Résumé Le Provencal

du 28 février 1966

(Maurice FABREGUETTES raconte le match)

Et tout se termina par des chansons !

Mais c'était "accident" moins cinq.

Moins cinq secondes même, puisque l'on commençait à jouer les arrêts de jeu, quand Joseph marqua le but de la victoire marseillaise.

Comment s'y prit-il ? Assez difficile à dire, car, du haut de notre tribune de presse, nous ne vîmes qu'un cafouillage assez confus. Une sorte d'essai applati par tout un pacte d'avants déchaînés.

L'un des meilleurs témoins de ce fait d'armes, le flegmatique arrière montpelliérain Aubert, nous l'a ainsi raconté.

"En voulant frapper en force Joseph a "piqué" le ballon. Ce dernier a rebondi par-dessus notre défense et est rentré dans la cage".

Il faut un peu de chance, pour faire un premier du championnat.

Mais comment en est-on arrivé là ?

Pendant la première demi-heure de la première mi-temps, on put croire que l'O.M. allait l'emporter en se promenant.

Peut-être les joueurs le crurent-ils aussi et ce fut l'erreur qui faillit être fatale.

Donc, en dépit de l'évidente supériorité marseillaise, nous n'en étions qu'à un bon tir de Brotons à côté à la 15me minute, quand Joseph se manifesta puissamment.

Comme prélude un coup de tête rabattant violemment le ballon, sur un corner tiré par Viaene. L'excellent Dessons dut se détendre acrobatiquement pour concéder un nouveau corner.

Celui-ci tiré sans résultat, le ballon revint à Joseph qui, réussissant ce que nous appellerons un "passage ouragan", trompa trois défenseurs du "Clapas", avant de battre imparablement Dessons, à bout portant.

O.M. 1 - S.O. Montpellier 0.

Imitant celle de Colombes, entendu la veille à la T.V., la foule scanda "Joseph !" "Joseph !" Sur l'air des lampions.

Là-dessus, jouant avec une trop grande désinvolture, les Marseillais abandonnèrent la direction du jeu aux Montpelliérains qui en profitèrent pour faire voir quelques facettes de leur talent.

Mais Escale n'ayant guère été en danger du fait de cette légère domination visiteuse, l'O.M. faillit (35me) réussir un second but qui lui eut, sans doute, épargné beaucoup d'inquiétude.

Donc Hatchi termina un slalom sur la gauche, par une très jolie passe à Joseph seul au centre. Mais le ballon, rendu capricieux par le vent et l'état de la pelouse glissa sur le pied de l'avant-centre marseillais.

1 à 0 pour l'O.M., à la mi-temps seulement.

Après le repos, l'O.M. repartit assez vite, sans doute pressé d'en finir.

Mais seuls un tir de Gauthier à côté et un autre tir très appuyé de Hatchi ayant obligé Dessons à réussir un remarquable arrêt matérialisèrent cette bonne période marseillaise.

Puis, petit à petit, on revit les jeunes et les moins jeunes montpelliérains attaquer la balle avec bonheur, cela passait avec une précision certaine... Bref faire le meilleur football, ce qui était une agréable surprise.

Et l'inévitable se produisit, à la 66me minute.

Un bon tir de Gratian, de 25 mètres environ, fut touchée par au passage par une tête marseillaise. Surpris, Escale ne put que repousser le ballon du poing. Il s'en suivit une mêlée, au sein de laquelle on vit Couronne frapper. Le ballon par ricochet, tomba devant aile pied d'Archimbeau... et le fils du nouveau président du S.O. Montpellier ne laissa pas passer cette occasion d'égaliser.

1 à 1, on reportait à zéro.

Les 24 dernières minutes furent ce que vous devinez.

L'O.M. vexé et menacé de perdre son premier point sur son terrain, mis les petits souliers dans les grands, avec orchestration du public à la clé.

Dessons fut deux fois touché, aux jambes par Joseph, à la figure pas Gauthier - involontairement, ajoutons le - Terrasse dégagea sur sa ligne, etc... etc...

Les minutes passaient : 85, 86, 87, 88, 89, 90... Déjà nous écrivions "match nul" sur notre bloc-notes, quand Joseph...

Il faudra, tout de même, essayer de ne pas recommencer la prochaine fois.

Contre Aix.

BROTONS et JOSEPH

(Louis DUPIC analyse le jeu)

Caracolant pendant la première demi-heure dominant nettement pendant les 40 minutes suivantes, faisant souffrir terriblement ses 7.000 fidèles au cours des 20 dernières, l'O.M. fourni une partie très inégale. Pour cela il faisait bien que la plupart de ses joueurs aient un comportement en dent de scie...

Brotons actif en diable et réussissant les tours les plus difficiles avait été le grand animateur de l'excellente période initiale, avec le précieux Hatchi, les deux hommes se relayant de façon très avisée en pointe et au milieu du terrain.

