Résumé Le Provencal du 27 février 1967 |
FANTASQUE O.M. le moins mauvais a gagné à REIMS (de notre envoyé spécial Maurice FABEGUETTES) |
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REIMS - Reims est un dimanche à marquer d'une pierre noire. Pour la première fois depuis son arrivée à Marseille, Skoblar a disputé un match de championnat sans marquer un but. La chose était inévitable, les premières séries ont toujours une fin, mais personne n'avait prévu que l'O.M. choisirait ce dimanche là pour jouer le match le plus médiocre de sa saison. Dans les couloirs du stade de Reims, la rencontre terminée, il y avait affluence d'anciens joueurs, d'anciens dirigeants et de personnalités du monde du football. Toutes ces personnes nous ont dit sans la moindre note discordante : "La moins mauvaise équipe du jour a gagné". Reims était pourtant bon à battre En fait, cette rencontre a rappelé par de nombreux points, celle de Nîmes à une seule différence près ; ce sont les Rémois qui frappèrent les premiers (4e minute) et conservèrent cet avantage jusqu'au bout. Après que Manon eut trompé Escale d'un tir de 20 mètres, le scénario se déroula comme au stade Jean Bouin, il y a un petit mois. Manifestant une très grande activité essentiellement brouillonne, les Rémois, à 4 ou 5 contre-attaques près de Marseille, imposèrent leur jeu et un O.M. méconnaissant, même pour ceux qui l'avaient déjà vu jouer sous un jour assez favorable. Pourtant les Rémois firent l'impossible pour se faire battre. Nous n'avons jamais vu une attaque depuis le début du championnat se laisser mettre aussi souvent hors-jeu que celle de Reims hier. Ce n'était plus de la naïveté, mais de la sottise, surtout de la part des deux ailiers, Wrobel et Richard, qui, sur ce match, ne serait que remplaçant dans l'équipe... d'Albi. Seul, le vieux Gori qui n'a plus ses jambes de 20 ans, réussit quelques bonnes choses, mais seul que pouvait-il faire contre Artelesa et Zwunka, attachés à ses pas et acharnés à sa perte. Donc, l'O.M. se trouva en présence d'une équipe ne semblant pas avoir les moyens de marquer un autre but, sauf tout à fait par hasard. Situation favorable, mais aucune situation n'est favorable quand on ne sait pas en profiter. L'O.M. une attaque inexistence Ne craignons pas d'appeler un chat un chat, hier, l'attaque de l'O.M. fut invisible et inexistante. Skoblar, seul en pointe ; serré de près par deux défenseurs rémois, dont l'efficace bétonneur Devaux, fit de la figuration intelligente. De lui, Raymond Kopa nous a dit après la rencontre : "Il fallait toujours avoir l'oeil averti du footballeur pour s'apercevoir qu'il avait la grande classe. Moi, je m'en suis aperçu et nos supporters certainement pas. De fait, nos voisins de tribune nous quittèrent en nous demandant d'un air ironique : "Votre Skoblar était-il sur le terrain aujourd'hui ?" |
Mais que pouvait Josip et semblant en petite forme entourée de partenaires qui déjouèrent à qui mieux mieux. Brotons sur laquelle on comptait beaucoup trop, sans doute, à cruellement déçu. Deux ou trois bonnes passes sans doute mais c'était vraiment peu en comparaison du nombre de balles dont il se fit dérober par ses adversaires, n'ayant pourtant rien de terreurs ! Buron, lui aussi, isolé à gauche ne rappelle en rien le brillant Buron d'avant sa blessure. Quant à Fulgenzy, il mit à son actif quelques bonnes petites choses qui lui permirent de sauver la mise, dans le contexte de cette médiocre partie. Il n'y eut pas que des avants, hélas au milieu du terrain Destrumelle ne fit preuve que de bonne volonté et au double fut malheureux au possible dans tous les domaines du jeu. Que lui est-il arrivé le jour de la démobilisation ? En défense, Tassone et Zwunka, eux, firent leur bon match habituel, Artelesa Djorkaeff s'étant tirés honorablement d'affaire. Faut-il reprocher à Escale le but marque par Manon ? Il y a le pour et le contre. Par la suite, le gardien olympien intervient surtout au pied très loin de sa surface de but. Bonne journée pour Joseph Et Kopa A Reims, ce sont les joueurs du milieu du terrain, Bourgeois, et à un degré moindre Manon, qui, sans doute, gagnèrent le match en imposant leur rythme de jeu à leurs adversaires. Bon match également de la défense, Devaux en tête, mais marque facile d'Armenia n'ayant eu en tout et pour tout qu'un seul tir à arrêter. Par contre fiasco total des attaquants de pointe, le jeune Wrobel paraissant dénué de classe. En définitive, les grands gagnants de la journée auront été Kopa et Joseph, deux joueurs qui pourtant ne se ressemblent guère |
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Le plus mauvais match de l'O.M. MANON auteur de l'unique but rémois |
