Résumé Le Provencal du 15 mai 1966 |
Sur leurs rives boueuses de la rivière Huveaune, les crocodiles Fiawo et Joseph ont mangé à pleines dents les hommes blancs venus de Boulogne. Ce fut un royal festin qui remplit le public d'allégresse. À la mi-temps tout était consommé, au propre et au figuré, l'O.M. menait par trois buts, exclusivement noirs, à zéro et le reste ne fut plus qu'une longue prolongation. FIAWO, puis FIAWO - JOSEPH Dès la 5me minute, Fiawo, le roi de la gadoue et du contre profitable, secoua Moine d'un tir puissant décoché de face. Le gardien boulonnais en fut-il complexé ? Peut-être car par la suite il devait jouer de façon plutôt malheureuse, pour lui et pour son équipe. Dès la 16me minute on entrait dans le vif du sujet. Sur une poussée de l'O.M., à l'origine de laquelle se trouver Sejnera, Fiawo tirait en extension et dans une position couchée. Moine était pris à contre-pied ou glissait et la balle pénétrait dans sa cage. O.M. : 1 - Boulogne : 0. Le deuxième but (20me minute) fut obtenu au pas de charge. Fiawo passait à Joseph, ce dernier d'un revers de pied rendait le ballon à son partenaire... Boum ! aussitôt. Le ballon percutant la poitrine de Moine revenait en jeu et l'ami Joseph, qui avait suivi, d'un coup de patte de félin marquait, sous un angle assez ferme. O.M. : 2 - Boulogne : 0. Les deux oreilles et la queue comme on le dit à Nîmes. FIAWO marque - SCHULTZ réclame La partie était à peine lancée et Boulogne déjà distancé. Le tout fortement orchestré par la foule, en s'en doute. Le plus curieux est que Boulogne jouait très bien, en dépit des hésitations de sa défense et des erreurs de son gardien. Là-dessus Viaene faillit tromper Moine d'un lob astucieux et Zimmerman, le meilleur attaquant adverse, écrasa un tir sur le poteau droit. Escale, en essayant d'intercepter ce bolide, reçu le ballon dans le dos et c'est tout juste s'il ne se marqua pas un "auto-but" (30me minute). Le corner qui en résultat, à peine tiré, Fiawo partit balle au pied et après être passé en plein coeur de la défense de Boulogne, marqua un troisième but, en dépit d'une sortie trop molle de Moine. O.M. : 3 - Boulogne : 0. Mais l'arbitre de touche ayant vu Joseph hors-jeu de position avait levé son drapeau et continuait à l'agiter. |
Incident, discussion, huées... le tout n'ayant aucune influence sur l'arbitre principal qui désavouant son collaborateur avait accordé le but. Schultz, capitaine boulonnais, en profita pour déposer une réclamation dans les règles. C'était son droit, encore que sa réclamation n'ait aucune chance d'être prise en considération, l'arbitre principal étant le seul maître à bord. JOSEPH et BURON La deuxième mi-temps quoi que discutée avec beaucoup de conviction et parfois même une certaine hargne ne valut pas la première, pour une raison évidente : la décision paraissait faite. À la 63me minute, Fiawo centra est la tête de Joseph plus prompt que le poing de Moine fit la décision. O.M. : 4 - Boulogne : 0. À peine venait-on de ré-engager que Fiawo lançait Buron. Seul devant Moine l'ailier gauche ex-normand trompa l'infortuné gardien de Boulogne, faisant résonner ainsi la première note blanche de ce festival noir (64me minute). O.M. : 5 - Boulogne : 0. Passons sur quelques accrochages Schultz - Gauthier ou Sejnera, Sapela - Gauthier et Schultz - Tassone qui ne nous apprirent rien que nous ne savions déjà. SCHULTZ et VIAENE Et c'est alors que le grand Ernie Schultz tint tout en tout de même à se manifester. Sur un corner tiré par Dos Santos, il catapulta le ballon, d'un admirable coup de tête dans la cage d'Escale. O.M. : 5 - Boulogne : 1. Allait-on en rester-la ? Non ! À la 89me minute, Viaene eut le mot, ou plutôt le tir, de la fin. Sur coup franc il logea la balle dans la lucarne, trompant Moine, cette fois, imparablement. O.M. : 6 - Boulogne : 1. Et maintenant rendez-vous à Limoges. Maurice FABREGUETTES
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A marquer d'une pierre blanche ! |
