Résumé Le Provencal du 07 novembre 1973 |
6 à 0 : L'O.M. HUMILIE !
Les Marseillais invisibles et inexistants
Ont frôlé le ridicule à COLOGNE
COLOGNE - Pour la première fois de notre carrière, nous ne savons qu'écrire à la fin d'une rencontre. L'O.M. écrasé, l'O.M. ridicule, c'est la première fois que pareil spectacle nous est offert au cours d'une rencontre officielle. Même à Amsterdam contre l'Ajax, champion d'Europe, l'O.M. avait été moins dominé, moins inexistant. À Bastia, à Metz ou à Bordeaux, la chose nous paraîtrait moins décevante et prétendrait à sourire. Et pour le Français que nous sommes et qui, croyez-le bien, n'attache pas une importance exclusive au résultat sportive, voir une équipe de son pays, celle de Marseille de surcroît, prendre la leçon à Cologne, en Allemagne, est tout de même affligeant. Car pour ce qui est du football, il n'y a strictement rien à ajouter. Une équipe de valeur internationale moyenne a dominé de la tête, des jambes et du reste d'une équipe insuffisante à ce niveau. De A jusqu'à Z, le F.C. de Cologne était le meilleur est la seule chose que l'O.M. ait pu rendre, ce sont les coups. Il faut en prendre son parti. L'équipe olympienne 1973-1974 n'a qu'un défaut, mais il est incurable : elle n'est pas bonne. LE ROYAL OVERATH En début de match nous eûmes cinq minutes - les premières - d'espoir ou plutôt d'illusions. Le F.C. de Cologne pris entre le désir d'attaquer et la peur de prendre un but, paraissait hésitant et parfois même maladroit. Tant et si bien que le premier tir de la partie dans l'encadrement fut de Magnusson. Mais dès la 7e minute, le danger vint de là où on ne l'attendait pas. Une percée en plein centre de l'arrière Konopka et un but de Flohe devant une défense olympienne absolument figée. Pour Cologne, ce fut le déclic et sous l'impulsion d'un royal Overath, Buigues ne pouvait que suivre sans pouvoir lui prendre le ballon, même une fois. Les attaques se multipliaient dans le camp de l'O.M. Quelques actions intelligentes de Keruzore, quelques pointes de Skoblar en bonne forme venaient de temps en temps rompre la monotonie de la supériorité allemande. Mais ce n'était pas suffisant et le 4 à 0 de la mi-temps tomba sur les quelques supporters olympiens perdus dans le stade comme, un coup de trique. CARNUS A ÉVITE LE 10 À 0 ! Au coup de trique succéda, pour les mêmes supporters olympiens, le coup du Père François quand trois minutes après la reprise, Lohr marqua, en conclusion d'une attaque allemande, ce que nous appellerons un "but promenade", un but comme en marquent les équipes professionnelles aux équipes amateurs à l'occasion d'une rencontre de propagande. |
Cinq à zéro, le Football-Club de Cologne était à l'abri de toutes les intempéries. Mais estimant sans doute que l'on est jamais assez couvert, il allait en ajouter un sixième. Celui-là fut remarquable. Un centre d'Overath, le maître, et une reprise en extension de Lohr. De la belle ouvrage. L'O.M. commençait à frôler le ridicule et l'on pouvait seulement se demander s'il allait pouvoir sauver l'honneur. En fait celui qui devait, non point sauver l'honneur de Marseille, mais éviter à son équipe une défaite encore plus catastrophique du genre 8 ou 10 à 0, fut Georges Carnus. Par quelques parades sensationnelles qui lui valurent d'ailleurs les applaudissements du public, il épargna le pire à l'O.M. et la rencontre se termina dans l'ambiance que vous devinez des Olympiens vexés autant qu'énervés regagnant leurs vestiaires, tandis que la foule allemande déferlait sur le stade pour porter en triomphe les joueurs. LA TECHNIQUE ET LA TACTIQUE SONT DÉPASSÉES A l'issue d'une pareille défaite, il serait vain de vouloir faire une véritable critique technique ou tactique de la rencontre. On s'est aperçu dès le début que la paire défensive Bosquier - Trésor n'en faisait pas une. Ces deux joueurs, individuellement bons au moins en France, n'arrivent ni à s'entendre ni à se contrôler. En début de rencontre, alors que l'O.M. avait encore une petite chance, c'est par le centre que passèrent la