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REIMS (par téléphone) - Un temps admirable pour le football, du soleil, une certaine chaleur et pas un pouce de vent. Par rapport au match de l'année dernière, il y a deux fois moins de spectateurs. Il vaut mieux être le premier en division deux que presque dernier en division nationale ! 4e minute : un but de Manon Nous étions à peine assis que l'O.M. comptait déjà un but de retard. C'était le match de Nîmes à l'envers. À la suite d'une attaque plus fougueuse que bien menée de Reims, le Martiniquais Manon tirait du pied gauche de 20 mètres environ. Pris à contre-pied, Escale malgré un plongeon ne pouvait qu'accompagner la balle dans sa cage. Reims, 1 - O.M. 0, à la 4me minute. Nous venons de voir le meilleur de cette première mi-temps. Pendant les 41 autres minutes, le jeu mérita davantage le qualificatif de football à la "grand-papa" que de football à la "papa". Reims domina le plus souvent, grâce à l'activité de Bourgeois et de Manon. Mais ses attaquants de pointe se laissèrent mettre hors-jeu, par naïveté, un nombre record de fois. Vous devinez sans y être les réactions du public et la densité de sifflet, hurlements et cris divers que s'attira l'arbitre de touche. Par suite, l'O.M., sa défense mise à part, joua avec une timidité désarmante et les occasions de buts peuvent se compter sur les doigts d'une seule main. Gori tira mais trop mollement pour inquiéter Escale (35me minute) et sur une passe en profondeur du même joueur Wrobel, Hodoul et Escale se télescopèrent, le gardien marseillais restant au tapis deux à trois minutes. Tout à fait en fin de mi-temps, les Rémois faillirent marquer un but à l'espagnol. Un peu à gauche, Bourgeois centra de haute volée vers la droite. Le ballon passa au-dessus de la défense de l'O.M., Richard reprit directement la foulée mais rata la cage. N'est pas très grand footballeur qui veut ! Le seul tir de l'O.M. fut l'oeuvre de Fulgenzy (19me minute), un tir sous un angle fermé que d'Arménia put repousser. Isolé au sein de la défense locale, Skoblar n'avait pratiquement pas touche une balle. |
55e minute une seul éclair de Skoblar En deuxième mi-temps, le jeu fut bien meilleur surtout pendant le premier quart d'heure. Après que Gori, servi par Bourgeois, eut raté un but apparemment facile, l'O.M. allait développer une de ses rares attaques collectives. Passe d'Hodoul à Brotons, ce dernier sert Skoblar... et premier tir du Yougoslave que d'Armenia arrête sans peine. Là-dessus Gori passe en plein centre la défense olympienne, réussit à faire un petit pont à Escale mais le ballon sort en corner. Ouf ! Nous pensâmes alors que nous venions d'assister à un tournant du match. Reims s'avérant incapable de marquer, l'O.M. allait vraisemblablement égaliser. La chose faillit se produire à la 55me minute. Sur passe de Brotons, Skoblar réussit l'un de ses tirs qui ont déjà enthousiasmé le public marseillais : un véritable éclair dans la grisaille de cette rencontre. Le ballon malheureusement pour l'O.M. passade de très peu au-dessus de la transversale. Nous ne devions plus revoir Skoblar ni même l'O.M. Après que Fulgenzy, un peu plus tard, alors qu'il venait de prendre la place de Brotons au sens de l'attaque ait tiré au-dessus, la partie tomba à nouveau dans la monotonie. Pendant les cinq dernières minutes, le jeune et athlétique Wrobel eut deux occasions dont il ne profita pas pour saler l'addition. 1 à 0 pour Reims, c'était normal. Maurice FABREGUETTES |
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R. DOMERGUE : "Rien à dire !" |
REIMS - L'entraineur olympien Robert Domergue n'était pas à prendre avec des pincettes, la rencontre terminée. À notre question traditionnelle : "Qu'en pensez-vous ?", il nous répondit : "Rien ! Vous avez vu la partie comme moi, si vous trouvez que mes joueurs sont bons vous avaient de la chance, et vous êtes certainement dans l'erreur !" Les dits joueurs, avant de passer sous la douche, baissaient la tête sous l'orage. Notons un curieux incident survenu en cours de partie : le ballon se trouvant dans le camp rémois, arbitre M. Schwinte, siffla un coup franc contre Zwunka, lequel se trouvait à l'autre extrémité du terrain en compagnie de Gori et d'Artelesa. Motif de la sanction : énervés par quelques réflexions de Gori, Zwunka avait répondu de façon trop verte pour les pudiques oreilles de M. Schwinte. |
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Robert JONQUET : "L'O.M prend des risques avec la "ligne" |
Robert Jonquet, l'ex-grand "Bob" n'était pas tellement mécontent du résultat, bien sûr, mais aussi du jeu. "L'O.M. joue comme il l'entend, nous dit-il chacun a le droit de faire ce qu'il veut sur le terrain, bien que le public ne soit pas de cet avis. Mais je pense que mon ami Robert Domergue prend des risques inutiles en défense avec sa "ligne". Avec des attaquants ayant un peu plus de sang-froid que mes jeunes, nous pouvions marquer un but ou deux de plus. Je crois que notre victoire est méritée, car nous avons dominé constamment. Cette victoire nous fait le plus grand bien car je viens d'apprendre que Monaco et Nîmes avaient gagnés eux aussi. |