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Résumé Le Provencal

du 14 février 1955

 

L'O.M. n'a pu éviter la défaite à BORDEAUX

Les Marseillais ont tenu tête

à leurs adversaires 1 heure durant

puis Wosniesko marque deux buts

Palluch, sur coup franc, a sauvé l'honneur à la dernière seconde

Samedi après-midi il faisait chaud à Bordeaux, mais hier matin une brume dans le genre de celle que l'on rencontre dans les romans de Georges Siméon recouvrait toute la cité Aquitaine. Près de la cathédrale, des milliers de curieux attendaient les Bretons en costume d'Armor, qui devait participer au "pardon des Terres Neuves", et dans les cafés, en particulier au Clemenceau, on parlait avec intérêt du choc O.M. - Bordeaux.

Guy Lapebie, populaire cycliste, devenu barman, se passionne toujours pour le sport et, en nous voyant, il nous dit : "Non seulement vous ne nous avez pas apporté le soleil de Marseille, mais non plus celui que nous désirons voir : Andersson (!)".

Marseille et Bordeaux promettent de disputer une rencontre acharnée et palpitante, en premier lieu parce qu'ils ne sont séparés que par un point au classement et parce qu'ils ont besoin de se racheter les premiers ayant été éliminés de la Coupe par Mulhouse et les seconds étant parvenus à battre Cholet que par un minuscule but.

Le stade municipal de Bordeaux s'emplit rapidement et vers 15h 12.000 spectateurs environ garnissent les gradins de cette enceinte ultra moderne.

Luzy joue à l'O.M.

Les équipes se présentent de la manière suivante :

MARSEILLE : Angel, Gransart, Palluch, Marcel, Johansson, Scotti, Rustichelli, Tivoli, Guidoni, Luzy, Mesas.

BORDEAUX : Bernard, Janczewski, Grimanpon, Aucourt, Garriga, De Kubber, Novotarski, Wosniesko, Abdesselem, Skander, Doye.

On note dans le onze marseillais, comme nous l'avons laissé prévoir d'ailleurs, la présence de Luzy qui, guéri d'une torsion du genou contracté au cours du match O.M. Lyon, remplace Vandooren.

Angel perd le toss devant Grimonpon et l'O.M. engage.

À la 3e minute, un coup franc est sifflé contre Marcel, qui a stoppé assez rudement De Kubber. Celui-ci est donné par Garriga et Gransart envoie la balle en corner.

À la 5e minute de jeu, le premier shoot est à l'apanage de Bordeaux mais De Kubber expédie sa balle dans les nuages. À la 9e minute Abdesselem exécute un solo brillant, tripote la balle, dribble et tire en dehors de la cage. Sur une montée de Skander (14e minute), Angel est obligé de sortir et de dégager.

Le jeu est assez plaisant des deux côtés, mais l'attaque marseillaise semble bien légère et celle de Bordeaux plutôt brouillonne.

Dans l'ensemble, les locaux manifestent une certaine supériorité.

Tivoli en relief

Les Girondins accentuent leur pression. Doye stoppe Luzy, contre attaque mais échoue sur Gransart. Guidoni est facilement muselé par Garriga. Tivoli par contre, le deuxième amateur, joue avec sang-froid et s'efforce de lancer Rustichelli dans de bonnes conditions.

À la 22e minute il tente sa chance, mais trop haut.

À la 27e minute, Skander, très personnel, essaie un shoot en cloche mais celui-ci est trop faible et provoque des murmures dans l'assistance.

Quatre minutes plus tard, Mesas, bien lancé, va déborder la défense girondine lorsqu'il est sifflé pour hors-jeu.

Heurts multiples

Le ciel s'est assombri. De gris nuages s'amoncellent sur l'étrange toiture bétonnée du stade.

Sur une mauvaise tête de Garriga, Guidoni à une belle chance, qu'il gaspille en tombant (35e minute). Dans un choc avec Abdesselem, Johansson est touché et l'arbitre siffle en faveur du Suédois, ce qui provoque la réprobation générale du public. Quelques instants plus tard, Garriga s'écroule à la suite d'un heurt avec Guidoni.

