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Résumé Le Provencal

du 06 février 1967

 

SKOBLAR : ESTOCADE

AVANT LES BANDERILLES

NIMES battu (1-0)

Il y avait à Jean Bouin une ambiance de feria.

Du soleil, du mistral est trop de candidats spectateurs pour le vétuste stade nîmois.

Comme nous "montions" pédibus vers Jean Bouin nous croisâmes la file "descendante" des sans billet.

Ce bon peuple était venu pour voir Skoblar le matador, en espérant que le toro nîmois l'emporterait.

La "cornade" en quelque sorte.

30 secondes : l'estocade

Le El Cordobes de Croatie n'attendis pas que les retardataires soient installés pour tenter et réussir, sa 9me estocade, depuis qu'il porte l'habit blanc de l'O.M.

Notre chrono n'avait pas encore tourné sa première minute, que Landl, le moustachu, ramassait le ballon au fond de sa cage.

Un but parfaitement anarchique et que l'on ne vit, certainement jamais inscrit à un quelconque tableau noir.

Touche pour l'O.M. Buron passe la balle à Destrumelle qui la lui rendit du front. Centre aérien de l'ex-international rouennais. Kabyle bondit et d'un magnifique "coup de boule" expédia le ballon en deçà de la surface de réparation, mais juste devant le pied gauche de Skoblar la Foudre.

Il s'en suivit une reprise directe, franche, net, qui catapulta le ballon dans le coin droit de la cage nîmoise, ras de terre.

O.M. : 1 - Nîmes : 0.

La partie était terminée

NIMES : ardeur et désordre

Les Nîmois dans la bonne volonté, l'ardeur à la lutte, le désir de vaincre, faisaient plaisir à voir, réagirent aussitôt.

L'O.M. ne se laissa pas intimider, nous devions assister alors, a 20 minutes environ de bon football.

La vérité nous obligea à ajouter que, passé ce laps de temps, la partie allait sombrer dans la confusion la plus totale.

Durant cette première mi-temps, les Nîmois devaient se battre eux-mêmes, en ratant par manque de sang-froid, toutes les occasions qu'ils se créèrent ou que les défenseurs de l'O.M. leur offrirent.

On vit Gomez, seul à deux reprises dont une avec la bénédiction de l'arbitre de touche, enterrer le ballon.

Sur centre du même Gomez, faisant suite à un travail de cape suave de Marcellin, Hatchi, nous nous demandions encore comment, mit le ballon dans les mains d'Escale.

Francisco, l'homme invisible du match, interceptant une passe hasardeuse de Zwunka à Escale, évita le plongeon du gardien nîmois et poussa trop loin son action.

Bref, les "Crocodiles" dominèrent, se battirent avec un courage digne d'éloges, mais dans le plus grand désordre.

Or, le bon football, nous ne vous l'apprendrons pas, est un sport d'ordre, de calmes et de précision.

Suivant l'expression chère aux athlètes : "il faut exploser dans la décontraction".

Émotions : Skoblar reste

au tapis

Donc, pendant que les Nîmois, à l'image de Charles Alfred ; de Kabyle, de Garnier, de Novi et de Hatchi, monopolisaient le ballon sans en faire un bon usage, Skoblar fit encore trembler les spectateurs de Jean Bouin.

À la 8me minute, profitant d'une hésitation de la défense nîmoise, il décocha de 25 mètres, du pied droit cette fois, un tir terrible.

Landl dut plonger et si reprendre à deux fois, pour éviter un nouvel affront.

Ce fut le seul et dernier exploit du goal nîmois.

Mais, en fin de partie, ce fut au tour de l'état-major et des supporters olympiens de trembler.

S'étant laissé surprendre dans un cafouillage, une mêlée ouverte à la mode du rugby, Skoblar resta au sol, comme k.o.

On le releva, en le soigna, on le porta sur la touche. Est-ce l'horrible accident ? Non, tout de même, une simple élongation d'un muscle de l'épaule.

Une deuxième mi-temps

sans joie

La deuxième mi-temps fut ce que l'on peut voir de pire dans un sur un terrain de football en 1967.

De cette très de période de jeu, Robert Domergue devait nous dire :

"Ce fut un derby".

M. Leclerc :

"Il faut reconnaître que le public a le droit de se plaindre, car le spectacle a été mauvais."

M. Gebelin, l'ex-joueur et délégué au match :

"Ce sont avec des matches pareils que l'on vide les stades. Les entraîneurs en sont les principaux responsables."

Un spectateur neutre Montpellier :

"On aurait dit Pignans - Laverone !"

Cette gerbe d'opinion nous évitera de longs commentaires.

Dison, cependant, que le grand maître du jeu fut le ballon, deux joueurs seulement se montrant capable de maîtriser épisodiquement : Skoblar et Marcellin.

Nîmes poursuivie sa domination stérile, Chillan, seul devant Escale et vraisemblablement hors jeu tira à côté.. et Landl n'eut plus un sel tir à arrêter.

Ce qui devait permettre à Marcel Rouviere de nous dire en guise de conclusion :

"Ils avaient l'épée et nous les banderilles".

Maurice FABREGUETTES

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Ils ont gagné mais...

SKOBLAR et MARCELLIN :

deux grands incompris

Nous aimerions mieux, en vérité, avoir à parler du temps qu'il faisait, de l'ambiance retrouvée du stade jambes, que de ce malheureux derby et de ses acteurs.

Il faisait beau. Une heure avant le coup d'envoi le service d'ordre avisait paternellement mais fermement ceux qui n'avaient pas leur billet à la main qu'ils n'avaient plus qu'à rentrer à la maison !

