Résumé Le Provencal

du 28 août 1961

LES DIMANCHES SE SUIVENT ET NE SE RESSEMBLENT PAS

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

BORDEAUX (par téléphone). - Les dimanches se suivent et ne se ressemblent pas. Il y a huit jours, nous avions dressé un véritable bilan de déroute. Non seulement l'O.M. avait perdu devant une formation modeste, mais encore n'avait-il pas la moindre excuse à faire valoir.

En contrepartie, nous pensions que les joueurs marseillais, n'avait pratiquement plus rien à perdre et ayant toute honte bue après la volée de bois vert assénée au cours de la semaine, allaient se lancer dans la bataille à corps perdu dans un normal désir de rachat.

Lucien Troupel nous disait avant le match, qui n'avait pas demandé des miracles à son équipe remaniée, mais qui l'avait mise en demeure de se battre, de tenter quelque chose.

D'autre part, l'entraîneur modifiait la disposition tactique de sa défense, abandonnant le 4-2-4, mal appliquée à Saint-Ouen (par Knayer et Bruneton entre autres) pour un classique WM, les demis Tellechea et Milazzo ayant la charge des intérieurs adverses, comme au bon vieux temps. Nous devons dire que, sur le match d'hier tout au moins, le retour aux sources fut bénéfique. Et l'on sait que chaque match possède sa vérité.

Pour nous résumer, la défense marseillaise ne s'ouvrit jamais en vaste couloir, comme à Paris, mais se forma au contraire en un bloc extrêmement solidaire autour de Knayer qui ne demandait que cela pour redevenir lui-même, c'est-à-dire intraitable.

Alors que Leonetti, Knayer et Alauzun, à Saint-Ouen, s'étaient vu souvent menacés par les modestes avants du Red Star, ils tinrent parfaitement en respect les attaquants de pointe réputés que sont Moy, Gori et Robuschi. Miracle de l'esprit collectif, sans aucun doute, s'ajoutant à une meilleure inspiration tactique.

Au point de vue purement technique, l'équipe se trouva grandement améliorée par la présence de Pavon et de Sansonetti, au lieu et place de Kappl et de Ugolini. Autant les derniers nommés s'étaient montrés maladroits et mal inspirés au Stade de Paris, autant leurs remplaçants se comportèrent en véritables avants de pointe.

Le résultat ne se fit pas attendre. Tous les rouages de l'équipe fonctionnèrent à merveille. Cette formation, qui ne s'étaient pas avérée capable de construire la moindre attaque coordonnée, mis en danger la défense girondine, chaque fois qu'elle lança la contre-attaque. C'est ainsi que le premier but de Sansonetti symbolisa parfaitement l'euphorie collective des Marseillais, ce dernier dimanche. Leonetti donna une bonne balle à Sansonetti, placé à l'aile droite. Une petite passe en retrait à Pavon. Deux autres par profondeur par Kominek et Yansanne. Et Étienne Sansonetti, dernier servi, s'engouffra face aux buts bordelais, avant de déclencher un tir irrésistible.

Que dire du comportement individuel des joueurs marseillais ? Autant nous avions eu mal précédemment à dégager la moindre satisfaction, autant nous serions gênés de citer un joueur plutôt qu'un autre, tant le succès marseillais fut succès collectif.

Mais Moreira fut parfait, derrière trois arrières décidés, aidés par un Tellechea avisé. Kominek et Milazzo acheminèrent à leurs avants de pointe, et dans les meilleures conditions, de nombreuses balles. Lefevre fut égal à lui-même, et Pavon fut ce qu'il était au début de la saison dernière... Étonnant ! Sansonetti démantela la robuste défense locale. Yansanne ne donna de la vitesse à toutes les entreprises auxquelles il participa, mais manqua de réussite finale.

Chez les Girondins, archi battus, seul le gardien de but Ranouilh, qui évita une déroute à ses couleurs, mérite la citation.

L'O.M. ne connut qu'un quart d'heure difficile au milieu de la seconde mi-temps, avant d'être rassuré par le premier but de Sansonetti. Il nous rappela l'O.M. vainqueur à Lille, il y a deux ans, ou celui qu'il tailla en pièces Cannes l'hiver dernier. Puisse-t-il continuer sur sa lancée !