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Résumé Le Provencal

du 13 février 1956

  

LES MARSEILLAIS, FRIGORIFIES, S'INCLINENT NORMALEMENT (1-3) DEVANT SOCHAUX

Gransart réduit la marque après deux exploits

de Muro et Albertin, puis Faivre donne le coup de grâce

(De notre envoyé spécial : Georges LEOST)

SOCHAUX (par téléphone) - Le terrain du stade Bonal dont les lignes ont été tracées en rouge et un vaste tapis immaculé étendu le long des forges de Peugeot quand les deux équipes sortent des vestiaires à l'appel de M. Devillers.

La température s'est stabilisée à -10 degrés après avoir stationné aux alentours de -15 au début de la matinée.

Un soleil timide tente vainement de réchauffer les quelques 1.500 spectateurs qui ont bravé les éléments pour assister à la confrontation du jour. Les formations se présentent dans la composition annoncée, c'est Sochaux qui engagent.

Scotti se manifeste

Dans les premières secondes, alors que les 22 joueurs cherchent leur équilibre sur un sol tantôt recouvert de neige tantôt revêtu d'une couche de glace, Scotti qui porte le maillot au numéro 9, déclencha un shoot tendu. Remetter et là, auprès d'une détente horizontale et repousse la balle catapultait en bolide des deux mains en corner. L'O.M. fait le forcing, désireux d'empêcher les locaux de prendre la direction des opérations. Et tandis que la foule tente de se réchauffer en frappant des pieds, Gransart monte deux fois en attaque avant de servir Durand qui échoue de peu (5me minute) devant Remetter.

Sochaux ne peut qu'accepter cette domination, mais, à la 9me minute, Bruat perd le contrôle du ballon d'extrême justesse, alors qu'il était seul devant Poncet.

Scotti opère très en retrait se trouvant aux prises avec Bruat, l'avant-centre nominal de Gaby Dormois.

Muro marque de la tête

A la 14me minute, Johansson étend en difficulté, l'O.M. concède le premier corner de la partie. Mais deux minutes plus tard, après un sprint inutile de Luzy, gardien, de l'aile gauche, centre sur la tête de Muro. Le heading du sud américain ne laisse aucune chance au goal marseillais et c'est un but Doubistes acquis sous les acclamations que l'on devine.

Sochaux : 1 ; O.M. : 0.

Peu après, Scotti et J. Tellechea tirent au-dessus de la transversale des buts. Sochaux reprend du poil de la bête et même des offensives auxquelles les Phocéens qui jouent le plus souvent à trois avants en ligne : Durand, Chicha et Luzy ne répondent que timidement.

Poncet sauvé par le poteau

A la 26me minute, en conclusion d'un corner concédé par Molla, Muro donne le coup de pieds de coin. Bruat prolonge la trajectoire du ballon de la tête. Poncet saute, intercepte puis lâche le cuir. Celui-ci roule sur la neige et va rentrer dans la cage méridionale lorsqu'il heurte le poteau droit.

Le public s'était déjà levé pour saluer cet exploit !

Marseille continue à s'en laisser conter et aux 28me et 32me minutes, on note deux shoots à ras de terre - si l'on peut dire - d'Albertin. Chaque fois le ballon est sensiblement gêné par la neige.

Albertin concrétise

l'avantage sochalien

Dans les minutes qui suivent Muro de la tête puis Marcel et Durand se montrent dangereux, mais sans plus de résultat.

À la 36me minute, par contre, Faivre centre vers Bruat qui sert sans plus attendre Albertin ; le tir de l'ex-grenoblois fait mouche, au grand dam de Poncet et de ses camarades.

La foule exulte.

Après la pause, Poncet ayant trébuché, Palluch sauve miraculeusement devant Albertin montée à l'assaut des buts désertés ; puis J. Tellechea quitte le terrain quelques instants à la suite d'un choc avec Jean-Jacques Marcel.

Gransart sauve l'honneur

A la 69me minute, Chicha sur cafouillage, sollicite Gransart venu encore une fois, secoué ses compagnons de l'attaque. L'arrière marseillais shoote dans sa foulée ; le ballon franchit la ligne fatidique, malgré un plongeon de Remetter, et sort sous le filet.

Les "blancs" accourent embrasser le blond Maurice, rouge de plaisir.

Sur contre-attaque, Albertin voit un nouvel essai repoussé par les poteaux alors que Poncet n'était pas là. Palluch éloigne le danger.

Puis, aux 73me et 74me minutes, Albertin et Bruat alertent encore Poncet, le premier lui permettant de réaliser un arrêt parfait.

Faivre ferme la marque

Molla encouragé par la réussite de Gransart tire au but à la 75me minute.

À la 77me minute, Muro transmet à Faivre qui botte en coin et marque malgré l'écran que forme, avec son corps Johansson. Masqué, Poncet n'esquive aucun geste. C'est le troisième et dernier but.

Avant la fin, Poncet repousse du poing (85me minute) un essai de Gardien.

À la 86me minute, Gardien tire aux buts ; Poncet plonge, rate son arrêt. La balle frappe le poteau et revient dans les bras de James tout heureux de l'aubaine, tandis qu'Albertin emporté par son élan, s'écroule dans les buts.

M. Devillers sonne l'ultime coup de sifflet sur la victoire méritée des locaux.

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L'O.M. JOUA AVEC

UNE LIGNE OFFENSIVE

DEMANTELEE

SOCHAUX (par téléphone) - Au terme d'un voyage de 668 kilomètres, qui nécessita 24 heures d'un périple interrompu à Lyon, l'O.M. il faut le dire, s'attendait à souffrir au stade Bonal : souffrir du froid d'abord, de la qualité du jeu de l'adversaire du jour, ensuite.

