Résumé Le Provencal du 01 octobre 1972 |
L'O.M., SANS PUNCH, PRIS A L'ABORDAGE
Les Marseillais n'ont jamais pu s'organiser |
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VALENCIENNES - Après un match de Coupe d'Europe à Turin, l'O.M. a dû disputer à Valenciennes un match de Coupe de France, du moins dans l'esprit. Mais n'en est-il pas de même à chaque journée de championnat quand le premier, le champion joue sur le terrain d'un adversaire plus ou moins mal classé ? C'est humain et nous ajouterons même sportif. Il est bon que les valeurs et les places soient sans cesse remises en question. Dans cette équipe de Valenciennes et seuls internationaux sont juniors. Les vedettes à part entières n'existent pas. Le seul étranger notre vieil ami Joseph, joue sous une licence française. On le voit, il s'agit d'un ensemble jeune, ardent et aussi peu expérimenté dont la seule ambition cette saison est de conserver sa place en Division 1. Pourtant hier soir ces jeunes gens forcèrent la sympathie et la victoire par leur allant, leur engagement et aussi une bonne occupation du terrain au service d'une tactique simple, mais pas simpliste. Ensuite, ils partirent du principe élémentaire que pour empêcher l'O.M. de jouer il fallait le priver de plus souvent possible du ballon. Ils y réussirent et gagnèrent le match à l'abordage. TOUJOURS LES INTERMÉDIAIRES. En face l'O.M. essaya d'abord d'imposer son expérience, son calme et ses avantages techniques. Des avantages techniques, qui au demeurant, n'apparurent pas tellement évidente au cours de ce match. On s'aperçut une fois de plus que le jeu des Olympiens souffrait d'un mal chronique : l'extrême lenteur de transcription. On se passe, on se repasse le ballon au milieu du terrain et même dans son propre camp ce qui donne à cette circulation du ballon à la "Papa" un caractère surtout défensif. C'est peut-être bien quand on mène à la marque, mais extrêmement dangereux quand le score est toujours de 0 à 0. On risque un tir heureux dans la lucarne de Burdino par exemple, spécialiste de la chose... et alors commencent les ennuis. Répétons et rerépétons, ce que tout le monde maintenant remarque : il y a trop d'intermédiaires à l'O.M. et trop peu de joueur capable d'apporter une accélération décisive dans la zone de tir de l'adversaire. L'ARTILLERIE LOURDE. On s'aperçut en première mi-temps de cette incapacité que possède en ce moment l'O.M. de mettre une défense hors de position par des passes rapides. Les meilleures occasions olympiennes furent causées par des tirs de très loin, un tir de Skoblar, un tir de Bosquier et un tir de Leclercq tous expédiés d'environ de bonne vingtaine de mètres. Dans ces trois cas, le jeune gardien de Valenciennes, Dropsy arrêta le ballon comme il put la plupart du temps avec beaucoup de chance. On peut penser qu'il était gêné par le mauvais éclairage du stade Nungesser. |
Donc le pendant toute cette première mi-temps qui fut décisive, les Olympiens furent toujours incapables de s'approcher du but de l'adversaire. Leur lenteur de mouvements frappa si bien l'assistance qu'à la mi-temps de nombreux spectateurs vinrent nous trouver pour nous dire : "Méconnaissable votre O.M., il a pris un sérieux coup de vieux !" ALLEZ, LEON ! Donc l'O.M. était mené par 1 à 0 à la mi-temps. Dans ce cas, que se passe-t-il généralement ? Comme en boxe, le champion qui n'a pu s'imposer son style trouve sa bonne distance et battre un adversaire scientifique, tombe dans le combat de rue. C'estexactement ce qui se produisit dans cette deuxième mi-temps émaillée par quelques incidents (un spectateur entra sur le terrain et fut expulsé par la police) au cours de laquelle le jeu individuel ou collectif ne ressembla à rien. Les Valenciennois écrasés par leurs responsabilités et le fait de mener à la marque se replièrent en masse devant leur but dégageant souvent leur cage par tous les moyens possibles et inimaginables. L'O.M. désireux d'égaliser au moins avait complètement perdu toute sa superbe et tout son style et se ruait à l'attaque dans un magnifique désordre. Ce qui se passa pendant ces quarante-cinq dernières minutes fut peut-être homérique, mais ne ressembla en rien à du football. Pendant ce temps, le public ravi de la tournure prise par les événements criait en choeur : "Allez Léon ! Allez Léon". C'est parait-il le cri de guerre des Valenciennois. Hier soir, en tout cas les jeunes joueurs de cette sympathique équipe méritaient bien d'être très difficile deuxième mi- encouragés car malgré leur temps, ils