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Résumé Le Provencal

du 23 décembre 1957

 

L'O.M. a encore manqué le coche

La pluie battante et... CORAZZA ont éteint

La flambée initiale des avants de l'O.M.

Satisfaction : RAMON et MOLLA

Bien que quatre buts aient été marqués au cours de ce match, ce qui constitue une moyenne très honorable, on peut dire qu'il fut celui des occasions ratées... Ratées par Rustichelli, par Andersson, par Hess... si l'on fait état seulement de celles qui paraissent les plus immanquables.

En seconde mi-temps, on pouvait accorder quelques excuses aux acteurs, car la pluie fine et pénétrante qui tombait depuis le début de la première mi-temps, avait rendu la pelouse glissante et la balle visqueuse... mais l'O.M. rata, par maladresse et un peu par malchance, le coche en première devant une formation composée de joueurs pour la plupart très modestes, mais compensant leur infériorité technique en disputant chaque balle comme si leur vie en dépendait et qui faillirent triompher en fin de partie.

Tout en conservant le match "en main" les olympiens étaient chaque fois remontés au score alors qu'on espérait voir se détacher. Les tenaces messins n'abandonnaient jamais l'espoir et s'en trouvaient finalement récompensés par le nul, après avoir été souvent médusés au cours de la première partie.

Au point de vue technique, disons que la rencontre ne fut pas très riche. Elle fut éclairée par quels qu'amortis et dribbles de grandes classes de Yeso Amalfi et par quelques ouvertures d'une pureté remarquable, oeuvre du même homme... Aussi, bien entendu, par la classe, la présence, le courage gardien messin Corazza.

Comme à l'accoutumée, à côté de fautes grossières de placement et d'erreurs de jugement, Dominique Rustichelli mis à son actif quelques-uns de ces départs qui font dresser un stade, terminés par des centres en retrait qui ne furent jamais utilisés... Les éclairs vinrent de ces trois hommes le plus souvent.

Tactique

Côté tactique, nous ferons tout d'abord remarquer que Metz ne bétonna pas comme d'aucuns le pensaient. La formation lorraine ne ferma jamais le jeu et joua crânement sa chance jusqu'au bout. L'O.M. ne fit pas un mauvais match. Beaucoup de spectateurs attendaient même le "carton" en première mi-temps. Mais le carton fut raté et même la victoire.

Predal dans la cage ne fit pas d'erreur, et eut au moins deux beaux arrêts. Si nous avions à classer les arrières nous placerions Ramon très sur, adroit, et plein de sang-froid en premier plan. Ensuite, Molla, au brillant jeu de tête et aux interventions décidées.

Maurice Gransart au troisième rang seulement pour une ou deux mauvaises interventions et aussi parce que les Messins percèrent le plus souvent de son côté, sans qu'il ait fait un mauvais match.

Jean-Jacques Marcel, comme contre Reims, adopta une attitude défensive, mais en ce permettant plus de contre attaques, dont certaines ne furent arrêtés qu'au prix d'irrégularité. Bruneton, bien placé, lucide, adroit ne va pas aux chocs, ce qui est normal. Ce n'était peut-être pas l'homme qu'il fallait opposer aux rudes lorrains.

Bon ANDERSSON

Des avants, nous avons parlé déjà de Rustichelli qui est une attraction, mais qui, redisons-le, pour la vingtième fois, ne tire pas partie de ses immenses qualités.

Amalfi n'a pas déplu, mais il n'a pas enthousiasmé. Tout ce qu'il a fait était bien fait, mais il nous a laissé sur notre faim. Gunnar Andersson, au courage qu'il manifeste depuis quelque temps, ajouta l'efficacité, et on peut le mettre au nombre des bons acteurs du match.

Leonetti complique maintenant beaucoup trop son jeu. Il s'est fait ravir, par sa faute, de nombreuses fois la balle. Que ne profite-t-il pas de son excellente frappe ?

Jensen travailla sans connaître sa précédente réussite, mais confirme ses progrès et sa bonne condition actuelle.

Les Messins valurent plus par leur courage, leur énergie dans la dispute de la balle que par leurs prouesses techniques. Certains apparurent même comme assez maladroit. Aussi les plus complets furent-ils le très bon gardien Corazza, l'intérieur Zenier, habile et adroit, et l'avant-centre Acosta, excellent tireur, subtile et remuant.

En résumé, les olympiens déçurent leur public qui s'attendait à les voir triompher nettement, qui le crut ferme en première mi-temps et qui, finalement tomba de haut !

