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Résumé Le Provencal

du 25 septembre 1961

 

A BON RENCONTRE" après une bonne première mi-temps

L'O.M., comme Lamperti, s'effondre à la mi-combat

Laissant à TOULON une victoire méritée (2-4)

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

TOULON - Le succès populaire de ce Sporting de Toulon - Olympique de Marseille a dépassé les espérances les plus optimistes.

Le stade "Bon Rencontre", pourtant remis à neuf, s'est avéré assez nettement trop petit, pour la circonstance.

La raison nous emparait assez simple.

Pour la première fois, dans la longue histoire du sport sudiste, il nous était donné d'assister à un véritable derby Toulon - Marseille.

Qu'il s'agisse de rugby, de football... ou de n'importe quel autre sport, jamais les deux grandes cités voisines, le port commercial français numéro 1 est le premier port de guerre nationale, ne s'étaient affrontés de façon aussi directe.

Enfin un derby

La saison dernière, certes, avait eu lieu un O.M. - S.C. Toulon et sa revanche, mais dans des conditions telles que les supporters des deux camps s'en étaient désintéressés.

Rien de tel hier. Le Sporting de Toulon, invaincu sur son terrain, récent vainqueur du premier Valenciennes, affronter un O.M. auréolé du prestige attaché à la place de "co-leader".

Il n'en fallait pas plus pour remuer les foules du Var et des Bouches-du-Rhône et pour éveiller des passions qui se traduisirent par ce qu'il est convenu d'appeler une ambiance délirante.

Un match de coupe

Les joueurs ne pouvant être insensibles à un tel climat doublement surchauffé, il s'en suivit une rencontre disputée sur un rythme et avec un acharnement dignes de la Coupe de France.

Nous ne ferons pas le compte des accrochages, des coûts fourrés..., ni des mauvaises manières dans ce gratifièrent les 22 exécutants sous l'oeil de M. Becret.

On n'ira pas jusqu'à parler de corrida. Il n'y eut pas de mise à mort, mais à certains moments on frisa la bagarre générale ou l'incident grave.

Que dans de pareilles conditions, il nous ait été donné d'assister à une partie somme toute divertissante et marquée, jusqu'au k.o. de l'O.M., par une passionnante course-poursuite, et la preuve que les deux équipes ne manquent pas de qualités.

Quoi qu'on ait pu en dire, surtout dans le camp marseillais, après la rencontre.

Quand l'O.M. menait le jeu

Cette dernière peut se résumer assez facilement.

Toulon frappe le premier, puis comme satisfait de ce mince avantage se replia massivement.

On vit alors le meilleur O.M. Kominek, Milazzo et Lefevre menant la danse, l'équipe marseillaise parut supérieure à sa rivale. Elle le prouva, d'ailleurs, en marquant deux excellents buts. Le second étant l'oeuvre d'un Yansane étourdissant de brio. Pendant 20 bonnes minutes, tout au moins.

Le virage doit se situer à la 38e minute, quand Ben Driss ayant laissé sur place la défense marseillaise, trompa Moreira, prématurément sorti.

Le règne de Toulon

En deuxième mi-temps, changement complet de décors.

Jusqu'à un quart d'heure de la fin, il n'y eut plus qu'une équipe sur le terrain : celle de Toulon.

L'O.M. semblait avoir fondu au soleil ; tandis que les Robinet, Barthelot, Fernandez, Ben Driss et Touré se promenait littéralement au centre du terrain.

Quelle est la cause profonde de cet effondrement ? L'âge peut-être de certains olympiens qui ne purent plus suivre le rythme infernal du jeu. Rythme rendu encore plus pénible, par la dureté des chocs.

Quoi qu'il en soit, l'O.M. totalement méconnaissable, subit la loi de son rival, lui laissant finalement une indiscutable victoire.

Un Touré améliorait

Quelles furent les meilleurs joueurs de cette rencontre ?

À Toulon, on a été surpris agréablement par le jeu d'un Touré nettement amélioré. Par sa présence, son poids, sa couverture de balle et son sens du jeu, L'ex-olympien fit souvent éclater la défense marseillaise.

Chose curieuse, il fut le seul des cinq attaquants toulonnais à n'avoir pas marqué son but.

Ben Driss, s'il déconcerte parfois son public, par une désinvolture et une lenteur souvent feintes, n'en fut pas moins l'auteur de dribbles et de passes d'une haute précision.

Robinet, Barthelot et le capitaine Fernandez assurèrent une besogne écrasante au milieu du terrain. Ils furent le moteur de l'équipe.

La défense avec Corazza excellent sur les balles hautes, et un Rossi dont ce fut le jour de fête, s'impose le plus souvent sur ses adversaires.

Yansane en vedette

A l'O.M. l'unanimité se fera sur le nom de Yansane. L'inter olympien se joua fréquemment de ses rivaux et son but fut un modèle du genre.

Pendant la bonne période marseillaise, Kominek, Milazzo et Lefevre jouèrent un rôle éminent. Dommage que les deux premiers, surtout, n'aient pas pu maintenir leur effort de bout en bout.

Pavon fit un match moyen, et Sansonetti fut régulièrement barré par son ami Rossi.

La défense faite généralement des trois arrières et du gardien, plus Bruneton, ne s'est pas montrée imperméable.

Moreira, blessé à la main, a franchement raté son retour provisoire à Toulon.

Tellechea n'a ni le poids, ni la vitesse d'un arrière de combat. On le savait d'ailleurs. Knayer essaya de faire front, mais pas toujours avec succès. Bruneton se battit bien en première mi-temps, avant de sombrer dans la médiocrité générale de son équipe, en deuxième mi-temps.

