Résumé Le Provencal

du 01 décembre 1952

(LES COMMENTAIRES PAR ALAIN DELCROIX)

Le Derby Méditerranéen a tenu ce qu'il promettait. Il nous a offert un choc passionné, indécis, disputé dans une ambiance chaude, latine.

Les supporters niçois ne s'étaient pas déplacés en masse comme la saison dernière, mais ils agitèrent leurs drapeaux ! Ceux de l'O.M. firent donner aussi leur choeur !

Le match fut disputé à vive allure surtout durant la première mi-temps ou il prit l'allure d'un duel de Coupe. Dans ces conditions il n'est pas étonnant que de part et d'autre on ait manqué de nombreuses occasions ! Nous ne citerons que les plus saisissantes, le bolide de Lanfranchi sur la barre, le sauvetage sur la ligne de Salem qui après avoir envoyé un bolide demeura quelques instants knock-out !

Nous n'avons pas pour habitude de dauber sur le compte de l'arbitre, c'est un système trop facile et légèrement simpliste. Pourtant nous devons reconnaître que M. Lequesne a manqué de flair. En première mi-temps, il n'intervient pas en deux circonstances précises sur une bousculade dont fut victime Mercurio et sur un plaquage qui envoya Andersson rudement au sol !

Par la suite le penalty accordé à l'O.M. pour un peu ressortir de l'étrange loi de la compensation ! Mais sa bonhomie des premières 45 minutes faillirent une fois encore déclenchée l'ire de la foule.

Sur le papier l'O.G.C. Nice possède intime invincible mais il a loin de la course aux lèvres. Le team des "Aiglons" est parti très forte et a fini assez fatigué. Quelques explications peut-on trouver à ce changement de régime ? Nombre de joueurs azuréens ne sont pas dans une condition physique acceptable. Les seigneurs des "Aiglons" manquent de hargne. Pendant une demi-heure, ils dominèrent leurs adversaires dans le domaine de la technique mais après ! Les étoiles n'auraient-elles plus soif de lauriers ?

Hairabedian réussit d'excellents arrêts. Il n'a rien à se reprocher sur les trois buts ; Gonzales actif et volontaire dans un style primaire exécuta une prestation honorable ; enfin le petit Lefter qui tripote admirablement la balle fut le plus dangereux des avants niçois.

Les Olympiens ont un moral à toute épreuve. Et cette qualité les sert à merveille. Nous en avons encore eu la preuve ! Tous les hommes de Roessler ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour vaincre.

Aucun d'entre eux n'a démérité et ils ont démontré aux célèbres champions que la réputation se justifie balle au pied !

En seconde mi-temps surtout les blancs ont été plus rapides sur la balle ils ont imposé leur tir à leurs opposants et les ont pressés dans leurs bois.

Cette rapidité d'exécution a d'ailleurs été confirmée par la carence des deux arrières niçois qui n'ont eu aucune intervention puissante !

Morand a ét ésobre et bien placé ; Gransart a accompli le travail destructif énorme ; Scotti toujours scientifique à diriger les offensives de ses camarades ; Mercurio a fourni une prestation remarquable ; Andersson a paru revenir en forme, enfin Rustichelli a constitué pour le public une heureuse surprise. L'O.M. se montrer digne de son très satisfaisant classement.

Alain DELCROIX

LE MATCH AU CHRONOMETRE

Le match O.M. - Nice en dépit d'un ciel incertain, a attiré hier au Stade-Vélodrome la foule des "galas". Plus de 22.000 spectateurs sont présents lorsque M. Lequesne appel et des équipes. L'O.M. doit se priver - comme prévu - des services de Johansson et présente le team suivant : Morand ; Nocentini, Salem, Mesas, Gransart, Scotti ; Rustichelli, Lanfranchi, Andersson, Mercurio, Dard.

Nice aligne : Hairabedian, Huguet, Firoud ; Cuissard, Gonzales, Belver ; Courteaux, Franzoni, Lefter, Grumellon, Ben Tifour.

