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Résumé Le Provencal

du 16 avril 1956

  

La puissante équipe nordiste, supérieur à sa rivale Marseillaise

n'a pas fait de quartier en deuxième mi-temps.

A LENS, LES FILETS DE L'O.M. ONT TREMBLE 4 FOIS !

Mené 1 à 0 au repos, le onze phocéen

s'incline finalement par 4 buts à 0

(D'un de nos envoyés spéciaux : Lucien D'APO)

LENS (par téléphone) - Une fois encore l'O.M. aura laissé le nuage de son prestige s'effilocher sur la cime du championnat.

Cette nouvelle défaite, ponctuée à quatre reprises sur le terrain glacial de Lens, aura pour le moins fixé les faiblesses d'une équipe dont les résultats contradictoires sont la meilleure preuve d'un jeu imprécis et stérile.

Dans le stade Bollaert, où les vents sont aussi peu réjouissant que ceux qui passent entre deux banquises, dans ce stade traditionnel garni de ses fidèles, l'O.M. a donc encore provoqué le désappointement d'un public connaisseur.

Les tares du onze marseillais sont connues, mais on espère toujours surtout à l'extérieur qu'une main bénéfique colmate les brèches au fil des minutes.

En vérité, le football et ses composantes sont impitoyables. Ils ne trouvent aucune excuse ; ils ne pardonnent rien au plus faible. Et c'est mieux ainsi.

Tactique

Pour affronter le "onze" des mineurs, battu deux fois en quinze jours et, de ce fait, particulièrement décidé à noyer ses chagrins, les Marseillais avaient donc adopté la tactique qui paya devant Reims, à savoir Scotti avant-centre en retrait, c'est-à-dire un avant-centre distributeur avec des intérieurs en pointe. Formule excellente si l'on tient compte qu'une équipe jouant à l'extérieure part battue, et à plus forte raison lorsque cette équipe et d'une certaine avarice dans les essais aux buts.

C'est, on le sait, le lot habituel de l'O.M.

Cette mise en place s'avéra excellente tout au long de la première mi-temps. Les hommes de Robin s'étant cantonnés dans le rôle strict de cette tactique. Lens ne put ouvrir le score qu'à quelques secondes de la mi-temps. Ce but fut obtenu par l'inter Lensois Boury profitant d'une situation confuse créée à une minute du coup de sifflet.

À travers une forêt de jambes, le tir partit aussi sec qu'inattendu. Predal, jusqu'à la très brillant, fut, à notre avis, surpris.

Lens tire au but

Cette première mi-temps avait été tour à tour à l'avantage des deux équipes. Du côté Lensois, les tirs au but plus nombreux étaient la conséquence de la force de pénétration des inters Hablitz et Boury, remarquablement complétés par la puissante action du centre avant Jonsson.

Le football les Nordistes étaient plus net cependant.

L'O.M., de son côté, ne sut pas mettre à profit la position de repli de Scotti, fort déconcertante pour le policeman Lensois Polak et dont la paire d'inters Mercurio - Constantino ne put finalement tirer aucun profit.

Ce n'est pas la manière, la qualité des services ou l'application des deux hommes qui furent discutables, mais leur lenteur caractérisée, défaut que l'on connaît et auxquelles ils ne peuvent rien.

Mais il est net qu'à la faveur des contre-attaques déclenchées par la formule même de son jeu, l'O.M. aurait pu réussir en deux ou trois occasions avec des hommes plus rapides. Nous soulignons ici un défaut permanent qui, hier, à Lens, s'est avérée d'autant plus grave.

C'est une explication parmi tant d'autres.

En fait, l'O.M. n'a pas une équipe suffisamment assise et inspirée pour tirer son épingle du jeu dans les matches comme celui de Lens.

Quatre buts

A la mi-temps, le onze olympien avait donc réussi à contenir son adversaire avec une évidente volonté et surtout grâce à quatre arrêts de pure qualité du goal Predal. On avait noté quelques bons centres de Durand, un tir de Constantino sur la barre transversale, deux montées très dangereuses de Gransart et quelques incursions balle au pied, fort bien menée par Mercurio, Constantino, Marcel et Scotti.

À l'arrière Johansson, Palluch et Gransart avaient réussi bien que mal, à briser l'entreprenant travail de la ligne d'avants Lensoise.

Rien ne laissait supposer, avant que Bourry ne marque son but-surprise de la 11e minute, à l'effondrement aussi caractérisée par la suite.

L'O.M. revint donc reprendre le jeu en changeant de tactique. Andersson retrouvait sa place au centre et Scotti restait en retrait mais ne jouait plus le même rôle.

Dès lors cette portion de terrain si bien occupée en première mi-temps, allait devenir le point de départ de la cavalcade lensoise.

