Résumé Le Provencal

du 26 février 1962

L'O.M. se cherche une mi-temps

Les deux équipes de l'O.M. et de Boulogne se présentaient également handicapés ! L'O.M. était privé de Knayer, Lefevre, Kominek et Aygoui, tandis que la Boulogne, Douglas, Carlier, Bonnet et Tasic manquaient à l'appel.

L'O.M. se chercha pendant une mi-temps, alors que Boulogne, sans attaque, ne parvenait que très rarement à approcher du but de Moreira.

Cette carence initiale de l'O.M. était due vraisemblablement à l'émotion qui étreignait le jeune Rué, que l'on voyait toutes les 5 minutes se prendre la tête à deux mains de désespoir pour avoir fait avorter une attaque.

Yansane, lui non plus, de parvenait pas à retrouver le rythme perdu depuis des mois du championnat professionnel.

Alors que Sansonetti, puis Bruneton, bien servis près du but, échouaient pour de mauvais contrôles, de la tête, puis de la poitrine, Raphaël Tellechea, le capitaine, expédiait à la 10me minute une reprise de volée remarquable qui heurtait la transversale, puis le corps de Neuville, mais qui, par miracle, ne pénétrait pas dans les cages visiteuses.

Des, à la 33me minute, après échange de balle aérien avec Yansane, Tellechea reprenait posément de volée et marquait un but remarquable de précision.

On arrivera à la pause sans que rien d'extraordinaire de se produise.

En seconde mi-temps, avec le vent en poupe, l'O.M. n'allait guère quitter le camp visiteur.

D'ailleurs, à la 52me minute, Sansonetti parvenait, au bord de la touche, à se débarrasser du coriace Bolton par une feinte magistrale, suivie d'un débordement digne de Dupuy, puis d'un centre en retrait que Milazzo, devançant Neuville, réussissait à transformer en but

Sept minutes plus tard, Rué qui, comme Yansane, avait trouvé le rythme, perçait de belle façon et tirait sur de ville. Ce dernier renvoyait et Rué semblait devoir marquer, et il était pénalisé pour faute de main.

C'était encore un tir violent de Sansonetti à côté (61me), puis un bel arrêt de Neuville sur centre tir de Yansane.

À la 72me minute, Régis Bruneton s'emparait de la balle au milieu du terrain, s'avançait, cherchait à qui la donner, puis continuait son action voyant que les Boulonnais reculaient devant lui. Il s'engagea alors avec décision et réussit à marquer le 3me but marseillais tir placé du gauche de 15 mètres.

L'O.M. aurait pu augmenter son avantage sur deux actions semblables (crochet rapide du pied gauche suivi d'un tir du droit) menées sur l'aile gauche par Rué puis Yansane, qui laissaient ainsi le public sur une bonne impression.

Louis DUPIC

L'O.M. de demain

Nez rougi, cache-col noué jusqu'aux oreilles, les supporters de l'O.M. avaient, pour Otto Gloria et pour leur équipe, les yeux de Chimène.

Du moins, au moment du coup d'envoi.

Trente-cinq minutes plus tard, les mêmes supporters se demandaient si le charme brésilien serait plus fort que le maléfice attaché au stade vélodrome, quand l'O.M. y joue.

Pour du petit football, c'était du petit football !

L'attaque marseillaise, faite de 4 joueurs, opérant en d'ordre très dispersé, se débattait, plutôt mal que bien, contre six défenseurs boulonnais.

Comme, en face, l'attaque visiteuse se démenait dans des conditions identiques, les deux gardiens, Neuville et Moreira, faisaient, tout au plus, de la figuration intelligente.

C'est alors que Tellechea, l'archange Raphaël, passa la balle à Yansane. Ce dernier, un revers de pied, prestement et adroitement donné, la renvoya à l'expéditeur. Reprise de volée du gauche... et but d'excellente facture.

Ce but réchauffa les enthousiasmes, sinon les doigts de pied, et constitua un excellent sujet de concertation pour la mi-temps.

Huit minutes après le repos, Sansonetti, l'homme de choc de l'attaque olympienne, au terme d'un sprint "slalomé" que Bozon n'eut point renié, centra exactement où il fallait : c'est-à-dire devant le pied de Milazzo.

