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Résumé Le Provencal

du 06 mars 1976

 

  L'O.M. : DANS SES PETITS SOULIERS

 

Auxerre a longtemps contesté

le pénible succès marseillais (2-0)

Il nous aurait fallu, comme nous étions aussi à Auxerre, assister à 160 minutes de jeu, pour voir l'O.M. marquer un but à une équipe amateur. Passons sur le match aller, disputer sur un petit terrain dans des conditions d'ambiance assez particulière.

Mais sur la vaste pelouse du stade Vélodrome, contre un adversaire n'ayant jamais manifesté cet engagement, cette hargne, ce culot, qui sont à l'origine des grandes surprises en coupe, nous attendions mieux de l'O.M., sans être très exigeant.

Est-il donc impossible en 1976 à une équipe de première division, ayant quelques ambitions, et jouant chez elle contre un adversaire inférieur de se créer au moins une dizaine d'occasions, de vrais buts, en mettant l'équipe d'en face hors de position, par une série de passes ?

Enfin, il faut se contenter de ce que l'on a.

L'O.M. et donc qualifié pour les huitièmes de finale de la Coupe de France. Mission accomplie va-t-on nous dire !

Mais le public qui était venu, aussi, pour assister à un spectacle n'est pas tout à fait de cet avis. Faut-il s'étonner par conséquent qu'il soit de moins en moins nombreux.

Car ce que nous avons vu hier soir, surtout de la part de l'équipe réputée la meilleure, fut du tout petit, petit football.

UNE MI-TEMPS POUR RIEN

0 à 0 à la mi-temps, vous devinez sans y avoir été, que le public - nous n'osons pas écrire les foules - avait manifesté son mécontentement.

Il est vrai qu'il avait assisté jusqu'à là à ce que l'on pourrait qualifier de "mauvaise partie amicale".

Jamais on ne se serait douté, si on ne l'avait su, qu'il s'agissait d'un match comptant pour la Coupe, objet de toutes les convoitises.

D'un côté, une équipe d'Auxerre visiblement contractée, intimidée, paraissant ne pas y croire.

De l'autre, un O.M. n'ayant jamais réussi dans des conditions extrêmement favorables - plusieurs loupés assez spectaculaires du centre de la défense d'Auxerre entre autres - à lier son jeu.

Il est assez rare de voir une équipe professionnelle de haut niveau sur son terrain, jouer d'une manière aussi désordonnée.

Une mi-temps pour rien, par conséquent.

L'O.M. EN FORCE

En deuxième mi-temps l'O.M., sans doute pressée d'en finir, se lança d'abord dans une opération de force, qui ne se traduisit que par une série de corners.

Le temps passait..., passait, et l'on put même croire que l'arbitre avait fait une fleur à l'O.M. en n'accordant pas un penalty à Auxerre, pour fauchage de Victor Zvunka, sur Voegelin, quand l'essentiel se produisit.

Une contre attaque, un centre d'Emon, une reprise à bout portant de Yazalde, joueur décidément précieux, et ce fut le premier but de la partie.

Par la suite, les amateurs voulurent essayer d'égaliser et de se découvrir, et de ce fait encaissèrent inévitablement un autre but ; un tir d'Emon dévié dans la cage d'Auxerre par l'arrière central Roque.

Un accident, somme toute, qui finalement, ne changea la grand-chose, à la conclusion de ces débats platoniques.

L'O.M. A BESOIN DE TROUVER UN JEU.

Tout le monde pensait que l'O.M. allait éliminer Auxerre.

Voilà donc une bonne chose de faite, mais comme le championnat est au moins aussi important que la Coupe, il faudrait que cette rencontre puisse être vue et revue par les joueurs olympiens au magnétoscope.

Ils s'apercevraient, d'évidence, qu'ils ont avant tout une manière de jouer à trouver, car ce que nous avons vu hier soir ressemblait la plupart du temps à du pouce ballon entrecoupé par quelques performances individuelles, et, hélas un trop grand nombre de passes à l'adversaire.

Pourtant, au cours de ce match, l'occasion fut donnée à l'O.M. de faire une véritable exhibition. Il est exceptionnel, dans un match de coupe, de rencontrer une équipe aussi gentille que celle d'Auxerre.

Les Olympiens pouvaient donc sans forcer leur talent gagner largement et faire plaisir à leur public. Ils s'en montrèrent absolument incapables. C'est bien ce qui commence à devenir grave.

Pour avoir quelques ambitions en championnat, espérer terminer dans le peloton de tête, il faut tout de même un peu mieux jouer. Le football est un grand jeu collectif, et l'on s'étonne qu'autant de footballeur d'une certaine classe, n'avaient pas encore réussi à trouver leur manière de procéder sur un terrain.

