Résumé Le Provencal

du 05 mai 1968

Les 5 dernières minutes fatales à l'O.M.

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

MONTE-CARLO - La soirée très douce avait débuté par une rencontre de juniors disputée très durement, les jeunes Marseillais contraignant au nul leurs adversaires monégasques (0 à 0).

L'allure générale et aussi le résultat du lever de rideau pouvaient-ils être considérés comme des signes prémonitoires ? Nous allions bientôt le savoir.

Les premières minutes étaient marquées par une vive poussée marseillaise mais la première attaque dangereuse était azuréenne. L'arrière Rostagny s'appuyait sur Dell'Oste et déclenchait un tir en biais lâché par Escale. Zwunka parvenait à écarter le danger (4e minute).

Ce même Escale devait ensuite s'opposer aux entreprises de Simian et Dell'Oste ; un coup franc joué judicieusement par Casolari, et Simian provoquait une situation délicate, Artelesa intervenant avec à-propos, 12e minute.

Le premier quart d'heure avait été à l'avantage de Monaco, mais Djorkaeff, d'un très bon tir de 25 mètres bien accueilli par Hernandez, rappelait l'O.M. au bon souvenir des spectateurs. Quelques minutes, et Zwunka devait se faire soigner à la suite d'un choc avec Casolari.

Monaco reprenait sa pression et Escale se détendait pour contrôler un bon centre tir de Simian, 23e. Il recevait ensuite dans les mains la reprise de la tête par Dell'Oste d'un corner de Simian, 26e.

Nouvelle intervention d'Escale à la 30e, sur centre de Dell'Oste, repris à bout portant par Casolari en récidive, peu après son centre tir à ras de terre de Simian très en verve, 32e.

L'O.M. ne parvenait à se dégager que bien rarement de l'emprise mais sa défense jusqu'alors avait fait front sans être submergée. À l'approche de la mi-temps, Monaco diminuait un peu son rythme et l'O.M. ayant obtenu un corner par Gueniche, Djorkaeff prenait sa chance. Son tir passait cette fois nettement au-dessus.

Mais Monaco remettait les choses à leur place, et Brun ponctuait d'un tir à côté une bonne attaque générale (44e).

La seconde mi-temps démarrait à quelque chose près comme la première. Les Marseillais sans doute sermonnés pendant la pause s'efforçaient de porter le ballon dans le camp adverse, mais sans succès et Monaco dirigeait à nouveau le jeu vers la droite, aussi Simian causait les pires ennuis à Lopez.

Le petit Miltinovic se distinguait par sa finesse de jeu et à la 54me minute, Escale, sorti au devant de Magny, était sauvé par Artelesa toujours bien placée.

C'est pourtant Joseph qui allait avoir à la 55me minute, la plus belle occasion du match. Baeza et Forcherio se gênant à deux reprises, Joseph prenant la balle, la perdait, la retrouvait et miraculeusement seul à quelques mètres du but vide la mettait à côté.

Inspiré par cette action dangereuse, Gueniche arrivait en assez bonne position mais ratait son tir qui passait à côté (60me). Que ce soit légitime ou non, O.M. venait de rater là en cinq minutes l'occasion de réussir un étonnement k.o. et soudain toute une chorale jusqu'alors muette se mit à donner de la voix et à encourager l'O.M. qui pressait soudain sur son but une équipe azuréenne désunie.

Magny, notamment, se montrait si malheureux dans ses entreprises que le public réclamait avec insistance l'entrée en jeu du jeune Remoud. Un tir de Dell'Oste (73me minute) bien arrêtée par Escale, apportait une diversion et le signal du réveil monégasque. Escale devait plonger dans les jambes de Simian (76me minute).

On croyait au nul lorsque, à la suite d'une attaque monégasque la balle, mal dégagée, revint vers Mulitinovitc. Celui-ci tira d'une vingtaine de mètres en biais et Escale, bien placé pour contrôler la balle vit à son grand regret celle-ci ricocher sur la tête de son camarade Zwunka et entrer dans le but !

C'était le but de la victoire azuréenne.

La défense marseillaise avait tenu

MONACO - En encaissant un but particulièrement stupide à quelques minutes de la fin, l'O.M. a perdu le bénéficie d'une bonne seconde mi-temps.

La première avait été tout à l'avantage de Monaco, qui domina nettement sans pour cela se créer des "occasions en or". L'O.M., après une heure de jeu, avait refait le terrain perdu et méritait le nul, incontestablement.

Nous ajouterons qu'Escale, sur le tir de Mulitinovic, était à la parade, mais ne put réagir sur la déviation bien involontaire de l'épaule de son camarade Zwunka. Cela fait partie, bien entendu, des impondérables, mais on peut dire qu'ils jouèrent en cette occasion contre l'O.M.

Sa défense avait eu le mérite de tenir longtemps dans des conditions plutôt précaires, et n'avait commis aucune faute, Zwunka venant lorsqu'il le fallait, secourir Lopez souvent inquiété par Simian, cependant que Tassone dominait Dell'Oste et qu'Escale était tout à fait parfait, comme Artelesa et Djorkaeff.

Après une heure de jeu, Joseph et Gueniche s'enhardissaient et venaient poser des banderilles, Joseph ratant même de justesse la plus nette occasion de la partie.

Les meilleurs Monégasques ont été l'arrière Blanc, aussi bon en contre-attaque qu'en défense ; le très fin Mulitinovic, auteur du but, et Simian, très en vue pendant une heure.

Recette : 15.462 francs pour 2.099 spectateurs. L'arbitre : M. Debroas

Domergue : "Victoire heureuse de Monaco"

L'entraîneur de l'Olympique de Marseille était assez affecté par la victoire locale. "Cette victoire de Monaco, nous a-t-il déclaré, est très heureuse. En effet, sur le tir de Mulitinovic, Escale était à la parade, mais le ballon fut dévié malencontreusement hors de sa portée par l'épaule de Zwunka. Mon gardien de but n'a pu qu'effleurer le ballon, ce qui s'est logé sur la transversale. Il faut reconnaître que la première mi-temps des Acémistes a été bonne, mais la seconde mi-temps fut en notre faveur. Le manque d'adresse de nos avants devant les buts nous a certainement été au moins le match nul"

Pierre Sinibaldi :

Entraîneur monégasque nous a confié sa satisfaction de la très bonne première mi-temps de sa formation. La deuxième mi-temps, selon lui, fut très équilibrée, mais il tint à souligner que sur le plan du jeu, Monaco fut nettement supérieur, et surtout pas plus "moche" que ceux qui caracolent en tête. Je suis très heureux de la victoire ; ce fut un bon match au point de vue condition physique et technique. "Tous les joueurs sont à féliciter pour leur excellent comportement."

Lionel MAGGI