OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 11 février 1963

 

Pauvre match à NANCY

ou l'O.M. sombre encore

(De notre envoyé spécial Marcel SERRE-SUBE)

NANCY - "Un pauvre match" : ces trois mots pourraient suffire au commentaire du match Nancy - Marseille. Et nous pourrions ajouter : "Pauvres équipes !". Si nous avons quelque hésitation à être sévère jusqu'au bout, c'est en considérant la difficulté majeure constituée par l'état du terrain. Un terrain patinoire, gras, en pleine période de dégel en surface, mais dur comme l'acier et imperméable quelques centimètres en-dessous.

Jouer sur un tel terrain était déjà bien sur tâche ingrate. Mais jouer un bon football devenait chose impossible.

Ces circonstances atténuantes mises en avant, il n'empêche que les deux adversaires du jour ont démontré une maladresse et un manque d'imagination qui semble les vouer tous deux - vainqueurs et vaincus - à la seconde division.

Un accident sous forme de penalty a donné deux points à Nancy et 0 à l'O.M. Sans cela les équipes seraient retrouvées dos à dos, incapables qu'elles étaient de marquer un but construit et cohérent.

Pauvre Moreira

On vous explique par ailleurs la genèse de ce penalty. Mais nous devons insister sur ce qui fut le tournant du match : une passe en retrait, un peu courte ne parvient pas tout à fait jusqu'à Moreira. Celui-ci (qui fut par ailleurs excellent tout le reste de la partie) veux s'en emparer avant que le bulldozer Grochulski n'intervienne. Moreira arrive à ses fins, mais l'avant-centre nancéien le heurte violemment de l'épaule. Le gardien marseillais lâche la balle et, instinctivement met les mains en avant pour écarter son adversaire.

C'est le penalty. C'est la défaite pour Marseille.

Le reste n'est que broutilles et péripéties secondaires.

Bruneton

le meilleur de tous

Bien sûr, on dira que l'O.M. a dominé en première mi-temps, que Roy et Sansonetti ont souvent affolé la défense lorraine, que Bruneton fut celui qui adressa des tirs les plus dangereux que les joueurs ne trouvaient par leur équilibre. De tout cela, il ne resta que l'histoire du penalty, le score du match et la partie perdue.

Aussi parlerons nous plus particulièrement des hommes que du jeu. Un seul joueur a fait dimanche à Nancy, un match digne d'un joueur de Première Division : Régis Bruneton. Nous avions déploré, lors de la rencontre Racing - O.M. que Bruneton soit sacrifié à une tâche strictement défensive. Contre Nancy, le blond demi-aile avait une plus grande liberté de manoeuvre, et tout en étant défensif (avec prudence), il contre attaqua maintes fois avec panache. Régis Bruneton fut le meilleur des 22 joueurs en présence.

Si le demi-aile marseillais put démontrer en quelques occasions son talent offensif, c'est sans doute aussi par le fait que l'O.M. jouait avec deux demi-centres en ligne : Moulon et Knayer, alors que Milazzo et Tellechea n'hésitaient pas à se replier.

Deux arrières

en difficulté

On peut dire qu'après Bruneton, Knayer et Moulon furent les plus satisfaisants avec l'avant-centre Roy.

Mais ne quittons pas défense avant d'accomplir un pénible devoir.

Expliquons-nous : nous souhaitions - et nous n'étions pas les seuls - la rentrée de Tassone et l'Ugolini. Or ces deux charmants garçons ont complètement manqué cette entrée. Ugolini surtout fut dépassé tout au long de la partie. Quant à Tassone, peut-être plus adroit sur la balle que son collègue, il tomba plus que quiconque et passa la moitié du match les fesses posées dans la boue.

S'il a des rhumatismes, Tassone après cette séance prolongée, sera soulagé. Mais là n'était pas, hélas ! le problème.

La citation à Roy

Mauvaise prestation donc des deux arrières. Venons-en à présent à la ligne d'avants. Nous avons déjà parlé de Milazzo et de Tellechea. Voyons le trio baptisé "fer de lance".

Ce trio joua le "tourbillon" à qui mieux - mieux sans succès, étant donné la conclusion. Sansonetti commença à l'aile droite, Roy étant avant-centre et Dogliani ailier gauche. On vit ensuite Roy ailier gauche, Dogliani avant-centre, puis Sansonetti ailier gauche, Roy ailier droit. En fin de partie c'est Tellechea qui opéra même à l'aile droite.

Ces manoeuvres, sans doute destiné à semer le trouble chez l'ennemi, semblèrent en définitive gêner davantage les Marseillais que les Nancéiens.

Nous citerons, au milieu de ce "vire-vire", Serge Roy, qui, par son obstination et son poids, fut l'avant-centre le plus satisfaisant.

Des bagarres absurdes

Disons encore, et enfin, que lorsque deux équipes aussi menacées que Nancy et Marseille se rencontre, on risque l'accident, tellement les joueurs sont contractés et nerveux. On a évité hier cet accident de justesse. Sur le terrain, quelques joueurs usèrent du poing et du pied de manière désagréable. Sur le chemin du vestiaire, d'autres coups furent échangés. Fort heureusement, les adversaires furent assez rapidement séparés, mais cela ajouta encore à l'impression pénible que nous a laissée ce match.

L'arbitre même, M. Poncin, fut "abracadabra", dans ses décisions.

Oui, vraiment, un pauvre match.

    ----------------------

Un penalty stupide

et des bagarres !

NANCY (C.P.) - Dès le coup d'envoi, Gauthier se jetant impétueusement sur une balle haute, se heurte à Roy, et doit se faire soigner pendant 10 min. sur la touche. Plus rapidement en action les Nancéiens attaquent d'entrée et sur une ouverture de Moyano, Grochluski glisse la balle hors de portée de Moreira. Mais Moulon surgit et sauve sur la ligne. Puis Gassert, prenant le premier sur Tassone, centre directement sur la tête de son coéquipier Malberda.

