Résumé Le Provencal

du 20 décembre 1965

Victoire très heureuse

Pour dès tas de raison la plupart d'ordre psychologique, l'O.M. était hier, sur le stade de l'Huveaune, une équipe facile à battre.

Mais la Bonne Mère qui, à Marseille, symbolise la chance la plus insolente, n'a pas voulu accorder à Saint-Raphaël une victoire pourtant méritée.

La chance pour la part paraître étonnante aux milliers de supporters du club marseillais - il n'y en avait que 1.700 autour du terrain - n'ayant pas assisté à la rencontre. Elle est cependant le relief exact de ce que nous avons vu pendant 90 minutes durant.

En première mi-temps, jouant de façon très agréable et faisant circuler le ballon mieux que leurs adversaires professionnels, les amateurs du stade Raphaelois, de l'ex glorieux Stade Rouge, se créèrent quatre occasions fort nettes de but, contre une seule à leur adversaire.

Gianesello, plus particulièrement, fut à la fois le héros et le grand malchanceux de cette première période.

En début de match, ayant pris de vitesse toute la défense marseillaise, il tira à côté, on se demande encore comment, alors que le but paraissait inévitable.

À la fin de cette mi-temps, il fit mieux encore. Ayant dribblé non seulement deux arrières marseillais, mais aussi Escale, il réussit la rare performance de glisser le ballon à droite de la cage.

Pendant ce temps, un seul tir d'Asinari renvoyé par le poteau et ricochant ensuite sur la tête de Querol avait matérialisé les offensives marseillaises.

Au commencement de la deuxième mi-temps, Saint-Raphaël allait, trois fois encore, laisser échapper à sa chance.

50me : un tir sur le poteau de Balestracci suivi d'un cafouillage homérique devant le but de l'O.M.

56me : Gianesello arrivait seul devant Escale échoue in extremis, le gardien marseillais lui ayant plongé dans les jambes.

59me : nouvelle offensive percutante des Raphaelois terminée par un excellent tir de Gianesello arrêté par Escale.

Quant on rate autant d'occasions de buts, on ne peut pas gagner.

Aussi n'est-il pas étonnant, la fatigue aidant, que la défense Raphaeloise ait fini par céder aux 80e et 86e minute, le second but étend d'ailleurs la conséquence du premier.

Nos plus sincères félicitations à cette sympathique et brillante équipe Raphaeloise qui, hier à failli causer la plus grande surprise de la journée.

Tous les joueurs méritent d'être cités, non seulement par leur allant, mais aussi par leur style.

Dans le domaine du football - l'art de frapper et de manier le ballon avec les pieds - les Raphaelois ne furent jamais inférieurs à leur adversaire.

C'est le plus bel hommage que nous puissions leur rendre.

Nos préférences iront à Gianesello, Martin, Constantin, Pons et toute la défense.

Mieux vaut atteindre de meilleures occasions pour écrire longuement sur le compte de l'O.M.

L'excès de confiance, sans doute et conséquence, aussi, d'une pelouse handicapant l'équipe supposée la plus technique.

Mention à Escale et à Brotons et c'est tout.

Maurice FABREGUETTES

Dans le vestiaire des Marseillais les joueurs étaient heureux d'avoir franchi un cap difficile.

Le président, le docteur Luciani nous a dit : "Contre des amateurs qui en veulent, c'est toujours difficile ! St Raphaël avait marqué au début de la rencontre, on se serait plus appliqué !"

Gauthier qui faisait fonction de capitaine - entraîneur en raison de l'absence de Zatelli, parti pour Rennes, a admis : "Au début, ce fut dur, Saint-Raphaël en volonté en voulait terriblement mais quand nous avons marqué, le onze varois s'est dégonflé. Mais si les amateurs avaient scoré en première mi-temps, nous aurions eu encore plus de difficultés à nous imposer."

Brotons constatait : "Il faut toujours se méfier des amateurs ! Je me souviens que lorsque je jouais avec Rennes, nous avions été éliminés au premier tour par Montargis ! Saint-Raphaël était farouchement décidé à causer une surprise".

Asinari soupirait : "Je suis très fatigué, je n'arrive pas à comprendre les raisons de la résistance raphaeloise, avec les amateurs olympiens, en championnat, nous les avions battus plus nettement par 4 à 2 !"

GIANESELLO : "L'O.M. a eu une chance extraordinaire"

Dans les rangs Raphaëlois, après la défaite, chacun exprimait une légitime rancoeur.

L'un des entraîneurs, M. Bruno nous a dit : "En deuxième mi-temps l'O.M. n'a pas affiché une condition physique supérieure à la nôtre, mais nous avons eu tort de jouer en l'air, alors qu'il aurait fallu conserver la balle à terre".

Le second entraîneur M. Charlot nous a conté : "Nous ne sommes pas satisfaits du résultat final mais nous sommes très contents de nos gars, ils ont fait le maximum. Dans l'ensemble, nous avons mieux joué que les marseillais !"

Constantin soupirait : "Cet Escale, il est "pourri", j'ai rarement vu un goal avoir autant de veines".

Gianesello constatait : "Les Marseillais ont eu une chance extraordinaire. Si nous aussi nous en avions eu un peu, le résultat aurait été inversé".

Martin remarquait : "En première mi-temps nous avons eu quatre ou cinq occasions. Au début de la deuxième mi-temps cela a recommencé. Mais voilà, ce n'était pas suffisant".