Pour parachever le travail des deux hommes, il y avait un Joseph surpuissant, en éclatante forme physique et paraissant amélioré sur le plan technique. Le but marseillais fut remarquable !

Après avoir profité de la magnifique ouverture de Brotons, Joseph faillit bien creuser l'écart grâce à un débordement décisif de Hatchi, qui a toujours le "coup de reins". Bravo !

Derrière, on paraissait pécher par excès de confiance. Certes, les attaquants héraultais paressaient bien tendre. Il n'empêche que les défenseurs n'ont pas à "jouer facilement" comme on dit en jargon du métier.

On constatait cependant que Jean-Louis Hodoul ayant acquis l'indispensable confiance en ses moyens alliait élégance et efficacité, nous rappelant singulièrement l'ami Jean-Jacques Marcel.

Voici pour l'O.M. au premier visage, le visage agréable.

Tout le monde s'endormit un tantinet en seconde mi-temps et, lorsque Montpellier eût sonné le réveil en égalisant, on fit flèche de tout bois. Il n'empêche que Brotons se montra encore à son avantage, et que Joseph réussi le but vainqueur. Nous avons cité des quatre meilleurs Marseillais, à notre sens du moins...

Escale ne toucha la balle qu'à l'occasion du but visiteur et parut surpris par le tir de Gratian. Tassone, Béranger et Sejnera jouèrent de façon fort honnête et remplirent leur contrat. Mais le capitaine Gauthier n'exerça pas son influence habituelle sur le jeu de l'équipe.

Viaene et Buron ne purent jamais déborder de façon décisive mais réussirent quelques bons centres.

Au sein d'une sympathique équipe montpelliéraine, nous avons apprécié surtout la sûreté du capitaine Aubert, auquel on ne peut reprocher d'avoir été dribblé par Joseph : la vitalité de Mosca : le travail précis de Couronne et les promesses données par les jeunes Gratien et Granci.

Au rang des déceptions, Auge, Archimbeau et Sene, il est vrai qu'il n'est pas facile de jouer face à Joseph, Hodoul et Bérange !

GAUTHIER : "Nous revenons de loin"

Dans le camp marseillais les visages étaient encore légèrement anxieux après la fin de la rencontre.

M. Marcel Leclerc nous a dit : "Nous avons mal joué car nous ne nous nous sommes mis au diapason de notre adversaire après un bon démarrage".

Le gardien Escale, s'exclamait en digne émule de Simonin : "Moi derrière, j'ai le palpitant qui part en vrille".

Erhardt était tout rouge pour s'écrier : "Il ne faut pas être cardiaque."

Gauthier soupirait : "Nous sommes revenus de loin. Nous ne comptions plus beaucoup sur cette victoire".

Joseph exultait : "Contre Montpellier, c'était mon jour de fête !"

Buron constatait : "Nous avons marqué notre but victorieux dans le temps réglementaire car l'arbitre a tenu compte des arrêts de jeu.

Casolari enchaînait alors : "C'est la faute du gardien de Montpellier, il a fait traîner les choses en longueur".

Bérange remarquait : "Nous sommes à la merci d'une erreur. Nous l'avons bien vu quand les Somistes ont égalisé !"

Le président Luciani déclara enfin : "Une fois de plus avons eu droit à un sérieux suspense ! Enfin, nos hommes sont quand même arrivés à leurs buts".

Alain DELCROIX

COURONNE : "Les Marseillais ont beaucoup de chance"

Chez les Somistes pas de paroles amères mais un certain désenchantement bien compréhensible. L'entraîneur Favre soupirait : "L'arbitre a été vraiment favorable aux Marseillais."

Aubert analysait la rencontre en ces termes : "Les Marseillais ont bien débuté mais ils peuvent dire qu'ils ont eu de la réussite. Leur but vainqueur et un but heureux Joseph a heurté la terre avant de toucher la balle qui est passée à l'endroit exact ou il fallait pour faire mouche".

Marc remarquait : "Ainsi, le coup qu'à donner Gauthier à Dessons a permis aux Marseillais de l'emporter. En effet, cet incident a provoqué un arrêt de jeu dont l'arbitre a tenu compte et les blancs ont scoré à la 92e mn."

Couronne nous a dit de son côté : "Les Marseillais ont beaucoup de chance ! Ils sont meilleurs que nous, mais sur la physionomie de cette rencontre, il ne méritait pas de vaincre !"

Séné ajoutait : "A Montpellier ce fut la même chose ! Ils ont de la veine ! Il est vrai qu'il en faut pour monter en première division."

Dessons s'écriant : "Je n'ai pas été ménagé mais ici le public porte son équipe : à Montpellier on nous siffle quand nous ne sommes qu'à égalité.