On ne joue pas depuis plus de huit minutes que Grochluski se voit offrir une nouvelle occasion, mais il est rattrapé au moment de shooter par Moulon.

A la 11me minute, première action d'ensemble de l'attaque marseillaise : Roy file le long de la touche et rabat face à Dogliani, sert Bruneton, en retrait. Le tir très sec du blond demi est bloqué difficilement par Ferrero, lequel deux minutes plus tard, glisse sur un shot Dogliani, mais sans dommage pour ses filets.

Modiano, qui fit un bon début de match, arrive seul devant Moreira, mais celui-ci repousse le tir de l'attaquant argentin et Ugolini dégage en corner.

Le camp des visiteurs se trouve souvent en alerte. Moyano loge au-dessus (20me minute) et Albertini sur l'extérieur des filets (22me minute).

À la suite de cette dernière phase de jeu, Bruneton, très en verve, se procure une bonne occasion, mais gêner par Brezniak, met à côté.

On note encore un centre-shot de Cassert, bien arrêté par Moreira, un tir tendu de Gauthier qui frôle le montant, un coup franc à la limite de la surface phocéenne fera "chauffer" pour l'équipe marseillaise qui, tout de même, se dégage grâce au bon travail de Roy. C'est ainsi qu'à deux minutes intervalle, Bruneton, toujours lui, place deux shots violents, auxquels il ne manque qu'un tout petit peu de précision pour faire mouche.

Alors que le repos va être sifflet, se place incident majeur et déterminant de la partie.

Sur une action peu dangereuse pour ses filets, Moreira, chargé par Grochluski, glisse et laisse échapper le ballon ; dans un réflexe désespéré, le portier saisit son adversaire à bras-le-corps. M. Poncin n'hésite pas une seconde et siffle penalty, en dépit des protestations des Marseillais qui invoquent une faute initiale de Grochluski.

Le coup de pied de pénalité se transforme sans rémission et en force par l'avant-centre de Nancy.

Si Nancy a le plus souvent dominé en premier mi-temps, il en est tout autrement par la suite. L'O.M. fait le forcing, à la 52me minute, Sansonetti décoche un tir terrible à ras de terre, mais par un réflexe ultra rapide, Ferrero plonge et détourne en corner. Une minute plus tard, Ferrero se lance dans les pieds du même Sansonetti qui depuis une demi-heure, est passé à l'aile gauche, ou il se montre plus à l'aise.

Puis nouveau tir dangereux, mais un peu trop haut de Bruneton, décidément le plus dangereux des joueurs visiteurs.

Pour ne pas être en reste avec son vis-à-vis, Moreira se distinguent, en sortant de sa surface aux dépens de Grochluski, puis en stoppant un bon tir de Blum.

Mais la fatigue aidant, les chocs d'homme à hommes se font de plus en plus pressants et l'Argentin Moyano se distingue fâcheusement par sa brutalité.

Les corners contre Nancy se multiplient et aussi les accrochages.

Le jeu est interrompu à la suite d'un échange de politesse entre Moyano et Milazzo.

La fièvre monte et l'arbitre s'avère incapable de calmer les esprits surchauffés.

Devant l'inanimité de leurs efforts, les Marseillais finissent par se décourager de ne pouvoir percer la défense lorraine, au milieu de laquelle Adamzyck fait merveille.

Et c'est au contraire sur deux contre-attaques très dangereuses, ponctuées par des shots de Gassert et de Gauthier, que se termina le match.

La rentrée aux vestiaires est assez mouvementée, les Marseillais entendant demander raison à Moyano pour ses nombreuses incorrections.

    ----------------------

ROBIN : "C'était mauvais"

Jean Robin, qui avait accompagné l'équipe marseillaise à Nancy, était catastrophé après le match. D'abord par la pauvreté de la partie, ensuite par la défaite de ce club pour lequel il a tant fait, et ensuite parce qu'il a dû séparer à la porte du vestiaire, des joueurs qui se battaient.

Le Sud-Américain Moyano s'est montré un maître en la matière. Encore sous le coup de cette triple émotion, Robin nous déclarait : "Que voulez-vous que je vous dise, c'était mauvais et puis ce terrain n'est pas jouable".

MIRO :

"LES CIRCONSTANCES..."

L'entraîneur Miro accusé aussi le terrain : "Pas possible d'appliquer une tactique déterminée dans ces conditions. Il ne fallait pas non plus parler de technique. Oui, Bruneton s'en est bien sorti, mais les circonstances ont été favorables à Nancy. C'est tout."

BRUNETON :

"DIFFICILE ET DECEVANT"

Régis Bruneton, très entouré après sa brillante partie, nous dit tristement : "Un match difficile, étant donné l'état du terrain et décevant après ce résultat. Nous être donné tout ce mal pour en arriver là..."

TELLECHEA :

"LE MAUVAIS TERRAIN N'EXCUSE PAS TOUT..."

Le capitaine Tellechea, amer, nous dit : "Le mauvais terrain n'excuse pas tout et rien ne voulait aller : manque de réussite, arbitrage incohérent, moral sapé par ce penalty. Nous sommes maudits !"

UGOLINI :

"CIRCONSTANCES ATTENUANTES"

Ugolini sentait très profondément l'échec de son équipe est le sien propre : "Oui, je sais que j'ai mal joué. Je ne veux pas chercher d'excuses, mais j'ai sans doute des circonstances atténuantes : six mois sans jouer une rencontre professionnelle, c'est un handicap certain... surtout dans de telles circonstances."

M. SERRE-SUBE

         

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.