Résumé Le Provencal du 24 janvier 1954 |
CONDUITS PAR L'INCOMPARABLE BEN BAREK, LES AVANTS OLYPIENS ONT REUSSI CHACUN un BUT (5-1) Le Havre en déroute devant l'O.M. La stérilité des Normands a favorisé l'excellent Football pratiqué par les Marseillais |
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Il y a bien longtemps que le public marseillais n'avait vu évoluer la ligne d'attaque olympienne avec autant de verve qu'hier après-midi, au Stade Vélodrome, devant Le Havre. En effet, au terme d'une partie agréable à suivre, les cinq attaquants marseillais ont marqué chacun leur but, réussissant ainsi à battre leur adversaire par cinq buts Ben Barek, Rustichelli, Goutheraud, Andersson et Mercurio) à 1 (Grumellon). Ce score fleuve aurait pu être encore plus élevé sans la réelle chance de Villenave sur des tirs de Mercurio et Goutheraud. Les Havrais malgré leur mauvaise humeur d'après match, peuvent donc s'estimer satisfait de s'en tirer à si bon compte si l'on ose dire. Mais revenons à la partie fournie par les avants olympiens. Ben Barek a encore ébloui les quelque 20.000 spectateurs venus assister à ce débat. L'O.M.-Le Havre (recette 5.114.000 francs). A l'origine de toutes les actions offensives de son équipe, la "perle noire" qui mérite plus que jamais ce surnom sut exploiter à merveille les fautes de la défense adverse. Ses services aussi bien sur ses partenaires du centre que sur les ailiers (Rustichelli en particulier) mirent fréquemment en péril les hommes de René Bihel. Avec un tel cerveau il aurait été inadmissible que ses coéquipiers de la division offensive ne tirent pas leur épingle du jeu. Cela n'a pas raté, en effet, et Rustichelli aussi bien que Mercurio ont profité de sa présence pour sortir une excellente partie. Andersson, soi-même, opéra en équipier et non en soliste. Cela lui valut de réussir (enfin) son but est de reprendre confiance en ses moyens. La ligne d'avants, en gardant la balle, soulagea la défense olympienne qui, n'eut guère à s'employer dans le fond, sauf au cours des vingt premières minutes de la seconde mi-temps ou l'ensemble accusa un dangereux passage à vide qui aurait pu lui coûter cher devant un onze plus entreprenant que celui du Havre. Ben Barek ouvre le score... La partie elle-même se déroula presque constamment à l'avantage des Blancs. Il n'y avait pas 30 secondes que M. Bermès, l'arbitre du match avait ouvert les hostilités, lorsque sur un service de Ben Barek, Rustichelli obligeait Uchart à mettre en corner. La réplique venait de Di Loretto mais Angel fermait l'angle de tir et renvoya du pied le shoot de l'Argentin. A la 4me minute Scotti donnait à Andersson le Suédois se rabattait sur la gauche, frappait à bout portant, Villenave, sans bloquer, renvoyait. Ben Barek surgissait et marquait imparablement. |
... et Rustichelli l'aggrave Larbi était à l'origine de presque toutes les actions offensives. A la 16me minute, Andersson exploitait une de ses ouvertures pour tirer sec sur le portier havrais. Ce dernier lâchait la balle sous la violence du shoot, Rustichelli la reprenaient et la relogée dans les filets havrais, cette fois. A part quelques timides contre-attaques menées par Di Loretto, Le Havre ne se montrait pas menaçant. Cependant, aux 31me et 37me minute, Angel était en danger sur un boulet de canon de Grumellon d'abord, renvoyé par... le dos de Johansson et sur une infiltration de ce même Grumellon détournée en corner par Johansson également. Avantage au Havre Dès la reprise l'O.M. flotte désespérément. Les Havrais profitent de l'occasion pour tenter de remonter le handicap. Grumellon assez efface en première mi-temps, se met en valeur à la 58me minute, l'offensif de demi droit Hassouna transmet à Di Loretto. L'avant-centre dévie de la tête vers Grumellon. Sans bloquer sa balle l'inter tire dans un angle droit des buts d'Angel et inscrit le premier et... dernier but de son équipe. D'ailleurs à ce propos, disons que Grumellon, à notre avis, nous apparut légèrement hors-jeu. A Goutheraud, le troisième but olympien L'O.M. sentant le danger appuie sur l'accélérateur. Sur un renvoi de touche d'Andersson, Mercurio et Goutheraud partent balle aux pieds. La défense havraise ne peut s'opposait à cette action et Goutheraud, dernier possesseur, bat Villenave pour la troisième fois. Andersson et Mercurio achèvent le Havre Cette fois, la machine olympienne est repartie à plein régime. Ben Barek sert Andersson sur un plateau. Gunnar échappe à Bihel, évite Villenave et marque un quatrième minute, fort applaudi et mérité d'ailleurs. Vers la fin du match. Parenthèse (87me minute), Mercurio et enfin récompensé de ses efforts incessants. Sur un centre en profondeur d'Andersson, en effet, le petit inter gauche, prend toute la défense havraise à contre-pied et trompe finalement le goal du Havre venu à sa rencontre. Maurice GOIRAND |