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Les matches se suivent et ne se ressemblent pas ! Par quel coup de baguette magique l'O.M. vaillant mais inefficace, battu à Mayol, avait-il pu se métamorphoser en cette formation irrésistible ? Mystère... En pourrait être tenté de penser qu'il en fut aussi en raison de la faiblesse de l'opposition... même pas... Boulogne est une équipe valable, qui joua à l'Huveaune un assez bon match, et possède quelques très honnêtes joueurs. Si Boulogne s'inclina aussi nettement, c'est parce que sa défense, au centre, subit inexorablement la loi du tandem noir marseillais : Fiawoo - Joseph et aussi parce que son gardien, Moine, d'ordinaire excellent, ne fut pas très heureux, pour ne pas dire très malheureux. Cela, on le sait arrive aux meilleurs. Il pleuvait depuis des heures, le terrain était un bourbier et la balle une chose glissante et difficile à prendre. Escale en sait quelque chose, qui laissa filer dans sa cage celle propulsée par la tête de Schultz... et qui n'était pas un boulet de canon ! Donc, n'accablons pas Moine, et chantons les louanges de Fiawoo et de son compère Joseph. Les deux Noirs forment un tandem d'avant-centre qui n'est peut-être pas parfait mais qui est capable de poser un problème à n'importe quelle défense. Raspotnik, élément de valeur, se mit devant eux à accumuler les erreurs et le solide Bolton plia au fil des minutes devant les deux Noirs, aussi à l'aise dans la boue que des canards dans une mare. Nous n'enlèverons rien aux mérites certains de leurs camarades en écrivant que le résultat aurait pu être inversé en inversant les deux tandems d'avants-centres. Schultz et Amara ne sont pourtant pas les premiers venus. Mais ils ne possèdent plus, et n'ont peut-être jamais possédé, la terrible santé qui permet à ces deux démons d'avoir physiquement toujours quelque chose de plus que leurs plus solides adversaires. |
Sur le plan technique, Fiawoo réussit d'excellentes choses. Il garde la balle de mieux en mieux, résiste aux charges les plus violentes, trébuche, paraît la perdre, mais ne la perd pas. Joseph a amélioré ses contrôles. Son jeu de tête doit être l'un des meilleurs de France dans le domaine offensive. En dehors de cela, nous avons eu de bonnes actions de Brotons, Buron ou Viaene. La défense, Tassone et Hodoul en tête, a tenu en respect des attaquants nordistes de valeur. Bérange a bouclé le jeune buteur Dos Santos... sans le malmené ! C'est donc sans beaucoup de conviction ni de force que nous "accuserons" Gauthier (le premier désolé de cela) d'avoir raté trop de passe : Sejnera d'avoir trop vite perdu son sang-froid et Escale d'avoir fait preuve d'excès de confiance sur le coup de tête victorieux de Schultz. Dans ces ratés et ces chocs trop violents, l'état du terrain était sans doute pour quelque chose. Ils ne peuvent assombrir un bilan tout à fait positif. Dans l'équipe boulonnaise, nous avons surtout remarqué la sûreté des deux arrières latéraux : Kula, que nous connaissions déjà, et Bougrioux, qui est un réel espoir. Schultz, qui relevait de blessure, joua par à-coups, et son action ne put être déterminante. Il ne fut en outre pas ménagé par Sejnera et Gauthier. C'est le moins qu'on puisse dire et à ce petit jeu les attaquants ont rarement l'avantage. En somme, une journée à marquer d'une pierre blanche... par la grâce de deux magnifiques athlètes noirs ! Louis DUPIC |
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Mario Zatelli : "Ca vaut un point de plus !" Enfin un peu décontracté, heureux de la victoire, mais aussi de son ampleur, Mario Zatelli, nous dit : "Boulogne est pourtant une équipe très valable. Ce qui me plaît, dans cette affaire, c'est que, au point où nous en sommes, six buts ca vont presque un point de plus". Le capitaine Gauthier regrettait d'avoir raté trop de passes : "Quand c'est un match qu'il faut gagner, c'est toujours plus dur. J'étais très nerveux et très contracté de peur de mal faire. Après, ça allait mieux !" Quant à Escale, il déplorait : "J'étais tellement sûr d'avoir cette balle que j'ai voulu la prendre au lieu de la boxer comme j'aurais dû. "Il a encore fallu que je fasse une bêtise !" Quant aux deux Noirs, ils ne disaient pas grand-chose. Qu'auraient-ils pu dire ? Tout le monde avait vu et apprécié ! ------------- CHEUVA : "Nous n'avons pas eu de chance" Le calme entraîneur de Boulogne, assez déçu, on le comprend nous a dit : "Nous avons été malheureux au possible. Nous ne discutons pas la victoire de l'O.M., mais la chance n'était pas de notre côté !" Érnie Schultz lui, a déclaré : "Non, je ne suis pas énervé, mais j'ai déjà été grièvement blessé par Gauthier. Ca ça ne s'oublie pas !" |
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