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Résumé Le Provencal

du 05 décembre 1976

 

POUR UNE POIGNEE DE SECONDES

 

L'O.M. magnifique de courage croyait tenir le "nul"

quand Carlos Bianchi (88')...

(D'un de nos employés spéciaux Maurice FABREGUETTES)

REIMS - Un match nul à ne pas conseiller aux cardiaques, qu'ils soient supporters de Reims ou de l'O.M.

En seconde mi-temps, alors que l'O.M. jouait presque exclusivement la défense, ce fut une grande bataille sur toutes les balles, une lutte collective à laquelle participaient tous les joueurs : Florès accomplissant un véritable marathon sur toute la superficie du terrain ; Emon dont chaque tackle valait par sa maladroite naïveté un coup franc à Reims ; Bereta jouant les justiciers et se faisant siffler de ce fait par le public ; Albaladejo écopant d'una carton jaune pour antijeu, et même et les mêlées succédant aux mêlées devant un Migeon impériale et rugissant pour mieux encourager ses hommes.

Du football de combat, bien sur, à faire hurler les puristes, mais dans cette longue course qu'est le championnat de France, ce point du match nul que l'O.M. défendit bec et ongles jusqu'à une minute de la fin aurait été une merveilleuse affaire.

Mais il y avit l'inévitable Bianchi, le chasseur de buts, toujours à l'affût, et cette fois, le poteau, après un centre de Santamaria, ne repoussa pas le ballon à la suite de son magistral coup de tête.

Bien qu'elle ait été obtenue in extremis, comme celle de l'O.M. contre Paris St-Germain, il n'y a pas si longtemps, la victoire de Reims est tout de même méritée. Elle est celle de l'équipe qui, passé le premier quart d'heure, domina presque constamment, se créa un nombre considérable d'occasions de buts, et pêcha surtout par maladresse.

Mais l'O.M., a défaut d'avoir joué un grand football, a démontré des qualités morales très au-dessus de la moyenne. Quand une équipe, sur un terrain adverse, dans des conditions défavorables, se bat de cette manière, elle mérite à tout le moins le respect. Nous n'avons pas, ce soir, le courage d'être sévère pour les Olympiens, qui firent absolument l'impossible dans la limite de leurs moyens.

L'O.M. saison 76-77, avec ou sans Alonso, n'est certes pas une très grande équipe, mais elle a le mérite d'exister, de savoir se battre, et en fin de championnat nous sommes persuadés qu'elle occupera toujours une place très honorable.

DE BERETA À MIGEON

La plus grande surprise de la première mi-temps avait été le départ de l'O.M. comme à la parade.

Une seule équipe sur le terrain : la Marseillaise jouant un match exhibition devant un adversaire médusé.

Ce fut le temps de Bereta et d'Albaladejo dirigeant les manoeuvres comme à l'entraînement.

Mais, comme à l'entraînement, cette période faste, qui dura 15 minutes, ne se traduisit par un tir dangereux de Noguès.

Puis les Rémois se reprirent et se fut le temps de Santamaria et de Migeon. Le premier rata les deux plus belles occasions de buts de cette mi-temps à s'en arracher les cheveux et le second, toujours très sûr et bien placé, allait réussir quelques arrêts ou déviations de classe. Le jeu, peut-être à cause de l'état de la pelouse, avait volé assez bas. Beaucoup de passes ratées, de part et d'autres, et d'erreurs assez grossières. C'est ainsi que Trésor, en deux occasions, une passe loupée en plein centre et une talonnade à la Alonso, ouvrait deux fois le chemin de son but à Bianchi. Mais le jeu n'est fait que d'erreurs et la tête de Marius repoussant un grand nombre de balles avait été bien utile à son équipe. Bref ! à la mi-temps, tout était encore possible.

TRÈS CHAUDE LA DEUXIÈME

MI-TEMPS

La deuxième mi-temps, comme on pouvait le prévoir, l'O.M. sur se replia pour conserver le point du match nul. Il en résulta une deuxième mi-temps très chaude, mais jouée, le plus souvent, sur les nerfs. Beaucoup de fautes, de part et d'autres, beaucoup d'irrégularités et surtout une très grande nervosité.

