes les mains vides. Nous avons deux points de plus à notre capital ; Que demander de mieux ?"

V. Zvunka, comme tous les joueurs, installait sur l'état du terrain. "Il était tellement dur que je crois que je me suis tassé de deux ou trois centimètres".

Trésor, lui, pensait déjà à l'avenir : "J'ai eu froid aux pieds comme ce n'est pas permis et pourtant, j'avais mis une paire de chaussettes sous mes bas. Désormais il faut continuer sur cette voie. Dans un premier temps il va nous falloir battre dimanche Saint-Etienne et dans un second, réussir deux belles performances à Rouen et Laval. Je ne vous cache pas que si l'on pouvait revenir sur ses deux déplacements avec deux points de préférence, deux matches nuls, je serais totalement satisfait".

Bracci, comme toujours faisait preuve de calme dans son analyse : "Les Troyens nous ont posé quelques problèmes en première mi-temps. Par la suite, j'estime que nous avons repris la situation en main et grâce au bon esprit de tous, nous avons pu signer une victoire qui vaut son pesant d'or. Nous avions promis de rattraper à Troyes le point perdu contre Nîmes, nous avons tenu nos promesses".

La conclusion nous la laisserons à Josip Skoblar : "C'est une victoire méritée, devait nous dire le manager olympien. Nous avons connu des moments difficiles dans les premières 45 minutes, notamment parce que nos adversaires étaient mieux équipés que nous pour jouer sur cette pelouse gelée.

Par la suite, c'est nous, me semble-t-il, qui avons fait le jeu et je tiens d'ailleurs au passage à féliciter tous les joueurs qui ont rempli de belle manière leur contrat. Nous ramenons deux points de Troyes après en avoir ramené deux de Metz. Que demander de plus ?"

André de ROCCA

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CEDOLIN :

"Un coup dur pour nous"

Comme il fallait s'y attendre, dans les vestiaires de Troyes, c'était l'abattement, un abattement bien compréhensible, puisque on le sait d'équipe locale jouait un match que beaucoup estimaient vital.

C'est l'entraîneur Cedolin qui, en quelques mots, a résumé la situation : "Notre défaite, pour nous, est un véritable coup dur. D'autant que j'apprends que l'une des équipes mal classées, à savoir Valenciennes, est allée gagner à Nîmes. En fait, j'estime que nous avons raté le coche durant la première demi-heure lorsque mes attaquants ont fait preuve de maladresse ou se sont heurtés à un excellent Migeon. Par la suite, et surtout à partir du moment où l'O.M. a ouvert le score, mes joueurs, comme il fallait le prévoir, se sont énervés et ont raté les choses les plus faciles. Certes, nous avons l'habitude de flirter avec les places du bas du tableau, mais cette saison il va nous être encore très difficile de nous sauver. Vous me direz qu'on a joué plus de matches à l'extérieur qu'à la maison. Ça pourrait être un avantage. Toutefois, à condition de ne pas faire comme ce soir".

A. de R.

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photo

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L'opinion de l'arbitre

M. Martin :

"Un terrain difficile"

Comme la plupart de des collègues, M. Martin n'a pas fait de longs commentaires à l'issue de la rencontre.

"Ce fut, s'est-il borné à nous dire, une rencontre relativement facile à arbitrer, les deux équipes se montrant par ailleurs très correctes

Sur ce terrain difficile, et les Troyes n'ayant pas réussi à s'imposer en début de match, il était logique que tout finisse par se jouer sur un coup de dé.

C'est ce qui s'est passé. Bravo pour les Marseillais. Dommage pour Troyes".

A. de R.

 

 

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