Certes, Sochaux a eu, ces temps derniers, des hauts et des bas ; mais c'est précisément la raison pour laquelle les responsables marseillais se méfiaient d'un possible réveil des locaux fouettés dans leur amour-propre.

En fait, on ne relève, à aucun moment, sauf peut-être en début de partie, les traces du match livré par des joueurs de Dormoy aux représentants de l'A.S. Troyes jeudi dernier.

Dès les premières minutes, l'O.M. se jeta avec volonté dans la bagarre, mais Sochaux, petit à petit, s'assura le monopole des opérations. On le dira par ailleurs que les buts de Muro, puis celui d'Albertin, furent suivis d'un exploit de Gransart. Cela, mieux que tout commentaire, donne une idée précise de la façon de jouer des olympiens, hier en terre doubiste.

Le trio de pointe trop seule, ne pouvait espérer dans ces conditions inquiéter une défense admirablement soutenue par le tandem des frères Tellechea.

De son côté, le compartiment défensif des visiteurs avait trop à faire pour amorcer des contre-attaques organisées, aussi, quand les Phocéens parvinrent à conduire quelques raids dans le camp opposé, ils hésitèrent trop souvent à tenter leur chance directement.

On vit ainsi des échanges de passes redoublées devant le mur "bouton d'or" dressait sur le sol qui lui était tout de même assez familier.

L'O.M. eut, cependant, l'égalisation à sa portée, après la réussite de la montée offensive de Gransart ; mais c'est Sochaux qui marqua encore et faillit bien scorer à deux ou trois reprises.

En conclusion, de quoi les Doubistes ont remporté une victoire méritée qui est l'oeuvre d'un onze complet, rapide, produisant un football plaisant.

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Remetter : l'O.M. cherche trop la position idéale avant de shooter

SOCHAUX - À l'issue de la rencontre, M. Maria donnait son avis que Roger Rolhion ne partageait d'ailleurs pas : "Sur le troisième but, il y avait hors-jeu d'au moins 3 m". Puis d'enchaîner : "Nous avons eu notre chance lorsque le tableau d'affichage était à 2 buts à 1, mais par la suite nous aurions pu encaisser plusieurs autres buts. C'est égal : Andersson et Rustichelli ont manqué. Un succès eut été possible je crois sans cela".

Roger Rolhion juge sévèrement. S'adressant à Jean-Jacques Marcel, allongé sur la table de massage : "Tout le monde court vers l'endroit où se trouve le ballon, sans regarder. On accumule des erreurs monumentales et nous pouvons être heureux comme cela".

Poncet résumait ainsi la situation tandis que Mesas et Gransart toussaient à fendre l'âme :

"On avait tout froid et en était engourdi.

Dans les vestiaires voisins Albertin, souriant, déclaré simplement :

"Je suis heureux d'être dans le camp des vainqueurs".

Il est vrai que l'ex-Grenoblois avait failli devenir marseillais.

Muro quant à lui, exhibe ses jambes et constate avec son accent caractéristique :

"J'ai pris des coups. Tenez, regarder".

Et de nous montrer les tibias et des cuisses marbrées qui lui rappelleront pendant quelques jours l'âpreté de certaines interventions.

Remetter déclarait simplement :

"L'O.M. se complique trop l'existence en recherchant la position idéale avant de déclencher ses tirs".

Enfin, les Sochaliens étaient d'accord sur un fait : "Ils auraient dû marquer "un wagon" de buts".

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GRANSART, JOHANSSON, MOLLA et MARCEL meilleurs joueurs olympiens

SOCHAUX (par téléphone) - Nous l'avons exprimé part ailleurs, les olympiens n'ont pas eu, à Sochaux, le comportement que l'on aurait pu attendre d'un onze au complet.

En tenant compte de la double absence d'Andersson et de Rustichelli, qui sont tout de même deux excellents éléments sur le plan offensive, on peut écrire que les Marseillais ont fourni une partie satisfaisante dans l'ensemble.

La tâche de Poncet, plus frigorifié encore que ses camarades, n'a pas été facilité par la température qui régnait au stade de Bonal.

James a eu la chance pour lui à plusieurs reprises, sur le troisième but, il a semblé gêné par la présence de Johansson, placé sur la trajectoire de la balle.

Gransart a marqué le but de son équipe après avoir mené plusieurs attaques. Il est à compter parmi les meilleurs joueurs.

Palluch n'eut pas toujours les coudées aussi franches que son vis-à-vis. Mais cela ne porta pas à conséquence.

Dans la ligne médiane, Molla se distingua encore, tout comme Johansson, actif et lucide.

Mesa travailla sans relâche, filant parfois à l'assaut des buts de Remetter.

Chez les avants, Durand et Luzy passèrent souvent inaperçu, le premier par manque d'expérience ; le second ayant une inactivité trop prolongée.

Marcel batailla avec ardeur, mais vainement.

Scotti se dépensa, beaucoup trop en retrait, renvoyant des balles juste devant Poncet. Et Chicha se racheta après la pause.

À Sochaux, après les frères Tellechea, nous citerons Remetter, opportuniste, Hestroffer, sur ; Gardien et Muro.

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Les Marseillais ont lutté avec pittoresque contre le froid

SOCHAUX - Craignant le froid, les Marseillais mirent tout en oeuvre pour le combattre.

C'est ainsi que nous eûmes la surprise de voir Johansson quitter les vestiaires avec des genouillères qu'il avait confectionnées hâtivement en coupant des chaussettes.

Marcel, de son coté, se servait de chaussettes en guise de gants, tandis que Poncet se protégeait les oreilles à l'aide du passe-montagne de Palluch

  

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