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Résumé le Provencal

du 03 mai 1978

O.M. : LA VICTOIRE DES REGRETS...

SURSAUT D'ORGUEIL DES OLYMPIENS

QUI BATTENT SOCHAUX (2-1)

SOCHAUX - Coquin de sport, tout de même... Sacré football, est sacré O.M. en fin de compte...

Tels sont les cris du coeur qu'on est bien obliger de pousser après cette ultime victoire remportée hier soir par l'O.M. Une victoire qui ne changera pas grand-chose dans le cours et encore moins aux termes de ce championnat. Mais une victoire qui a quand même avivé certains regrets, non seulement parmi les dirigeants, mais aussi dans tous les milieux supporters du vieux club marseillais.

Car, enfin, d'après ce que nous avons vu hier soir sur la pelouse du stade Bonal, Sochaux n'était pas ni plus fort ni plus faible que lors de la première manche de Coupe de France. Quant à l'O.M., il n'était ni mieux, ni plus mal inspiré au cours de cette même rencontre. Et pourtant, consultez le résultat. La formation marseillaise a mené 2 à 0 jusqu'à 77e minute. Certes, ce moment-là, elle encaissa un but qui reflétait un peu mieux, il faut bien le dire, la domination sochalienne. Il reste le dernier mot fut pour les hommes de Skoblar. Et c'est là, justement, que l'on se prend à évoquer le match nul concédé voici quinze jours à peine sur ce même terrain, et ensuite la victoire obtenue par ces mêmes Sochaliens au stade vélodrome, dans les conditions que l'on sait.

De quoi perdre tout son latin du football. Car enfin c'est à ne plus rien y comprendre.

LES COUPS DE PATTES DE BOUBACAR

Bien sûr, on va dire que Sochaux était sensiblement diminué, et de surcroît beaucoup moins motivé pour ces retrouvailles avec l'O.M. C'est vrai ! Mais on fera du même coup remarquer que les Olympiens, eux aussi, étaient loin d'être au complet. Quant à la fameuse motivation, on se demande qui de l'O.M. ou de Sochaux était en droit d'afficher les meilleures dispositions, et aussi les plus belles ambitions. Quand on sait tous les avatars que les Olympiens ont connus tout au long du mois d'avril, il semblerait, en la circonstance, que le plus déterminé des deux adversaires hier soir n'était pas forcément celui auquel on pouvait penser. Le mérite en revient donc à l'O.M. d'avoir terminé par un petit coup d'éclat. Un acte gratuit, évidemment, qui démontrera, même s'il n'apporte rien, que les joueurs ont pu surmonter moralement leurs récentes désillusions. Cela dit, il faut s'empresser de préciser que Sochaux, contrairement à ce que l'on pouvait s'imaginer, n'a pas été du tout un adversaire complaisant. Si l'on s'en réfère au seul compte des corners, la formation doubiste en a inscrit 24 à son compte, contre 2 seulement à l'O.M. C'est dire que les Sochaliens ne se sont pas contentés simplement de penser à la Coupe de France. Mais, hier soir, la Bonne Mère était délibérément dans le camp marseillais.

En d'autres termes, tout réussissait aux "blancs", alors que rien ne voulait souffrir aux "jaunes". Il n'empêche que cette fois les fameux contres de l'O.M. ont rempli leur office. Et ce en grande partie parce que Boubacar, dans son rôle offensif, était en état de grâce. La première fois, la 16e minute, récupérant une bonne ouverture de Linderoth, il réussissait résister à Zendona, son garde du corps, pour venir battre le gardien sochalien de fort belle manière. La deuxième, au terme d'une action amené par Victor Zvunka et relayée par Berdoll, il frappait son ballon au moment adéquat, pour mettre une deuxième fois, et sans rémission la balle hors de portée de Bats. En trois minutes exactement l'O.M. venait de faire la différence. Ce qui nous changeait bigrement des 180 minutes vécues contre ces mêmes adversaires en Coupe de France, pendant lesquelles l'attaque marseillaise était restée désespérément muette. Comment expliquer alors des physionomies et des conclusions aussi différentes. Cela se fait bien entendu partie des mystères du football.

