Résumé Le Provencal du 21 novembre 1966 |
L'O.M., battu à Rennes 2 à 1 DOMERGUE : Il faut que ca change ( Reportage de votre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES) |
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RENNES - Si Robert Domergue, au lieu de prendre le train de 18 heures avec son équipe avait pris le stylo bille à notre place, nos lecteurs auraient certainement été surpris par le ton de l'article. La rencontre terminée, l'entraîneur marseillais fit le procès de ses joueurs, à la manière d'un procureur animé par le vif désir d'expédier le présumé coupable sous le couperet. D'un sévère réquisitoire Fiawoo, dans son coin, la tête baissée sur, ses jambes encore nues, cherchait visiblement un trou pour se terrer. "Il y en a chez nous qui se prennent pour de grandes vedettes parce qu'ils ont marqué quelques petits buts heureux. Frank, le jour où tu as marqué trois buts contre Nîmes, ce fut une très grande catastrophe. À quoi sert-il de faire tomber des joueurs de l'arrière si tu ne les vois pas. Si jouant seul, tu étais assez fort pour dribbler vingt-cinq adversaires et marquer, je te dirai : bravo, continue ! Mais ce n'est pas le cas. Tu as des partenaires et tu joues comme s'ils n'existaient pas. Il faut que ça change !" Et Robert Domergue, en passant du particulier au général, de poursuivre : "Je commence en avoir assez. C'est comme si je prêchais dans le désert. Je me donne un mal fou et sur le terrain, je vois des joueurs se comporter comme s'ils jouaient ensemble pour la première fois de leur vie. Nous ne gagnerons jamais un match tant que nous ne jouerons pas collectivement. Chacun fit son petit numéro sans penser à ses voisins, et je trouve surprenant que ses joueurs "pros" n'arrivent pas à assurer régulièrement une passe à 2 m 50. Vous commencez à me faire du tort, etc... etc..." La parole à la défense Après un tel réquisitoire, il ne nous reste plus qu'à rentrer dans la peau de l'avocat de la défense. Pour notre part nous ne trouvons pas que l'O.M. ait plus mal joué qu'il ne le fit habituellement. Hier contre le Stade Rennais, dont l'équipe n'est pas négligeable, il nous a paru bien meilleure qu'il ne l'avait été quinze jours plus tôt à Bordeaux. Sa défaite bien que méritée, peut-être qualifiée d'honorable. Quant à Franck Fiawoo, s'il fit certes, un assez mauvais match, nous croyons excessif de lui faire porter tout le poids de sa défaite. La théorie et la réalité L'impression dans les passes, au sein de l'équipe marseillaise, n'est pas la spécialité exclusive de l'attaque. Cette imprécision part de la ligne arrière trop défensive et pas assez offensive, et elle est prolongée par le milieu de terrain ou Destrumelle, et Hodoul confondent volontiers vitesse et précipitation. En face, Rennes jouait lui aussi la défense en ligne et cela n'a pas empêché Pellegrini de prendre au milieu du terrain le risque d'un dribble, d'une déviation ni de garder le ballon le cas échéant. |
Le jeu de l'O.M. nous paraît être davantage une vue de l'esprit que l'exploitation rationnelle de la réalité. Robert Domergue de prêche pas dans le désert : il dispose tout simplement de joueurs assez peu faits pour appliquer la méthode de jeu de cette leur équipe. Ce sont des faits et on ne triche pas avec eux. A Buron le n 1 Dans une équipe marseillaise qui, somme toute, ne nous a déçus qu'à moitié, comme peut-on noter les joueurs ? Escale, a une fausse sortie près, celle qui coûta le but de Rennes, fit son bon match habituel. Les quatre arrières dont la "ligne" fonctionna beaucoup mieux qu'à Bordeaux et que contre Sedan, les meilleurs furent Tassone et Zwunka, Artelesa joua, un match simplement assez bon pour lui, et Djorkaeff était dans un de ces jours ou rien ne réussit. Au milieu du terrain, Destrumelle et Hodoul alternèrent le meilleur et le pire : une très bonne grande activité, de la présence, mais des passes pas toujours précises et rarement excellentes, exception faite de celle d'Hodoul à Buron qui fut à l'origine du but marseillais. En attaque, Buron fit la meilleure partie de cette saison. Il fut le numéro 1 de l'équipe, et pourtant son adversaire direct, Lavaud, est l'un des meilleurs arrières français. Fiawoo fut malheureux au possible et Joseph, à l'exception de deux percées, tenu en échec par le centre de la défense rennais. Quant à Fulgenzy, à l'opposé de Buron, il fit son moins bon match depuis qu'il a signé à l'O.M. Dans une équipe rennaise incomplète, on remarqua l'aisance de Pellegrini et de Rodighiero - deux bons footballeurs indiscutablement - la sûreté de Boutet, de Cardiet et de leurs partenaires de la défense, ainsi que le tranchant de Darchen. En bref, une assez bonne équipe s'appliquant à jouer collectivement si elle n'y réussit pas toujours. |
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L'OM, mené 2 à 0 à RENNES, retrouve l'espoir après un exploit de BURON |