Johansson est à nouveau touché par Abdesselem, arrête le ballon de la main, proteste auprès de l'arbitre. Il en résulte un coup franc en sa faveur (!)

Guidoni, à son tour, est bousculé par Garriga. L'atmosphère s'échauffe ; les deux camps deviennent plus nerveux.

Une combinaison Rustichelli, Guidoni, Mesas, échoue d'un souffle. L'O.M. a raté une occasion splendide (42e minute). Peu avant la mi-temps, Angel intervient devant Wosniesko.

Pendant "l'entracte", on a l'impression que l'O.M. peut, en cravachant, réussir une performance. Le match nul, en tout cas, est toujours à sa portée.

À la reprise, Bordeaux attaque. Skander shoote avec violence, Johansson reçoit la balle en plein corps. "Penalty" hurle la foule. Mais l'arbitre fort justement ne siffle rien.

À la 49e minute, Abdesselem donne à Wosniesko, qui tire dans sa foulée, mais dans les nuages.

Les défenses prennent aisément l'avantage sur les attaques. Doye centre, Palluch intercepte et dégage. Tivoli perce, centre en hauteur, vers Guidoni, mais celui-ci n'est pas prêt à la réception.

Rustichelli adresse une balle en profondeur à Marcel, qui fonce. Mais Bernard, plus prompt, lui souffla la balle (55e minute).

La partie est très équilibrée et si le jeu n'est pas d'une pureté remarquable, il est tout de même prenant, car les deux équipes font le maximum afin de prendre un avantage déterminant à la marque.

Bordeaux ouvre le score

A la 57e minute de jeu, une combinaison de Doye et Skander permet à Wosniesko de recevoir la balle alors qu'il se trouvait en position d'ailier gauche. Il est tout seul, démarque, ajuste son tir et, dans le coin gauche, bat Angel qui n'a pu esquiver un geste de parade.

Bordeaux : 1 ; Marseille : 0.

L'O.M. a commis là une faute indéniable de marquage et il lui sera difficile, à présent, de remonter son handicap, car les "Maritimes" bénéficient d'un véritable doping à la suite que ce fut inattendu.

À la 62e minute, Doye expédie un bolide sur l'angle gauche des bois d'Angel. Le gardien marseillais était battu, mais la sphère revient en jeu. Novotarski la reçoit mais son tir passe à côté.

On note encore un heading d'Abdesselem sur Angel. À présent on n'a plus la sensation que l'O.M. ait la possibilité d'égaliser, surtout qu'il continue à subir la loi de l'équipe de Gérard.

Scotti claqué

On s'aperçoit alors que Mesas est passé en défense comme demi gauche, tandis que Scotti a prit sa place à l'extrême gauche.

Ce dernier parait gêné dans sa course et boîte légèrement. En réalité, il est claqué. Garriga, à son tour, se tient la cuisse droite. Il appelle le soigneur et sort du terrain pendant quelques minutes.

Wosniesko, décidément en verve, trompe trois adversaires, passe à Doye qui échoue de peu. Sur la contre-attaque, à la 75e minute, Marcel lance Guidoni, lequel transmet la balle à Rustichelli. Ce dernier a le but au bout du pied, mais son bolide et mal dirigé. Garriga entre mais il joue comme ailier gauche.

Wosniesko récidive

A la 78e minute de jeu, Bernard dégage. Abdesselem reçoit la balle donne une ouverture en profondeur à Wosniesko qui met hors de position Mesas et Palluch et tire dans sa foulée à ras de terre, alors qu'il se trouve au poste intérieur droit. Angel est sorti au devant de lui pour fermer l'angle, mais il est trop tard ; il est battu sans rémission.

Bordeaux : 2 ; O.M. : 0.