s'étaient battus avec un coeur admirable. Le problème Magnusson Nous n'aimons pas en parler, mais il faut bien évoquer le problème Magnusson. En première mi-temps, à la 15e minute, il n'avait pas encore touché le ballon ou plutôt on ne lui avait pas passé. Voilà donc l'O.M. qui se prive presque volontairement d'une arme qui, pourtant n'est pas secrète. En ce moment, Magnusson se sentant critiqué et n'ignorant pas non plus que la venue de Keita va le refouler en équipe réserve joue avec les pieds sur le terrain mais la tête nous ne savons où. En tout cas, ses camarades font semblant de l'oublier, on ne lui passe le ballon que quand on ne sait pas faire autrement et cela n'est pas fait pour arranger les affaires olympiennes sur le terrain jusqu'à la venue de Keita. Il faudrait donc que tout le monde y mettre du sien et que l'on se rendit compte que Magnusson a tellement rendu de services à l'O.M. dans le passé qu'il peut encore en rendre de grands dans le présent et au moins jusqu'à l'arrivée de Salif Keita. Maurice FABREGUETTES |
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Kurt LINDER : "Une défaite sévère" |
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VALENCIENNES - Quelles paroles de réconfort apporter aux Marseillais ? Pour la troisième fois consécutive l'ambiance, on s'en doute, n'était pas à la gaieté dans les vestiaires. À Nancy, l'O.M. avait mal joué ; à Turin, il avait été surclassé par plus fort que lui ; hier, à Valenciennes, il s'est incliné après avoir copieusement dominé son adversaire. L'opinion générale était qu'il eut mieux fallu être bonnement surclassée. Perdre oui, mais perdre en se montrant le meilleur c'est évidemment particulièrement démoralisant. "On gagnait par un tout petit but à zéro et l'on se retrouvait en tête du classement, s'exclamait Gilbert Gress. Il y a vraiment de quoi râler". "Oui, disait Carnus, et c'est d'autant plus bête de perdre après avoir accumulé 25 corners. Je les ai comptés, j'avais le temps !" C'était comme l'éclairage : quelqu'un m'a demandé si sa faiblesse ne m'avait pas gêné. Que voulez-vous que je réponde ? Je n'ai pas eu l'occasion d'être gêné". LE CHAMPIONNAT N'EST PAS FINI L'annonce de la défaite d'Angers venait tout de même mettre un peu de baume au coeur des Marseillais : "Ne dramatisons pas, nous disait Jules Zvunka, au cours des deux saisons précédentes, nous avons connu aussi certains passages à vide et nous nous en sommes toujours remis. Il y a encore d'autres matches à jouer et nos principaux concurrents après tout ne nous ont pas encore irrémédiablement distancés. Ceci dit, nous avons été ce soir beaucoup trop hésitant en attaque". KURT LINDER : "NOUS AVONS ENCORE DU TRAVAIL À FAIRE" Kurt Linder, évidemment n'était pas content. Il était même peut-être plus courroucé que ses hommes, mais pas tout à fait pour les mêmes raisons, nous allons le voir : "Que voulez-vous. Ils ont eu une occasion de but, et ils l'ont réussie. Nous, nous en avons eu à la pelle, et nous ne marquons pas. Je crois qu'on peut résumer le match ainsi. Nous jouons bien au milieu du terrain, mais dès que nous arrivons à l'approche des buts, nous ne parvenons pas à concrétiser notre domination. C'est cela qui est grave. Ceci dit, je crois qu'en dépit d'une certaine maladresse, de la part des attaquants, cette défaite est particulièrement sévère. Nous avons encore pas mal de travail qui nous attend. Je suis bien que chaque équipe qui affronte le champion de France se surpasse et joue toujours un ton au-dessus de sa valeur réelle. Mais enfin, je ne peux pas chercher de fausses excuses." |
LE PRÉSIDENT GALLIAN : "NOUS AVONS ÉTÉ BEAUCOUP TROP BROUILLONS". René Gallian résumait en trois points la défaite marseillaise : "Nous avons d'une part manqué incontestablement de sang-froid, notamment dans les trente dernières minutes, où, sans un affolement coupable, nous aurions enlevé la décision. D'autre part, nous avons été beaucoup trop brouillons. Et enfin, nous n'avons pas su exploiter les nombreuses occasions que nous avions su nous faire. C'est surtout en première mi-temps que nous devions gagner le match. N'avons-nous pas obtenu douze corners en dix-huit minutes ?" Quant à Salif Keita, le président nous a confirmé qu'il devait le rencontrer aujourd'hui à Paris, et avoir avec lui une entrevue qui paraît être décisif. ROBERT DOMERGUE : "NOUS DÉSIRIONS TROP CETTE VICTOIRE POUR NE PAS NOUS IMPOSER" Robert Domergue n'est pas un homme exubérant ; il parlait peu dans les vestiaires valenciennois, mais ses yeux bleus et