Résumé Le Provencal du 01 février 1954 |
REIMS s'est déchaîné devant l'O.M. Les Olympiens ont tenu une mi-temps puis se sont effondrés devant les coups de boutoir de l'attaque rémoise (6-0) (de notre envoyé spécial : Jean PEYRACHE) |
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REIMS - L'O.M. a-t-il volontairement caché son jeu face à Reims ? Non ! Au soir de la première des deux manches qui, en huit jours, doivent mettre reprise les équipes de Batteux et de Roessler, on restait bouche bée. Nous nous attendions à tous, c'est vrai, mais jamais nous aurions cru que les coéquipiers d'Angel "prendraient" si facilement six buts au stade Auguste Delaune. Il y a deux classes de différence entre Reims et nous, affirmait Scotti, et les six buts reflètent bien la physionomie du match. Nous sommes entièrement de l'avis de l'ancien capitaine des "Blancs". Ils ont été dominés techniquement et tactiquement, c'est-à-dire dans tous les compartiments du jeu. Faut-il épiloguer ? Nous le devons hélas, pour les besoins d'une chronique chaque jour plus exigeante. L'O.M. a d'abord eu la malchance de tomber sur un adversaire que sa déconvenue devant le Stade Français avait fouetté. Sifflé à son entrée sur son verbe, le onze de Roger Marche trouva en animosité d'un public généralement fidèle, un stimulant supplémentaire, donc il n'avait même pas besoin. Et il partit, tambour battant, sous l'impulsion de Roger Marche d'abord, d'un carré central ou émergea immédiatement Penverne ensuite. Et que vîmes-nous ? Une équipe rémoise décidée à forcer la décision dès les premières minutes. Nous vîmes aussi une équipe marseillaise qui l'aida grandement dans son dessein. Le quart d'heure s'était à peine écoulé lorsque Gransart, pris d'on ne sait quelle lubie, voulut jouer les "Angel", alors que sur un centre venu de la gauche, il était à peine à l'intérieur de la surface de réparation. Incontestablement, le penalty fut converti en but par Lundqvist. Il devait avoir sur la suite des événements une influence très nette, bien que les Olympiens aient alors donné l'impression de n'en point d'être trop affectés. Il donna des ailes aux hommes de Batteux, qui en avaient déjà de très grandes. |
Ces ailes se déployèrent justement par l'ailier Templin qui, six minutes plus tard (23me), quitta la sienne où s'était judicieusement déporté Lundqvist pour venir au centre recueillir un service de Kopa. Et c'était un deuxième but pour Reims. Lundqvist, Penverne, Kopa, Templin tissèrent une magnifique toile, qui laissa Angel impuissant, voire ahuri, car d'aucuns pensent que le portier marseillais tarda à s'élancer vers cette balle qui allait provoquer la défaite de son équipe. Quatre buts supplémentaires A la mi-temps, le match était déjà joué. Ben Barek avait "flotté". La défense au maillot blanc aussi. Pouvait-on envisager autre chose qu'une limitation des dégâts ? Les dégâts allaient s'amplifier car, plus impersonnel encore, le Stade de Reims poussait à l'attaque, et son désir allait trouver une récompense, recherchée certes, mais dépassant toutes les espérances champenoises. Angel se multipliait derrière une défense qui n'arrivait pas à contenir la furia rémoise. Aux permutations incessantes les avants champenois, l'arrière garde marseillaise, trouvait difficilement la parade, et ce qui devait arriver arriva. On voyait Kopa aux prises avec Rossi. Johansson, victime de deux talonnades, peinait lorsqu'il avait à faire au même Kopa. A la 53me minute, le "feu follet" champenois se libérait du marquage de Rossi et Appel, bénéficiaire du service qui s'ensuivit, ne put faire autre chose que battre Angel pour la troisième fois. Dès lors, il n'y eut plus de match, mais une seule équipe sur le terrain : celle du Stade de Reims, décontractée au plus haut point, ce qui n'eut aucune peine à s'inscrire trois nouveaux buts par l'entremise de Kopa, Apple et Lundqvist. Quel sombre dimanche pour l'O.M. ! |
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LE MATCH AU CHRONOMETRE |
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Appel, Lundquist et Kopa ont mis l'O.M.... k.o. REIMS - La pelouse du stade Delaune était d'un vert, peut-être, mais qui était vert quand même. Le soleil luisait, le ciel était d'un bleu tout aussi peu attirant que le vert de la pelouse mais il faisait beau et le stade Auguste Delaune avait accueilli 7.570 spectateurs qui apportèrent au guichet 1.812.070 francs. L'O.M. et Reims pénétrèrent sur son herbe. L'O.M. applaudi ; Reims sifflé. On s'y attendait... On savait le Stade de Reims désireux de se racheter d'une nette défaite enregistrée une semaine plus tôt devant le Stade Français. Dès les premières minutes, les Champenois attaquèrent sous l'impulsion de Penverne, le demi-aile offensif par excellence. Mais Johansson et Gransart étaient là. L'O.M. dominait, n'était pas du tout écrasé, et les interventions de ses défenseurs n'avaient rien de désespérées. Au quart d'heure, Angel pas plus que Sinibaldi ne s'étaient trouvés en réel danger. Reims ouvre le score sur penalty... Ce danger n'était pas plus imminent lorsqu'à la 17me minute, Gransart arrêta franchement de la main presque à la limite des 16 mètres un centre que Templin destiné à Appel. Le penalty indiscutable (et indiscuté) fut transformé par Lundqvist. L'O.M. ne paraissait pas affecté par ce coup du sort et, à la remise en jeu, une combinaison Rustichelli, Palluch, Ben Barek mettez Sinibaldi à contribution. Mais Reims reprenait immédiatement son ascendant et, à la 23me minute, sur action combinée Kopa-Lundqvist-Templin le dernier nommé, mis très intelligemment en position d'avant-centre dans le placement de Lundqvist vers la gauche, reprenait un impeccable service et trompait Angel à son tour. |