Il est certain que cette équipe a de gros progrès à faire.

Mais saura-t-elle se corriger avant la fin de la saison.

Nous commençons maintenant à en redouter.

Maurice FABREGUETTES

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Marius Trésor, lucide :

"On n'ira pas loin en jouant comme ça"

Une fois la rencontre terminée, on aurait pu se demander qui était qualifié. Les joueurs d'Auxerre avaient l'air heureux de leur sort, alors que dans les vestiaires marseillais, ce n'était pas la joie.

Jules Zvunka était bien véritablement en colère, ce qui est pour le moins paradoxal puisque son équipe venait de vaincre.

"Je ne comprends pas. Le bras en bandoulière (il a l'épaule luxée, souvenir d'une récente chute) le coach expliquait : "Il nous faut maintenant une demi-heure pour démarrer. Pourtant, vous en conviendrez, si on attaque la première mi-temps de la même façon que l'on attaque la seconde, nous aurions vraisemblablement connu aucun problème. Depuis le début de la saison, nous n'avons jamais su faire un pressing d'entrée, histoire de se mettre à l'abri et de jouer ensuite en toute décontraction. Il y a quand même là quelque chose d'anormal. Ceci dit, en Coupe, l'essentiel bien entendu est de se qualifier et il faut bien le reconnaître que même au cours des 45 premières minutes nous avons manqué pas mal d'occasions".

Le président Meric, qui arborait un visage mi-figue mi-raisin, tentait de plaisanter : "Je vous avoue franchement que je préfère être ce soir à ma place qu'à celle du président Rocher qui n'a plus aucun souci à se faire quant à la Coupe de France ! Pour ce qui est de notre première mi-temps, je vous accorde que le spectacle n'a pas été folichon, mais reconnaissez avec moi qu'on a terminé à cent à l'heure.

Dommage, devait conclure le président, qu'il n'y ait pas eu de prolongation nous aurions fini à 200 à l'heure !"

Marius Trésor, lui, ne souriait pas : "Toute la semaine on a parlé de ce match et nous étions tombés d'accord pour dire qu'il fallait l'aborder à cent à l'heure. Vous avez vu le résultat ! Je ne pas jouais les oiseaux de mauvais augure, mais il faut bien le dire, si nous jouons comme ça, nous n'irons pas bien loin".

Georges Bereta s'expliquait mal lui aussi la différence de rythme entre les deux mi-temps : "En fait, précisait-il, je crois que nous pénétrons sur le terrain avec un certain manque de confiance les uns par rapport aux autres. Il y a là un problème dont nous devons discuter entre joueurs pour éviter que pareille situation de se renouvelle. L'an passé notre point fort c'était justement d'entrer dans le match tout de suite. Pourquoi en serait-il autrement cette saison ? Tout ce qui est de mon genou j'ai ressenti une certaine fatigue en fin de match, mais dans l'ensemble je suis satisfait".

Migeon était lui beaucoup plus serein, il venait des vestiaires auxerrois ou il avait échangé son maillot avec Szeja . Commentant la rencontre, et disait : "A vrai dire, je n'ai jamais eu bien peur. Mais je vous accorde que j'aurais préféré que l'on ouvre le score beaucoup plus tôt. On ne sait jamais ce qui peut arriver et nous étions à la merci d'un contre. L'essentiel toutefois pour ce qui est la Coupe est de se qualifier, alors tentons de régler nos problèmes, mais ne nous lamentons pas trop pour l'heure".

Victor Zvunka, lui, était formel : "Pour moi, il n'y a aucun doute, nous entrons sur le terrain avec la peur au ventre et nous hésitons à entreprendre quelque chose par peur de le rater. Tout est question de confiance, puisque, vous l'avez vu, physiquement nous avons bien la distance dans les jambes".

Si Hervé Florès reconnaissait ne pas avoir un très grand match, expliquer ainsi : "Je ne suis pas tout à fait à l'aise en position d'ailier droit. Par ailleurs, lorsqu'une balle s'approche de la ligne de touche, il est nécessaire d'avoir un soutien pour la remettre dans de bonnes conditions, ce ne fut pas toujours le cas".

Le mot de la fin nous laisserons à Robert Buigues qui, on le sait, vient d'être désigné par les socios comme le joueur olympien ayant été le plus méritant au cours des matchs aller.