Pour gagner la tribune de presse, la plus agréable que nous connaissions, celle ou le chroniqueur est le plus proche des joueurs, nous longions les barrières contre lesquels se presser visages confiants.

Le décor était planté pour le plus passionnant des derbies. Nous n'avons eu qu'un assez affreux petit match.

Ils étaient nombreux, ceux qui attendaient Skoblar au pied du mur et, pressé de questions, nous nous trouvions un peu comme une maman amenant son gosse à l'examen d'entrée en sixième...

Nous tranquillisions les sceptiques : "Vous verrez, vous verrez, il est très fort !" Ils n'eurent pas à attendre longtemps. Moins d'une minute après le début des hostilités, le terrible Josip avait frappé ! Nous ne savions pas que ce but allait être le seul de la rencontre, de cette rencontre qui commençait si bien.

Ajoutant à son actif un très bon tir bien arrêté par Landl, un autre essai qui fila au-dessus et une percée enrayée en dehors de la surface par le gardien nîmois. Vous connaîtrez en même temps tout ce qui est du bilan offensif de l'O.M. ! Skoblar fut pendant un quart d'heure éblouissant chef d'orchestre. Puis, ses actions devinrent plus rares et moins tranchantes, en même temps que Garnier et Charles Alfred, négligeant les autres, resserraient leur surveillance.

SKOBLAR seul...

Le drame est que le Yougoslave ne trouve malheureusement de concours que chez Buron et Brotons... Joseph, alourdi, désemparé, paraît complètement déboussolé, fraîcheur d'action perdue, ou du moins égarée.

Casolari, plein d'ardeur, rapide et bagarreur, n'est pas assez précis pour pouvoir combiner avec lui.

Au bout d'un quart d'heure, à l'énergie, l'équipe nîmoise prit possession du terrain et, pour l'O.M. c'était fini de rire !

On vit alors la défense, réputée sûre sinon très élégante, se paniquer complètement en de nombreuses occasions sous les coups portant bien timides des avants nîmois.

Le régulier Jules Zwunka se rendit coupable en une heure de plus d'erreurs qu'au cours de tous les matches aller. Il y a des jours comme cela, ou rien ne va.

Artelesa, Lopez parèrent au plus pressé. Djorkaeff et Destrumelle voyaient sans cesse refluer la balle et étaient plus souvent en défense qu'en attaque.

Tassone fut le plus net des arrières marseillais et Jean-Paul Escale, heureusement parfait. Il se montra aussi bon sur les rares tirs gardois que sur les nombreuses poussées adverses. Il ne commit aucune faute et joua le meilleur match de la saison.

Malheureusement pour le spectacle, la tenue des Nîmois, exemplaire sur le plan de la volonté, de l'engagement physique était bien loin de faire oublier les carences marseillaises. Comme leurs visiteurs, les Crocodiles accumulèrent les mauvaises passes et les maladresses devant le but.

À cet égard, Gomez, Chillan et le malheureux Brésilien Francisco furent de grands coupables, et aussi l'ami Guy Hatchi, ce qui est plus surprenant.

Garnier, Rouvier, Novi se battirent courageusement, et Kabile livra un duel spectaculaire à Casolari et Skoblar.

Landl est impossible à juger pour la bonne raison qu'il n'eut pratiquement rien à faire.

Les meilleurs nîmois furent Charles Alfred, impressionnante de santé et d'autorité et Marcellin.

Nous ne comprendrons jamais comment Nîmes a pu se passer des services du populaire Charlot qui finit par décourager Skoblar et se tenir en pointe.

Marcellin souffrit de la comparaison avec le Yougoslave. Il n'en fit pas moins d'excellentes choses... dont ses camarades ne surent jamais profiter.

Ces deux grands techniciens furent aussi les grands incompris de ce derby finalement décevant.

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Robert Domergue : "Un vrai derby"

Entre les joueurs et les spectateurs, l'harmonie est rarement parfaite.

Les seconds - ce qui est bien normal - sont sensibilisés par la qualité du spectacle ; les premiers, eux, ne voient le match qu'à travers son résultat, ce qui est bien normal aussi.

Les joueurs de l'O.M. venaient de se battre avec un coeur admirable, de remporter sur le terrain de l'adversaire, devant un public hostile et des Nîmois déchaînés, une précieuse victoire et une coquette prime parfaitement méritée.

Alors, il faut bien comprendre qu'au milieu des commentaires sévères des témoins de ce match, ils manifestaient un plaisir très normal.

Robert Domergue se fit l'interprète de cet état d'esprit, lui pourtant attaché, plus que tout autre, à la qualité du jeu :

"Certes, ce ne fut pas un bon match, surtout en deuxième mi-temps, les derbies sont souvent ainsi. Quoi qu'il en soit, cette victoire à l'extérieur nous fera le plus grand bien. Mes joueurs savent se battre et l'on sait déjà que, quand l'adversaire s'y prête, savent aussi jouer.

"Alors, avant le match de Coupe contre Angers, je préfère, pour le moral, cette victoire heureuse à une glorieuse défaite".

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Marcel Rouviere : "Ah, ce sacré but !"

Dans le vestiaire nîmois, c'était plutôt de la révolte que de la consternation.

"Avant, nous n'avions pas d'occasions, se lamentait Rouvière. Aujourd'hui nous en avons mais ne savons pas en profiter. De l'autre côté, il y a une balle dans l'encadrement et cela vaut deux points !"

Charles-Alfred renchérissait : "Oui, nous n'avons pas flanché, nous avons dominé, nous n'avons pas été surclassés, nous avons eu des occasions, et voilà... Tout ce qu'on peut nous reprocher, c'est de ne pas avoir eu de réussite !"

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( Photos : Collection personnelle Norman Jardin)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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