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RENNES - Du soleil, un temps doux, une pelouse sèche, que faut-il de plus pour faire le bonheur d'une équipe marseillaise en Bretagne et au mois de novembre ? Aussi, sommes-nous pour toutes ces raisons, plutôt optimisme alors que les deux équipes pénètrent sur le terrain devant 12.000 spectateurs environ. Un changement de dernière heure à Rennes : Ascensio est remplacée numériquement par le jeune Rico. Un round d'observation Le premier quart d'heure est très gentil et très équilibré entre deux équipes jouant sensiblement de la même façon. Avantage marseillais aux hors jeux (4-2), avantage rennais aux corners (2-0). Un tir de Destrumelle, un du jeune ailier gauche Rico étaient tous deux peu dangereux. Le public apprécie assez peu la méthode de l'O.M. dans le domaine défensive, et autour de nous on crie : "Remboursez" La rencontre pourtant est agréable et correcte. 20e : LAVAUD marque Le deuxième quart d'heure va être marqué, non pas par la domination de Rennes, ce qui ne signifie rien, mais par un net avantage rennais en occasions de but. Dès la 20me minute, Lavaud, l'arrière droit, très offensive, de l'équipe bretonne, logeait la balle dans la cage désertée par Escale. Ce fut un but idiot. Sur une balle discutée entre Djorkaeff et Prigent à la limite de la surface de réparation, Escale sortit prématurément. Il se vit alors lobé par le ballon que voulait lui passer son arrière gauche. Lavaud surgit au sprint, venant nettement de l'arrière, et fit ce que vous savez. Rennes 1- O.M. 0 Et ce ne fut pas tout au cours de ce fâcheux deuxième quart d'heure. Tour à tour Darchen, Lavaud, encore lui, et Rodighiero, arrivèrent en bonne position de tir sans résultat heureusement pour l'O.M. Dans le dernier de ses trois quarts, c'est Escale qui, avec l'aide de Zwunka, sauva son but grace à une sortie cette fois très opportune. 44e : Second but pour DARCHEN Pendant le dernier quart d'heure de cette première mi-temps, l'O.M. refit surface. Buron, très actif à son aile gauche, prit deux fois l'avantage sur ses adversaires, mais ses centres furent sans effet, ses partenaires n'ayant pas suivi le mouvement. À la 40me minute, Joseph réussit l'un de ces tirs-canon, dont il a le secret, de 25 mètres environ. Le ballon vint se loger entre les bras de Robin. |
Encore une tentative en force de Joseph un peu plus tard et sur l'aile gauche. En dépit d'une énorme faute de placement du gardien Rennais, le centre de l'avant marseillais suivit un chemin parallèle au but. En s'acheminait vers la mi-temps, quand sur une rapide attaque rennaise, Rossignol mit le ballon dans la foulée de Darchen ; venu de l'arrière, le tir de ce dernier ne pardonne pas. Un beau but. Rennes 2 - O.M. 0. 62e : Le but de BURON Le premier quart d'heure de cette deuxième mi-temps ressemble comme un frère au début de la partie. Égalité presque absolue. A un tir de Prigent, bien contrôlée par Escale, correspondit une fort belle reprise de la tête de Joseph sur un coup franc donné de la gauche par Buron. On remarquait cependant que l'O.M. s'il pratiquait un peu trop en ordre dispersé, ne jouait pas battu. Allait-on assister un spectaculaire redressement de la situation ? On put le croire à la 62me minute. Une longue et bonne passe de Hodoul trouva Buron sur la gauche celui-ci se rabattit vers le centre, évita la charge de Lavaud et seul au centre de la surface de réparation trompa adroitement Robin d'un tir placé du pied droit. Renne 2 - O.M. 1. Un succès mérité Ce but aurait pu être déterminant car il fut marqué alors que les Rennais, menant 2 à 0, jouaient déjà comme si la victoire devait leur revenir de droit. Il y eut donc une période de panique surtout dans les rangs de la défense bretonne. Une équipe marseillaise capable de mieux coordonner ses efforts aurait pu en profiter. Mais, tel ne fut pas le cas. Les Rennais se reprirent rapidement et Rossignol (deux fois) et Darchen mirent en péril la défense marseillaise, et l'on se sépara sur ce résultat de 2 à 1 qui, il faut bien le dire, récompensait la meilleure équipe du moment. Maurice FABEGUETTES |
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M. LECLERC : "Je comprends Domergue, mais..." |
RENNES - Dans les vestiaires de l'O.M., après la rencontre, un seul sourire, celui de M. Leclerc qui venait de féliciter le président rennais. "Je comprends parfaitement Robert Domergue, nous a-t-il dit, mettez-vous à sa place, il se donne un mal fou pour l'instant rien ne marche comme il le voudrait. Mais, en toutes choses, il faut de la patience, les grandes équipes ne se font pas en quelques jours, et je suis persuadé que notre travail actuel finira par payer. "Au demeurant, ce ne fut pas un mauvais match, et bien que la victoire rennaise soit méritée, nous avons pu égaliser sans que cela sans que l'on cria à la justice". Jean Prouff : "Une ligne excessive" Jean Prouff, l'entraîneur rennais, savourait sa victoire, la première obtenue par son équipe à domicile, depuis 2 mois et demi. Il nous a confié avec le sourire : "Je ne crois pas que la "ligne" surtout de la façon dont elle est jouée par l'O.M., soit une tactique d'avenir. Elle est trop basée sur la défense, les arrières ne participant pas à la construction de l'attaque, je pense que Robert Domergue le sait et qu'il n'a imposé cette tactique à son équipe, que pour limiter les dégâts. |
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