Les Rémois dominant, la plupart du temps, dans la proportion de 8 sur 10 environ, se créaient un très grand nombre d'occasions, mais soit par maladresse, soit par excès de précipitation, ils ne surent en profiter.

On nota, cependant une reprise de la tête de Bianchi qui fut repoussé par le poteau et un magnifique tir du jeune junior Patrick Polaniock que Migeon arrêta avec non moins de brio.

Bref ! À mesure que passait le temps, on pouvait croire que l'O.M. allait réussir dans son entreprise.

Mais, à une minute de la fin, Bianchi eut le dernier mot, d'un coup de tête magistral.

Dans cette grande bataille que venait de soutenir l'O.M. presque jusqu'au bout, on avait pu noter la maîtrise de Trésor, l'énorme travail fourni par Florès, Bereta et même et Emon ainsi que la sûreté de Bracci et de Baulier.

Mais, hier soir, bien qu'il y eut cinq Argentins sur le terrain, ce ne fut pas le temps du tango. Si Bianchi n'avait pas réussi l'exploit que vous savez en fin de match, les Argentins seraient passés presque complètement inaperçus au cours de cette partie ou ils représentaient plus d'un quart de l'effectif.

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Un coup de Poignard !

(D'un de nos employés spéciaux Jean FERRARA)

Impression bizarre et à la fois désagréable à la fin de ce match au cours duquel les deux équipes ont réussi le tour de force de nous faire oublier ou presque les froideurs d'une nuit de décembre.

Oui, bizarre, car il est pour le moins étonnant de voir un match aussi fertile en occasions de toutes sortes se terminer par un score de 1 à 0.

Désagréable aussi parce que l'O.M. qui tenait le point du match nul a vu toutes ses illusions s'envoler à quelques secondes du coup de sifflet final.

Le genre de défaite qui fait le plus mal aux vaincus.

On sait que les Marseillais avaient eu la mauvaise surprise d'apprendre à leur arrivée en Champagne qu'ils devraient se passer des services d'Alonso, malade. De plus, Marius Trésor ne joua plus du tout sur sa valeur en début de cette deuxième mi-temps à cause d'une malencontreuse blessure aux adducteurs. Ajouté à cela, la température plutôt frisquette, l'état de la pelouse qui n'avait qu'un lointain rapport avec ce que l'on appelle d'ordinaire un terrain de football idéal. Bref, toutes ces conditions réunies étaient loin d'être favorables à l'équipe olympienne.

Malgré ce contretemps, les Marseillais avaient, somme toute, montré un visage plaisant aux quelque 6.000 spectateurs rémois. L'entraîneur de l'équipe adverse estimait, quand nous l'avons interrogé après sa victoire que les Marseillais avaient eu le tort de ne pas prendre assez de risques. Pourtant cet O.M. -là, qui avait su faire face à toutes les situations même les plus dangereuses, avait été loin de nous décevoir. Bereta, Florès, Migeon, au sein d'un ensemble qui échappe à toutes critiques, avaient même prouvé, les uns et les autres, qu'ils étaient de taille à poursuivre sur leur lancée une bonne série sans défaites.

Hélas, ce sacré Bianchi, qu'il faut décidément surveiller comme le lait sur le feu, arriva à point pour réduire à néant toutes les illusions marseillaises. Son coup de tête à la 88e minute est arrivé en fait comme un véritable coup de poignard. Les Olympiens étaient certes déçus mais nous pensons néanmoins qu'ils n'ont pas à rougir de s'être inclinés, hier soir, par le minimum.

Pour notre part, nous les avons trouvés beaucoup moins emprunté que lors de leurs dernières rencontres. C'est déjà un progrès.

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Les réponses aux questions que vous vous posez

La présence d'Alonso aurait-elle changé la physionomie de la rencontre ?