La défense olympienne s'est montrée encore une fois lourde

Puis Luzy exécute un remarquable heading stoppé in extremis par Bernard (81e minute). Wosniesko botte encore, mais Angel repousse du pied.

Le jeu sombre dans la médiocrité. Les uns et les autres semblent se contenter du résultat. Palluch doit encore intervenir avec force sur une attaque de Doye. Enfin il ne reste que quelques secondes à jouer et à la 90e minute de jeu, Marcel est balancer par Garriga. L'arbitre M. Fauquemberghe, accorde un coup franc. Celui-ci est donné par Luzy. Palluch, au milieu d'un paquet de joueurs reprend la balle de la tête et la rentre imparablement dans les filets de Bernard. La fin est sifflée.

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O.M. : défense trop lourde attaque trop légère

BORDEAUX - Pendant une heure environ, l'équipe marseillaise parut capable de tenir en échec Bordeaux. Elle avait oeuvré avec volonté et dynamisme, mais dès que Wosniesko eut ouvert la marque, elle se désunit et c'est à ce moment-là que ses graves défauts ressortirent.

La défense se montra, tout au long de cette partie vraiment trop lourde. Elle n'a plus l'aisance d'intervention du début de saison et les erreurs commises à Dijon contre Mulhouse se sont renouvelées.

Le marquage s'avéra trop relâché et Wosniesko (comme le Mulhousien Ranzoni dimanche dernier ) était complètement libre de tous ces mouvements lorsqu'il ajusta son premier but.

D'autre part, les gardes du corps d'Angel firent preuve d'atermoiements en maintes circonstances. C'est ainsi qu'il se replièrent trop souvent devant l'attaque averse au lieu d'attaquer eux-mêmes franchement le porteur de la balle.

Quant à la ligne offensive, elle était réellement trop légère. Elle fois encore elle sembla incapable de réussir un but.

Il est incontestable qui lui manquait un organisateur pour donner davantage d'ampleur, de mordant à ses rares rushes.

Guidoni et Tivoli

On ne peut rien reprocher aux deux amateurs : ils firent leur possible. Mais ce quintette était trop fragile pour affoler la puissante défense girondine ou alors il lui aurait fallu une rapidité d'exécution qu'il ne possédait pas.

Le plus malheureux dans l'histoire, c'est que son adversaire n'a pas mieux joué que l'O.M. En effet, Bordeaux a opéré lui aussi dans un style primaire, simpliste, heurté. Les puristes ne furent pas satisfaits et pour cause. L'attaque girondine ne parut pas un foudre de guerre et sa défense homogène compta trop sur son poids pour s'imposer.

Le succès des "Maritimes" est normal. L'O.M. avec une formule audacieuse n'a pas su s'imposer.

L'entraîneur Rolhion, sans être satisfait naturellement, nous faisait remarquer que l'attaque n'avait pas été plus mauvaise que dans des circonstances précédentes. Il disait cela, sans doute pour justifier l'absence d'Andersson mais, même si celui-ci, très souvent, ne fait que le "onzièmes joueurs" comme on lui reproche, son nom et son prestige suffisent à inciter la défense adverse à la prudence.

L'O.M. a fait preuve de bonne volonté à Bordeaux mais en sport, pour se mettre en évidence, il faut davantage : une condition physique impeccable et parfois cette étincelle qui jaillit au bon moment et renverser les situations les plus compromises. Mais nous avions la certitude, au stade municipal de Bordeaux, qu'il n'y aurait pas d'étincelles !

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Roger ROLHION : "Je maintiens que cette attaque n'est pas plus mauvaise que les précédentes"

Naturellement, dirigeants et joueurs bordelais étaient satisfaits du résultat et le président Pujolle nous déclara à ce sujet :

"A mon avis, la victoire est logique et je suis content du retour en forme de Wosniesko".

L'entraîneur Gérard était également satisfait, mais sans verser dans un optimisme béat :

"Le résultat est normal. Nous avions besoin de ces deux points supplémentaires !"

