Résumé Le Provencal du 25 septembre 1959 |
L' anti-jeu sétois est puni par un penalty (88') transformé par Celestini OLIVER et l'O.M. l'emporte (1-0) |
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Sur la verte pelouse du stade Vélodrome, encore plus verte sous les sunlights, la balle d'un blanc éclatant semblait courir à une vitesse folle sous l'impulsion des Olympiens en maillot rouge et des Sétois en classique tricot rayé vert et blanc. Khima, Akouate et Durand posaient les premières banderilles. On constatait que Sète pratiquait un joli Béton avec ses trois arrières, ses deux demis et un inter replié Brahim. Malgré cela, la dixième minute ne s'était pas écoulée que l'O.M. avait eu deux occasions de scorer. Sur un contrôle rapide d'Oliver, bien arrêté par Hernandez, puis sur un corner obtenu par Boulle, tiré par le même et repris de volée par Eschmann à coté de justesse. Durand, servi par Eschmann, obtenait un second corner. L'O.M., dominait on ne peut plus nettement. Le public applaudissait une splendide ouverture d'Eschmann sur Oliver que Klemmenzak mettait prudemment en corner. Nouvelle reprise d'Eschmann et bel arrêt d'Hernandez. Quoique bétonnait, les Sétois se montraient souvent dangereux par les vifs et subtils Kerroum, Polo et Akouate. Juste de quoi faire, une rencontre attrayante et le public vibrait sans retenue. Un raid de Durand mettait Oliver en possession de la balle à la 24ème minute, Hernandez plongeait et arrêtait le tir, du capitaine marseillais Mais le gardien visiteur ne pouvait se saisir complètement de la balle en plongeant à nouveau. Nous étions à la 25me minute et Fisbach n'avait encore pas eu le moindre tir à stopper... Mais ce que la défense sétoise avec ses deux arrières centraux pouvait être coriace ! Il fallait être un avant marseillais pour s'en rendre compte. D'ailleurs, alors qu'on approche de la demi-heure de jeu les actions de l'O.M. se font moins tranchantes. Le public est légèrement déçu, Il siffle. Une passe de Eschmann à Léonetti, qui arrive en courant et c'est un tir magistral, un peu au-dessus de la transversale. Molla continue à faire la foi au centre de la défense locale. Leonetti et Peri acheminant vers leurs avants le maximum de balles... Mais jusqu'à présent toutes les offensives échouent sur le mur héraultais. Devant leur réussite défensive, les Sétois vont-ils s'enhardir ? Ils restent dans leur coquille. Une passe de Léonetti à Eschmann échoue d'un cheveu... et un centre de Péri, descendu vers l'aile gauche passe devant la cage d'Hernandez sans que personne puisse le reprendre. Les Sétois se dégagent un peu. Boulle attaque, mais il est descendu par le filiforme bétonneur Brahim. Le temps passe : deux offensives de Leonetti et de Boulle sont enrayées alors qu'on approche de la pose. Plus que trois minutes. Les Sétois mettent sans hésiter la balle en touche. Le public siffle. |
Juste avant la mi-temps, Bruneton essaie de dribbler Akouate et se fait prendre la balle par l'attaquant noir de Sète qui tire puissamment ; Fischbach plonge et dévie en corner. Score à la mi-temps : 0-0 La seconde mi-temps débuta avec une percée de Durand, terminée par un centre trop en retrait pour pouvoir être repris. Trois tirs d'Oliver En cinq minutes, alors que tous les Sétois étaient dans leur camp, l'O.M. eut trois occasions de scorer. Sur une action en force de Boulle, Celestin Oliver hérite de la balle et tira très fort, mais Hernandez réussit à la repousser. Quatre minutes plus tard, Molla lance habillement Boulle qui centre en pleine course. Celestin Oliver reprend de volée acrobatiquement, et Hernandez 'a que le temps, au passage de serrer le cuir entre ses cuisses, Eschmann part sur la gauche et donne à Oliver qui tire encore de volée au-dessus... Polo rate le coche A la 25me minute, et contre toute attente, Sète allait avoir une occasion de marquer par Polo qui, parti nettement hors-jeu, résista à Bruneton mais croisa trop son tir du gauche. Ensuite, l'O.M. allait encore accentuer sa pression, si bien qu'on vit Akouate, le seul Sétois resté en pointe, mettre la balle loin en touche dès qu'elle lui parvenait. Les visiteurs sombrèrent alors dans l'anti-jeu le plus caractérisé qu'il soit possible de voir sur un terrain de football .... Ils donnèrent alors un véritable récital d'obstructions, de poussées, de croc en jambe qui ne procurèrent à l'O.M. que trois