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Résumé Le Provencal

du 18 novembre 1957

  

 

LES MARSEILLAIS MENENT DEUX FOIS A LA MARQUE ET BATTENT NICE (2 A 1)

ENFIN, L'O.M. A GAGNE DEVANT SON PUBLIC !

MARCEL ASSURE LA VICTOIRE

APRES L'EGALISATION NICOISE PAR BARROU

On n'a pas battu, hier, au Stade Vélodrome, le record de recette à l'occasion du derby O.M.-Nice. Mais 18.507 spectateurs - qui mirent les comptables en présence de 4.890.350 francs - étaient là quand les deux formations entamèrent les hostilités sans qu'aucun changement n'ait été enregistré en ce qui concernait que leur composition.

Ce match de l'espoir olympien commence sur l'engagement des visiteurs sous le signe de l'observation : les deux adversaires se méfient et à la 3e minute Johansson met délibérément en touche une balle qui ne présentait pas un danger immédiat.

À MARCEL

le premier tir

La défense locale, mise en confiance par un arrêt de Domingo seul devant Nuremberg, veille au grain. Sur un renvoi, elle permet (à la minute 4) à Marcel au terme d'une conjugaison avec Andersson, de percer le rideau niçois. Au grand désappointement des supporters marseillais, l'inter "enlève" sa balle...

À la 7e minute, le même Marcel sollicite Curyl dont le heading ne surprend pas Lamia. Pour répondre à cette action, Muro sert Nuremberg. Le shoot du Luxembourgeois rate l'objectif.

Nice joue un football assuré tandis que Marseille, plus énergique plus directe, défend sa chance avec opiniâtreté. C'est ainsi qu'à la 17e minute Rustichelli s'en va seul poursuivi en vain par Gonzales. Au dernier moment Lamia stoppe en se jetant à terre.

La chance d'ANDERSSON

Mieux encore : à la 23e minute, à quelques mètres de la ligne, Andersson a tout son temps pour ajuster le "canon" qui a bâti sa réputation. Il gaspille pourtant cette chance en poussant le cuir que Lamia ramasse.

On note encore un coup franc de Scotti sur la tête de Marcel que le goal des "Aiglons" réduit à néant (26e), un brillant numéro improductif de Ferry (33') et c'est la 40e minute.

MARCEL marque.

À cet instant, Chorda, pressé, veut passer en retrait à Lamia. Il le fait, mais mollement, et Marcel, surgissant en trombe, marque dans les buts vides, malgré le retour de Milazzo et sous les vivats que nous vous laissons imaginer.

La mi-temps arrive sur ce score et le jeu reprend par un effort de Marcel (47') qui suit une tentative infructueuse de Muro (48')

...et gaspille une balle

A la 50e minute, alors que Lamia est à terre, après avoir plongé sans bloquer, Marcel décoche précipitamment un bolide alors qu'il paraissait pouvoir contrôler le ballon.

Sept minutes plus tard Domingo sauve magnifiquement son camp par une intervention aérienne, puis Andersson botte sur Lamia.

Nice égalise

Alors que l'O.M., mis en appétit domine à son tour, Milazzo en position d'ailier gauche, centre sans que Domingo puisse intercepter. La balle frappe le poteau, revient en jeu, et Barrou accouru égalisé la poitrine.

Cette fois les Phocéens accusent le coup et laissent initiative des opérations aux Azuréens. Domingo - suite logique d'une supériorité affirmée - en profite pour se distinguer devant Ujlaki (64'), Muro (66') et Barrou (67').

A la 68e minute, Muro marque de la tête, mais le point est refusé pour hors-jeu.

But vainqueur !

Une minute après cet exploit gratuit, Domingo, au pied, sauve devant Barrou à la limite de ses 18 mètres.

À la 74e minute, alors que les Olympiens se cherchent, Jordan commet une faute sur Rustichelli.

M. Bondon accorde le coup franc. Roger Scotti le donne sur le crâne de Marcel qui rabat la balle hors de portée de Lamia, assurant le succès des "blancs", le premier de la saison au Stade Vel.

