Résumé Le Provencal du 08 décembre 1969 |
A ANGERS, LA PRUDENCE N'A PAS PAYE UN BUT DE J.-P. DOGLIANI CONDAMNE L'O.M. (2-1) (De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES) |
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ANGERS - De Paris à Angers, notre train avait été bloqué une heure par la neige aux environs de Chartres. Mais, passer Le Mans, nous trouvâmes un certain beau temps, gris certes, mais très supportable : de la demi-douceur angevine ; et c'est sur une pelouse en excellent état que s'est disputé la rencontre. L'O.M. a aligné l'équipe annoncée, mais Milic grippé a cédé le n.12 à Casolari. Incident peu banal a marqué échauffement des joueurs angevins : le gardien Gallina, mal tombé, s'est blessé à l'épaule et a dû être remplacé à la dernière minute Gouraud. Trois mille supporters à peine, la radio ayant annoncé, le matin, que toutes les rencontres de championnat étaient remises. Il s'agissait on avait oublié de préciser des rencontres de C.F.A. La première mi-temps ne pose pas un grand problème de rédaction. Angers domina de bout en bout, et si l'on peut appeler dominer jouer le plus souvent dans le camp de l'adversaire, mais oublier de marquer. Le spectacle de cette équipe sympathique, au jeu tout en finesse mais dépourvu d'accélération et de percussion, finissait même par être pénible. 19me minute : Bonnel + Loubet = un but L'O.M., calme, très prudent et solide en défense, n'eut que deux vrais occasions de but dont l'une fut transformée en but réel. L'affaire se passa très simplement (19me minute) : sur une balle à suivre, Bonnel, que l'on voyait partout depuis le début de la rencontre, résista à une charge de Fievet au niveau de la ligne du camp d'Angers, ce qui le mise en possession de cette même balle. Un petit centre en retrait en direction de Loubet, et le tour était joué. O.M. 1 - Angers 0. La deuxième occasion de l'O.M. se situa à la 29me minute. Un long service de Skoblar en direction de Magnusson, une course de débordement du Suédois et un tir détourné en corner par Gouraud. Un avertissement à Skoblar Ce 1 à 0, à la mi-temps, pour l'O.M. pouvait paraître injuste pour les supporters angevins. Pourtant, si Skoblar et Magnusson avaient seulement joué à la moitié de leur valeur, le k.o. des Angevins eût été largement assuré. Le football est ainsi fait que l'impuissance à conclure et un péché mortel. Skoblar et Magnusson se signalèrent à l'attention du public tout de même. Le doux Suédois mérite deux réprimandes de l'arbitre pour jeu dur aux dépens de son adversaire Perreau. Il s'agissait, vous l'avez deviné, de quelques rendus trop voyants pour de nombreux prêtés. |
Quant à Skoblar, il reçut un avertissement en bonne et due forme. Ce qui avec celui de Sedan doit faire deux. De la longue domination angevine, nous extrairons un tir de Dogliani en fin de mi-temps sur lequel Escale réussit son seul arrêt vraiment difficile de cette mi-temps. 55me minute : Edwige égalise Au début de la deuxième mi-temps, on eut l'impression que Angers, fatigué par ses généreux et vains efforts de la première mi-temps, lâchait du lest et allait devenir une proie facile pour l'O.M. Ce scénario allait être modifié du tout au tout à la 55me minute. Sur un centre de son arrière central Mouilleron, monté à l'attaque, Edwige, d'une vingtaine de mètres environ tira du gauche. Un tir assez bout, en plein centre du but, ras de terre et qui, à la surprise générale trompa Escale. Angers 1 - O.M. 1. Cette égalisation heureuse, mais pas imméritée sur l'ensemble du match, allait doper moralement les Angevins. 81e minute : Skoblar rate 82e minute : Dogliani marque. Cette deuxième mi-temps allait être marquée, aussi, par une certaine amélioration dans le rendement de Magnusson. On le vit, à deux ou trois reprises, se débarrassé de la meute de ses adversaires dans le style que l'on connaît, et l'un de ses centres faillit faire la décision. Avant d'en arriver là, signalons que le match avait repris sa physionomie de la première mi-temps : domination stérile d'Angers et trop rares contre-attaques de l'O.M., dont une seule eut pour conclusion un tir de Loubet sur l'extérieur du filet. Donc, pour revenir à Magnusson, à la 81me minute, parti sur la droite, centra dans la foulée. Skoblar était à la réception, seul à quelques mètres de Gouraud. Il frappa de la tête, comme à la parade, et le ballon devait passer à côté. Sur la remise en jeu, Roy partit sur la gauche et centra. Une longue transversale qui, surprenant toute la défense de l'O.M., trouva Dogliani à la réception. Le Marseillais d'Angers contrôla le ballon, s'avança et battit superbement Escale. Angers, 2 - l'O.M., 1. Le reste ne fut plus qu'une simple formalité. L'O.M. venait-il, ainsi, d'être battu par l'un des siens ? |