Une balle au centre de Ziemczak arrivait à portée de Johansson qui lançait Stievenard. Le shoot à ras de terre ne laissait aucune chance à Predal qui s'était pourtant avancée (50me minute).

Polak lançait alors copieusement ses hommes. Nouveau tir de Stievenard : nouveau de tirs de Jonsson. Puis sur une descente éclair de Wislienski, la défense marseillaise ne pouvait intercepter le coup de pied de centre de l'ailier nordiste Jonson était à la réception. L'impressionnant athlète reprenait la balle avec une violence inouïe. Elle frappa sous la barre pour venir mourir dans les filets (66e minute).

C'était le 3me but, suivi d'incident, sans suite d'ailleurs, entre Palluch, Louis et un notre joueur Lensois.

L'écart était trop grand. Le onze olympien accablé se défendit pourtant encore mais dut consentir un nouveau but à Habitzl, but réussit à la suite d'un centre de Stievenard à la 77me minute.

4 à 0 !

Il n'y avait pas là plus explication. À moins d'avoir un certain goût pour la discussion.

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A la mi-temps, l'O.M. hésitait

entre deux tactiques

LENS (par téléphone) - À l'O.M., on épilogue et on épiloguera longtemps encore sans trouver la réponse à la question de savoir si, en définitive, on a eu tort de modifier au cours de la seconde partie du jeu la prudence tactique adoptée dès le départ et qui se poursuivit 45 minutes durant.

Il est évident que le but-surprise réalisé par Bourry à dix secondes du repos eut pour effet de faire réviser, pendant le quart d'heure de détente, le plan initial de la bataille dressé par Jean Robin.

Car sans ce but-éclair, assez heureux, il faut bien le dire, il est certain que Robin n'aurait pas modifié sa tactique habituelle et que Scotti aurait continué à opérer en position d'avant-centre en retrait et Andersson ailier gauche.

Cette position avait d'ailleurs été excellente au début des hostilités. Mais voilà, le but de Bourry changea tout l'édifice olympien, basé, on le sait, sur une défensive très stricte.

Quoi qu'il en soit, en fin de match, l'atmosphère était plutôt lourde dans les vestiaires olympiens.

Jean Robin ne cachait pas sa façon de penser :

"Lens a opéré sans arrêt pendant 90 minutes, nous a-t-il déclaré. Il ne s'est jamais désuni.

"J'avais décidé avant la reprise de tout sacrifier à l'attaque. C'est la raison pour laquelle Andersson était revenu au centre. Malheureusement, au fil des minutes, le système s'est écroulé, tel un vulgaire château de sable. Heureusement que Predal a fourni une grande partie ! Sans cela..."

Scotti, qui ont avait été - on s'en souvient - la pierre de touche de cette tactique devant Reims nous a déclaré pour sa part :

"Je n'ai pas à discuter les consignes. Cependant à mon humble avis, si nous avions poursuivi pendant toute la partie notre jeu pratiqué en première mi-temps, je crois que le score aurait été moins élevé en faveur de Lens".

Marcel, à ce moment-là, interrompit son ami Scotti :

"Je pense, au contraire, lui répliqua-t-il, qu'il fallait tout sacrifier à l'attaque. Même au risque de prendre un carton. On ne gagne pas la rencontre en ce contentant de pratiquer la défense. Nous savons tous et c'est pourquoi j'approuve notre jeu de la seconde mi-temps".

La thèse Marcel, on le voit, est loin de celle de Scotti.

Qui a raison en l'occurrence ?

Un rapide gallup parmi les joueurs nous permet d'affirmer que celle du marseillais l'emporte nettement sur celle du Brignolais.

Quant à nous, nous ne serions pas loin de nous rallier à Scotti au vu surtout de la bonne première mi-temps de l'O.M.

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Ils étaient pourtant en condition physique

LENS (par téléphone) - On se demande, non sans effroi, ce qui serait advenu de cette équipe olympienne si elle n'avait pas affronté son adversaire lensois dans une condition physique sans reproche.

Car il est à souligner que les onze joueurs marseillais, parfaitement en souffle, étaient sinon en forme, du moins bien préparés. Seul Andersson, blessé à la cheville lors du match contre le Stade Français mercredi dernier, et qui dut faire un essai avant la rencontre, n'a pas affirmé la combativité dont il fit preuve ces derniers dimanches.

Battu en tactique et partiellement en rapidité, l'O.M. ne l'a pas été dans le domaine de la condition physique.

C'est une satisfaction. Bien mince en vérité.

Ce qui revient à dire qu'il y a encore beaucoup de travail en perspective pour son entraîneur Jean Robin.

