Résumé Le Provencal du 03 décembre 1973 |
UNE VICTOIRE, MAIS PAS UN TRIOMPHE
Magnusson, l'arme secrète de l'O.M.
a complété le bon match de la défense
Deux équipes jouant le même jeu PARC DES PRINCES - Quelle épouvantable pelouse ! On pouvait croire avant le match que le gel l'avait un peu arrangée. Il n'en fut rien. Dès le début, on se rendit compte que les joueurs des deux équipes étaient en perpétuel état de déséquilibre. Est-ce pour cette raison que Leclercq - baptisé jadis le doux Daniel - y perdit aussi, son équilibre moral ? En tout cas, son crochet du gauche fut d'une parfaite pureté. Nous ne savions pas, jusqu'à présent, qu'il y avait à Marseille un poids-lourd de cette classe. Le football mène à tout, à condition de ne pas être sorti de l'arbitre. Dès le début de la rencontre, on s'aperçut aussi que les deux équipes allaient jouer de la même manière : le flux et le reflux. C'est fort à la mode et nous ne sommes pas contre mais aucune tactique n'a le pouvoir de transformer les joueurs. Or, à l'O.M., comment Paris FC, il y a trop d'artistes et pas assez d'artisans. Une bonne équipe a besoin des un et des autres, mais quand la proposition est trop grande, d'un côté ou de l'autre, on passe du désordre à une sorte de dilettantisme. Cette caractéristique commune aux deux équipes, compliquée par le mauvais état de la pelouse, a marqué la rencontre. De part et d'autres, le désir de bien jouait au football était évident, mais le tout manquait quand même de tonus et surtout d'accélération. Il sautait aux yeux qu'un adversaire de bonne classe et animé par le désir constant de conquérir le ballon, sur tous les points du terrain eut triomphé aisément et de l'O.M. et du Paris FC. Voila pourquoi cette précieuse victoire, moralement d'un très grand prix, ne doit pas inciter les supporters de l'O.M. à voir la vie future de leur chère équipe trop en rose. KUZOWSKI ET SKOBLAR MILIEU DE TERRAIN Donc, quand vous l'avez déjà compris, l'O.M. n'a pas joué le 4-2-4. La composition de l'équipe pouvait le laisser supposer, mais, en fait, le jeu pratiqué s'apparentait davantage au 4-4-2. Deux attaquants de pointe seulement, qui furent Magnusson (à 100 %) et Couecou le plus souvent. Skoblar, dont la bonne volonté fit plaisir à voir, s'essouffla à parcourir des kilomètres au milieu du terrain. Malheureusement, son estimable performance en demi-fond parut émousser sa pointe de vitesse. Quant à Kuzowski, on le vit plus arrière chargé de stopper l'ailier Kula qu'ailier essayant de déborder derrière Kula. À dire le vrai, résultat ne fut pas probant. Kuzowski et Skoblar, bien que ce dernier ait fait alterner les passes de grand style et les passes à l'adversaire, ne s'imposèrent pas au milieu du terrain, tandis qu'ils manquaient à la pointe de l'attaque. |
Bref la fameuse attaque olympienne à deux ailiers et deux avants-centres de pesa jamais sur la faible défense centrale du Paris FC. À un point tel que Djorkaeff, n'ayant jamais à intervenir sur l'homme, put briller pour dans un rôle de "libéro" de charme. LES NOMBREUSES RAISONS D'UNE VICTOIRE Vous allez nous demander maintenant : "Mais, enfin, l'on a gagné, pourquoi ?" Pour plusieurs raisons. La première est que le Paris FC accusait, encore plus nettement, les mêmes défauts, le deuxième tient de la bonne partie de la défense olympienne, sur laquelle pesa tout le poids du match. La troisième s'appelle la chance du jour. Entre la victoire de l'O.M. par 1 à 0 et celle du Paris FC par le même score, indifférence fut infime. Deux occasions en or, ratées par les Parisiens à la 15e minute, et l'adroite exploitation d'une erreur de Rostagni par Magnusson, à un quart d'heure de la fin. Jusqu'à cet exploit de Magnusson rien ne laissait supposer que l'O.M. allait l'emporter, sauf une vieille règle pas aussi folklorique qu'on le pourrait croire. Quand une équipe domine et archi-domine - ce fut le cas où Paris FC en deuxième mi-temps, elle s'expose dangereusement à être battue. Maladresse, ou pas de chance, le Paris FC ne peut s'en prendre qu'à lui-même. MAGNUSSON : L'ARME SECRÈTE Il est vrai que, en plus de sa défense, l'O.M. disposait, d'une arme secrète. Tellement secrète qu'elle le fut, aussi, pour les Olympiens. Nous avons pris la peine de compter : à la 20me minute du match, Magnusson - puisque c'est de lui qu'il s'agit, vous l'aviez deviné - n'avait touché que quatre fois la balle. Ne pensez surtout pas que ses partenaires le snobent, vous seriez