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Avec SKOBLAR, MAGNUSSON et LOUBET, l'O.M. pratiquement sans attaque |
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ANGERS - Le résultat de la rencontre s'est joué sur un coup de dés, entre la 81me et la 82me minutes. Sur l'un des rares bons centres de Magnusson, Skoblar seul devant Gouraud, reprend le ballon de la tête pour le placer à gauche du but angevin. Dès la remise en jeu, Roy s'envole sur la gauche du terrain et centre en retrait : Dogliani contrôle la balle, part en pleine course, s'avance et bat astucieusement son ami Escale. Le résultat était 1 à 1 à ce moment-là. On voit sans peine que le match nul qui allait devenir victoire se transformait seulement en défaite. D'où le désenchantement certaines des Olympiens la rencontre terminée. Raymond Kopa : l'O.M. pas assez offensif. Mais là n'est pas l'essentiel. Pour prétendre être accablé par le mauvais sort, il faut avoir beaucoup tenté. Or l'O.M. s'est créée si peu d'occasions de but au cours de la rencontre, qu'en avoir transformé une en vrai but n'est déjà pas si mal. Le but raté par Skoblar fait irrésistiblement penser à celui raté par Joseph à Zagreb. Un avant-centre, trop esseulé, ne recevant qu'un strict minimum de bonnes balles, est presque obligé d'avoir du 100 % de réussite pour n'être pas critiqué. Car l'O.M. à Angers contre cet adversaire sympathique, courageux, mais de valeur simplement moyenne, a sans doute joué avec une excessive puis prudence, lui qui, au moins en théorie, possède une attaque de valeur internationale. C'est d'ailleurs ce que le public angevin n'a pas compris, pas plus que Raymond Kopa qui nous a dit dans les vestiaires d'Angers : - "La victoire angevine est méritée, c'est celle de l'équipe qui voulait le plus gagner. Mais il m'a semblé que l'O.M. pourtant riche en joueurs de classe, jouait trop derrière. Or, à mon avis, ce n'est pas la bonne façon pour préparer une équipe que l'on voudrait de valeur internationale. Le fiasco de l'attaque olympienne En fait, le plan de Mario Zatelli était bien connu et on a pu croire jusqu'au but égalisateur d'Edwige qu'il allait pleinement réussir. L'O.M. s'appuyait sur une défense sûre, solide et homogène, s'efforçait de prendre le S.C.O. Angers au piège de la contre-attaque. On pouvait croire, les Angevins paraissant incapables de marquer et leur défense commettant des fautes, que les attaquants vedettes de l'O.M. feraient facilement la différence. Or, soit qui ne fussent pas suffisamment soutenus, soit qu'ils aient été dans un mauvais jour, Skoblar, Loubet et Magnusson ne posèrent qu'un minimum de problèmes à défense angevine. Le but de l'O.M. ayant été marqué grâce à Bonnel, il reste que les actions Magnusson - Skoblar ou Skoblar - Magnusson furent extrêmement rares. Quant à Loubet, auteur du but, il passa presque totalement inaperçu le reste du temps. D'une attaque qui devait être les très étincelante, quasiment irrésistible en France, on ne vit pas grand-chose hier à Angers. Skoblar avant-centre unique On se dit aussitôt : "Est-ce une simple question de méforme passagère ou est-ce tout le jeu de l'équipe qui mérite d'être repense ?" |
En dépit de l'excellente partie de Bonnel, du retour très honorable de Destrumelle, la liaison entre l'attaque et le reste de l'équipe fut nettement insuffisante. Une autre évidence apparut au bout de cette rencontre : Skoblar, très à l'aise au poste de deuxième avant-centre l'est beaucoup moins dans le rôle d'avant-centre unique. Ayant régulièrement sur le dos les joueurs s'occupant ordinairement de Joseph, il ne peut ni se faire oublier pour surgir soudain comme un diable de sa botte, ni bénéficier d'une liberté de manoeuvre suffisante. Alors il suffit que la défense encaisse deux buts pour que l'O.M. soit presque condamné à perdre en déplacement. Contenu des efforts faits pour recruter une attaque et des buteurs de premier choix et de premier prix, c'est assez étrange. Bonnel le numéro 1 Skoblar en petite forme Cette rencontre a aussi confirmé que l'O.M. dans son ensemble n'était pas actuellement dans sa meilleure forme. On s'en était déjà aperçu. Quelques joueurs, parmi ceux qui ont beaucoup donné à