A la 11e minute, à la suite d'une faute sur Lefter, provoquée par Gransart et Scotti, l'arbitre accorde un coup franc à 20 mètres aux Aiglons. Les Marseillais font le mur. Lefter l'évite et d'un remarquable tir dans le coin droit bat Morand.

Nice 1 : O.M. 0.

À la 23e minute, Lanfranchi dans sa foulée, tire avec force, mais son shoot s'écrase contre la barre perpendiculaire gauche.

À la 32e minute, Gonzales fauche Andersson à la limite de la surface de réparation. L'arbitre demeure col. Le public le conspue avec vigueur.

Enfin, avant la mi-temps, une combinaison olympienne permet l'égalisation. Lanfranchi centre sur Mercurio qui en position d'avant-centre, botte dans sa course. Hairabedian plonge et repousse, mais Andersson surgit en trombe et score.

O.M. 1 : Nice 1

Dès la reprise, les Marseillais reprennent la direction des opérations. À la 47e minute, Andersson est fauché dans la surface de réparation par Gonzales. M. Lequesne accorda un penalty aux locaux. Les Niçois discutent. Enfin Scotti, avec son flegme habituel le tire dans le coin droit. Hairabedian est battu !

O.M. 2 : Nice 1.

Cinq minutes plus tard, sur un bolide de Dard, le keeper des champions se dégagent du poing. Rustichelli sort comme un diable de la boîte, mais son tir passe à côté.

À la 70e minute, Rustichelli ridiculise Firoud ! A la 71e minute sur un cafouillage, Salem dégage de la tête miraculeusement.

À la 76e minute, Scotti organise le jeu au centre du terrain, centre sur Lanfranchi qui tente sa chance. Hairabedian repousse, la balle, elle tombe dans les pieds de Rustichelli qui reprend et marque dans le coin droit.

O.M. 3 : Nice 1.

Et le score en sera pas modifié en dépit des essais de Lefter (80e), Dard (83e, 84e) et Andersson (85e).

CE QU'ILS DISENT

M. SATTEGNA : "NOUS NOUS INCLINONS DEVANT LE RESULTAT

M. SATTEGNA, le président des "Aiglons" a accueillit le nouvel insuccès de son équipe avec une résignation louable.

"Nous nous inclinons devant le résultat ! Mais l'arbitre a été réellement en dessous de tout (sic)"

Mario ZATELLI n'avait pas le sourire. Son franc était barré de plusieurs rides : "L'arbitre a besoin de retourner à l'école ! Nos hommes ne sont pas en condition physique ! Surtout nos arrières !"

Le demi centre poitevin, qui n'a pas joué, nous a dit : "Mon équipe ne méritait pas de subir une telle défaite ! La tête de Salem a tenu du miracle !"

LEFTER, par l'entremise d'un confrère qui nous a servi d'interprète, nous a confié : "Le second but olympien nous a coupé les jambes !"

Les Marseillais avaient le sourire. Attitude légitime !

ROESSLER nous a dit : "Je suis content, mes gars ont donné tout ce qu'ils avaient dans le ventre !"

RUSTICHELLI, tout en s'essuyant nous confia : "J'ai manqué deux occasions mais, enfin j'ai réussi un but !"

1.000 Marseillais ont acclamé Rustichelli à sa sortie du Stade

C'était hier la première prestation à Marseille du nouvel espoir olympien Rustichelli. Le jeune ailier droit qui manifeste dans le jeu la maturité d'un chevronné (ses feintes, ses déboulés le prouvent) a été ravi de marquer un but pour fêter ses débuts devant son public !

Et quand il eut battu Hairabedian, un large sourire éclairait son visage juvénile et on le vit quêter un encouragement de Roessler qui sortit de sa réserve habituelle pour l'applaudir.

Il a conquis le public marseillais et à sa sortie du stade 1.000 personnes étaient là pour lui témoigner leur sympathie