Leonetti eut des hauts et des bas. Il ne mérite ni critique ni louanges.

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Six buts et six buteurs : FORZANO, MILAZZO

YANSANE, BEN DRISS, FABRE et BARTHELOT

TOULON - Une heure avant le coup d'envoi, le stade de "Bon Rencontre" ressemble au panier d'une mère de famille nombreuse revenant du marché.

On entre comme on peut, on s'assied à bonne fortune du pot.

Cette bonne fortune pouvant être un pylône, le tableau d'affichage, le toit des tribunes latérales... ou les balcons des maisons voisines.

En attendant l'arrivée des "grands", le public se fait la voix en encourageant les "petits", c'est-à-dire les juniors des deux clubs.

De ce côté, on peut être largement rassuré : les chorales sont au point.

Allez Toulon !

Et sa part au quart de tour. Dès la deuxième minute, coup franc pour Toulon. Bendriss glisse la balle à Toure qui tire ras de terre.

Le ballon rebondit sur le nez de Moreira. Ce dernier plonge alors pour récupérer son bien, mais Fabre frappe en même temps.

D'où mêlée générale, discussion entre l'arbitre et les joueurs... et admirable orchestration du public.

"Allez Toulon ! Allez Toulon !"

Un coup franc pour l'O.M., bien tiré par Lefevre est arrêté dans moins bien par Corazza, matérialise la première action offensive de l'O.M.

12e minute : Forzano marque

Jusqu'à présent le jeu a été assez équilibré, les 22 joueurs manifestants une excessive nervosité qui nuit à la qualité de la partie.

Et c'est à la 12me minute que se produit le premier fait marquant. Doublement marquant même.

Coup franc pour Toulon, à droite des buts Marseillais. Bendriss le tire en hauteur. Le ballon retombant dans le groupe des joueurs massés devant la surface de réparation, est frappé de plein fouet par Touré. Moreira ne peut que repousser vers sa droite ce qui permet à Forzano de marquer.

Toulon : 1 ; O.M. : 0.

24e : Milazzo égalise

La suite coule de source.

Toulon fort - du moins ses joueurs le croient-ils - de ce mince avantage, se replie massivement en défense.

L'O.M. par suite et tout naturellement joue l'attaque.

Déjà à la 16me minute, Corazza perdu, au centre d'un monstrueux cafouillage devant son but, est miraculeusement sauvé. On ne voit pas d'ailleurs très bien par qui, ou par quoi, du haut des tribunes.

Mais c'est à la 24e minute que l'inévitable se produit.

Sur coup franc pour l'O.M. tirait de la gauche, Kominek vise et trouve la tête de Milazzo... et c'est un but égalisateur d'une admirable pureté.

O.M. : 1 ; Toulon : 1.

32e : un exploit de Yansane

Ce but, si la passablement refroidi le public, semble avoir convaincu les joueurs toulonnais de leur erreur.

On les voit repartir à l'attaque, et le jeu y gagne en clarté.

Mais on s'aperçoit aussi, par la même occasion de la supériorité collective de l'O.M., dont les différentes lignes sont beaucoup mieux liés que celle de Toulon.

Cependant, c'est un exploit individuel qui va donner l'avantage à l'O.M.

À la 24me minute, Yansane de 22 mètres environ, double un adversaire, esquisse un pas de danse... et tire, de l'extérieur, directement dans la lucarne.

O.M. : 2 ; Toulon : 1.

38e nouvelle égalisation par Bendriss

Cet avantage ne va être que provisoire.

Après une période de jeu assez floue, la défense marseillaise, croyant sans doute au hors-jeu, laisse passer Ben Driss.

Moreira sort à la rencontre de l'inter toulonnais, mais ne peut éviter le but.

Toulon : 2 ; O.M. : 2.

Le jeu commence alors à se durcir et les accrochages à se multiplier.

Seule phase claire : une tête de Milazzo sur coup franc tiré par Kominek. Le ballon cette fois et renvoyé par le poteau droit.

Et c'est la mi-temps. On espère que les joueurs profiteront de cet intermède pour calmer leurs nerfs.

48e : un but de Fabre

Dès la reprise du jeu, Toulon se rue à l'attaque ; tandis que l'O.M. paraît fatigué.

À la 48e minute, corner pour Toulon. Il est assez mal tiré en arrière, mais Robinet dévie la balle sur Fabre. Celui-ci reprend directement du gauche et trompe Moreira.

Toulon : 3 ; l'O.M. : 2.

L'O.M. maintenant complètement débordé, laisse à Toulon la totale initiative du jeu.

Par rapport à la première mi-temps, l'équipe marseillaise et méconnaissable.

66e : à Barthelot le k.o..

Le temps de noter une superbe combinaison Ben Driss Touré, une tentative de Sansonetti... et nous voilà à la 66e minute, Toulon dominant toujours outrancièrement.

Touré, le dos tourné au but marseillais reçoit la balle, et comme à la parade, réussi une admirable déviation sur sa droite. Barthelot qui, très intelligemment a suivi l'action de son partenaire, passe aisément et marque à bout portant.

Toulon : 4 ; l'O.M. : 2.

Cette fois c'est bien fini. L'O.M. a beau se porter à nouveau à l'attaque, alors que Toulon se met à jouer à "la desesperado" c'est trop tard.

La défense toulonnaise renforcée parfois par Touré renvoi tout...

Et quand l'arbitre siffle la fin, on voit Corazza et Touré regagner les vestiaires sur les épaules de leurs partenaires.

Ce qui, pour le noir, l'ex-Olympien, homme de poids, ne va pas sans un spectaculaire effondrement.

 

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