Résumé Le Provencal du 16 novembre 1959 |
A Montpellier où la vitesse fut reine L'O.M. a tenu une mi-temps Avant de s'incliner lourdement (3-0) (Reportage de notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES) |
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Mais enfin que s'est-il passé au Parc des Sports de Montpellier ? va-t-on nous demander. Tout bien réfléchi et après avoir consulté nos notes, force nous est de réponde "Rien ou presque". Rien de sensationnel, en tout cas. Devant un très nombreux public, pour Montpellier, ce derby sudiste renaissant a été d'une sagesse exemplaire, arbitrage que l'on ne remarqua pas, bref un match comme tant d'autres, ni meilleur, ni pire. Un match dont la principale qualité fut d'être vivant et mené tambour battant par les jeunes et moins jeunes joueurs de Montpellier. L'O.M. a fait son match habituel L'O.M. pour sa part, n'a pas été catastrophique, comme on pourrait le croire à la lecture du résultat. Tout au contraire, on serait plutôt tenté d'écrire que les Marseillais ont fait leur match habituel. Une fois de plus, l'O.M. a fait figure un peu plus qu'honorable au centre du terrain, mais s'est montré inefficace dans la zone de tir, tandis que sa détente accusait quelques faiblesses. Ajoutez y la part de chance, quelques erreurs de jeunesse et vous saurez comment l'O.M. a encaissé trois buts, sans en rendre aucun. La bourrasque sur le terrain En face, Hervé Mirouze avait été obligé de modifier profondément la structure de son équipe, par suite des blessures de Mandaron et d'Aubert. Privé de son assise habituelle au centre du terrain, le S.O.M. sous la pression de ses quatre noirs, joue délibérément une tactique que seul le mot bourrasque qualifie parfaitement. Sans se préoccuper outre mesure de la précision des passes, les somistes se mirent à taper dans la balle fort et loin, ne comptant que sur la vélocité de leurs attaquants et la faute de l'adversaire pour conclure. Tactique primaire certes, mais quelle ardeur, quelle vitesse et quelle générosité dans l'attaque de la balle ! Là où était le ballon, on voyait toujours un ou deux Montpelliérains et à ce jeu là Bourrier, le noir Pokossy qui jouait demi-aile et Mesas furent imbattables. Le K.O. de l'O.M. A la mi-temps, on crut, cependant que l'O.M., qui avait laissé passé l'orage sans mal, pourrait profiter de son expérience, de la plus grande maturité de son jeu et de l'ordre qu'Eschman, Oliver, Bruneton et Molla réussissaient à faire parfois régner au centre du terrain. Mais il fallut vite se rendre compte que la vitesse resterait, en définitive, reine de la bataille. A huit minutes de la reprise sur une touche en faveur du S.O.M., Bourrier passa à Etonde qui détourna, immédiatement sur "Pokossy l'ouragan". Ce dernier, de 35 mètres environ, tapa du gauche comme un sourd. Le ballon, passant miraculeusement à travers une forêt de jambes, alla faire "floc" au fond de la cage de Peri. |
Ce fut comme un k.o. à la suite d'un percutant direct au menton. L'O.M. ne devait pas se remettre de ce coup là. Sur une attaque en rafale de l'ardente attaque du S.O.M., Van Sam marquait s'un retourné acrobatique, et u peu plus tard, Singlat reprenait de la tête une balle passée en hauteur par Ebeli, sur coup franc, et c'était le 3 à 0 définitif. Molla meilleur Marseillais Après une telle rencontre, il n'est pas tellement aisée de faire la critique des joueurs Entre l'O.M. qui battit le C.A.P. 3 à 1 et celui qui s'inclina lourdement à Montpellier, il n'y a pas 5 ou 6 buts d'écart. Les défauts ordinaires du club marseillais, nous les connaissons déjà depuis longtemps et ce match malheureux n'y changera pas grand chose. Une nouvelle fois on s'est aperçu que les attaquants de pointe Durand, Tillon et Sansonnetti, commençaient tout bien, mais ne terminaient rien. Le nombre réduit de buts marqué par eux, depuis le début de la saison, en est une preuve encore plus probants. Eschman et Oliver firent de l'assez bonne besogne au centre du terrain, mais ils ne peuvent être au four et au moulin. La ligne de demis, l'excellent Molla en tête et de la tête, n'a pas grand chose de se reprocher. Derrière, Allaix, le débutant, eut des hauts, et des bas - péchés de jeunesse - alors que Ramon se débrouillait relativement bien. Quant à Pierre Peri, il n'était pas dans un de ses meilleurs jours et le deuxième but, au moins, lui est imputable. Bourrier et Imbernon au S.O.M. Dans une équipe du S.O.M. qui plut par son enthousiasme et son extrême vitesse, les meilleurs sur l'ensemble du match furent Bourrier et Imbernon d'abord. Pokossy, Mesas, Fabre et Moine ensuite. Yan Sam, si l'on excepte son but, joua à peu près l'homme invisible. Mais il est certain qu'un joueur de sa classe est peu à son aise au milieu de partenaires confondant trop facilement vitesse et précipitation. |
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Le but extraordinaire de POKOSSY marqua le tournant de la rencontre |