Rien ne changera plus, en effet, malgré une tête de Nuremberg (81'), un shoot de Rustichelli (83'), un bolide d'Ujlaki (86') et un heading de Curyl (88')

Georges LEOST

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RENTREE FRACASSANTE DE GRANSART

MEILLEUR JOUEUR DU ONZE MARSEILLAIS

Dont MILAZZO et UJLAKI furent les plus dangereux adversaires

Décidément, l'O.M. a su acquérir une mascotte en la personne du petit intérieur Tournier, récemment demandé au S.O. Montpellier. Ce n'est évidemment pas une hirondelle qui fait le printemps, mais elle y contribue, quand il s'agit d'un petit bonhomme solide sur les jambes, actif, lucide et courageux.

Le véritable inter travailleur qui ne baisse jamais les bras et qui peut permettre à ses camarades au rendement moins constant de souffler quand besoin est...

Ceci dit, examinant la façon dont l'O.M. a construit sa victoire.

Victoire du moral retrouvé...

Disons tout d'abord que c'est en seconde mi-temps que les Olympiens effectuèrent les actions les plus tranchantes en attaque, en dehors d'un passage à vide qui précéda et suivit le but égalisateur de Barrou. Cela est bon signe... En première mi-temps, les Niçois avaient dominé longuement sous l'impulsion d'un remarquable Milazzo, mais en oubliant de tirer au but.

Contre le cours normal du jeu, les Marseillais ouvrirent le score peu après le repos... Mais Rustichelli poussant trop loin sa balle, Andersson par manque de conviction et J.J. Marcel par excès de précipitation avaient raté trois opérations valables. Il faut dire que les "aiglons" tournaient, virevoltaient, mais se heurtaient au mur infranchissable formé par la défense olympienne qui pratiquait intelligemment la défense de zone.

Après le repos cela continua avec plus de tirs Niçois, bien stoppés par Domingo, mais aussi plus d'actions classiques à l'actif de nos représentants. L'égalisation aurait pût être fatale, mais un moral intact lui leur permis de trouver les ressources nécessaires pour vaincre.

Domingo, Gransart

Scotti, Curyl, Tournier...

La défense olympienne doit être louée en bloc pour la façon magnifique dont elle fit front aux incessantes attaques niçoises. Si nous citions Marcel Domingo, c'est parce qu'il ne fit aucune faute, qui fut parfait, Gransart parce qu'il effectua une entrée fracassante ; jamais Maurice n'a joué aussi bien qu'hier. Bon sur la balle et sur l'homme, contr'attaquant lucide, il mérite le No1 à l'O.M. et peut-être sur le terrain.

Roger Scotti pour la perfection de tout ce qu'il entreprit ; passes, interceptions et le coup franc vainqueur. Mais Johansson tour de défense ; Mesas qui s'acclimate au poste d'arrière et y prend de l'assurance et Mola lui aussi acquit de plus en plus de personnalité, renouvelèrent leur excellent sortie de Saint-Étienne ; avec encore un peu plus d'homogénéité qu'il y a huit jours, toute cette défense se compléta parfaitement.

La division offensive mérite moins de compliments en dehors de l'actif petit Tournier qui devra en plus se décider à tirer, et de Curyl dont les débordements furent les plus nets, sur des ouvertures de Tournier et Andersson en deuxième mi-temps surtout.

Andersson lutta comme un lion mais ne put se trouver au four et au moulin. Jean-Jacques Marcel réalisa l'impossible... et ne put réussir ce qui paraissait acquis. De plus, il joua en pointe, laissant, notamment en 2me mi-temps, Andersson jouait les pourvoyeurs, ce qui n'est guère son rôle.

Enfin Rustichelli n'a toujours pas appris à mettre un point final à ces départs irrésistibles... Quel dommage que Dominique ne progresse pas sous cet angle alors qu'aucun ailier français n'a ses moyens !

MILAZZO et UJALKI

meneurs de jeu niçois.

