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Résumé Le Provencal

du 18 février 1963

 

Marseillais et Niçois rejoueront dimanche à Toulon ou Marseille

L'O.M. surprend agréablement ses supporters

en jouant un remarquable match collectif (2-2)

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

Un quarteron de très jeunes supporters de l'O.M., venu à Lyon avec casquette, drapeaux et banderoles, a pu être fier de son équipe. Il a vu, sous un brouillard à couper au couteau en début de rencontre, et sur un terrain gorgé d'eau, les joueurs marseillais animés par cette fois qui déplace les montagnes, pousser les Aiglons niçois dans leurs derniers retranchements et finalement, obtenir un match nul qui ne les avantage pas tellement.

Une émouvante fin

de prolongation

A la 110e minute même, on put croire que le pâle soleil qui essayait de percer les brumes étaient celui d'Austerlitz.

Sur un excellent centre de retrait de Sansonetti, Milazzo reprit de plein fouet, marquant ainsi un but aussi net que classique.

L'O.M., menant alors 2 à 1, paraissait qualifié pour le prochain tour. Ses joueurs transformés en statues debout, s'embrassaient encore, quand Moulon bouscula régulièrement Lacaza.

Coup franc la limite pour Nice. Maison le tira. Giner bondit et, de la tête, égalisa pour la deuxième fois.

Tout était à refaire le coup de sifflet final de M. Faucheux laissa les deux équipes sur leurs positions.

On rejouera donc vraisemblablement dimanche à Toulon ou peut-être même à Marseille.

Nous venions d'assister à une rencontre dont le rythme et l'intérêt allèrent crescendo au fil des 120 minutes.

120 minutes qui ne parurent pas longues au public Lyonnais, long à se dégeler mais qui, finalement se passionna pour ce choc impitoyable entre 22 joueurs dont aucun ne ménagea ni sa peine ni ses jambes.

Ce fut un peu l'histoire de la boule de neige qui grossit et prend de la vitesse lors de la descente.

Le jeu avait débuté sur un rythme de tango, comme devait nous le dire plus tard Milazzo, et se termina à la cadence d'un twist endiablée.

La partie d'abord amicale en apparence, tourna assez rapidement à un bon match de championnat, pour déboucher tout d'un coup sur une véritable rencontre de Coupe de France.

Lamia sorti sur une civière

Il y eut du drame : la sortie de Lamia sur une civière à la fin de la deuxième mi-temps un faux penalty réclamé par les Niçois pour une chute de Rustichelli dans la surface de réparation au cours de la première partie de la prolongation, des accrochages, quelques coups de poings et même une bagarre dans les tribunes.

Le public pris tour à tour fait et cause pour chacune des deux équipes, il fut longtemps O.M. oémiste avant de devenir niçois quand cette dernière équipe joua sans Lamia remplacé dans la cage par Van Moll.

Précisons tout de suite que l'absence de Lamia fut de courte durée. Choqué à la nuque par le genou de Roy, il resta un long moment dans le brouillard, avant de revenir sur le terrain comme ailier gauche d'abord et gardien de but ensuite.

On peut dire que le coup qu'il reçut et son absence n'eurent aucune incidence influence sur la partie.

Milazzo et Moreira

En première mi-temps l'O.M. s'il ne domina pas, eut les plus nombreuses et les meilleures occasions de conclure.

Il marqua son premier but, dès la 12me minute. La balle semblait hésiter entre Boragno et Cornu quand Milazzo plus prompt, frappa du "pointu".

Lamia plongea, arrêta le ballon sans pouvoir cependant l'empêcher de pénétrer de plusieurs bons centimètres dans la cage.

En fin de mi-temps Nice se fit pressant et Moreira, en deux interventions magistrales, put préserver l'avance de son équipe jusqu'à la pause.

De Bourgoing égalise

Les Niçois reprirent le jeu avec la ferme intention de se racheter.

Sur corner de Bourgoing, d'un demi-tour contact à la manière des rugbymen égalisa.

Nous crûmes alors - les mêmes causes produisent les mêmes effets - que l'O.M. allait s'effondrer comme devant le Racing et Monaco.

Il n'en fut heureusement rien.

Après avoir passé sans mal un mauvais quart d'heure grâce surtout à Moreira, l'O.M. appuya souvent soudain sur la quatrième vitesse.

