Résumé Le Provencal

du 04 mai 1967

Un but stupide prive l'O.M.

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

LENS - Le vent violent et glacial s'étant miraculeusement apaisé au coucher du soleil, la rencontre allait se disputer par un temps assez doux en définitive, devant un public moyen. Dans les coulisses, les responsables lensois ne cachaient pas que l'absence de Skoblar y était pour quelque chose.

Sur le terrain, elle ne paraissait cependant pas trop se faire sentir dans les rangs marseillais.

La 5me minute n'était pas écoulée que Joseph eut deux occasions d'ouvrir la marque.

Un premier tir trompait Taillandier, mais frôlait le poteau.

La seconde balle était interceptée au centimètre par le gardien lensois. L'action suivante devait être la bonne. Sur corner de Casolari, à la 7me minute, Joseph s'élevait, dominait tout le monde de la tête et des épaules et marquait d'une superbe coup de tête donnant à l'O.M. un avantage tout à fait justifié. Peu après, sur centre de Hodoul, il était en mesure de récidiver, la balle passant juste au-dessus.

Prenant nettement le meilleur sur les défenseurs nordistes du centre, il arrivait encore seul devant la cage, mais tirait nettement à côté, 20me minute. C'est le demi Lensois Lopez qui déclenchait, à ce moment-là un premier tir, bien arrêté par Escale.

Une récidive de Georges Lech sonnait le réveil lensois, et peu après bien servi en profondeur, le jeune Delies trempait Artelesa puis Escale, d'un tir à ras de terre. Pour l'O.M. tout était à refaire.

Tour à tour, Joseph et Courtin avaient occasion de donner l'avantage à leur camp, mais ne pouvait conclure.

C'est un très bon centre de Fiawoo qui allait permettre à Joseph d'aboutir, à la 32me minute, son coup de tête, véritablement admirable étant digne des plus grands spécialistes. Quelques minutes plus tard, Placzek, capitaine lensois tentait d'arrêter une charge puissante du Camerounnais et se blessé au bras dans l'affaire. Il devait quitter le terrain et l'O.M. accentuait sa domination marquée par la pause par deux tirs de Djorkaeff (40 et 42me).

En seconde mi-temps, Placzek revenait sur le terrain avec ses camarades, le poignet bandé, mais conservait sa place d'arrière. Sous l'impulsion du grand Sénac et du petit Michel Lopez, Lens allait essayer de combler son retard et d'y parvenir très vite avec la complicité bien involontaire d'Escale.

Lopez recevant une passe de la gauche plaçait un tir à ras de terre que Escale semblait devoir contrôler facilement, mais la balle lui échappait, heurtait le poteau à sa droite et ricochait finalement dans la cage. Ce sont des choses qui arrivent.

Le but stupide par excellence n'en mettait pas moins les deux équipes à égalité.

Les Marseillais, deux fois rejoints à la marque, ne se décourageaient pas pour autant. Joseph sur coup franc et Casolari marquait un troisième but toujours de la tête, refusé on ne sait trop pourquoi par l'arbitre M. Frauciel (65e minute).

Courtin répliquait par un tir très puissant qui passait au-dessus, montrant la voie à Bernard Lech qui tentait sa chance de loin et échouait sur Escale.

On notait ensuite un coup de tête de Deschamps suivi d'un tir au ras du montant de Casolari (70e).

Les deux équipes jouaient le dernier quart d'heure avec beaucoup moins de fougue et beaucoup plus de prudence. Courtin le meilleur attaquant lensois, menait seule une offensive et obtenait un corner contre toute la défense marseillaise.

Ce devait être le dernier. Le score n'allait plus changer.

JOSEPH, héros

du match

Lens - Nous avons retrouvé à Lens, le Joseph qui avait été, en association avec son ami Fiawoo, à la base de beaucoup de bons résultats obtenus par l'O.M. au cours des matchs "aller".

Nous avions entrevu, à Strasbourg, que le Camerounais était sur le chemin du renouveau.

Il a littéralement éclaté hier à Lens ou sa présence pesa constamment sur le centre de la défense nordique, qui fit voler en éclats plusieurs reprises.

A la pointe de l'attaque, au coude à coude avec Fiawoo, il lui fut fut d'un précieux concours, et se joua de Deschamps comme de Kalma qui lui furent successivement opposés.

Les Lensois étaient littéralement affolés par les charges de cet adversaire hors-série, partant comme un tank sur les longues balles de ses partenaires.

L'O.M. joua à Lens de façon assez efficace, toute directe, et son style viril et athlétique contrasta avec la manière coordonnée de son adversaire qui excellent au retour en arrière et aux arabesques ; précisons tout de suite que le public nordiste préféra de beaucoup la façon marseillaise qui aurait du valoir la victoire de Lorraine.

Les buts magnifiques obtenus par Joseph se trouvèrent annulés par une belle réussite nordique, une balle à effet de Lopez, le Lensois, ricochant sur le bras du malheureux Escale.

Cette action récompensait le travail obstiné et habile du petit demi, qui fut le meilleur homme de son équipe, avec le grand Sénac et Courtin, le plus rapide des "Sang et Or" qui sortirent de leur torpeur en deuxième mi-temps.

Le Racing Lensois nous a paru comme une équipe sans grande tenue, hors de conditions physiques, plusieurs de ses hommes en particulier Taillandier, Placzek, Delies et Georges Lech ayant été victime de chocs qui laissèrent leurs adversaires marseillais parfaitement intacts.

Nous Dirions que Joseph était le grand homme de l'équipe provençale. Il marqua le premier but d'un coup de tête puissant, après s'être élevé nettement au-dessus du lot de ses adversaires. Le second fut un véritable chef-d'oeuvre, recevant la balle de la gauche, il la renvoie dans le camp lensois d'un coup de tête croisé Taillandier complètement à contre-pied.

Au cours de la compétition, Fiawoo fut pour lui un lieutenant précieux. Il est sur le chemin de la forme.

Casolari joua lui aussi avec beaucoup d'ardeur et un assez grand bonheur.

Autour, Djorkaeff fut le bon soutien pour l'attaque de l'équipe marseillaise, étant aussi prompt à monter qu'à se regrouper en défense.

Une équipe marseillaise qui a retrouvé son second souffle, ou renoncer à la défense en ligne. Elle devrait terminer le championnat en bonne position après avoir trouver sa vérité.

Les Marseillais : " Nous devions gagner ce match"

Lens - Très partagée, les Marseillais dans leurs sentiments à l'issue du match. D'un côté, il y avait la satisfaction d'avoir réussi un bon nul à Lens, de l'autre la sensation d'avoir laissé passer une victoire à leur portée.

Jean-Paul Escale s'explique sur le but stupide qui valut l'égalisation aux Nordistes :

" - C'était une balle à effet, qui paraissait facile, et qui ne l'était pas. Elle m'a échappé et ricoché sur les bras."

Joseph, le héros du match, s'explique lui aussi sur l'occasion qu'il eut de marquer quatre buts aujourd'hui :

" - L'arbitre m'a refusé le 3me pour hors-jeu !"

Enfin, Marcel Artelesa, le capitaine concluait :

" - Avant le match, nous aurions signé tout pour le nul. Aussi, ne faisons pas la fine bouche"