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Résumé Le Provencal

du 11 mars 1963

 

Déception à Toulouse où le onze lyonnais était "bon à prendre"

L'O.M. avait perdu

Sa force de frappe

(D'un de nos envoyés spéciaux Jacques PONS)

TOULOUSE - Est-ce vent typiquement pyrénéen dont les Toulousains disent qu'il est émollient qui contribua à assoupir les vingt-deux acteurs de cette rencontre qui n'eut de Coupe que le nom ? Ou bien au contraire faut-il croire que l'importance de l'enjeu paralysa les deux équipes !

On ne sera exactement définir les causes mais le résultat, lui, est apparue au grand jour tout au long des 90 minutes : Lyon - O.M. fut un match sans grand caractère ma ambiance.

La Coupe, on le sait, doit être, pour justifier sa réputation, l'épreuve à k.o., l'épreuve ou le plus faible terrasse le plus fort, ou l'équipe menée à la marque remonte son handicapé renverse la situation.

Hier, à Toulouse, il n'y eut rien de tout cela et les cinq ou six cents supporters marseillais qui brandissaient leurs fanions bleus et blancs n'eurent même pas la possibilité d'épuiser toute leur provision de pétards. En vain s'efforcèrent-ils de créer l'ambiance ? Mais personnes parmi les huit mille spectateurs présents ne les suivit car le spectacle n'accrochait pas et ne le permettait pas. Tout au plus y eut-il un peu de suspense et d'énervement lorsque M. Lacoste expulsa Sansonetti et Rambert (48me mn). D'ailleurs ce fut cet incident qui marqua la fin des espoirs de l'O.M. car la suite allait heureusement démontrer que le départ de Sansonetti était beaucoup plus préjudiciable aux Phocéens que celui de Rambert pour les Gones.

Pourtant, l'O.M. pris un bon départ face à un adversaire trop prudent et qui semblait manquer de rythme. Occupant le terrain Lyonnais, les "blancs" inquiétèrent Aubour par Rial (3me mn) puis par Dogliani (5me), grâce à un tir que le portier Lyonnais ne parvint pas à bloquer, et enfin par Sansonetti (13me mn).

Cependant, les actions marseillaises manquaient de tranchant et si la préparation était acceptable, la finition, en revanche laissait complètement à désirer.

Lyon plus dangereux

Aussi, après 30 minutes de domination platonique des hommes de Louis Miro, ce fut Lyon qui faillit ouvrir le score lorsque, sur contre-attaque, Novak centra sur Nuremberg, dont la reprise de volée extrêmement violente permit à Moreira d'effectuer une parade remarquable.

C'était pour l'O.M. un premier avertissement sans frais et si, à la 36me minute, Dogliani, en position d'ailier droit, effectuait une bonne reprise consécutive à un centre de Bruneton, ce fut Lyon qui, jusqu'au repos, se montra dangereux. Une première fois (38me mn) Hatchi et Rambert échouèrent d'extrême justesse. Puis Hatchi, hors-jeu, s'en alla seul vers le but marseillais sans que le juge de touche intervienne. Et M. Lacoste n'intervint pas davantage quand Hatchi, ayant poursuit sa course, fut abattu par Moulon dans la surface de réparation.

À tort ou à raison (chacun peut avoir son avis sur la question) le directeur du jeu appliqua la loi des compensations.

Puis (42me mn) Moreira détourna le ballon du bout des doigts sur un tir de Novak dévié par un défenseur.

Enfin, à la 44me minute, Di Nallo s'en alla à l'extrême limite du hors-jeu, mit toute la défense marseillaise, y compris Moreira, hors de position, et tira sur le poteau.

L'O.M. s'en tirait à bon compte. Mais à la décharge du petit prodige lyonnait, il faut souligner que l'angle de tir était extrêmement réduit.

Sanso et Rambert

Expulsés

Une minute après la reprise, Di Nallo récidiva. Lancé par Nuremberg, il s'en alla sur l'aile gauche, se rabattit et tira à nouveau sur le poteau.

Cependant, à la 48me minute, à la suite d'une contre-attaque de Sansonetti, qui provoqua une situation dangereuse devant le but Lyonnais, le ballon fut dégagé par Aubour. Sansonetti et Rambert, qui se trouvaient au point de chute de la balle, s'accrochèrent, puis en vinrent aux mains. Qui avait tort et qui avait raison ? M. Lacoste ne chercha pas d'explication : il expulsa les deux hommes.

Polak sur penalty

puis Di Nallo

Les choses allaient immédiatement se précipiter. En effet, en huit minutes, les Lyonnais devaient prendre une option sur la victoire. Tout d'abord, à la 55me minute, à la suite d'un mauvais renvoi de Moulon et d'une mésentente avec Bruneton, qui ne parvint pas à racheter la faute de son coéquipier, Di Nallo créa une situation si dangereuse devant le but marseillais que Moreira n'eut aucune alternative que de retenir le petit lyonnais par le bras. C'était un penalty que personne discuta et qui fut inexorablement transformée par Polak.