Et ce fut elle buts non moins excellent que le premier.

Ce deuxième but, en rendant la victoire quasiment certaine, fut pour l'O.M. un extraordinaire stimulant.

Yansane retrouva ses jambes et sa verve. Rue prit enfin confiance en ses moyens... et l'on vit Bruneton et Bordere venir se mêler plus souvent à leur attaque.

Débarrassé de son complexe défensif, faisant fi d'une prudence qui nous avait paru excessive, l'équipe marseillaise se montra enfin sous un visage séduisant.

Le public ravi assista à une "Ruée sauvage" de son ailier gauche, dont la principale victime faillit être le poteau ; et Bruneton se servant de Milazzo comme pivot, marqua un très bon troisième but.

Mais avant d'en arriver à cette fin heureuse, nous avions vécu durant 53 minutes, sous la crainte d'une contre-attaque heureuse des boulonnais.

Il ressort assez clairement de cette rencontre, heureusement illuminé par trois buts d'une parfaite honnêteté, que l'O.M. ne peut pas se permettre de jouer pas même contre Boulogne.

Il lui faut tout son dynamisme, le "punch" de Sansonetti la déroutante improvisation de Yansane... et, d'une manière plus générale, la vitesse d'action de tous, pour prétendre forcer le barrage la séparant encore de la première division.

Cette rencontre aura cependant pas été inutile, dans la mesure où elle nous aura permis d'entrevoir le futur tandem demi de l'O.M.

Appelons le B. B. Si vous voulez.

Comme d'autre part, Moulon, remarquable par sa vitesse et son calme, a été sans doute, le meilleur joueur de son équipe, on voit de suite que l'O.M. ne manque pas de remplaçants de valeur.

Le jeune Rué, pour ses débuts en équipe "pro" s'est d'abord montré aussi intimider que contracté. Ce qui est parfaitement normal. En fin de partie, ayant retrouvé son habituel culot, il prouva que l'on pouvait le considérer comme un très sérieux espoir à son poste.

Yansane fit alterner le meilleur et le pire. Comme il s'agissait d'un match de rentrée, après une longue absence, nous pensons que confiance doit lui être faite.

Ses remarquables qualités offensives, son perçant naturel, méritent que soit passé sur certains défauts de facture.

On s'étendra moins sur les habituels titulaires.

Moreira fut irréprochable : Leonetti et Alauzun, trop peu sollicités pour avoir pu se distinguer ; M. Milazzo et Tellechea (un but chacun) apportèrent cette part d'expérience et de classe actuellement indispensable au bon comportement de l'équipe.

Quant à Sansonetti, ayant retrouvé la confiance de son public, il confirma son retour en forme.

Dans l'équipe de Boulogne, une équipe semblant valoir le milieu du tableau de la deuxième division, nous avons surtout remarqué le n 7 Baraffe.

Retenez ce nom, c'est celui d'un sérieux espoir du football français

Maurice FABREGUETTES

Otto GLORIA "Nous avons gagné en mal jouant "

Otto Gloria, "Monsieur chance" n'était pas particulièrement ravi après la rencontre. Le feutre baissé sur le visage vert de froid - Marseille n'était ni Rio ni Lisbonne - il nous déclara :

"Nous avons gagné, en mal jouant. Que voulez-vous de plus !

"L'équipe a manqué de vitesse et de rythme. Nous avons joué arrêté. Je ne suis content ni du temps, ni de la rencontre. Enfin cela fait toujours deux points de plus, ce qui, pour aujourd'hui, est bien l'essentiel."

M. Zaraya, en complet veston au milieu des pardessus et des imperméables, fumer la cigarette de la victoire, ce qui lui valut une amende de 500 Fr.

Même en tenue d'Adam, Milazzo, responsable de la caisse noire de l'équipe, ne plaisante pas avec la discipline.

Après s'être exécuté de bonne grâce, le président olympien dit à son d'avant-centre :

"Si vous battez le C.A.P. samedi, nous resterons à Paris jusqu'à dimanche soir."

Une tournée au "Lido" est-elle sous-entendue, avant un petit tour au parc ou le Racing jouera contre Lens ?

Nous le saurons dans quelques jours

M.F.