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On se presse, on se serre même, dans les tribunes vétustes du vieux stade du Clapas, mais on ne se bat pas. Du haut d'une maison en construction, dominant les vestiaires de sa dizaine d'étages, deux cents personnes au moins se préparent à suivre la rencontre "gratis pro deo " comme le dirait le chanoine Bessedre. Le football aux étoiles Comme chacun le prévoyait, le S.O.M. prend un départ fulgurant. Les trois noirs montpelliérains : Dioulo, Etonde et Pokossy le multiplient. C'est une véritable sarabande, sur laquelle plane constamment le ballon, car on joue presque exclusivement de volée. Ce "football aux étoiles" dure 15 bonnes minutes, mais l'O.M. résiste et la tête de Molla est géniale. Cette première frénésie passée, Oliver et Eschman commencent à se manifester utilement ; et Durand peut enfin échapper à Mésas. Sprint, tir et arrêt de Moine, légèrement en dehors du terrain. 0 à 0 à la mi-temps. Mais voici enfin Van Sam que l'on cherchait depuis le début. Le "puncheur" du S.O.M. bouscule Bruneton, passe et tire. Peri détourne en corner. Peine inutile, l'arbitre avait déjà sifflé la faute de Van Sam. On note ensuite un tir de Peri, un autre d'Eschman... l'un trop mou, l'autre au-dessus. Réponse du berger à la bergère : profitant d'une hésitation d'Allaix, Ebele tire fortement. Exploit de Peri qui dévie magistralement en corner. Jusqu'à la mi-temps, le ballon va d'un camp à l'autre, sans que cependant les deux gardiens aient à se surpasser. 0 à 0 à la 45me minute, il semble que pour l'O.M. le plus dur soit fait. 53me minute : un bolide signé Pokossy Le jeu vient à peine de reprendre que Mesas, le bouillant Mesas, fauche Durand d'un croc modèle. Coup franc, bien sûr, suivi d'un très bon tir d'Eschman. Est-ce la bonne période de l'O.M. ? |
Non, car voilà ce qui se passa à la 53me minute : Touche pour le S.O.M. le ballon ayant roulé jusqu'à Peri, ce dernier dégage au pied et réussit le petit exploit de toucher la tête d'Oliver. Le capitaine olympien hausse encore les épaules en sine de mécontentement, que Bourrier a déjà fait la touche en direction d'Elonde, lequel dévie sur Pokossy. De 35 mètres, à peu près, Pokossy, à la surprise générale, tire... et marque. U bolide, il est vrai. Un retourné de Van Sam : 2 à 0 Deux minutes plus tard, à peine, Ebele sert Singlat, sur la droite. Le ballon monte en cloche et retombe devant la cage de l'O.M. Van Sam bondit, rate la reprise de la tête au premier bond, mais avant de retomber, dans une double détente, réussit un retourné acrobatique, le dos tourné au but, qui fait mouche. 2 à 0 pour Montpellier, la cause est entendue. L'O.M., cependant, va essayer de remonter son handicap. Tour à Tour, Eschman, Tillon, Durand, Re-Durand et Sansonetti vont mettre Mane en difficulté. De la 11me à la 63me minute de cette deuxième mi-temps, Marseille domine et Montpellier ne procède plus que par contre-attaques. Tête de Singlat : 3 à 0 Contre attaques redoutables toutefois, puisque Van Sam et Etondé arrivent seuls devant Peri et ratent le but facile en ne s'entendant pas. Et c'est à la 30me minute que l'O.M. va boire le calice jusqu'à la lie. Sur un départ de Singlat, Allaix expédie son adversaire au sol d'un coup d'épaule de déménageur, Ebele tire le coup franc d'excellente façon, Singlat sauve et marque d'un coup de tête. 3 à 0, c'est bien fini, cette fois et les quelques réactions finales de l'O.M. n'y changeront rien. M.F. |
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Lucien Troupel "Laissez-moi je vais crier Le premier soin de Lucien Troupel à son arrivée aux vestiaires fut de nous fermer la porte au nez sur ces mots : "Laissez moi, je vais crier !" Un peu plus tard, ayant dit en privé à ses joueurs ce qu'il estimait devoir leur dire, l'entraîneur de l'O.M. nous confiait : "Il est inadmissible de prendre de pareils buts, surtout le second. Que nous ayons perdu, d'accord, mais pas sur ce score !" M. Zaraya et le chanoine Dans le couloir voisin, M. Zaraya, très détendu, faisait du charme au chanoine Besse : "J'ai toujours dit que vous étiez le meilleur président de France" : entendîmes nous. On espère, après ca, qu'il y aura bientôt plus l'affaire Aigouy. Interrogé sur ce qu'il pensait de la partie, le président olympien répondit : "Montpellier a une forte belle équipe qu'il a joué très crânement, mais le résultat est beaucoup trop dur pour nous." A quoi le chanoine ajouta diplomatiquement : "Oh ! oui un but d'écart, pas plus !" HERVE MIROUZE "Ca fait plaisir" Dans le vestiaire du S.O.M. nous fûmes accueillis par un coeur. "Non, non, non, non... le S.O.M. n'est pas mort ! " chantaient les joueurs de Montpellier, sous la conduite de leur capitaine Imberson. "C'est jeune, mais ça fait plaisir !" devait nous dire le sympathique entraîneur Hervé Mirouze qui en avait presque les larmes aux yeux. Le fait est que les joueurs somistes faisaient davantage penser à une troupe de collégiens qu'à des "pros" chevronnés et blasés. Esprit amateur pas mort - comme le S.O.M. - même chez les professionnels. |