Palluch attaque Nullement abattu l'O.M. répondait du tac au tac. Palluch obligé Sinibaldi a plongé latéralement, puis Ben Barek jonglait. Mais, deux minutes après (nous étions à la 33me), Angel voyait trembler la verticale droite. La mi-temps survenait sur le score de deux buts à zéro en faveur de Reims. Du bel Angel A la reprise Reims repartait. Trois minutes ne s'étaient pas écoulées que, sur service de Kopa, en position d'inter gauche Appel, rabattu, obligeait Angel à un spectaculaire plongeon. Ce n'était que partie remise. A la 53e minute, Kopa échappait à Rossi et donnait à Appel. A bout portant, l'ailier fusillait Angel. Trois minutes plus tard Kopa toujours à bout portant portait la marque à 4. Dès lors il n'y eut plus qu'une équipe sur le terrain, une équipe qui manoeuvrait onze individualités. Lundqvist, Cicci, Penverne, Leblond étaient maître du jeu... A la 85e minute, sur une phase générale de l'attaque champenoise, Appel battait à son tour une nouvelle fois Angel. A la 89me minute, Lundqvist échappait à Gransart et inscrivait le 6me et dernier but. Jean PEYRACHE |
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Comment ils ont joué |
PROPOS DE VESTIAIRES |
Il est difficile de ne pas englober les joueurs rémois dans un même concert de louanges. Pourtant, trois hommes nous séduisirent particulièrement. Ils ont noms Kopa, Lundqvist et Penverne. Le premier justifia sa réputation d'avant-centre distributeur. Quel homme ! Il est partout et nul part. Un avant-centre feu follet n'a-t-il pas quelque mérite à manifester sa présence en inscrivant ne serait-ce qu'un tout petit but ? Lundqvist a peut-être soufflé tout simplement la place à Glovacki. C'est une réussite du recrutement champenois. Quant à Penverne, il fut à la base de toutes les actions offensives rémoises. A l'O.M., Angel se défendit comme un diable dans un bénitier. Que pouvait-il sur les six buts ? Rien, et même le second fut tellement empreint de promptitude, que nous il ne lui pardonnons bien volontiers. Avec lui, Mercurio et par instants, Gransart, travaillèrent et peinèrent sans beaucoup de réussite. |
Le Stade de Reims ne prend pas à la lettre le 6 à 0 enregistré. Roger MARCHE : "L'O.M. ne s'est-il pas réservé pour la Coupe ! Je ne m'explique pas la facilité avec laquelle nous avons vaincu. Ah si nous pouvions encore enlever la grande épreuve nationale" Raymond KOPA " Ca a gazé, c'est la première fois que je réussis à prendre le meilleur sur Johansson. Mais quel facilité..." GLOVACKI : "Après le résultat d'aujourd'hui, je me demande si j'aurais ma place dimanche au parc car tout le monde y compris Lundqvist a bien joué." BATTEUX : "Je me méfie car je ne peux croire que l'O.M., nouvelle formule, ne soit pas supérieure à celui que nous avons vu. Nous avons soigné notre goal average. C'est l'essentiel. Mais nous aborderons le match de dimanche sans excès de confiance." L'O.M. décontenancé Salem et Andersson ont manqué à l'O.M. C'est la grande constatation qui se dégageait à l'issue du match. Roessler : "Ils n'ont pas appliqué les consignes." SCOTTI : "Deux classes séparaient Reims et l'O.M. Ces deux classes étaient du côté de Reims il n'y a qu'à s'incliner." Pierre ROBIN : "Je ne comprends pas ou plutôt je comprends trop bien. Notre attaque n'a pas su garder la balle et notre défense a marqué de trop loin. Effondrer, Michel BIANCO demandait : "que c'est-il passait ? Peut-être que des tribunes vous avaient pu mieux remarquer que nous les trous de notre équipe ? Nous avons remarqué surtout qu'il n'y avait pas une équipe à l'O.M. L'équipe (au sens véritable du mot) se trouvait dans le camp opposé. Johansson se plaignait de deux talonnades et tout le monde pestait contre qui ? contre quoi ? L'O.M. a déçu, disons-le bien franchement. Il lui faudra beaucoup de caractère pour remonter le courant dimanche. |
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Marche a réussi REIMS - Alors que l'on pouvait craindre le renvoi du match Reims O.M., il a bel et bien eu lieu, sous un ciel bleu et par une température clémente. Nous disons bien : "clémente". Un homme à l'O.M. attire la foule ; vous l'avez deviné : Larbi Ben Barek, décrit de haut en bas, de long en large, 1938 à 1954, par "Allez Reims !" organe officiel du Club des supporters local. Cet organe officiel disait aussi l'intense volonté des co-équipiers de Roger Marche d'effacer la contre-performance du dimanche précédent. Roger Marche, lui était discret, lorsque nous le vîmes avant le match et lui remîmes une plaquette souvenir offert par "Le Provençal". Il voulait être discret, pour mieux se donner, quelques minutes plus tard sur l'air du stade Delaune. Ben Barek a échoué à Reims Marche a réussi, hier, à se faire pardonner. J.P. |