Ce fut alors une équipe marseillaise méconnaissable par rapport à ses dernières rencontres, l'équipe marseillaise en pleine euphorie offensive qui poussait de l'avant par Bruneton et Tellechea, devait terminer la partie réglementaire au sprint sous les hurlements de la foule.

Le festival offensif

de l'O.M.

Durant le dernier quart d'heure, l'O.M. eut une bonne dizaine d'axes d'occasions de conclure. Les Niçois acculés sur leurs buts, se détendirent alors avec les moyens du bord. Corners, dégagements en touche et plongeons fous de Lamia dont un comme nous avons déjà dit, se termina aux vestiaires à la suite d'une chute spectaculaire à trois joueurs ; Lamia lui-même, Van Moll et Roy.

L'O.M. a laissé passer durant cette période, pour des tas de raison : excès de nervosité, malchance, exploits des défenseurs niçois l'occasion de l'emporter.

Égalité durant

la prolongation

Il fallut jouer la prolongation. La première période fut extrêmement favorable aux niçois.

Moulon, Barellas et Leonetti sauvèrent des situations qui paraissaient désespérées.

Il y eut ensuite la chute de Rustichelli dans la surface de réparation sur charge Moulon, que les joueurs niçois considérèrent comme un penalty injustement refusé.

En deuxième période, l'O.M. se repris, marqua, concéda l'égalisation avant de terminer aussi "mort" que son adversaire.

L'O.M. a joue en équipe

Une telle partie jouée sur un tel rythme et sur une pelouse aussi pénible que celle du stade de Gerland suppose un engagement total de onze joueurs qui équipent de l'équipe marseillaise.

Il serait injuste, par conséquent adresser la moindre critique à quelconque de ces joueurs. C'est toute équipe qui lutta, souffrit, et finalement mérita ce beau résultat que l'on n'attendait pas.

Cependant il est de notre devoir de souligner la remarquable partie de Milazzo auteur de deux buts qui faillirent éliminer osn ancienne équipe et qui par ailleurs se comporta de façon excellente durant toute la partie.

Moreira pour sa part réussit certains arrêts qui soulevèrent le stade.

Accordant ainsi une mention par exemple au benjamin de l'équipe Barellas qui se surpassa.

Maison le meilleur niçois

Bruneton, Tellechea, Sansonetti et Roy furent également excellents.

Rial, comme le bon vin, s'améliore au fil des minutes.

Viaene fut combatif à souhait.

Moulon n'est pas loin de retrouver la grande forme et Leonetti face au meilleur attaquant niçois ne démérita pas.

À Nice le meilleur fut le petit mais combatif et avisé Maison, Rustichelli et De Bourgoing furent épisodiquement très dangereux, et Cornu confirma qu'il est l'un de nos bons arrières centraux français.

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Le match au chronomètre

5me minute : centre de Barrou en direction de Maison, Bruneton dévie en corner.

11me minute : premier tir de l'O.M. par Viane.

12me minute : un "pointu" de Milazzo de 15 à 16 mètres environ trompe Lamia qui plonge, contrôle d'abord la balle, mais ne peut l'empêcher de pénétrer, à l'intérieur de la cage :

O.M. 1 - Nice 0.

17me minute : Rustichelli marque après avoir dribblé Moreira, mais il avait été signalé et sifflé hors-jeu avant cet exploit inutile.

21me minute : tir de Viane mal repoussée par Lamia sur Roy, Cornu réussit à dégager.

26me minute : un beau tir de Milazzo.

36me minute : tir de Roi, Lamia bloque.

37me minute : Maison s'échappe sur la droite et tire très fort sur l'extérieur du filet.

39me minute : tir de très près de Barrou ; arrêt magistral de Moreira.

44me minute : tir à bout portant de Maison. Arrêt extrêmement difficile et spectaculaire de Moreira.

FESTIVAL DE L'O.M.

EN DEUXIÈME MI-TEMPS

46me minute : corner pour Nice, de Bourgoing récupère la balle au centre de la défense de l'O.M. et marque du gauche en pivotant sur l'autre pied.

O.M. 1 - Nice 1.

60me minute : tir de Rustichelli de près, Moreira sauve.

61me minute : tir de Barrou, Moreira ne peut que repousser la balle sur Barrou qui tire encore, mais à côté, alors que Moreira venait de lui plonger dans les pieds.