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BEN BAREK, ANDERSSON, JOHANSSON et ANGEL furent responsable de l'effondrement Normand C'est la troisième fois depuis le début de la saison que l'Olympique remporte sur son terrain une victoire par le score de cinq buts à un. Monaco et Strasbourg, avant Le Havre, avaient ramené ce lourd cadeau dans leurs bagages ! Le succès marseillais fut-il, a un moment donné discuté ? On doit reprendre franchement par l'affirmative. Durant les premières vingt minutes de la seconde mi-temps, la défense locale flotta et, alors que le team des "Maritimes" n'avait plus qu'un but de handicap, on put croire qu'ils allaient le combler. Mais après le troisième but de Goutheraud, les "blancs" jouèrent avec beaucoup plus d'aisance, assurés de parvenir en tête au poteau final. Ainsi, au chapitre des "débours" nous pouvons placer cette baisse de régime inquiétante, mais qui ne fut, par bonheur que passagère. Dans l'autre, celui des "avoirs", se trouvent plusieurs raisons d'espérer. Pour la première fois de la saison, toute l'attaque marseillaise à scorer et c'est un événement qui n'a plus du se produire depuis un temps immémorial ! L'ensemble du team a opéré dans un style mieux soudé que d'habitude. Son jeu fut plus harmonieux, moins attentiste, plus réaliste et surtout, chacun tenta sa chance quand il en plus l'occasion. Une perle qui n'est pas fausse La "perle noire" est toujours authentique. Les 36 ans inscrits sur sa carte d'identité ne pèsent pas sur les épaules de ben Barek. De ce match O.M.-Le Havre, il fut incontestablement le meilleur interprète. Quelle intelligence et quelle finesse ! L'O.M. a trouvé en lui l'organisateur qui désoriente l'adversaire par son sens de l'improvisation et jamais sa balle atterrit dans les pieds de l'ennemi. |
Gunnar Andersson n'a marqué qu'un but mais il a su avec habilité modifier sa manière, il fut à l'origine du premier, du second et du cinquième but. Johansson sobre et laborieux a abattu une rude besogne en défense, l'intriguant Di Loretto ne fut pas toujours facile à manoeuvrer ! Angel, dans les bois, fit preuve de sa sûreté coutumière, il repoussa du pied à la deuxième minute un tir de l'Argentin du H.A.C. qui pouvait pénétrer dans la cage. Mercurio botta une balle dangereuse sur le montant droit et couvrit du terrain avec obstination il a droit à des éloges. Rustichelli a paru revenir en forme, il a donné du mal à Uchart ; Goutheraud, pas toujours très combatif, Scotti servit souvent son attaque dans de bonnes conditions, Mesas, Gransart, Salem n'ont pas démérité, mais ils n'eurent pas une tâche écrasante à remplir. Un onze inconsistant Les Havrais sont courageux, volontaires, mais il forme un onze inconsistant. Le niveau technique et assez faible et l'on court souvent en pure perte ! En attaque, Hidalgo fut le plus valeureux, il oeuvra avec persistance : Di Loretto, l'Argentin, à une bonne touche de balle, mais ses réflexes sont assez lents : Grumellon n'est plus le brillant "canonnier" que nous avons connus ; la défense fut plutôt terne. Gomez et Uchart furent "maltraités" par leurs ailiers ; Villenave ne fournit pas toujours des interventions impeccables ; seul Legagnoux et Hassouna, par instant s'efforcèrent de redresser la barre. Le Havre devra lutter avec héroïsme pour éviter les derniers rôles ; quant à la victoire de l'O.M., elle aurait pu être plus éclatante. Deux buts ne furent-ils pas refusé pour hors-jeu et un bolide de s'est-il pas écrasait sur la barre ? Alain DELCROIX |
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CE QU'ILS DISENT |
OPINION |