Très philosophe, l'ami Robert expliquait : "La Coupe, c'est la Coupe, il n'y a pas lieu de se lamenter puisque l'essentiel a été fait. On nous a dit que nous avions pas été bons, je l'admets volontiers, mais peut-être ne faudrait-il pas oublier que l'an passé, face à une équipe de la valeur d'Auxerre, nous avons bel et bien été contraints de jouer la prolongation. Pour nous, désormais, l'important est de savoir quel est le club que le tirage au sort va nous désigner. Nous avons notre mot à dire dans la Coupe, et pourquoi ne nous retrouverions-nous pas au mois de Mai au Parc des Princes !"

Optimiste, l'ami Robert !

André de ROCCA

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Mystère !

Un quart d'heure de jeu ! Le supporter marseillais le plus endurci se demande s'il ne s'est pas trompé de rencontre. À la demi-heure, une fois édifié, il se pince le bras, très fort, pour être sûr qui ne rêve pas. À la mi-temps il n'en peut plus, ses nerfs sont à ce point à fleur de peau qui siffle, crie à tue-tête, eurent son mécontentement.

L'O.M. et Auxerre sont 0 à 0, et jusqu'ici on n'a noté aucune différence, pas la moindre, entre les professionnels et les amateurs. Alors on a beau dire que les matches de coupe sont toujours difficiles, quel que soit l'adversaire, mais quand même...

Que l'O.M. soit dominé sur le stade d'Auxerre, à la rigueur en veut bien, mais que ces braves Auxerrois viennent faire jeu égal sur le stade vélodrome, c'est de toute évidence un phénomène qui dépasse l'entendement. Et quand nous disions jeu égal, nous ne sommes pas tendre pour les visiteurs.

Comment ne pas comprendre, dans ces conditions, le ressentiment des quelques milliers de spectateurs qui s'étaient déplacés dans l'espoir d'assister à des buts qui claquent ? Au lieu de cela on avait vu une équipe olympienne s'engluer dans une désespérante médiocrité. C'est bien simple, les cadets du même club, en ouverture s'étaient beaucoup mieux tirés d'affaire que leurs aînés, tant sur le plan du jeu collectif, du réalisme que de la manière propre.

C'était sans doute encourageant pour l'avenir, mais bien triste en tout cas pour ce que l'on appelle équipe fanion.

Heureusement l'O.M. a eu tout de même un sursaut d'orgueil à la reprise, après s'être fait sans doute tirer les oreilles aux vestiaires, et c'est là, qu'on s'aperçut une fois de plus que cette formation avait besoin d'être piquée au vif pour sortir de sa torpeur.

Au passage, on remarquera aussi que les amateurs, tout compte fait, n'était pas un de ces épouvantails du football. Il s'agissait d'une excellente équipe de deuxième division, certes, pleine d'allant, de bonne volonté, mais sans plus...

Et voyez-vous, c'était peut-être le plus désolant de l'affaire. Un grand O.M., digne, sans chercher plus loin, de sa seule réputation nationale, n'aurait dù faire qu'une bouchée de sang gentil adversaire.

Vous nous direz, Yazalde et Emon se sont chargés, malgré tout, de mettre les choses au point. D'accord, mais c'était vraiment le moins qu'on pouvait attendre de la part un club qui a la prétention de jouer un rôle dans l'épreuve reine du football français. On cherche, bien sûr, les raisons qui ont pu paralyser les joueurs marseillais dans la majeure partie de la rencontre. Avouons que, franchement, ce match fut ni plus ni moins qu'un mystère.

Bornons-nous, pour notre part, à mettre le tout sur le compte de la coupe, voire d'un incident de parcours, en espérant mieux, beaucoup mieux, pour la prochaine fois.

Jean FERRARA

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Les AUXERROIS :

"Nous avons été battus à la régulière"

Dans le camp auxerrois on ne riait pas trop mais on ne faisait pas grise mine. L'entraîneur Guy roux nous a déclaré avec bon sens : "Personnellement je ne suis pas déçu du résultat final, nous avons été battus à la régulière ! Et c'est lorsque nous nous sommes mis à attaquer que nous avons été contrés. Enfin nous avons tenu plus d'une heure à Marseille, ce n'est déjà pas si mal. Pour faire mieux, il nous aurait fallu beaucoup plus de chances et un peu plus de talent. À présent je ne souhaite plus qu'une chose, c'est que l'O.M. remporte la Coupe de France puisque nous avons réussi à fournir contre lui un match très vaillant".

Le capitaine Hallet nous a dit de son côté : "En première mi-temps nous avons eu une occasion très sérieuse, malheureusement nous n'avons pas su en profiter. Quoi qu'il en soit, dans un match de coupe il faut prendre des risques. Les Marseillais nous ont eus à l'usure, le rythme de 1re division est bien différent de celui de 2e division, ça va beaucoup plus vite !"