Quant à la défense, sollicitée et parfois même sur des charbons ardents, elle se multiplia pour écarter le danger de manière invariable. On se demande comment les Sochaliens n'ont pu alors marquer qu'un seul but par Bezas. Voilà un deuxième mystère. L'O.M. n'en a pas moins, répétons-le, démontré un bel esprit de corps, et il en fallait quoi qu'on pense pour venir à bout de ce rival Sochalien, qui de toute évidence n'avait rien à gagner à s'incliner ainsi devant son public avant de retrouver Nancy en demi-finale de la Coupe de France.

Il faudrait signaler encore que 3 buts, 2 pour l'O.M. et 1 pour Sochaux, ont été refusés par l'arbitre M. Leloup. Si nous comptons bien, cela fait six buts au total, alors que la deuxième rencontre sur le stade Bonal s'était terminée sur un score vierge et que les occasions de part et d'autre, avaient été tout aussi nombreuses. Mais ne parlons plus du passé. L'O.M. termine sur une note victorieuse. L'équipe a eu un sursaut d'orgueil. Cela ne va pas racheter tous les déboires. Mais, nous l'avons dit, ce succès aura le mérite de mettre un peu de baume sur les blessures d'amour-propre.

Nous avons noté avec plaisir de notre côté le bon comportement des jeunes Olympiens incorporés dans cette dernière partie. Chancelier, Caminetti et Castellani, à des titres divers, ont démontré que l'O.M. avait quand même quelques ressources derrière l'équipe première.

Ce sera peut-être un point de départ pour la prochaine saison. Même si cette victoire obtenue hier soir restera pour tous comme celle des regrets.

Jean FERRARA

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Mystères et relativité

Tout est donc bien qui ne finit pas bien pour Skoblar et des siens.

Jugement qui, vous vous en doutez, ne se rapporte pas tant à cette ultime soirée de compétition qu'à celle-ci dans son ensemble.

Car même si cela flatte toujours l'orgueil, qu'importait après toute l'O.M. que finisse ou non sa saison sur une note positive ? Depuis Nîmes, les jeux étaient irrémédiablement faits et le miracle bastiais auquel étaient subornés d'ailleurs plusieurs autres miracles n'a pas eu lieu.

L'heure, cette fois, et donc au bilan et l'on entre là dans le domaine de la relativité... Car, comme disait le meunier de la fable, "on ne saurait contenter tout le monde et son père".

En quelques jours, l'O.M. à lamentablement tout perdu, continueront ainsi à dire les supporters déçus dont le dépit ne fait qu'accentuer la sévérité.

C'est sans doute vrai, mais le bilan à l'arrivée n'est pas si détestable que cela : quatrième du Championnat et quart de finaliste de la Coupe, ce n'est après tout pas si mal pour une saison dite de transition.

De la même façon, il s'en trouve parmi les éternels insatisfaits pour déplorer tout à la fois que cette équipe ne soit pas spectaculaire et fasse peu parler d'elle ce qui, à Marseille est rédhibitoire au niveau du public et partant des finances. Là encore, tout n'est pas faux et l'on ne saurait réfuter l'argumentation en bloc. Il n'empêche que pour peu spectaculaire qu'elle soit, cette équipe a inscrit 70 buts dans le présent exercice. Quant à la désaffection du public marseillais, si on l'a bel et bien enregistré - et pas seulement pour lors des rencontres de Coupe ou pour le dernier match sans enjeu contre Troyes - elle ne doit pas faire perdre de vue que la moyenne de spectateurs marseillaise demeure la meilleure de France avec plus de 20.000 personnes par match. Alors si limiter ses ambitions dans le futur à de semblables résultats serait insuffisant, peut-être serait-ce faire preuve de sagesse de s'en contenter aujourd'hui.