Malgré la victoire, ANDERSSON n'était pas satisfait Deux tendances se manifestaient après le match dans les vestiaires olympiens. D'un côté, en effet, on notait les "satisfaits", de l'autre les "réservés". Parmi les premiers, M. Michel Bianco nous déclarait avec un large sourire, signe évident de son contentement : "Plus que jamais, je maintiens que Reims a eu de la déveine de tomber sur notre équipe en Coupe de France." Comme nous lui faisions remarquer que tout de même, l'équipe du Havre était loin de valoir le onze a Batteux, il nous rétorqua fort justement d'ailleurs : "d'accord, mais contre Reims, au lieu de 5 buts, nous nous contenterons de... deux. L'entraîneur Roessler, bien que satisfait, mettez l'accent sur le relâchement de la seconde mi-temps ; "Sans cela nous pouvions gagner plus largement. Néanmoins, cette victoire va remonter notre goal average." Andersson, tout en se rhabillant, nous disait en hochant la tête : "Nous avons enlevé le match, d'accord. Mais pourquoi faire trois mètres en avant et... dix en arrière." Dans son esprit, le Suédois voulait dire qu'il n'était pas partisan du jeu de passes en arrière effectuées pendant la seconde mi-temps car la plupart de ces partenaires Ben Barek se rangeait résolument dans la catégorie des optimismes : "De plus en plus notre équipe s'oriente vers le véritable football collectif. Avec un peu de chance nous pourrions inscrire deux buts de plus. "Le match a été excessivement correct de part et d'autre. Le Havre possède un onze excellent et surtout bien préparé. Dommage que son attaque soit peu réalisatrice. M.G. |
BEN BAREK L'ENCHETEUR On cherche en vain une faille, une imperfection dans le jeu de ce super champion du football. On souhaite la faute, ne serait-ce que pour établir la comparaison et mieux coûter à ses incomparables sorcelleries, que ses ouvertures et ses services nets viennent ponctuer. On voudrait que ce maître du ballon, dont les touches sont si franches, si limpide, ne lâche plus l'objet de ses exploits. Larbi Ben Barek comble son monde. Il rend le sourire à ses coéquipiers et au trésorier de son club par la même occasion. C'est une manière de "messie" revenu une seconde fois sur ce terrain qui lui servit de premier pèlerinage. On nous dira peut-être que par habitude, par déformation, le journaliste comme ses frères de planète, porte tous ses regards sur la vedette. A vrai dire, les excellentes productions de Mercurio (si près de Larbi), de Scotti, Johansson et de presque tous leurs camarades, n'a pas échappé au jugement populaire. Mais on reste ébloui par cet homme dont le jeu parfait tissage - a aspiré tous ses coéquipiers de la meilleure manière. Car Ben Barek sorcier noir, auquel les rides ont fait crédit - a su provoquer l'harmonie et la maturité au sein de cette équipe décidément retrouvée. On reste embarrassé par le choix qu'il nous offre : le profane apprécie et bat des mains, le technicien goûte, se délecte de la perfection de sa technique. Et par-dessus tout, la discrétion dans l'exploit, l'élégance dans la confusion. Ben Barek, c'est la primauté de l'esprit sur la matière. C'est l'intelligence du jeu au service d'une musculature précieusement conservée. Ben Barek, c'est l'enchantement du football. Lucien d'APO |
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Battus et... mécontents, les Havrais ! Lors de nous sortîmes des vestiaires olympiens pour nous rendre dans ceux du Havre, un de nos confrères nous dit textuellement : "Inutile, les Havrais viennent de me faire sortir." Devant notre incrédulité, il nous expliqua que dirigeants et joueurs havrais avaient mis poliment "à la porte" dès qu'il s'était aperçu de sa présence. C'est bien la première fois à notre connaissance, qu'une équipe pro interdit l'entrée des vestiaires à des chroniqueurs sportifs. Nous avons très bien compris le malaise des Havrais après leur défaite, mais jamais nous ne pensions qu'ils en arriveraient à cette expulsion qui avait quelque chose de "manu militari". La presse serait-elle uniquement l'amie des jours glorieux. M.O. |
Johansson croyait DI LORETO plus vite Le grand Johansson a été à l'ouvrage devant l'excellent avant-centre Di Loretto. Ses impressions sur son adversaire direct son empreinte de loyalisme : "L'Argentin possède un jeu de tête magnifique. Il sait également se servir de ses pieds. Un seul défaut à mon avis, il ne tire pas assez souvent aux buts et il n'est pas assez vite" |
ANGEL pense que l'O.M. est sur la bonne voie "Pepito" Angel, le capitaine du onze olympien, faisait suivant son habitude, une critique objective du match O.M. - Le Havre : "Je crois que, cette fois, la période malheureuse est terminée. J'ai eu assez de loisirs pour regarder mes camarades. Je suis enchanté de leur jeu. Mais quel dommage que le long passage à vide du début de la seconde mi-temps ! Sans cela, nous pourrions battre encore plus nettement nos adversaires !" |