Malgré ce que M. Paul Nicolas a pu dire nous pensons qu'Ujlaki a fait un match de premier ordre.

Impérial au milieu du terrain, tireur stérile et stratège hors de pair, il fut le plus dangereux adversaire des Olympiens, avec un surprenant Milazzo, absolument transformé. Avec ses deux chefs de file, on doit citer les arrières Martinez et Gonzales et aussi l'ailier gauche Nuremberg, le plus direct des avants niçois que Gransart eut le mérite de contenir.

Lamia fut bon en dehors des deux buts. Chorda est adroit et calme mais assez lent, et il est directement responsable du premier but de Marcel. Ferry, relevant de blessure, nous a déçu, comme Muro, peu convaincant. Barrou et Foix ne trouvèrent jamais la position de tir ce qui est un comble pour des avants de pointe, mais le second fut tout de même vif, remuant et dangereux.

En somme, Nice, qui domina jusqu'à l'approche des 17 mètres, perdit cette rencontre en raison de la carence de ses tireurs. Une rencontre, que l'O.M. mérita de gagner car il sut se créer un plus grand nombre d'occasion, même si l'on considère qu'il n'obtint pas ses buts en ces circonstances...

Louis DUPIC

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L'O.M. RENDU A LA VIE

DEUX buts et une victoire.

Il n'en fallait pas davantage pour abattre les fantômes de l'élimination. Ce qui depuis deux mois dansaient sur les horizons noircis et immédiats de l'équipe marseillaise.

Car on peut croire aujourd'hui en un avenir plus rassurant. Ne parlons point de résurrection totale, mais si vous voulez bien, d'une volonté pleine nouvelle au centre de laquelle germeront d'autre victoire.

L'O.M. a donc finalement offert à son public, le public le plus fidèle de France, même dans ses élans féroces, sa première victoire. Disons tout de suite que les émouvantes séquences de grand football furent absentes du scénario. Mais il y avait dans l'air quelque chose de plus clair, de plus sympathique. L'atmosphère de ce match était enfin dégagée de cette inquiétude, de ce dépit qui pèsent sur toutes les rencontres depuis le début de la compétition.

L'O.M. respirait. On l'aurait dit rendu à la vie en retrouvant la joie de jouer, le désir de se battre et de vaincre.

"Le public a été gentil avec nous". C'est ce que l'on entendait après la victoire dans les vestiaires.

Rien d'étonnant pourtant dans l'attitude passée de ce public. Il applaudit ce qui est beau ; ou tout au moins ce qui est sincère. Il repousse l'antijeu. Il siffle le mauvais travail. Il conspue l'athlète qui refuse le combat.

Et il sait saluer les quatre-vingt-dix minutes d'efforts méritoires et dus, tels que ceux qui éclatèrent hier comme un serpenteau.

L'O.M. était transformé dans le style de l'esprit. Ce ne fut pas un grand match, répétons-le, mais avouez que pour l'assidu, le désert dominical manquait de saveur depuis quelques mois. Ce biscuit nous remet un peu d'eau à la bouche.

Nice avait pourtant fort bien composer son numéro au centre du terrain. Il avait fallu les actions permanentes de Tournier collant comme la glu, tournoyant sans laisser d'adresse, et finalement d'un bon rendement, pour briser un peu ses automatismes des azuréens.

Mais il y avait hier une défense. Une défense dont le point culminant avait nom Gransart. Un Gransart étourdissant, appliqué comme il ne l'avait jamais été, dont le jeu net, sobre, pensé, s'ériga en première et infranchissable barrière. Gransart a fait hier un match digne de l'équipe nationale.

Mais n'établissons pas un classement. Ce qui compte dans cette course au renouveau, c'est l'énergie qu'elle engage dans la lutte à l'heure où ils n'ont plus le choix.

L'opiniâtreté de quelques hommes portera ses fruits. Domingo, Scotti, atteints dans leur amour-propre, en révélant relevant la tête, ont ouvert la voie.

Leurs coéquipiers s'y engouffrent.

...Et Jean Robin commence à respirer.

