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Petit filet, par l'extérieur

OM-REIMS 15 décembre 1957 : but accordé à Gunnar Andersson, alors que le ballon, passé à côté, est rentré par un trou. Dominique Colonna, le gardien corse et rémois s'en souvient encore

Il y avait eu les filets (de guerre) troués par Manu Aznar lors de la finale de la coupe de France 1943 contre Bordeaux. Il y aura, en 1970, le ballon rentré puis ressorti par un trou lors d'un OM-Nice, mais le but sera justement accordé à Josip Skoblar. Mais il y a eu aussi le but marqué... à l'extérieur du petit filet par Gunnar Andersson lors d'un OM-Reims étonnant en décembre 1957. "Après, avec le recul, on en a bien rigolé, mais sur le moment, nous l'avions vraiment mauvaise', s'exclame joyeusement Dominique Colonna depuis son hôtel de la Restonica, en Corse. À l'époque, il était le gardien de but du grand Stade de Reims et la première victime d'une injustice criante, d'un vol tout simplement avec la complicité de l'arbitre à la vision tout aussi altérée. Il est vrai qu'on était loin d'imaginer qu'un jour la VAR pût exister...

Au moins ce match a-t-il pu procurer un plaisir fugace aux spectateurs. "Un match excitant", selon Albert Batteux. "Quel scénario ! Cecil De Mille et HG Clouzot aventurés dans ce stade en seraient restés bouche bée", écrivait le grand Lucien d'Apo dans "Le Provençal", ajouté Darry Cowl (Le Triporteur) pour le comique. Mais il est vrai qu'au soir de cette 17e journée, neuvième rencontre à domicile pour l'O.M., le public du Vélodrome n'avait vu son équipe l'emporter qu'une fois contre Nice, pour deux matches nuls et cinq défaites. Faire match nul contre le stade de Reims, futur champion, c'était pas mal...

"Le ballon était passé par l'extérieur, raconte encore Dominique Colonna. A l'époque, nous étions tous amis, alors, on ne se racontait pas l'histoire...

"Gunnar, par exemple, était un bon copain. L'O.M. a toujours été mon club de coeur, même si je n'ai jamais joué et que j'ai juste failli devenir dirigeant avec mon ami Pierre Cangioni dans les années 90. Mon idole d'enfance, c'était Jaguare Vasconcellos, le gardien brésilien des années 30.

"Avec Gunnar, que j'ai donc rencontré souvent, j'avais une très bonne relation, c'était un très gentil garçon et quel grand joueur ! La simplicité même. Mais moi, je défendais les couleurs du Stade de Reims, parfois il me narguait. Je me souviens que lors du dernier match que j'ai joué contre lui, il y avait un photographe tout près de moi et à quelques secondes de la fin, je lui ai lancé "Tu vois, aujourd'hui, Gunnar, il ne marque pas ! Trente secondes après, il en met un et l'on perd 1-0 !"

En cette mi-décembre pluvieuse, le Suédois allait donc ouvrir le score de manière cocasse ; un corner mal renvoyé par la défense rémoise, Piantoni qui ne parvient pas à dribbler Jensen, le Danois qui centrent, le ballon qui traîne dans la surface et Andersson qui frappe du gauche dans un angle réduit, au milieu d'une foule de joueurs. Le ballon finit au fond des filets. Sauf qui n'a pas prit le bon chemin...

Les images que l'on peut retrouver sur internet nous montrent plusieurs joueurs rémois en train de montrer clairement à l'arbitre qu'il y a un trou dans le petit filet et le ballon s'y est introduit. Mais voilà, M. Mourat, peut-être par souci de plaire aux Marseillais, accorde le but. Début d'une passionnante course-poursuite, avec Bliard égalisant cinq minutes plus tard, avant un but d'Érik Jensen, nouvelle égalisation de Bliard, doublé du danois à la 67e, et enfin la mère dernière égalisation de Jean Vincent à la 79e. 3-3 au final et jour de gloire pour Érik Kuld, ailier gauche danois ayant passa un an et demi à Marseille et qui n'avait marqué que trois buts en un an avant ce doublé. N'empêche, le vrai héros, c'était encore Andersson, auteur de son but le plus cocasse.

"À la fin, on s'est quand même embrassé, raconte encore Dominique Colonna. Gunnar avait un sens du but incomparable, comme Just Fontaine.

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