Il est difficile de faire un choix, encore que les arrêts de Predal en première mi-temps aient particulièrement impressionné, mais Marcel, dans la partie offensive, s'est mis en évidence en première mi-temps surtout.

Le football pur pratiqué par Constantino et Mercurio aussi, tout au long du match, leur aurait donné une excellente note si leur lenteur dans les contre-attaques n'avait pas annihilé tout ce qu'ils firent de bien balle au pied.

Leurs co-équipiers jouèrent avec des hauts et des bas, Gransart affirmant peut-être davantage de maîtrise.

À Lens, un ensemble homogène, bien conduit, d'où émergèrent Louis, particulièrement efficace d'ailleurs, Polak, Jonsson, Stievenart, et les deux autres inters Boury et Habiltz.

L. D'APO

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MAREK : " LENS était trop fort

pour l'O.M..."

LENS (par téléphone) - Tony Marek, d'ordinaire, est assez peu loquace. Après le match, pourtant, l'entraîneur de Lens, satisfait on le conçoit, de l'exhibition de ses poulains, s'est laissé aller à quelques confidences :

"L'O.M., c'est normal, à pratiquer un jeu très défensif, mais trop latéral en première mi-temps. Nous avons dominé, mais nous n'étions pas très rassurés au fil des minutes. Heureusement que Bourry a remit ses coéquipiers en confiance en marquant juste avant le repos.

"Après, évidemment, il n'y eut qu'une équipe sur le terrain. Je n'exagère pas. Notre second but a eu pour effet de décontracter mes joueurs. Vous connaissez la suite.

"À mon avis, Robin a eu parfaitement raison de vouloir jouer l'attaque. Cependant, il n'avait pas à sa disposition les éléments nécessaires pour réussir dans cette entreprise. Car Lens, aujourd'hui était beaucoup plus fort que l'O.M".

Zymzak : "Les Marseillais

acceptent trop vite

la défaite"

Tout en se rhabillant, le jeune Zymzak, l'un des meilleurs Lensois du match, nous a déclaré :

"Les Marseillais se sont rapidement désunis. D'ailleurs, dès qu'ils furent menés au score, c'est-à-dire après notre second but (je mets à part le premier parce que survenu juste avant le repos), ils se sont montrés fatalistes et ont accepté facilement la défaite.

"Et dire que nous craignions terriblement, avant le coup d'envoi, cette confrontation avec Marseille !

''Les événements nous ont donné raison, je ne reconnais. Mais jamais je n'aurais pensé à un succès aussi facile".

Bourry s'est plaint

de Palluch

Vers la 66e minute, un accrochage se produisit entre Bourry et Palluch. Il faillit mettre le feu aux poudres.

L'ex - Roubaisien s'effondra en effet et accusa aussitôt Palluch de lui avoir donné un coup de tête volontaire. L'arbitre cependant laissa courir.

Dans les vestiaires, Bourry répéta avec beaucoup de force que l'arrière marseillais l'avait frappé. Toutefois, ces paroles ne réussirent pas à convaincre ses camarades qui lui conseillèrent alors la modération.

Palluch, que nous avons questionné à ce propos, se défend comme un beau diable :

"C'est absolument faux, nous a-t-il répliqué. Je n'ai pas touché. D'ailleurs si je l'avais fait, il porterait les traces".

Sur ce point, nous pouvons être affirmatifs, Bourry, en effet, n'était porteur d'aucune marque.

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"Méfiez-vous d'ANDERSSON ..."

LENS (par téléphone) - c'est le conseil que l'avant-centre Lensois Jonsson avait donné à ses co-équipiers.

Nous avions écouté cela d'une oreille indiscrète, alors que les joueurs s'échauffaient sur le terrain annexe.

Gunnar s'était bien gardé de dire qu'il ne pouvait jouer que sur un pied. Et, de ce fait, il ne fit pas grand-chose, malgré sa meilleure volonté. Il n'empêche qu'on le surveillait du coin de l'oeil.

Et lorsqu'il redevint avant-centre de fait, au cours de la seconde mi-temps, le marquage des Lensois tout prêt de lui ne fit que croître et embellir. Et pourtant Andersson hier après-midi était loin de l'Andersson des années précédentes.

Voilà pourquoi Andersson n'a pas marqué de but au stade Bollaert.

Il est vrai qu'avant le match il nous avait confié d'un ton amer :

"Je comprends que Kopa veuille s'en aller à l'étranger. Il en a assez de recevoir des coups, comme moi d'ailleurs ! Car n'oubliez pas que depuis que j'opère en France, je ne passe pas un match sans que je ne sois pris en charge par un, deux et même trois adversaires. Et, à ce petit jeu on finit par être dégoûté du football.

 

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