Bien difficile à dire, même si les absents en football ont toujours raison quand leur équipe perd. Cependant, si l'on se base sur ce que nous a montré le jeune Argentin depuis qu'il est à Marseille, il ne semble pas que le genre de match auquel nous avons assisté aurait pu lui convenir.

Dans cette grande bagarre qui fut surtout la seconde mi-temps, il n'y avait pas place pour la fantaisie et le brio gratuit. Cependant comme on ne sait jamais comment les choses se seraient passées quand on ne les a pas vues, il faut mieux éviter de conclure. En espérant qu'Alonso sera guéri et pourra jouer dimanche prochain au stade vélodrome contre brillante équipe niçoise.

Que peut-on penser de Florès après ce match ?

Rien que du bien. H. Florès passe pour ne pas être un véritable avant-centre. Lui-même préférerait jouer sous le maillot 10. Or, ses entraîneurs et ses dirigeants pensent qu'il est encore un peu léger pour occuper ce poste.

Hier soir, il a démontré qu'il avait de grandes qualités foncières car il fut certainement de tous les Olympiens celui qui parcourut le plus de terrain. Il joua constamment en soutien de son attaque et la plupart du temps fort bien, réussissant ses déviations et ses passes, il se montra très utile et fut même relativement brillant pendant la première période de la partie, laquelle, rappelons-le, vit l'O.M. dominer.

Ce match donc est très encourageant pour ce qui concerne la future carrière du grand espoir de Mazargues.

Comment pourrais se définir cette rencontre ?

Nous la définirons en une seule phrase : petit jeu, mais grand coeur. Exception faite du premier quart d'heure, au cours duquel il fut étonnamment souverain, l'O.M. s'est un peu perdu pendant le reste de la rencontre.

Acharné à défendre le point du match nul, il perdit le sens du jeu, se contentant, la plupart du temps, de repousser le ballon.

On a donc pu noter de grandes qualités morales dans cette équipe mais les qualités de football ne se sont manifestées vraiment que durant le premier quart d'heure.

C'est sans doute pourquoi l'entraîneur José Arribas, spécialité et amoureux du beau jeu, mais baissait un peu la tête la partie terminée.

Le claquage de Trésor n'explique pas tout. L'O.M. hier soir, c'est magnifiquement battu, c'est certain, mais l'on peut croire que dans sa composition actuelle seul le bon football peut lui réussir.

Le match nul qu'il aurait pu obtenir hier soir, avec, répétons-le énormément de chance aurait masqué la réalité.

Cette saison l'O.M. ne peut espérer que dans un jeu collectif et groupé.

La bagarre a failli lui réussir, hier soir, mais, à notre avis, c'est l'exception qui confirme la règle.

M.F.

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Choeur des Olympiens

"Une très grosse déception"

Il est inutile de préciser quelle ambiance nous avons trouvée à notre arrivée dans les vestiaires marseillais. Pour ne rien vous cacher, il a fallu pas mal de minute avant que nous puissions récolter les habituelles impressions d'après match.

"Pourtant, disait le président Meric, on c'est bien battu ce soir. Marius était blessé, et puis nous avons perdu Alonso avant la rencontre. Malgré ces ennuis de toutes sortes, les joueurs m'avaient donné longtemps l'impression qu'il pouvait enlever au moins le bénéfice du match nul. Hélas, le sort ne l'a pas voulu. Nous aussi, nous avions battu Paris Saint-Germain à la toute dernière minute. Les Rémois nous ont en quelque sorte rendue la pareille. Mais croyez-le bien, c'est dur à digérer".

José Arribas, lui non plus, n'avait guère envie de sourire.

"Et dire qu'il ne restait pratiquement rien à jouer, déclarer l'entraîneur. Je dois signaler cependant que rien, ce soir, ne convenait à l'O.M., pas plus la température que le terrain, et encore moins la blessure de Marius Trésor, qui, incontestablement, fut un lourd handicap pour ses camarades. Mais enfin, s'incliner de la sorte, alors que nous croyions tous ramener un point à Marseille, avouez qu'il y a de quoi être déçus".