Louis DUPIC

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Deux buts d'Andersson

... mais Hess et Acosta ont répliqué

Quand l'O.M. engage, le public stoïque malgré la pluie et une température à laquelle les Marseillais sont peu habitués, sent que les 22 acteurs de ce match lourd de conséquences sont tendus.

On hésite à prendre des risques et Bruneton, bien que le danger ne soit pas réellement pressant, sollicite Predal, en retrait.

Leonetti tire le premier corner mais Acosta avec la complicité de Hess "taquine" le portier local.

On pose des banderilles quand, tout à coup, Acosta, le petit indien, surgit et décoche un tir. Predal, calmement stoppe.

Le nez de CORAZZA

sauve Metz

Voici plus "sérieux" : Jensen place un centre shoot sur lequel Corazza est battu. Mais M. Blum refuse justement le point pour hors-jeu d'Andersson, alors que le chronomètre fonctionne depuis 6 minutes.

À la 13me minute, surprise : Amalfi botte un corner qui termine sa course derrière la cage messine.

Cette déception ne s'est pas encore dissipée que Jensen, alerté superbement par Amalfi, transmet à Andersson qui, prestement, met Rustichelli à contribution. On croit au but quand le bolide de l'ailier droit rencontre... le nez de Corazza, content et marri tout à la fois.

ANDERSSON opportuniste

Sur la même face Leonetti centre et la sphère ricoche sur la barre : Metz est en plein désarroi et Marseille domine.

À la 20me minute, Jensen, de la tête, rate d'un cheveu la reprise d'un renvoi de Rustichelli servi par Amalfi.

À la 21me minute Rustichelli, du gauche, shoote sur la barre.

Rien ne va plus à Metz.

A la 33me minute, Corazza, en grand péril, s'effondre et renvoie d'une manchette un essai de Leonetti. Faiblement et Andersson qui a suivi, marque imparablement.

Avant la pause, on applaudira un plongeon de Corazza devant Leonetti, mais on verra Amalfi shooter (encore) hors des limites du champ de jeu, un corner.

ACOSTA égalise

Dès le début du second half (47me minute), Rustichelli, d'un bolide, oblige Corazza à s'envoler spectaculairement.

À la 56me minute, après un tir imprécis de Hess, Acosta, de près frappe puissamment le ballon : Predal ne peut rien. C'est l'égalisation.

La partie connaît un regain d'intérêt alors que la balle devient de plus en plus glissante et que la grisaille noie peu à peu le stade.

Amalfi donne une bonne occasion à Marcel : le heading rate l'objectif.

Encore ANDERSSON

mais aussi existe

A la 61e minute, Andersson, à bout portant, au terme d'un cafouillage ayant à son origine un corner de Rustichelli, réussit son deuxième but de l'après-midi.

L'O.M. a-t-il gagné ?

On se pose la question quand Hess se rate une reprise facile (72e minute) on s'inquiète quand Acosta (75me minute) échoue sur la barre. On s'incline, ensuite, en même temps que Predal (79me minute) quand Hess porte à son actif une belle reprise de volée.

Le match est joué. La sentence rendue. Et si Andersson (85e) catapulte encore le ballon hors de portée de Corazza, il s'agit là d'un geste symbolique : l'arbitre à signaler hors-jeu.

Georges LEOST

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AMALFI

sans fantaisie

EVIDEMMENT, nous avons tous guetté les premiers gestes de Yeso Amalfi comme un chasseur surveille la sortie du terrier. Nous étions tous là, journalistes en tête, curieux de vérifier la qualité de cette auréole du jongleur sud-américain, construite à grands coups de superlatifs.

Ce Yeso décrié par les uns, adulé par les autres, est vraiment étonnant. D'ordinaire, on ne sait plus très bien où finit l'artiste et où commence l'agent de publicité. Ses jongleries et ses coups de tête ont fait le tour du championnat. On attendait donc ce numéro tout en craignant les conséquences. Or Yeso, soi-même, s'est présenté hier pour son match inaugural sous le maillot blanc sans ses fantaisistes, sans sécurité footballistique habituelle. M. Amalfi était par ce dimanche humide aussi classique que sobre. Il a joué au football sans l'agrémenter des coups de patte, des entrechats et des fouettés dont il fait si souvent la dangereuse consommation.

On le souhaitait tel qu'il fut. Mais sa présentation, émaillée d'excellentes ouvertures, marquée sans aucun doute de réflexion n'a duré qu'une mi-temps ; la première. Quand la boue colle aux semelles, ce fils du soleil des Amazones songe évidemment aux horizons brûlants de son pays. Le froid et la pluie doivent tarir les sources de son inspiration. C'est une supposition gratuite que nous faisons.