Telle qu'elle est, selon nous, cette équipe olympienne n'a manqué que d'un monstre sacré aux avant-postes pour matérialiser les grands espoirs que l'on avait un peu peut trop vite fondés en elle.

Tout est relatif, nous le disions plus haut.

N'état-ce pas symptomatique à cet égard que ce soit le jour où elle a été dominée d'un bout à l'autre de la partie, comme elle ne l'avait jamais été sans doute cette saison (24 corners à deux ce qui donne une idée du pressing sochalien) que cette formation ait enlevé la décision en marquant cinq buts dont trois furent refusés pour des raisons plus ou moins évidentes.

La réussite, on ne le dira jamais assez, occupe une place importante dans toute compétition.

Même au plus haut niveau.

Alain PECHERAL

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Jean FAUVERGUE :

"Sans grande signification"

Pas de consternation dans le vestiaire sochalien ou en l'absence de René Hauss, l'entraîneur Jean Fauvergue, nous disait avec placidité : "Je ne veux rien enlever au mérite des Marseillais, qui ont inscrit deux jolis buts par Boubacar, mais il faut bien constater d'une part, que nous avons largement dominé durant l'essentiel de la partie, et d'autre part, que ce match n'avait pour nous qu'une importance relative. Autrement, décisive sera notre explication de vendredis prochains avec Nancy pour le compte des demi-finales de la Coupe.

A.P.

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BOUBACAR, le buteur No1

"Mon record personnel"

Joyeuse ambiance dans le vestiaire marseillais ou les visages étaient détendus, chacun visiblement était heureux de finir la saison sur une note aussi agréable. Même si, évidemment, ce succès obtenu in extremis laissait encore quelques regrets quant à la qualification ratée de peu.

"Nous avons eu un peu de réussite, estimait Josip Skoblar, dans la mesure où nous avons inscrit nos deux buts à un moment déterminant, c'est-à-dire à trois minutes à peine après le premier quart d'heure de jeu. Cela constituait un avantage énorme pour nous, car nous pouvions alors nous contenter de voir venir nos adversaires. Pourtant, cette réussite nous avons su la forcer, et j'estime que notre succès est légitime même s'il est évident que sur l'ensemble de la partie, nous avons été considérablement dominés. Mais nos garçons ont su se défendre avec beaucoup d'énergie et de clairvoyance et, après tout, cela fait parti du jeu : puisque nous avions eu le bonheur de marquer rapidement, nous n'avions pas à continuer à jouer la fleur au fusil..."

Satisfaction aussi pour Djama Markovic. Mais, là aussi, un petit regret : le but refusé à Boubacar en seconde mi-temps : "J'étais le long de la touche, juste dans l'alignement des joueurs, nous expliquait le coach, et je peux vous assurer que Bouba venait de l'arrière et ne pouvait donc en aucun cas être hors jeu sur la passe de Berdoll. Sur le coup, j'ai été furieux, car cela aurait pu nous priver de la victoire. Mais, puisque nous nous sommes tout de même imposés, cela n'a plus d'importance. Ce soir, nous avons été dominés, mais pour une fois, qui n'est pas coutume cette saison, c'est nous qui avons fait preuve de réalisme en transformant pratiquement toutes les occasions qui se sont offertes à nouveau. Je n'ai pas besoin de vous rappeler que la mésaventure survenue aux Sochaliens ce soir nous était arrivée à plusieurs reprises durant le mois d'avril..."

Michel Baulier rejoignait l'avis de son entraîneur pour ce qui est du dernier but refusé pour hors jeu. En revanche, il affirmait aussi : "Le but marqué par les Sochaliens était en tout cas bel et bien entaché d'un hors jeu, car avant de centrer Parizon a reçu le ballon alors qu'il était tout seul à quelques mètres de la ligne".