L'O.M. eut alors un passage à vide que les Lyonnais exploitèrent habilement afin de faire définitivement la décision. Ils y parvinrent d'ailleurs plus vite qu'ils osèrent l'espérer puisque, à la 63me minute, une action ayant Hatchi pour origine se développa par la droite et une deux Nuremberg - Rivoire permit à ce dernier de centrer sur Di Nallo démarqué.

Le héros du dernier France - Hongrie, seul devant Moreira, marqua le second but de son équipe.

Milazzo trop tard

Il restait encore 27 minutes à jouer et il ne semblait pas que l'O.M. puisse remonter son handicap.

Pourtant, les Lyonnais commirent l'erreur de temporiser et de chercher strictement à conserver leur avantage, ce dont l'O.M. ne manqua pas de profiter.

Tout aurait peut-être été encore possible si Sansonetti avait été là. Malheureusement, il n'y eut personne pour profiter du forcing de Leonetti et de Moulon, ni des initiatives de Dogliani et de Rial.

L'O.M. devait néanmoins sauver l'honneur à la 87me minute, à la suite d'un corner tiré de la gauche par Dogliani et d'une reprise à bout portant de Milazzo.

Les pétards des supporters marseillais éclatèrent aussitôt.

Ce but ne devait, hélas, être qu'un but de consolation, car il survint vraiment trop tard. Néanmoins, à l'ultime minute, sur un centre d'Alauzun, Bruneton, qui se trouvait dans les 18 mètres lyonnais, eut tout de même la balle de match au bout du pied, une balle difficile, soulignons-le, car le blond demi-aile olympien était assez mal placé et l'angle de tir très réduit. Sur sa reprise, le ballon passa au-dessus du but lyonnais. Le dernier espoir s'envolait. Ah ! si Milazzo avait pu marquer son but seulement dix minutes plus tôt.

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CE PETIT DRAPEAU

BLEU ET BLANC

COMME UN SYMBOLE

(par louis DEVILLE)

Faisant écho aux salves des pétards qui éclataient en chaîne dans le Stadium toulousain, le tir de Milazzo vint fusiller Aubour, à la 87me minute. Alors par-dessus les têtes, un petit drapeau bleu et blanc - couleurs de vague et d'écumes - se mit à flotter, tenu à bout de bras par un petit "gars du voyage" qui y croyait encore. Hélas, il restait à peine trois minutes à jouer et entre-temps l'O.M. avait égrené tout son lot de misères. Mais ce pavillon de papier, dressé comme un sursaut et qui semblait personnifier la rage de vivre un club glorieux, nous communiqua une indicible émotion.

Déjà Moreira, par un arrêt miracle, avait fait se dresser le stade. Et nous demeurions bercés par cette première demi-heure durant laquelle l'O.M. manoeuvra comme à la parade...

Trop généreux, et surtout peu soucieux d'économiser leurs forces, les joueurs marseillais lancèrent le combat et firent le spectacle. Ce qui n'est pas toujours la formule idéale pour toucher le but en vainqueur, surtout lorsqu'il s'agit de la Coupe.

Puis vinrent les malheurs. Sansonetti expulsé, Alauzun, blessé, se faisant soigner sur la touche... Huit maillots blanc plus la tâche sombre de Moreira, devant sa cage, c'était vraiment trop peu pour barrer la route à l'assaut rouge et bleu...

Ce fut alors le "sale moment", avec le penalty sans rémission et ce second but lyonnais, né dans des espaces trop grands à boucher quand on n'a pas le don de dédoublement de. Luis Miro, entraîneur, l'expliquait fort calmement aux vestiaires.

Trop de fatigue musculaire après les trois matches contre Nice et la rencontre avec Reims, mais aussi lassitude morale, calcul désespéré devant la tâche qui attend l'O.M. pour sortir du chaos. Le poids du passé, le souci du futur, trop de choses vraiment pour des garçons qui ont été à la limite, et même au-delà. Mais devant cet horizon perdu, dans la tiédeur d'un dimanche toulousain, devant cet adieu à la Coupe, il reste le petit drapeau bleu et blanc, par-dessus les gradins, comme un symbole...

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Carence collective

Il est des fois ou le chroniqueur, face à sa feuille blanche, se trouve bien embarrassé au moment de dégager les enseignements de l'évènement auquel il vient d'assister.

C'est bien notre cas.