Il semble néanmoins que son entrée dans une équipe qui paraît avoir oublié le sens même du football, ait eu quelques influences. Amalfi, à plusieurs reprises, à orienter le jeu pour le rendre à ses missions premières. On n'a pas toujours compris devant ce que le brésilien imaginait et préparait derrière.

Il n'empêche que les débuts de l'ex-pensionnaire du Red-Star n'ont pas été fracassants. Ils seront cependant favorablement notés.

Ainsi donc, l'O.M. n'a pas réussi à battre l'équipe qu'il fallait battre, ce voisin dangereux pour la situation présente, mais dont la place est tout indiquée en 2me Division. Ce qui ne plaide pas en faveur du onze marseillais. Lequel onze marseillais a lamentablement conduit ce match. Metz pouvait et devait être mis en déroute en première mi-temps. Mais au fil des minutes, les hésitations et les indigences de la division d'attaque, au centre de laquelle Andersson-le-fini ne fut pas le plus mauvais, ont redonné aux Messins le goût de la combativité qu'ils avaient pourtant perdu dans les premières mesures.

Pouvait-on raisonnablement penser au match nul durant cette première demi-heure, alors que les Messins n'avaient pas réussi à franchir plus de cinq fois la ligne médiane ? À ce moment du match, l'équipe du président Herlory apparaissait particulièrement fragile et inconsistante. Elle était comme apeurée devant le forcing désordonné des Marseillais. Et ces derniers se complaisaient dans l'imprécision.

Bien sûr le nez de Corazza sauva une fois ou deux le but messin. Ses deux mains n'y suffisant plus, le gardien lorrain exposa courageusement son appendice nasal illuminé par le tir de Rustichelli. La preuve qu'il était bien placé ! Lorsqu'il ne l'était plus, les poteaux ou la barre lui rendirent d'appréciables services.

Mais tout cela ne saurait expliquer les calculs faux et incomplets de la division offensive des Marseillais. Un match se gagne en marquant plus de buts que l'adversaire. Le reste tombe dans le gouffre la discussion.

... Et l'invitation pour la Division II est toujours valable.

Lucien D'APO

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Un nul qui a comblé

le camp messin

L'O.M. était évidemment insatisfait d'un match nul concédé au F. C. Metz le jour même de l'incorporation de Yeso Amalfi.

Écoutons quelques sons d'une même cloche :

Jean ROBIN : "Nous aurions du, en première mi-temps, prendre plus nettement l'avantage à la marque. Je suis persuadé qu'alors, Metz n'aurait pas trouvé les ressources morales qui lui ont permis de nous harceler et finalement, de réussir un score nul sur lequel, sans doute, les Lorrains eux-mêmes ne comptaient pas avant le coup d'envoi..."

M. ZARAYA : "Béziers, Valenciennes et Alès ont perdu ? Et après ? Cela ne suffit pas à mon bonheur. J'espérais bien qu'aujourd'hui nous réussirions enfin à nous imposer.

"Je me demande quels moyens il faut employer à l'avenir..."

Roland PREDAL : "Le premier but messin était hors-jeu, je vous l'assure. Quel temps de chien, aussi, pour jouer au ballon !"

Pour Jean-Jacques MARCEL, à propos de ce but, l'arbitre était.. dans le coma !... sans quoi bien sur, il aurait sifflé la faute.

Yeso AMALFI, enfin, expliquait : "Il était très difficile de jouer sur ce terrain imprégné d'eau et devant une équipe de Metz absolument déchaînée.

"Cela ira mieux une autre fois..."

Puis se tournant vers M. Zaraya : "Puisque Alès, Valenciennes et Béziers ont perdu, tout ne va pas si mal. Et d'ailleurs, si le Championnat était aujourd'hui terminé, l'O.M. ne serait-il pas sauvé de la descente ?"

Inutile de préciser que cette boutade ne parvint pas à dérider le responsable de la section professionnelle.

Chez les Lorrains, le président Herlory nous accueillit par ces mots :

"Nous avons marqué deux buts !"

On sentait que seul l'exploit de ses avants suffisait au tribun messin, d'autant plus que ces deux buts valaient un point à son équipe.

Jacques Fabre, l'entraîneur, rejoignait le point de vue de son président, mais il ajoutait :

"Nous devions battre Monaco dimanche dernier. Seul le gardien Alberto, absolument sensationnel, nous en empêcha.

"Ce match nul obtenu à Marseille est la confirmation que, nous aussi, nous valons mieux que la place que nous occupons en bas du tableau.

"Je vous donne rendez-vous en mai..."

C'est beau, la confiance !

  

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