Francis Martinenghi, le dirigeant accompagnateur, faisait remarquer, non sans malice : "En définitive cette équipe sochalienne ne nous aura pas si mal réussi : nous l'avions battu 4 à 0 à Marseille pour le premier match ; nous avons battu ce soir, et la double rencontre de Coupe a eu pour résultat 0-0 et 1-0. Dommage finalement qu'en ayant marqué au total six buts, et n'en ayant encaissé que deux, ce soit nous qui ayons été éliminé de la Coupe..."

En parlant de buts, Boubacar est venu coiffer in extremis son ami Berdoll sur le poteau, puisqu'en étant le seul réalisateur de son équipe au stade Bonal, le Sénégalais a porté son total à 21, soit un de plus que l'Angevin.

"Je suis content, disait Bouba avec un grand sourire, pas d'avoir battu Marco, car cela n'a aucune importance, mais simplement d'avoir amélioré mon record personnel en 1re division. En 76 j'avais marqué 13 buts en championnat et 6 en Coupe. L'an dernier j'avais fini second buteur de 2e Division derrière Onnis avec 22 buts.

Et je m'étais fixé pour j'actif cette saison de passer la barre des 20. Voilà qui est fait. Dommage tout de même, après cette jolie victoire, que nous n'ayons pas su prendre en temps utile les points indispensables".

Comme Baulier, Victor Zvunka affirmait lui aussi que Parizon était en nette position de hors jeu au moment ou il reçut le ballon avant de servir Bezas sur l'action qui devait amener le but sochalien : il était hors-jeu, et M. Leloup l'a bien vu. Mais il n'a pas voulu désavouer son juge de touche. À nos questions il s'est contenté de répondre que son assesseur ne lui avait pas signalé de faute. Enfin, ce n'est plus le moment de critiquer, la saison est finie. Et je suis quand même heureux, même si cela ne sert à rien, que nous ayons effacé la désillusion de vendredi dernier".

Gérard Migeon, l'un des meilleurs hommes de son équipe, répondait avec modestie aux félicitations : "Vous savez, il est bien normal que je flambe à l'extérieur, car à la maison, la plupart du temps, je n'ai rien à faire. Cela dit, M. Leloup a eu raison d'annuler le but de Stopyra à la fin du match, car il était entaché d'une double faute. J'avoue quand même avoir eu peur quand j'ai vu le ballon au fond des filets".

"Au début de la saison, s'exclamait de son côté Marc Berdoll, Josip Skoblar avait dit que Bouba et moi nous marquerions 45 buts dans la saison. Reconnaissons aujourd'hui qu'il ne s'était pas trompé de beaucoup : 21 + 20, cela fait 41, plus 6 en Coupe, cela fait 47 ! Pour ce qui est de l'avertissement que j'ai récolté, j'ai cédé à l'énervement, un peu bêtement, mais vraiment je n'étais pas hors jeu sur le coup".

Enfin, le capitaine François Bracci, qui, comme à Valenciennes et Bordeaux avait mené ses troupes à la victoire, reconnaissait avec un brin d'humour : "Durant vingt bonnes minutes, on aurait pu faire griller des châtaignes dans nos six mètres... Croyez-moi il y faisait chaud.

"Les Sochaliens ont abordé ce match, peut-être un peu déconcentrés, mais après la mi-temps lorsque Genchini est rentré, ils n'ont plus du tout joué en dilettantes, et ils voulaient absolument refaire leur retard. Ce qui explique que nous avons passé quelques moments plutôt pénibles".

Donnons pour terminer l'opinion de l'arbitre M. Leloup : "Je n'ai rien à préciser en ce qui concerne les buts que j'ai annulés pour hors jeu, dans la mesure où je n'ai pas à me dissocier des indications de mes juges de touche qui sont, croyez-moi fort compétents. Pour ce qui concerne le but refusé au numéro 9 sochalien Stopyra, je peux vous préciser qu'il s'était appuyé sur un dos marseillais avant de toucher de surcroît le ballon de la main. Quant aux trois avertissements distribués, ils ont pour motif des paroles inopportunes pour Berdoll, et un jeu dangereux pour Fernandez et Bezas.

A.P.

 

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