Car enfin pour celui qui n'a pas vu cet OM, disputé au Stadium Municipal de Toulouse, dans une ambiance assez tiède, il n'est pas déshonorant que les Marseillais se soient inclinés le minimum d'écart face à l'une des meilleurs formations françaises.

Pourtant le spectateur moyen vous dira qu'en dehors d'une première demi-heure qui vit les Marseillais "faire le jeu" contre une équipe lyonnaise singulièrement figée et peu dangereuse, les joueurs au maillot blanc parurent par la suite tout à fait désarmés et incapables d'inquiéter sérieusement les Lyonnais revenus à la surface, à la suite d'une sensationnelle reprise de volée de Nuremberg.

Paradoxalement l'O.M. réussit son unique but au moment même ou de nombreux spectateurs, lassés par l'inconstance du jeu quittaient le stade par bancs entiers.

Comment expliquer la passivité lyonnaise des trente premières minutes ?

Tout d'abord Lyon est une équipe prudente dont la défense reste immuablement groupée quelles que soient l'attitude ou la valeur de l'adversaire.

De plus, le capitane Mignot nous expliqua après le match que ses coéquipiers eux-mêmes, n'ayant pas joué depuis trois semaines ne savaient pas ou ils en étaient de leur condition et manquaient totalement de rythme.

Car ce fut un match sans rythme et même ai moment de la débandade marseillaise, alors que les Lyonnais se passaient et repassaient la balle pour gagner du temps, ces menus exercices se déroulaient au milieu du terrain ou dans le camps lyonnais.

Donc, Lyon pour un Olympique égal ou approchant de celui qui défit Nice et Reims était plutôt "bon à prendre". Mais l'O.M. que l'on vit à Toulouse n'était pas celui de dimanche dernier.

Il lui manquait en la personne de Serge Roy un élément majeur de sa force de frappe.

Immédiatement après la pause Sansonnetti s'accrocha avec Rambert et ces deux hommes étaient expulsés. C'était son autre dynamiteur qui disparaissait et avec lui une autre chance de succès.

Résumons-nous :

Un bon O.M. opérant au complet, possédait une forte chance de se qualifier devant le Lyon que nous vîmes hier, qui n'était qu'une pâle copie de la bonne équipe que l'on connaît.

Une pâle copie qui trembla jusqu'au bout devant un adversaire pourtant bien désarmé et qui eut tremblé encore plus si Milazzo n'avait pas marqué aux ultimes minutes.

Particulièrement les Marseillais ratèrent le coche, lorsque Dogliani recevant face à la cage à la 36ème mn, un centre de Bruneton, raté pour une fois par la défense Lyonnaise, envoya la balle nettement au-dessus de la transversale.

Ce but qui eut concrétisé la domination marseillaise, aurait et l'effet de celui que les Lyonnais marquèrent sur penalty quelques minutes après l'expulsion de Sansonnetti. Coupant les jambes lyonnaises, il eut galvanisé les énergies phocéennes !

De ce match disputé au pas, que dire des acteurs ?

A l'O.M. Moreira fut presque sans reproche, tout comme Moulon et Bruneton, dans une défense qui, en bloc, fut inférieure à sa rivale.

En attaque Sansonnetti, avant son expulsion avait suscité des espérances, tandis que Dogliani donnait quelques aperçus de sa classe. Mais la rentrée d'Alauzun ne s'imposait pas. Il y a une grande différence entre le rythme d'un match et celui d'un entraînement.

Rial dont on avait noté le bon retour, en condition, ne réussit rien de tangible, cependant que Milazzo avait le mérite récompensé de ne jamais renoncer.

Donc pas de grosses défaillances individuelles, mais carence collective, dont nous ne saurons jamais si elle fut physique ou morale.

Lyon manifesta par contre un jeu d'ensemble et une habilité de manoeuvre bien supérieurs, même si on peut lui reprocher une mentalité de "gagne petit".

Avant son départ Rambert avait été le meilleur avant mais Nuremberg auteur de la meilleure action du match, et l'opportuniste Di Nallo furent également excellents.

Mais le plus en vue à notre sens dut sans doute Hatchi inlassable meneur de jeu et attaquant redoutable, la défense faisant un bloc anonyme, mais particulièrement coriace

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Sansonnetti : "Je n'ai pas

touché Rambert"

Nous avons demandé à Étienne Sansonetti les raisons de l'incident qui l'avait opposé à Rambert.

"Nous nous sommes accrochés et nous sommes tombés ensemble. Alors que nous étions à terre, Rambert me donne un coup de tête. Nous nous relevons, l'arbitre nous sépare, mais Rambert m'insulte, alors je lui ai donné une gifle, mais ma main a glissé et à toucher l'arbitre, M. Lacoste !"

Sansonetti risque fort d'être suspendu pour un ou deux dimanches, ce qui n'arrange pas les affaires de l'O.M.

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