62me minute : combinaison Barrou - Rustichelli. Moreira plonge dans les pieds de l'ancien marseillais.

63me minute : Roy obtient un corner. Il est tiré par Viaene. Sansonetti reprend le ballon directement. Celui-ci est repoussé par cornu, en direction de Viaene, qui rate une très belle occasion de marquer.

64me minute : Maison, partit nettement hors-jeu, mais non signalé, arrive seul devant Moreira. Ce dernier lui plonge hardiment dans les jambes, évitant ainsi un but tout fait.

75me minute : tir de Viaene sur la transversale, à la suite d'une action de Rial.

77me minute : centre de Viaene, Roy reprend du plat du pied. Lamia plonge et arrête.

78me minute : centre de rial, Lamia lâche la balle. Roy se précipite. Mêlée générale. Coup franc pour Nice.

80me minute : excellente action collective de l'O.M., un contre miraculeux sauve Nice.

85me minute : Milazzo, bien placé, rate son tir.

87me minute : tir de Bruneton, une tête niçoise dévie la balle.

88me minute : Lamia, Van Mol et Roy se dispute la balle avec une telle énergie que Lamia reste étendue au sol.

Il est sorti sur une civière. Van Mol le remplace dans les buts de Nice.

90 minutes : Van Mol, gardien improvisé, arrête difficilement un tir de Roy.

La première partie de la

prolongation à Nice

92me minute : corner pour Nice. Très jolie tête de Bourgoing, Moreira plonge et bloque.

97e minute : nouveau tir de Barrou, Moulon bouscule Rustichelli dans la surface de réparation. L'ailier niçois reste étendu de sur la pelouse. L'arbitre fait signe de la main "continuez". On doit cependant arrêter le jeu pour soigner Rustichelli qui reprend la partie en boitant.

100me minute : Rustichelli, qui semble guéri, prend tout le monde de vitesse, arrive seul devant les buts, mais au dernier moment Barellas lui plonge dans les jambes et dégage en corner.

104me minute : splendide tête Giner, Moreira est battu. Leonetti reprend la tête sur la ligne sauvant ainsi son camp.

110me minute : Milazzo marque pour l'O.M.

112me minute : Giner égalise pour Nice.

118me minute : la dernière tentative du match est pour Maison.

Corners : Nice 11 - O.M. 8.

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Des nouvelles des blessés

Lamia a passé un moment très inconfortable. Emporté du terrain sur une civière, peu avant la fin de la partie réglementaire, il se réveilla dans les vestiaires en demandant à son entraîneur : "Que faisons-nous ici ?". Ce dernier lui montra alors les cinq doigts de sa main, mais le malheureux Lamia était incapable de le voir. Un médecin l'examina et constata qu'il n'avait rien de grave. Il était simplement groggy comme un boxeur. C'est d'ailleurs pourquoi il rentra sur le terrain peu après et termina la partie dans les meilleures conditions.

Quant à Rustichelli, il souffrirait d'une entorse, ce qui, d'après son entraîneur Andoire, empêcherait de disputer la revanche.

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Luis MIRO :" Nous aurions dû gagner"

"Nous aurions dû gagner, nous a dit Luis Miro après la rencontre. Les garçons ont joué avec une volonté extraordinaire, mais ils sont toujours obsédés par cette crainte de perdre qui nous a déjà coûté tant de match. En deuxième mi-temps, nous avons eu au moins dix occasions de faire décision et nous n'avons pas su en profiter.

Enfin, l'équipe a retrouvé un bon moral, la joie de jouer, et ce n'est déjà pas si mal."

Andoire : "Je ne croyais pas l'O.M. si coriace".

"Je savais que ce serait dur, nous a confié Andoire, mais pas à ce point. À vrai dire, nous revenons de loin. Ces Marseillais avaient dû manger du cheval. Ils nous ont fait vraiment souffrir. Enfin, ce n'est que partie remise".

"J'espère que la rencontre au lieu à Marseille. La Ligue ne devrait pas oublier que nous sommes des équipes professionnelles et avons besoin d'argent pour payer nos joueurs. Il est inadmissible qu'une rencontre capable de faire recette dans le sud-est soit jouée à Lyon devant un nombre de spectateurs dérisoires.

 

 

 

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