plupart des offensives allemandes. Mais ce ne fut pas tout. C'est, à quelques rares exceptions près, tout le reste de l'équipe qui a craqué. Pour avait chargé Buigues de marquer Overath. On ne saurait lui adresser aucun reproche dans la mesure ou on ne peut pas demander à quelqu'un de faire ce qui ne peut pas faire. Buigues se montra très discipliné, il suivit Overath comme son ombre, mais ne réussit absolument jamais à lui prendre le ballon. C'est toute équipe de l'O.M. qui s'est montrée hier soir très inférieure à cette tâche internationale. N'épiloguons pas. L'O.M., sur le plan international, n'avait rien à faire cette saison. Ce sera notre conclusion, et croyez bien que c'est celle que nous ne souhaitions pas. Maurice FABREGUETTES |
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Ils disent |
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BONNEL accuse : "Une démission collective" On imagine qu'elle pouvait être l'ambiance dans les vestiaires marseillais après cette cruelle défaite. Le président Gallian, que nous avons interrogé le premier mettait encore ce cinglant résultat sur le compte de la défense. "C'est notre défense qui a craqué, disait le président à qui voulait l'entendre. Je veux bien croire que Trésor a joué le match avec une blessure au talon, mais ses camarades des lignes arrières n'ont, à mon avis pas fait leur travail. Je reconnais d'autre part que Cologne a réalisé une excellente partie ce soir. Mais il n'empêche que le score est très sévère. Si notre équipe s'était accrochée, elle aurait pu au moins éviter cette humiliation". Nous avons demandé au président si avant le match il conservait un espoir de qualification ? "Je savais que cette rencontre serait très difficile, nous a répondu le président, mais nous avions aussi deux buts d'avance et à mon avis on pouvait considérer cet avantage comme suffisant pour prétendre jouer le tour suivant de la Coupe d'Europe. Hélas ! Je vous le répète, n'avons pas su supporter le poids de cette rencontre. Au bout du premier quart d'heure je savais déjà que tout était terminé. Je suis d'autre part qu'il est pénible d'incriminer les joueurs dans de telles circonstances, mais d'après moi, seuls Bosquier et Carnus ont été à la hauteur de leur réputation. Ce n'était pas assez pour inquiéter un adversaire non seulement brillant, mais encore survolté par l'enjeu". BONNEL : "J'AI PEUR MAINTENANT QUE LES JOUEURS DOUTENT DE MOI Joseph Bonnel, de son côté, était sollicité par de nombreux reporters qui essayaient de récolter ses impressions. L'entraîneur olympien, le visage crispé et la voix éteinte, essayait malgré tout de donner son opinion en toute objectivité. "L'O.M., ces derniers temps avait déjà donné des signes d'inquiétude, mais jamais je ne m'attendais à une pareille déconvenue. C'est vraiment à désespérer de tout. On prétendra, bien sûr que Cologne était ce soir en grande forme, mais dans notre équipe personnes, à mon avis a essayé de se battre jusqu'au bout de ses forces. C'est maintenant évidence cette formation manque de battants, de gars volontaires qui sachent faire front dans les circonstances les plus pénibles. Je me demande même, si l'opinion publique et les joueurs eux-mêmes ne vont pas commencer à douter de mes capacités. Les résultats se succèdent avec toujours les mêmes désillusions. Je connais bien Marseille, et je sais que tôt ou tard les méthodes d'un entraîneur qui ne réussit pas seront sur la sellette". A note votre avis que se passe-t-il à l'O.M. ? "Je vous avoue franchement que je cherche les raisons depuis pas mal de temps. Je pensais qu'il n'y avait aucun problème entre les joueurs. J'estime aussi que tous étaient solidaires de leur entraîneur et désormais je commence à en douter. Il n'empêche que nous devrons trouver le moyen de sortir de cette impasse, sinon notre club ira inévitablement à la catastrophe". |