l'équipe, tels Lopez, Novi, Djorkaeff n'ont plus le tranchant de la saison dernière. Ils n'ont pas été mauvais, tant s'en faut, mais un peu au-dessous de la valeur qu'on leur connaît. Comme nous n'avons par condamné Joseph à Zagreb pour un but raté, nous ne critiquerons pas davantage Escale, lequel a laissé entrer dans sa cage un but en l'apparence facile à arrêter. L'erreur est humaine. Hodoul et Zwunka ont fait leur bon match habituel. Bonnel, que l'on dit blessé, semble, lui, défier le temps. Il fut, sur la moyenne de la rencontre et une fois de plus, le meilleur de son équipe. Destrumelle a fait une bonne rentrée, très sobre, mais utile. Magnusson est-il complètement guéri de son genou ? Hier, il ne parut pas tellement gêné dans ses dribbles, mais au moment critique, il marqua une visible répugnance. Skoblar, en dehors du fait évident qu'il joua trop seul, n'était pas au mieux de sa forme. Il nous apparut - ce qui est assez rare chez lui - dénué de jus. Loubet, toujours habile, qui a tiré profite d'une bonne occasion, n'en est pas moins très loin de sa forme en ce moment. Dogliani toujours la De l'équipe angevine, on retiendra qu'elle était privée de deux de ses meilleurs joueurs, Dubaele et Margottin. Ils manquèrent beaucoup en attaque. Le S.C.O. Angers à toujours sont style agréable, fouillé, son jeu très collectif, mais il n'aurait pas pesé lourd dimanche devant un O.M. en meilleure forme. Le meilleur joueur d'Angers est toujours notre ami Jean Pierre Dogliani, remarquable dans le rôle de distributeur et capable, le cas échéant, de tirer et de faire mouche. |
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DOGLIANI : "J'aimerais tant retourner à Marseille |
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Nous n'avons pas manqué, dans les vestiaires angevins, de féliciter Jean-Pierre Dogliani pour son magnifique but et sa belle partie. Il nous a pris dans un coin des vestiaires et nous a glissé discrètement à l'oreille : "Est-il vrai qu'il a été question de mon retour à Marseille ces derniers jours. Vous savez mon rêve est de revenir dans ma ville natale et dans le club ou j'ai fait pratiquement toute ma carrière. |
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ZATELLI : "A la mi-temps j'aurais parié ma chemise sur votre victoire" Angers - Dans le vestiaire de l'O.M., c'était la plus grande des déceptions. Les joueurs se taisaient, tout en se déshabillant ou en se préparant à aller à la douche et Mario Zatelli seul au milieu du vestiaire soliloquait : "C'est impensable, mener à la mi-temps 1 à 0 chez l'adversaire et se fait remonter ! "Pendant cette mi-temps j'aurais parié ma chemise que nous allions gagner. Mais maintenant, si nous nous mettons à ne plus marquer de but et à en encaisser qui sont idiots, nous finirons par devenir une équipe comme les autres. "Aujourd'hui j'ai l'impression, compte tenu de la victoire de Saint-Étienne, que nous avons perdu définitivement le championnat. C'est grand dommage, car nous aurions pu et dû gagner la rencontre d'aujourd'hui." Escale : "J'étais masqué par mes camarades" Escale essayait d'expliquer le but, à lui marquée par Edwige. "Je n'ai pas vu venir ; il y avait devant moi trop de monde. "Ensuite, à ce moment-là, le temps était tellement gris que la visibilité était mauvaise ; je ne m'explique pas ce but, mais je ne pense pas que ce soit de ma faute." Djorkaeff : "pas de chance !" Le capitaine olympien Djorkaeff n'avait pas perdu son calme et son sourire pour autant. "Une fois de plus, nous n'avons pas eu de chance au moment décisif. Si Skoblar avait marqué de la tête, la partie était terminée, nous avions gagné. Je ne pense pas cependant que nous ayant fait aujourd'hui un très grand match. "Dans une meilleure forme, ou avec un peu plus de réussite, c'est une rencontre que nous aurions dû gagner." Lucien Leduc : "Nous avons fait de notre mieux !" Dans les vestiaires d'Angers, on s'en doute, ce n'étaient que sourires. L'entraîneur Lucien Leduc, notre vieil ami, nous a confié : "Je suis, vous vous en doutez, très content ; nous avons dû composer avec les moyens du bord aujourd'hui, et je savais que Marseille avait une équipe redoutable. Nos joueurs se sont battus avec la plus grande conviction et je crois qu'en définitive, leur victoire est très méritée. "L'O.M. m'a un peu déçu, surtout ses vedettes qui ont certainement joué, aujourd'hui, au-dessous de leur valeur habituelle. Mais en football, il y a toujours des bons et des mauvais jours". |