Lucien D'APO

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Les Olympiens :

"Nous retrouvons une équipe !"

- Ainsi parle Jean-Jacques, qui a réussi les deux buts olympiens dans des circonstances difficiles. Personne ne lui aurait tenu rigueur de n'avoir pas marqué dans cette circonstance... Mais il se désole d'avoir raté trois tirs, deux au-dessus et un sur Lamia, en bonne position. Ne vous tracassez pas, Jean-Jacques, le pourcentage y est !

- M. Zaraya rayonne : "Notre victoire est normale et aurait pu être acquise avec un écart plus important. Le jeu collectif s'améliore. Je suis content de tout le monde. Le moral est revenu et s'il y a quelque tête dans les tribunes (qui n'avaient pas le sourire parce que nous avions gagné. C'est comme ça) Mais nous retrouvons une équipe".

- Jean Robin est content au jeu collectif et de la façon impeccable avec laquelle à manoeuvrer la défense. Mais il y a toujours une certaine réserve dans ses paroles. "Espérons que c'est bien le départ attendu, et que cela durera".

- Mimi Mesas est satisfait d'avoir enfin trouvé un poste auquel jouer pendant plusieurs dimanches de suite et auquel il a été tant décrié : "Foix est difficile à marquer, mais, enfin, je m'en suis tiré".

-Domingo, Johansson, Gransart, Scotti, Molla, tous les autres défenseurs, héros du match sont évidemment très heureux : "Deux buts encaissés devant Nice et Saint-Étienne, c'est une performance ! Mais l'équipe après une autre allure !"

- Rustichelli "Je suis complètement lessivé ! Si je n'avais pas poussé légèrement trop loin cette balle en première mi-temps !"

- Andersson s'est battu comme un lion : "Il fallait gagner aujourd'hui. Cela n'a pas peut-être été formidable au point de vue technique, mais quand nous serons en meilleure position, nous penserons à jouer au football !". Très juste, Gunnar !

- Curyl est satisfait : "Nous avons trouvé notre équipe type ou à peu près. Il faut faire confiance aux jeunes, mais pas à dose massive : on l'a bien vu !"

- Enfin Tournier, n'est pas mécontent de ses débuts marseillais : "J'ai débuté timidement trop timidement. Après cela allait beaucoup mieux. Quel dommage d'avoir marché sur cette balle à la fin ! Je n'ai pas osé prendre mes responsabilités. Une autre fois je le ferai !"

- Manu Giraud : il n'y a pas de blessé tout va bien ! Et puis ce qui fait plaisir c'est qu'on voit aujourd'hui des têtes qu'on n'avait pas vues dans le vestiaire depuis longtemps !"

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GONZALES :

"On joue presque trop bien"

Peu de bavardage dans le vestiaire niçois après la défaite.

Une défaite que le vice-président azuréen accepta avec philosophie par ces mots : "Mieux vaut laisser 2 points à Marseille qui en a besoin, qu'à Lens ou à Reims...", mais qui laissa Jean-Luc Luciano perplexe :

- " A la pause, j'avais dit à mes hommes que la marque aurait dû, à ce moment-là, être en leur faveur. Je leur ai demandé de jouer plus directement, de shooter au lieu de tergiverser. Il n l'ont pas fait : voyez le résultat".

Milazzo, soucieux de savoir ce que M. Paul Nicolas pense de lui, constatait :

- "Nous n'avons pas une équipe terrible. Nos "cartons" à domicile ? Ils ont été enregistrés devant des morts" (sic) Nous jouons bien au ballon, mais sans marquer de buts. Nous aurons du l'emporté facilement par 3 ou 4 buts d'écart. Les Olympiens, qui ne sont pas en condition, ont joue à 4 à l'heure..."

Un peu sévère, peut-être...

Ujlaki remarquait :

- "Les attaques partent bien. Elles n'arrivent pratiquement jamais parce que nous approchons latéralement du but adverse".

Et Gonzales de conclure :

- "On joue presque trop bien. On tombe dans le petit jeu..."

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