Mario Zatelli, de son côté, ne cherchait pas d'excuses, mais nous disait : "Il faut reconnaître par ailleurs que l'arbitre n'était guère dans le camp marseillais, il a accordé un penalty imaginaire à Cologne et, de plus, il a encore donnait des avertissements à deux de nos joueurs. En toute logique nous avions pas besoin de cela. LES JOUEURS : "COLOGNE ÉTAIT LE PLUS FORT" Les joueurs marseillais de leur côté, s'ils étaient accablés par la défaite, reconnaissaient tout de même que l'adversaire avait été au-dessus de leurs forces. Magnusson, le premier, rendait hommage aux vainqueurs : "Rien à dire, nous confiait-t-il. Cologne a démontré ce soir qu'il était bien meilleur que nous. Overath et Flohe ont fait pratiquement ce qu'ils ont voulu sur le terrain. Ils ont orchestré le jeu de leurs camarades avec un rare brio. Que peut-on ajouter de plus, sinon que ces deux buts encaissés en dix minutes, nous ont enlevé pratiquement toutes nos chances. Ensuite ce n'était plus qu'une formalité pour l'équipe allemande. Le point de vue était partagé par Raymond Keruzore : "Il est difficile d'expliquer comment nous avons pu encaisser un tel score. Le match a basculé dès le départ et nous n'avons jamais pu remonter la pente. J'estime tout de même que 6 à 0 c'est une défaite bien sévère". Nous avons ensuite consulté Skoblar et Buigues qui avaient écopé chacun d'un avertissement. L'un et l'autre étaient profondément déçus, mais pas en raison de la sanction infligée par le directeur du jeu. "Cela n'a aucune importance, nous ont-ils dit séparément. Le plus grave est bien que l'O.M. ait été nettement battu". Mais Skoblar a tenu à ajouter que le résultat était normal : "Nous aurions même pu encaisser encore plus de buts". Bernard Bosquier estimait, lui que le score n'avait pas grande signification : "Vous savez, à partir du moment où nous avons encaissé plus de trois buts, le reste n'avait plus grande importance. Du moment que nous étions éliminés ! Ce résultat confirme pour ma part, la bonne qgualité de notre adversaire. À Marseille, Cologne avait déjà donné un aperçu de sa valeur, mais il faut bien le dire, nous avions eu pas mal de réussite, en remportant la victoire par 2 à 0. Il est certain, d'autre part, que ces deux buts encaissés d'entrée ont pesé lourd dans la balance, mais soyons honnêtes, les Allemands ce soir étaient bien les plus forts". Nous avons laissé le mot de la fin à Georges Carnus qui avait été en quelque sorte le héros de la soirée : "Cologne nous a donné ce soir une leçon de football. J'espère que nous aurons en tirer les enseignements nécessaires. Il me semble pour ma part, que l'O.M. a perdu confiance. Tous les joueurs doutent d'eux-mêmes. Et l'ensemble maintenant n'a plus le moral. Quoi qu'il en soit, il nous faut, coûte que coûte, redresser la barre. Tout allait bien à l'O.M. quand la victoire était au rendez-vous. Tout le monde pavoisait lors du doublé. Maintenant que nous avons atteint le fond de l'abîme, on va voir si le club a vraiment quelque chose dans le ventre. C'est dans ces occasions qu'il faut savoir se serrer les coudes." Jean FERRARA |
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Tchaikowski : " Le résultat était prévu" |
Si l'atmosphère était tendue dans les vestiaires marseillais, ambiance, par contre, était euphorique dans le camp allemand. Tchaikowski, l'entraîneur, nous rappelait ses paroles après le match de Marseille. "Je vous avais dit que le match retour ne nous poserait pas de problème, dit-il avec un large sourire aux lèvres. Nous avons conduit le match à notre guise. Tous mes joueurs ont fait la loi sur le terrain et, dès le départ déjà, je savais que l'O.M. ne pourrait pas conserver son avantage". - À quoi était dû ce bel optimisme ? "Tout simplement à la confiance en mon équipe ; je sais ce qu'elle vaut, et je sais aussi évaluer les forces de l'adversaire. Pour moi, O.M., à de très bonnes individualités, mais elles ne constituent pas un ensemble homogène. Comme je suivais tous ses résultats, j'étais également averti que le club marseillais traversait une sorte de crise, et inévitablement ce climat doit se répercuter non seulement sur le moral de ses joueurs, mais aussi sur leurs muscles. Vous l'avez vu, je ne m'étais pas trompé. "Je tiens cependant à rendre à notre adversaire, mais permettez-moi d'adresser un coup de chapeau à tous les joueurs". J.F. |