coups francs aux 16 mètres, tirés sans résultats. Les incidents Alors qu'il restait sept ou huit minutes à jouer, Khjma, qui devait remettre en jeu après sortie, envoya la balle délibérément vers le tunnel. Cela mit le feu aux poudres !... Le public descendit sur le terrain pour le molester... la police arriva et un agent reçu sur la tête une bouteille qui ouvrit le cuir chevelu. Ces scènes de désordre durèrent au moins dix minutes, après lesquelles le jeu reprit, tant bien que mal, plutôt mal que bien, sous les huées du public mêlées à des encouragements aux Marseillais. Penalty... et but d'Oliver Il restait deux minutes à jouer quand Yapi et Klemmenzak touchèrent successivement la balle de la main dans la surface de réparation. C'était le penalty indiscutable transformé par Oliver qui prit à contre-pied l'excellent Hernandez. Le temps d'échanger trois balles, et M. Schwinte sifflait la fin du match le plus houleux, le plus passionné qu'il ait été donné de voir depuis bien longtemps au Stade Vélodrome ! |
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Tant va La cruche à l'eau... Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse... Les Sétois pour avoir abusé de l'antijeu sous la forme de balles délibérément envoyées en touches, de charges à la limite de la régularité d'obstructions et des crocs en jambe, finirent par lasser aussi hier, le public - ce qui n'avait qu'une importance relative - que M. Schwinte, qui ne rata pas l'occasion lorsqu'elle lui en fut offerte de les sanctionner d'un penalty sur une phase confuse que nous serions bien en peine décrire. C'était ainsi la manifestation la plus éclatante de cette fameuse justice immanente... Pour une fois elle ne fut pas aveugle et donna à l'O.M. un succès qui, pour avoir été fort difficile à obtenir, n'en était pas moins absolument mérité. En fait, il y avait bien longtemps qu'on n'avait vu une équipe bétonner de façon hermétique.. Deux arrières : Zaniewski et Khima, le premier rapide et adroit, le second bon technicien, bien placé et bien inspiré ; deux arrières centraux : Rossi et Klemmenzak ; un bétonneur derrière eux :: Brahim, deux demis ; Yapi et, soit Kerroum, soit Polo, revenant au niveau de leurs arrières, tissèrent devant Hernandez, jeune, souple, adroit, une toile d'araignée dans laquelle les Olympiens s'empêtrèrent constamment. Les autres, devant, firent ce qu'ils purent, et si Alexandre fut invisible à l'oeil nu, Akouate (le grand noir) mena la vie dure à Bruneton et Molla. Les Olympiens étaient devant un problème qui s'avéra pour eux, difficile à résoudre. Et ils peuvent s'attendre à devoir en tenter la solution bien des fois. Ils ne manquèrent pas de coeur à l'ouvrage Leonetti et Eschman plus efficaces pourvoyeurs et Ce, furent comme à l'ordinaire, les lestini Oliver le tireur, le plus dangereux |
Avec eux, Molla fut absolument intraitable, la tâche lui étant sans doute facilitée par le repli général des Sétois mais parfois rendu difficile si l'on sait qu'il n'y a rien de plus malaise à enrayer que les contre-attaques. Enfin, pour faire état de la tactique employée par les Sétois, disons qu'elle est parfaitement licite si elle est appliquée sur le terrain, avec correction. Rien n'interdit à une équipe de masser ses onze joueurs devant la cage qu'elle a à défendre !... Mais quelle abdication !! Mais rien n'interdit non plus au public de ne plus venir assister à un spectacle aussi lamentable. Où est le F.C. Sète des Gabrillargues, des Llense, des Franquès, des Mercier et des Koranyl ? Et, plus près, celui des Haddad, Antonio, Curyl, Wognin ? Jadis Sète était appelé " La Mecque du football français". L'entraîneur Domingo Balmonya, qui fut l'une de ces vedettes de l'époque d'avant guerre, se rend-il compte de ce que viennent de détruire les joueurs du F.C. Sète 1959 qu'il dirige ? Car maintenant, pour onze mille spectateurs marseillais, le F.C. Sète sera l'équipe dont l'avant centre ou ailier droit (n'est ce pas Akouate ou Kerroum ?) mettent la balle en touche lorsqu'ils l'ont en leur possession au milieu de terrain. Quant à l'O.M., on comprend qu'en l'état de ses forces actuelles, il soit plus à l'aise à l'extérieur devant des adversaires jouant le jeu, que devant des équipes qui lui disent " A vous de jouer !" Et puis, les plus grands toreros ne sont-ils pas ennuyés par les toros qui ne sont pas "braves" ? Louis DUPIC |