Résumé Le Provencal

du 22 mai 1966

L'O.M. constamment pris de vitesse

LIMOGES - On n'avait jamais vu ça à Limoges. Ouverte le vendredi, la location atteignait deux millions en quelques heures. Vingt quatre heures plus tard, ce chiffre était doublé et une heure avant le coup d'envoi, les files s'allongeaient interminablement aux guichets.

L'enjeu, on le sait, était important, et il s'y ajoutait exceptionnelle douceur d'une magnifique soirée de printemps pour faire de cette rencontre un succès.

Les deux équipes s'alignaient dans les formations annoncées.

Les premières minutes nous montrent l'équipe locale se ruant littéralement à l'assaut du but marseillais.

Dès la première minute, Boucher perce et tire à côté. Puis Yansanne et encore Boucher se montrent très dangereux.

À la 5e minute, Invernizzi servi par Nourredine passe irrésistiblement au centre et marque un très joli but.

À la 9e minute, ce même Invernizzi décoche de la limite un tir tendu qu'Escale a du mal à dévier en corner.

A la 13e minute Limoges déchaîné rate une occasion unique de réussir le k.o. Barret déborde avec l'aide de Yansanne et arrivé sur Escale, donne à Boucher complètement décalé, absolument seul, à quelques mètres du but.

Stupéfaction : Boucher tire à côté !

A la 22e minute, sur une balle longue et nouvelle hésitations de la défense, Invernizzi réussit de la tête à passer à Boucher que personne, évidemment ne pourra rattraper.

Cette fois l'ailier droit place calmement la balle à la gauche d'Escale.

Ce n'était hélas pas fini. Sur un corner concédé par Sejnera et donné par Nourredine, Invernizzi s'élève au-dessus de la mêlée et marque irrésistiblement de la tête, la balle étant déviée par Béranger.

On en est à la 25e minute et l'O.M. n'a pratiquement pas touché le ballon. Joseph par contre, touche durement Nourredine et l'on emmène sur une civière (30e minute) mais il reviendra assez vite en boitillant.

À la 40e minute, sur cafouillage et tir de Fiawo, Surey supplée Remetter sur la ligne même, le but, de Limoges étant, pour la première fois, en danger. C'est un bilan bien mince que l'O.M. présente à la mi-temps.

Après la pause le résultat étant acquis, et Nourredine ne manifestant plus, et pour cause, son aisance première, le jeu est beaucoup plus égal. Mais si l'O.M. arrive quelquefois aux abords de la surface adverse, le coeur n'y est visiblement pas.

A la 62e minute, sur un grand coup de pied d'Olivaux, Hodoul, cafouillé et se fait prendre la balle par Barret qui marque de près. Même la réussite qui n'y est pas, puisque Fiawo, quelques secondes plus tard, tir sur le poteau après une belle percée.

Boucher étant sorti à son tour, l'O.M. domine nettement, ce qui ne change pas grand chose aux problèmes. Remetter par excès de confiance laisse filer sur le poteau un tir de Joseph croyait dehors.

75e Joseph et Desremeaux

A la 75e minute, sur centre de Brotons, Joseph reprend de la tête et sauve l'honneur avec la complicité involontaire de l'épaule de Desremeaux. Le public n'apprécie guère le relâchement de ses favoris, dont trois ne boitent pourtant pas. Rassuré quant au résultat il peut se permet de saluer le courageux sursaut de l'O.M., dont baroud d'honneur aura conservé jusqu'au bout son intérêt à la rencontre.

L'O.M. méconnaissable

LIMOGES - À la simple lecture de ce qui précède, tout le monde aura compris que l'O.M. méconnaissable était irrémédiablement battu à la 25e minute, et l'on peut même considérer que trois à zéro ne s'étaient pas cher.

La défense, qui fut si souvent irréprochable, fut constamment prise de vitesse et ses meilleurs hommes débordés. Irrésistiblement par les véloces Boucher, Invernizzi et Barret, derrière lesquels Yansanne et surtout Nourredine, tiraient habilement les ficelles. La défense, aux abois, tout l'équilibre de l'équipe se trouva compromis et l'attaque à peu près totalement privée de bonnes balles.

Comble d'infortune, la défense de Limoges, qui avait subi lors du match aller la loi du tandem Fiawo - Joseph, ne se laissa pas emprisonner. Surey, Desremaux, Taulé et Renaud furent même si vigilants que Remetter n'eut pratiquement rien à faire.

En somme, l'O.M. a subi à Limoges le traitement qu'il avait infligé à Boulogne huit jours auparavant à l'Huveaune. Les joueurs ne furent certes pas battus en puissance, mais en vitesse, opérant tout nettement au-dessus des possibilités que nous connaissons bien. Il est dommage qu'ils se soient trouvés dans un jour "sans", alors que même leurs adversaires étaient absolument déchaînés et irrésistibles.

Dommage que cette infortune survienne à l'occasion d'un match capital, dont le résultat les condamne peut-être aux barrages. Limoges se hisse donc à la seconde place à l'issue d'un débat qu'il domina au moment crucial de la tête et des épaules.

Nous savons bien que ce sera pour les Marseillais, qui ont subi leur plus lourde défaite de la saison, une mince fiche de consolation. Leur principal mérite aura été de se battre avec leur courage habituel jusqu'au bout.

Mario Zatelli à Blondel : "Vous avez été sensationnels !"

Mario Zatelli et Maurice Blondel, se sont rencontrés dans le couloir. Le premier à féliciter le second :

"Au cours de cette première demi-heure, vous avez été sensationnel. Félicitations. Mais, ça coûte parfois très cher de jouer le jeu."

"Oui, lui répondit Blondel, pendant une demi-heure, cela allait très vite, mes joueurs étaient absolument déchaînés. Pour nous, c'était un match de gala".

Et M. Leclerc qui n'avait pas ménagé ses félicitations à l'entraîneur et aux dirigeants de Limoges, tira la conclusion de l'affaire : "Nous avons mal joué. Cela prouve que nous étions peut-être moins forts que nous ne le pensions et que nous avons encore à travailler."

La recette fut de 70.690 fr., pour 11.146 spectateurs.

Arbitre, M. Machin