Quant au gardien Szeja, il s'exclamait : "J'ai bien cru un moment donné que nous parviendrons à faire un nouveau match nul. Mais en définitive nous avons été battus sur deux belles actions d'Emon qui est l'un des meilleurs ailiers de France ! N'importe comment nous avons fait notre devoir".

A.D.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- QUELLE EST LA VALEUR DE L'ÉQUIPE AUXERROISE ?

- C'est en effet ce que vont se demander les supporters marseillais qui n'ont pas assisté à la rencontre. Nous disons par ailleurs notre sentiment sur l'adversaire des Marseillais. Répétons ici que les joueurs auxerrois ont été ni plus ni moins fidèles à leur réputation, c'est-à-dire celle d'une bonne équipe de deuxième division. Mais cette formation-là est loin d'avoir les moyens de ce qu'il est convenu d'appeler des grands clubs de Division Nationale. Ceci précisé, les amateurs ont longtemps tenu la dragée haute à leurs rivaux professionnels. Mais ce qui leur a le plus manqué, semble-t-il, c'est un ou deux joueurs plus percutants en attaque. Si dans le domaine offensif, les Auxerrois - par exemple - avaient eu le pendant de leur capitaine Hallet, il est certain que Migeon et sa défense eussent été davantage à l'ouvrage. Les joueurs de l'Yonne sont, certes battu. Tous les observateurs s'y attendaient. Mais il faut signaler qu'ils sortent la tête haute à la compétition.

- QUE DIRE SUR L'ARBITRAGE DE M. MOUCHOTTE ?

- Les spectateurs ont quelquefois contesté ses décisions. Mais, à notre avis l'arbitre a dirigé cette rencontre d'une manière très honorable. Souvent du haut des tribunes, on a l'impression que la balle est allée sur la main d'un joueur, alors qu'elle a été contrôlée de façon régulière. C'est de la, certainement, que sont venus les quelques sifflets à son encontre. Mais, répétons-le, M. Mouchotte c'est très bien acquitté de sa tache, et on ne pourra pas lui reprocher entre tout cas d'avoir eu une influence quelconque, sur le résultat final. Quand ils le méritent on doit toujours s'efforcer de prendre parti des directeurs de jeu.

- COMMENT SITUER LES CHANCES DE L'O.M. EN COUPE DE FRANCE ?

- On le dit souvent, et c'est vrai, en football une rencontre ne ressemble jamais à une autre. Les Olympiens, hier soir, on fait un mauvais match. C'est notre devoir de ne pas le dissimuler. Mais cela ne veut pas dire que les joueurs marseillais ne sont pas en mesure de montrer un bien meilleur visage lors d'un prochain match et même devant un adversaire d'un bien meilleur standing que les Auxerrois. Il n'en reste pas moins vrai que, si les hommes du président Meric ont l'intention de jouer un rôle intéressant dans cette compétition, ils devront s'y prendre d'une tout autre manière la prochaine fois.

- ET SI L'ON PARLAIT ENCORE D'OTTO GLORIA ?

- Ce qui nous permettra en premier lieu, de changer de sujet et d'oublier un match qui, de toute évidence ne laissera pas un grand souvenir dans l'esprit des quelques 9.000 spectateurs. C'est avant la rencontre que M. Meric nous a reparlé de son voyage au Brésil. Le président nous a avoué effectivement qu'il avait reçu beaucoup de propositions, en ce qui concerne des joueurs brésiliens côtés : Revelino, Paulo Cezar, et Paulo Cezar Carpegiani, entre autres. Mais le premier dirigeant olympien à lui-même amené la conversation sur un certain Otto Gloria. Celui qui avait déjà tenté l'expérience marseillaise, avec un succès que l'on sait, ne serait pas opposé du tout, nous a dit M. Meric à venir refaire un petit tour sur les abords de la Canebière. Il y viendrait en patron, et travaillerait en collaboration avec Jules Zvunka.

Vous avez remarqué sans doute que nous employons le conditionnel. Mais un peu plus tard dans la soirée, alors que le match était terminé, nous apprenions de bonne source que l'accord était pratiquement conclu entre l'O.M. et le célèbre entraîneur. L'annonce officielle n'a pas été faite pour des raisons que l'on comprend aisément. Cependant la totalité des joueurs considère déjà que Otto Gloria sera leur responsable au départ de la saison prochaine.

Une information qui confirme en quelque sorte ce que tous les observateurs pensaient déjà.

J.F.

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