les regards joyeux qu'il lançait à la ronde prouvaient combien était grande sa satisfaction intérieure : "C'est une victoire à l'énergie que nous avons remportée. Les gars voulaient à tout prix battre l'O.M. parce qu'il est le champion de France, et parce que, je ne vous l'apprends pas, nous avions un urgent besoin de points. Je crois que nous avons pris les Marseillais à leur propre piège. "Après avoir ouvert le score, nous nous sommes délibérément repliés sur nous - même afin de jouer la contre - attaques comme si nous opérions à l'extérieur. Car il est bien connu que la principale force de l'O.M. réside dans le contre que portent les attaquants comme Skoblar ou Magnusson. Mais nous avions aussi décidé que nous nous porterions tout en défense aussitôt que nous aurions perdu le ballon. "Avouez que cette tactique ne nous a pas mal réussi". Alain PECHERAL |
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LES REPONSES AUX QUESTIONS QUE VOUS VOUS POSEZ |
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Sur un terrain, un footballeur ne doit penser qu'au football |
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L'O.M. en tant qu'équipe, est-il affecté par les récentes affaires ayant secoué le club ? C'est difficile à dire. Sur un terrain, un footballeur digne de ce nom est pris par le jeu et n'a pas le temps de tirer des plans sur la comète. D'autre part, on ne saurait croire que des affaires extérieures à l'entraînement d'une équipe aient une influence sur la condition physique de ses joueurs. Cela dit, il n'en reste pas moins que beaucoup de personnes continueront à penser que par une sorte de phénomène d'osmose, les récentes mauvaises performances de l'équipe olympienne (trois défaites consécutives) sont causées par les affaires dont nous parlions plus haut. Pour notre part en tant qu'ancien footballeur, nous pensons que c'est très discutable. L'O.M. a-t-il été battu par des ruses tactiques de son ancien entraîneur Robert Domergue ? Totalement inexact. La tactique de Valenciennes était des plus simples. Un béton en défense, une attaque du ballon sur tout le terrain et comme le faisait déjà l'O.M. quand il l'entraînait, les montées offensives des arrières dans les espaces libres. En fait, il ne fut point question hier soir au stade Nungesser, d'un match tactique. C'est à l'énergie, grâce à leur vitesse d'intervention, que les Valenciennois réussirent à battre fort régulièrement les olympiens. Y a-t-il un cas Magnusson. Nous en avons déjà longuement parlé dans notre principe papier on ne saurait dire exactement qu'il y ait un cas Magnusson, mais il est exact qu'actuellement le Suédois joue très au-dessous de sa valeur et est visiblement boudé par ses partenaires. La partie terminée, il a d'ailleurs dit lui-même à des confrères qui l'interrogeaient : "Je ne comprends plus quand ce moment le jeu de l'O.M., j'étais habitué à voir Lopez me doubler, maintenant la chose lui est interdite". |
Il ne s'agit là que d'une toute petite chose bien entendu, mais en ce moment l'O.M. joue pratiquement sans le véritable Magnusson. Pourquoi Leclercq a-t-il quitté le terrain à la mi-temps ? Comme nous suivions la rencontre du haut des tribunes nous pensions que Leclercq avait été blessé. Mais nous venons d'apprendre qu'il n'en était rien et qu'il avait été mis sur la touche pour donner à l'équipe un caractère plus offensif. C'est certainement une erreur car en première mi-temps deux des quatre tirs dangereux de l'O.M. étaient venus du pied gauche de Leclercq et qu'en quelques circonstances l'accélération était également son oeuvre. Il est bien certain que dans le domaine de la dispute du ballon, Leclercq est souvent pris de vitesse. Mais il est encore plus évident que seuls ses coups de patte peuvent en ce moment donner à l'équipe ce qui lui manque le plus : le sens de l'accélération et de la ligne droite. Franceschetti a-t-il fait oublier, son mauvais match de Turin ? En partie oui. On pensait que Franceschetti était surtout un milieu de terrain défensif. En première mi-temps à ce poste, il ne remplaça Novi que très imparfaitement. En deuxième mi-temps, ayant laissé sa place à Buigues, il se porta beaucoup plus à la pointe de l'attaque olympienne et l'on se rendit compte alors qu'il était beaucoup plus inspiré aux premières loges que dans les bas-fonds. Il faillit marquer en particulier, un fort joli but de la tête. Alors, quand l'O.M. sera au grand complet, quelle sera la meilleure place de Franceschetti ? On peut toujours se poser la question. M.F. |