Le jeune Wosniesko été évidemment ravi :

"Je vous assure que mes deux buts m'ont fait une impression formidable. Et je crois que maintenant, je pourrais encore en marquer d'autres bien souvent".

Enfin, le demi-aile Aucourt déclarait simplement :

"Je pense que le score reflète bien la physionomie de la partie et que Marseille ne peut mettre en cause la malchance".

Dans le camp des Blancs, on n'affichait pas des mines radieuses, mais évidemment, les visages étaient moins soucieux qu'il y a une semaine à Dijon.

L'entraîneur Rolhion nous dit :

"Je maintiens ce que j'ai déjà dit : "L'attaque ainsi formée n'est pas plus mauvaise que ses précédentes, et vous noterez que nous avons marqué un but".

Scotti soupirait : "Nous ne n'arriverons jamais au bout de nos peines !"

Luzy regrettait : "Je pense que ce match était à notre portée et qu'avec un peu plus de chance, nous aurions pu vaincre".

M. Pierre Robin attirait notre attention sur le deuxième point bordelais : "A mon avis, le 2me but des Girondins était hors-jeu, de dix mètres au moins !

C'était également l'avis de Gransart, qui ajouta : "Ne pensez-vous pas que les deux buts de Bordeaux sont litigieux ?"

Mesas, lui, nous dit : "Je crois que nous avons perdu une belle occasion de nous racheter et de redorer notre blason".

Enfin M. Henri Cabassu nous fit remarquer :

"Lorsque Rustichelli s'est échappé, il n'a pu réussir à marquer, ce fut le tournant du match !"

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WOSNIESKO fut le plus brillant des 22 joueurs

Marseille, l'ensemble fut courageux mais assez terne. Angel n'a rien à se reprocher personnellement mais sur le 2e but, il eut une sortie hésitante. Gransart débuta avec bonheur puis en 2e mi-temps faiblit et fut parfois débordé. Palluch fut strict et domina Novotarski. Il fut l'un des Marseillais des plus satisfaisants.

Marcel joua par à-coups mais nous l'avons bien souvent vu en meilleures conditions.

Johansson fut actif et contint à peu près l'inquiétant Abdesselem.

Scotti, blessé à 45e minute de jeu ne peut être jugé.

Rustichelli à tenter quelques percées, et manque toujours de finish.

Tivoli effectua une première mi-temps très honorable puis il perdit la cadence, mais cela se comprend.

Guidoni fut dominé nettement par Garriga et parut parfois dépayser.

Luzy fut combatif et ardent et faillit scorer de la tête.

Enfin, Mesas, volontaire, ne fut pas très à son aise à l'aile gauche.

À Bordeaux, Bernard n'eut pas un labeur énorme à fournir mais il parut très souple.

Janczewski fut honorable sans plus.

Grimonpon plus travailleur.

Dans la ligne médiane, Aucourt parvenait à réussir quelques percées incisives.

Garriga fut inégale et parfois emprunter.

Enfin, de Kubber commença mieux qui ne termina.

Novotarski fut effacé.

Wosniesko auteur du 2e but fut le plus dangereux de l'attaque et le plus brillant des 22 joueurs. C'est réellement un shooteur de classe.

Abdesselem toujours travailleur de balle remarquable fut parfois lent à s'en débarrasser.

Sander est un garçon vif mais pas constructeur.

Enfin Doye craintif en certaines occasions montra qu'il avait toujours un certain talent entre autres

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ANDERSSON, toujours déçu :

"Le résultat est acceptable"

Dès que la défaite de l'O.M. à Bordeaux fut consommée, nous avons demandé au "grand coupable" de la récente élimination du club marseillais, de la Coupe de France, ce qu'il en pensait :

"Je n'ai pas assisté à la rencontre, et pour cause, il m'est donc difficile d'avoir une opinion là-dessus. Néanmoins, si je me base sur le score final, ce revers est somme toute acceptable".

Évidemment, Gunnar Andersson a préféré rester sur une prudente réserve. On le comprend aisément, en la circonstance.

 

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