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Résumé Le Provencal

du 19 janvier 1953

 

L'O.M. flambe dans le premier quart d'heure

mais Besançon résiste et gagne au cours de la prolongation (2-1)

(De notre envoyé spécial : Jean PEYRACHE)

GRENOBLE. - Il faisait froid au stade municipal de Grenoble, lorsque Skyba mit en jeu, et la pelouse enneigée, au traçage très net, laissait espérer qu'elle ne deviendrait pas un bourbier trop gluant, parce que la couche immaculée qu'il recouvrait n'était pas des plus épaisses.

Les équipes s'alignaient comme indiqué par ailleurs, sous les ordres de M. Bermes.

Deux minutes ne s'étaient pas écoulées que sur un long tir plongeant d'Hoffmann, Morand bloquait calmement et inspirait à son équipe une confiance que sa qualité de remplaçant pouvait permettre de discuter.

La réplique ne se faisait pas attendre, et Andersson, puis Mesas, trouvaient Angel sur le chemin, un chemin que le goal bisontin n'hésitait pas à barrer de son propre corps sur la deuxième poussée offensive.

Au 10me et 18me minutes l'O.M. obtenait ces deux premiers corner, mais Dard ne sut pas en tirer profit.

Sur le troisième coup de pied de coin que Mesas obtint à la 20me minute, Dard tira sur Alarcon et Angel repoussa du poing, comme il avait aussi détourné en corner (le quatrième), un nouveau shoot d'Alarcon.

En 25 minutes, l'O.M. avait démontré une incontestable supériorité territoriale, que la présence d'esprit ou, si l'on préfère, les prompts réflexes du portier doubiste, avaient réduit à néant.

La défense olympienne

Comme il arrive souvent en pareil cas, l'attaque bizontine repris du poil de la bête, et la défense olympienne dut faire face la demi-heure franchie, à quelques offensives du quintette emmené par Skyba, et animé par Hoffmann.

Besançon ouvre le score...

À la 43me minute, Salem concède un corner que Jacques tirait sur le paquet de joueurs massés devant Morand, Ross héritait du cuir et ouvrait le score.

... et l'O.M. égalise

Le temps de remettre en jeu et après un premier 6 mètres, le cuir courrait de Lanfranchi à Andersson, à Alarcon, encore à Andersson, et le Suédois égalisait une minute après l'exploit de Ross.

L'O.M. venait de rétablir une situation que l'on croyait compromise après les exploits d'Angel et de refaire le terrain perdu, alors que Besançon pensait avoir retourné la face du match.

À la mi-temps, le score était donc de 1 but à 1.

Frissons pour l'O.M.

Dès la remise en jeu, sur demi-loupé de Gransart, Ross, l'ailier droit bisontin, envoya le ballon dans le décor des Alpes dauphinoises qui surplombent le stade.

Au quart d'heure de reprise, Besançon obtenait son quatrième corner, après qu'Koffman, puis Milani, eussent obligé Morand à bloquer deux tirs lointains, mais appuyés et bien ajustés.

Le match se stabilisait alors, et pourtant, c'est Besançon qui poussait de plus dangereuses pointes. Sur l'une d'elles, Jacques bénéficia d'un coup franc à la limite pour charge irrégulière de Nocentini. Une fois encore, la défense olympienne renvoya pour donner à Georges Dard l'occasion d'un départ digne de ses 20 ans... d'où la conclusion fut absente.

Georges, pourtant, ne débordait pas et manquait d'aggraver la marque sur corner que Schleider repoussait de la tête, alors qu'Angel avait plongé.

Il était dit que dans les la froide ambiance du stade municipal de Grenoble, nous allons assister aux 30 minutes supplémentaires.

Le but victorieux

La prolongation allait débuter par un coup de théâtre. Dès la 93me minute en effet, Salem était aux prises avec Ross. Il obtenait un corner.

Tiré par Jacques, le corner fut transformé en but par le même Ross et le tableau indiqua 2 à 1 en faveur de Besançon.

L'O.M. repartait, obtenait un corner concédé par Ben Brahim mais c'est Morand qui était obligé de plonger sur talonnage de Jacques, consécutive à un tir service d'Hoffmann.