Nous avons ensuite demandé l'opinion du capitaine Migeon :

"Nous savions, en arrivant à Reims, que cette partie ne serait pas facile, mais tous, en nous serrant les coudes, nous avions fait ce qu'il fallait pour tenir notre adversaire en échec. Les Rémois ont eu des occasions et moi-même, je le reconnais, j'ai été beaucoup plus à l'ouvrage que Laudu. Mais il ne faut pas oublier que l'O.M. jouait à l'extérieur, et en somme il était tout à fait normal qu'il n'ait pas complètement pris la direction des opérations. Cependant, j'estime que notre équipe méritait tout autant que son adversaire de prendre un point au terme de ce match. Le destin en a décidé autrement. Pour moi, comme pour tous les camarades, c'est une très grande déception".

Marius Trésor nous a confirmé ensuite qu'il avait énormément souffert au cours de la deuxième mi-temps. Quant à nous commenter ce match et ses conséquences, il ne trouva pas les mots nécessaires. C'est la preuve qu'il était lui aussi sous le coup d'une intense émotion.

Albert Emon, au bord de la crise de nerfs, n'a pas voulu, lui non plus, nous faire de longues confidences, quant à Bereta, il essaya de remonter un peu le moral de l'ensemble en nous déclarant :

"Que voulez-vous, c'est le football ; nous avons pourtant cravaché ferme pendant toute cette rencontre, mais en définitive nous sommes mal payés de nos efforts. Nous nous nous étions tous aperçus que Trésor était blessé, et cela avait renforcé notre détermination. Hélas, nous n'avons pas pu tenir jusqu'au bout. C'est dommage".

J.F

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D'Armenia : "Les Marseillais

n'ont pas assez osé"

Dans le camp rémois, l'atmosphère, bien entendu, différait sensiblement avec celle des vestiaires marseillais, les uns et les autres sablaient le champagne en savourant le bonheur de la victoire. D'Arménia, que nous avons trouvé sous la douche, ne fut pourtant pas tout à fait tendre pour l'adversaire battu.

"J'estime, nous dit-il, que les Marseillais n'ont pas assez osé au cours de cette rencontre. Tout autant que nous, ils avaient les moyens de remporter ce match. Mais ils se sont contentés de trop peu et finalement, Bianchi, en ouvrant la marque à quelques minutes de la fin, a, je crois, sauvé la morale sportive. L'O.M. restait sur une série de trois victoires, de plus quand on possède des individualités et ses moyens, en essaye de forcer coûte que coûte le résultat. Ce n'est pas tout à fait ce qu'on fait les Marseillais. Dans de telles conditions, je crois que notre victoire, aussi courte, soit-elle, ne souffre d'aucune discussion. Le plus volontaire a gagné".

J.F

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Alonso hospitalisé à Marseille

Coup de théâtre hier, pour l'O.M., à son arrivée à Reims. Norberto Alonso souffrait en effet d'une forte fièvre. Aussitôt les dirigeants ont fait appel à un médecin local.

Par chance, il se tenait dans la cité rémoise un séminaire de chirurgie auquel assistait le professeur Legrè, qui s'était souventes fois occupé des blessés olympiens. Le professeur arriva au chevet du malade, et voilà à peu près qu'elle fut son diagnostic, sous la forme d'un communiqué.

Alonso souffre de réaction inflammatoire de la face antérieure du tibia droit, avec réaction ganglionnaire de l'aine, en relation avec une ostéite du tibia.

En fait, il s'agit d'une ancienne blessure qui avait déjà empêché l'Argentin de tenir sa place de titulaire. À croire qu'elle n'était pas encore tout à fait guérie.

Quoi qu'il en soit, dans la nuit, dès que la délégation olympienne est arrivée à Marseille, Norberto Alonso a été hospitalisé dans une clinique, ou on lui fera un bilan biologique avec traitement aux antibiotiques.

J.F.

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