dans l'erreur la plus totale. Tout simplement ils ne le voyaient pas. Il est vrai que la longue passe de Leclercq n'éclairait pas le jeu, comme elle le fait parfois, que Franceschetti semblait avoir du mal à maîtriser le ballon et que Bosquier, trop pris en défense, ne montait qu'épisodiquement. Pourtant, il sautait aux yeux - mais on voit mieux le jeu d'en haut que d'en bas - que la défense du Paris FC était vraiment en péril quand Magnusson pouvait entrer en action. Enfin, après deux tirs près appuyer dans l'encadrement dont un à la suite d'une remarquable reprise de volée du gauche, Magnusson réussit à profiter, à plein, d'une coupable distraction de Rostagni. Tant mieux pour l'O.M. et croyez bien que nous en sommes le plus heureux. Mais il faut encore travailler et travailler toujours, car si nous avons vu l'O.M. gagné, nous n'avons pas revu le grand O.M. Maurice FABREGUETTES |
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Ils disent |
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Fernando RIERA : "Peut-être, un nouveau départ" |
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On attendait, avec impatience bien de connaître le sentiment de Fernando Riera, après la victoire de ses nouveaux protégés. L'entraîneur chilien, qui avait eu le temps, tout au long du match, de juger le pour et le contre, gardait comme on dit, la tête sur les épaules. "C'est vrai, nous confia-t-il, L'O.M. a eu pas mal de réussite devant les Parisiens. Cette rencontre aurait pu tout aussi bien se terminer par le succès de l'un ou de l'autre des deux adversaires. J'ai vu longtemps pour ma part, qu'on s'acheminait vers un match nul. Mais vous pensez bien que je ne vais pas me lamenter sur la tournure des événements. "Ce que je tiens à signaler, tout d'abord, après cette partie, c'est que les deux points précieux que nous venant d'enlever revient de droit à Joseph Bonnel. "Je n'avais rien changé, vous l'avez vu, à sa méthode. En somme, je n'ai fait que confirmer son travail à la tête de l'équipe. Disons, si vous voulez, que j'ai été davantage récompensé". - Quelles sont vos premières conclusions ? " Eh bien ! je ne vous l'apprendrai pas, les joueurs, jusqu'ici, étaient marqués moralement par une série de mauvaises performances. Cette victoire, je pense, est tout indiqué pour redonner à tous un nouvel état d'esprit, et puis, qui sait, nous avons peut-être franchi, à Paris, une étape déterminante sur la route du renouveau. "Pour moi, c'est une base, un point de départ qui devrait nous permettre de redresser la barre". BONNEL : "BRAVO" Nous avons ensuite demandé son point de vue à Joseph Bonnel. "On ne peut qu'applaudir à ces deux points précieux, nous a-t-il déclaré. Que voulez-vous que je vous dise d'autre ? Les joueurs ont fait ce qu'il fallait pour faire pencher la balance. Bravo ! D'autant que cette victoire, je l'espère, contribuera à apaiser un peu le climat à Marseille. Maintenant, il faut attendre la suite. "Quoi qu'il en soit, le fameux choc psychologique me donne l'impression d'avoir été favorable. Il est certain que la maturité de M. Riera lui donne beaucoup plus emprise que je n'en avais sur les joueurs. Je ne souhaite de continuer dans cette voie". Inutile d'ajouter que les paroles de Bonnel, tout à fait sincère, étaient encore teintées d'une source d'amertume. Son expérience entraîneur, c'est évident, ne lui a pas laissé que des bons souvenirs. |
M. GALLIAN : "CONTRAT REMPLI" Le président Gallian, de son côté, avait tout lieu d'être satisfait. "Il est certain, nous dit-il, que l'O.M. n'a pas fait une première mi-temps extraordinaire. Mais notre deuxième période fut bien meilleure et, en définitive, nous n'avons pas volé notre victoire. Les joueurs se sont plaints autant du froid que du mauvais état de la pelouse. C'était, en effet, deux circonstances atténuantes. Mais je vous le répète, chacun de nos joueurs, à mon avis qu'elle a rempli son contrat". MAGNUSSON : "LE MATCH QU'IL FALLAIT GAGNER" Voyons alors le sentiment de ces joueurs et en premier lieu celui de Magnusson qui fut le principal artisan du succès. "C'était un match qu'il fallait gagner à tout prix, nous a déclaré le Suédois. Et tout le monde, je crois, c'est bien battu pour arriver à ce résultat". - Content de votre but ? "Bien sûr, surtout que je n'ai pas souventes fois l'occasion de tromper les gardiens adverses. Toutefois je dois rendre hommage à Bernard (Bosquier), sa longue ouverture sur l'aile droite