Le dernier quart d'heure

Mesas l'inaugurait en obtenant un coup franc aux 16 mètres, que Dard tirait. Angel plongeait et repoussait sur Mercurio, dont la reprise passait nettement à côté.

Ce dernier quart d'heure allait valoir de belles émotions contradictoires, en ce sens que l'O.M. fut près d'égaliser sur tête d'Alarcon, puis d'encaisser un troisième but sur tir de... Nocentini (!!) qui frappait le montant et sortait en corner.

Le coup de sifflet final retentissait alors que, depuis quelques minutes, la résignation semblait avoir gagné le camp marseillais.

Besançon a mérité de vaincre. Il serait vain de discuter aux hommes de Paul Wartel la légitimité de leur succès. Il est certain que si Angel n'avait pas effectué trois parades sensationnelles dans le premier quart d'heure, si seulement le premier tir d'Andersson avait fait "mouche" dès le coup d'envoi, l'O.M. eut pu regagner ses pénates en vainqueur.

C'est la loi du sport, et Angel nous rappelait, après le match, notre conversation du matin, au cours de laquelle il avait mit l'accent sur la réussite de Strasbourg huit jours avant, au stade de La Meinau.

Avec Angel, l'homme qui, en quelque sorte, provoqua la décision, on peut citer chez le vainqueur le trio défensif Friederich pour l'exécution stricte de la consigne qui lui était dévolu ; aider Milani à neutraliser Andersson ; Hoffmann, constructeur, bétonneur et shooteur de qualité, sans omettre Ross, l'opportuniste, auteur des deux buts de son équipe, et l'avant centre Skyba.

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L'O.M. LAISSA PASSER SA CHANCE

Nous appréhension l'incorporation à droite ou il est mal à son aise, d'Alarcon qui de plus faisait sa rentrée. On a retrouvé un Alarcon plus lourd (et c'est normal) que celui que nous avions connu, un Alarcon déshabitué aux rencontres de compétition, alors que contre Besançon, il fallait avoir la cadence, parce qu'il s'agissait de la Coupe.

Les blancs ont déçu par ce qui ne surent pas forcer le destin, devant un adversaire qui n'a rien de la grande équipe.

Scotti fut à la pointe du combat et tenta d'organiser le jeu.

Mercurio, Gransart, Lanfranchi, travaillèrent mais en artisans, plutôt qu'en joueurs qui avaient affaire à des adversaires de deuxième division, et Andersson, auteur d'un but surprise, ne parvint que très rarement à se défaire de l'emprise du tandem Frederich, Milani.

De l'avis des vainqueurs, les vaincus jouèrent bien parfois au milieu du terrain.

Ce n'était pas suffisant.

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LARMES DE JOIE et de DESESPOIR

ANGEL - "Je vous avais bien dit que le football comportait une grande partie de réussite.

"Aujourd'hui ça a gazé à tous les points de vue. Scotti et Alarcon n'ont même pas été récompensés de deux beaux coups de tête dans un seul à mon avis (celui d'Alarcon) aurait pu faire but...

FRIEDERICH. - "J'aurais voulu gagner aujourd'hui à Marseille parmi mes amis, contre une autre équipe de Division Nationale. Mais j'aurais fort à me montrer difficile, d'autant plus que M. Martel est content de moi".

HOFFMAN, le capitaine - "Nous avons souffert pendant le premier quart d'heure, et puis la réussite à couronner nos efforts, dépense que nous avons méritée de vaincre".

Paul WARTEL (entraîneur) - "Des consignes ont été strictement appliquées, et si nous avons eu un début de match difficile, notre plus grande cohésion nous a permis de mener à bien le plan établi."

Dans le camp marseillais, le son de cloche n'était pas le même, cela se conçoit, Roger Scotti, invoquait la malchance sur son coup de tête, de celui d'Alarcon qui méritait un meilleur sort.

En général, l'équipe d'Angel mettait l'accent sur le premier quart d'heure qui pouvait valoir à l'O.M. au moins un but d'avance.

Larmes de joie d'un côté, de désespoir de l'autre.

Répétant tout de même que sur la vue de l'ensemble du match il serait mal venu de dire que la victoire bisontine est uniquement due à la réussite.

 

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