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Le fait du match |
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BOSQUIER et TRESOR ne sont pas complémentaires On pourra nous faire remarquer qu'en la circonstance cette remarque a vraiment peu d'importance. L'O.M. a été écrasé sur le stade de Cologne, et de pareilles défaites ne sont jamais le fait d'un joueur ou de deux. Mais ce que tout le monde a pu remarquer vaut surtout pour l'avenir, car pour l'O.M., il reste encore le championnat de France et la Coupe de France. À première vue, l'association Bosquier - Trésor pouvait paraître séduisante. L'ancien libéro de l'équipe de France et le nouveau, associés, cela devait donner des résultats excellents. Malheureusement, déjà en début de saison, et l'année dernière aussi, on avait pu constater que c'était le contraire qui se produisait. On peut penser que Trésor est le meilleur défenseur français à tous les postes : arrière droit, arrière gauche, libéro, sa meilleure place, et même stoppeur. Mais quand il a Bosquier à côté de lui, il ne sait plus ni ou se placer ni que faire. En première mi-temps, la chose eut son importance, car ces par le centre que passèrent les deux offensives qui allaient permettre au F.C. Cologne de refaire son retard de deux buts en trois minutes. Il faut donc s'en rendre compte une fois pour toutes : Bosquier et Trésor ne sont pas faits pour jouer un à côté de l'autre. L'expérience a été faite aujourd'hui une fois de plus, et elle s'est avérée négative. Il faudrait donc que l'O.M. se mettre en quête d'un nouveau stoppeur. On parle en ce moment du Nantais Gardon ; ce serait peut-être une solution raisonnable. Car, en ce moment, on ne peut encore tabler sur Victor Zvunka ou sur Bracci à ce poste : ils sont trop jeunes, trop impulsifs, et déjà en jouant aux ailes de la défense, ils donnent parfois des sueurs froides à leurs dirigeants. Le renforcement de la défense olympienne est donc en ce moment une urgence. M.F. |
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Le match en bref |
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COLOGNE - L'O.M. n'a pas fait le poids hier soir sur le stade municipal de Cologne, où il a dû s'incliner et abandonner la qualification après une sérieuse défaite. Le premier but, les Allemands allaient le marquer sur une montée offensive de l'arrière Konopka. Un premier tir était renvoyé par la défense marseillaise ; la balle revenait dans les pieds de Flohe et cette fois, frappée à toute volée, elle s'enfonçait sans rémission dans les filets marseillais. Trois minutes plus tard exactement, le ballon, parti des pieds d'Overath, arrivait dans ceux de Muller, posté en embuscade. Carnus, pour la deuxième fois, ne pouvait esquisser le moindre geste de défense (10e). En dix minutes donc, le F.C. Cologne avait remonté son handicap. Le troisième but, c'était un centre de Glowacz, qui était encore repris du bout du pied par l'avant-centre Muller (37e). Arbitre accordait ensuite un penalty pour une faute de Franceschetti sur Lohr dans la surface de réparation ; Overath d'un maître coup de pied, ajoutait un quatrième but. C'était le score à la mi-temps. À la reprise, les Allemands ne ralentissaient toujours pas leur pression et Lohr s'infiltrait dans défense marseillaise et, comme la parade, venait battre Carnus de près (48e). Le centre d'Overath, toujours de la gauche, était encore repris par le même Lohr, qui devançait Victor Zvunka et ajoutait un sixième but (57e). Ricardo Neumann remplacé ensuite Flohe (64e), puis c'est au tour de Blaser de prendre la place de Konopka, qui devait quitter le terrain à cause d'une blessure (65e). Les dernières minutes furent pénibles pour les Olympiens et Carnus devait par trois fois sauver son camp. De son côté, les Allemands terminèrent la rencontre à dix : Glowacz devait quitter le terrain à la 80e minute. J.F. |
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