était un modèle du genre." Leclercq, nous le signalons par ailleurs a été sanctionné d'un avertissement. Il nous a expliqué les raisons de ce son geste d'humeur sur la personne de Spiegler. "Je venais de lui prendre régulièrement le ballon, nous précisa-t-il, quand il m'a tiré les cheveux. J'ai eu, je l'avoue, un réflexe de défense. Mais je dois signaler que l'attaquant parisien n'a pas cessé de m'insulter toute la partie". "Cette fois, enfin, nous avons eu de la chance", avouait François Bracci, avec un bonheur évident inscrit sur son visage. "Il faut un début à tout", lui répondit Georges Carnus et c'est Couecou qui eut le mot de la fin. "Croyez-moi, cette victoire en appelle d'autres. Vous entendrez encore parler de l'O.M." Acceptons-en l'augure Jean FERRARA |
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Le match en bref |
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Un éclair du Suédois Sans faire preuve d'une supériorité écrasante, l'O.M. est tout de même parvenu hier après-midi au Parc des Princes a enlevé une courte victoire sur le Paris F.C. Pourtant les choses avaient très mal débuté pour l'équipe marseillaise qui était loin de montrer son meilleur visage. Félix se trouvait à deux reprises seul devant Carnus. La première fois, le gardien olympien dans un excellent réflexe, arrêta le tir à bout portant de l'avant-centre parisien (14e), la deuxième, Félix, encore lui, manqua encadrement alors qu'il avait le but au bout du pied (15e). Puis ce fut au tour de Spiegier d'échouer sur l'ultime défenseur marseillais, obligé de se coucher sur la balle en dehors de la surface de réparation (16e). Avant d'arriver à la pause, les deux seules occasions de l'O.M. vinrent par Magnusson. Gallina parvint la première fois à détourner en corner le tir du suédois (32e), puis il arrêta avec le même bonheur une reprise de l'ailier droit (44e). À signaler que Leclercq avait été sanctionné d'un avertissement, disons pour un geste d'humeur sur la personne de Spiegler (36e). Après la pause on s'acheminait vers un score nul, quand soudain, Bernard Bosquier adressa une longue ouverture sur la droite. Magnusson et Rostagni étaient à la lutte pour la conquête du ballon. Roger put garder le contrôle et arrivé à portée de tir il ne laissa aucune chance à Gallina (73e). Ce petit but acquis sur un exploit personnel devait être celui de la victoire. La première de l'O.M. depuis bien longtemps. Tout le monde sera d'accord pour lui reconnaître une certaine importance... J.F. |
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Le fait du match |
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Deux points... psychologiques Une chose est certaine, nous n'avons pas retrouvé, hier, au Parc des Princes, cette équipe olympienne irrésistible qui fit plus d'une fois le bonheur du public parisien. Pour être logique, nous devrions même ajouter qu'il est entré une grande part de chance dans la victoire de l'O.M. Mais enfin, les joueurs marseillais nous avaient paru à ce point abandonné, ces derniers temps, par les Dieux du football, qu'il faut se garder de se plaindre, si pour une fois, le destin se montré un peu plus favorable. Ceci dit, on ne doit pas non plus faire preuve d'un optimisme béat après ce premier succès à l'extérieur des nouveaux protégés de Fernando Riera. D'abord, parce que le Paris-Football-Club nous a donné plus de preuves de sa faiblesse que d'une force dévastatrice. Et puis parce que ses attaquants ont manqué au moins trois ou quatre occasions nettes de but. Autrement dit, personne n'aurait été étonné si le résultat avait été inversé. Et Fernando Riera, qui a la tête sur les épaules, fut le premier à le reconnaître après le coup de sifflet final. Dans ces conditions, le fait saillant de ce match sera surtout d'ordre psychologique. L'O.M., on le sait, traversait une période critique. En retournant avec deux points précieux de la capitale, équipe trouvera peut-être ce réconfort moral qui lui faisait tant défaut. Du moins nous osons l'espérer. Certes, d'exploits il n'y en eut guère. Nous avons encore noté beaucoup de lacunes. Mais comme le soulignait l'entraîneur chilien, il faut un début à tout. Le raid solitaire de Magnusson et son tir victorieux prendront alors une singulière importance si d'aventure cette seule action d'éclat est la première étape de la remontée. Il reste désormais à attendre confirmation. Et pas plus tard que dimanche prochain contre Reims. J.F. |