Résumé Le Provencal

du 29 avril 1967

L'O.M. a nettement dominé LYON

et SKOBLAR buteurs olympiens

Soirée presque idéale pour le football en nocturne et en avril. Une certaine douceur et pas de vent. En dépit de ces conditions favorables, le public n'est pas venu qu'en nombre assez limité ; compte tenu des inévitables retardataires, on peut estimer l'influence à 10.000 personnes environ.

L'O.M. va aligner l'équipe annoncée, mais à Lyon une présence inattendue : celle du petit Di Nallo, pas encore suspendu. Son cas, en effet ne sera examiné que le 5 mai prochain.

Et c'est parti. Lyon attaque le premier, par petites passes et se montre dangereux à deux reprises par Perrin et Palka. Mais l'O.M. passées ces quelques escarmouches, prend la direction du jeu.

Dès la sixième minute, un centre de Skoblar de la gauche vers la droite lobe l'arrière gauche lyonnais Lhomme. Servi dans le des conditions presque idéales, Destrumelle contrôle le ballon, prend son temps et trompe Zevulko d'un tir croisé.

O.M. 1 - LYON 0.

Sur cette lancée, Skoblar, de la droite vers la gauche cette fois, réussit un centre modèle, mais la perfection même de cette action surprend Joseph.

La reprise lyonnaise ne tarde pas. Dès la dixième minute, le jeune et blond Palka déborde sur la droite ; son centre trouve Di NallO en pleine course. Le petit et habile international trompe la défense marseillaise en faisant un pas arrière, puis, dans le même mouvement, il loge la balle dans la lucarne d'un tir admirable du gauche. Un bien beau but.

O.M. 1 - LYON 1.

Coup sur coup, on note un coup franc parfaitement tiré par Hodoul, et non moins bien arrêté par Zevulko. Puis Palka encore lui s'envole, arrive seul devant Escale et tire de peu à côté. Nous en sommes à présent à la 20e minute.

Alors que le jeu paraissait se ralentir, un but éclair va secouer le stade. De l'extrême droite, Destrumelle centre long et haut. Le gardien lyonnais Zevulko, pourtant grand, rate complètement son dégagement du poing. On voit alors à extrémité du terrain un maillot rouge se dégager et une fulgurante reprise au bond qui fait mouche.

L'O.M. 2 - LYON 1.

C'est Casolari qui vient de marquer son premier but de la saison. Fou de joie, le brave "Caso" effectue une splendide roulade sur la pelouse.

C'est ce soir le jour des "sans-grades", qui pour une fois prennent la place des buteurs patentés, Skoblar et autres Joseph, ce qui est bien sympathique.

Après quelques départs au sprint du très rapide ailier Palka et deux ou trois feintes de Di Nallo, l'O.M. accélère la cadence. À la 35e minute, Djorkaeff, venant de l'arrière à toute vitesse, surprend toute la défense lyonnaise sur une longue balle en profondeur. Il trompe Glizinski, qui voulait prendre son temps, devant sa sortie de Zevulko et marqua son tour.

O.M. 3 - LYON 1.

C'est bien la nuit des lieutenants.

A quelques minutes de la mi-temps, Palka passe une fois de plus. A la limite des 18 yards Escale lui plonge dans les pieds. Le choc est très violent, Palka fait un grand "soleil" et Escale reste au tapis. L'infortuné gardien olympien doit être sorti sur une civière. Tassone remplace son camarade.

A la mi-temps, nous sommes allés aux vestiaires prendre des nouvelles d'Escale. Plus de peur que de mal heureusement le gardien olympien et simplement K.O. touché surtout au nez par le tibia d'un adversaire. Précisons qu'il s'agit d'un accident et non d'un acte de méchanceté de Palka.

Donc escale, très applaudi par les spectateurs reprend sa place dès le retour des équipes sur le terrain.

Nous allons assister à un exploit incomplet de Joseph.

Le colosse noir passe Kuffer, arrive à bonne portée sur la gauche et expédie le ballon sur le poteau. Peu après, Di Nallo lui rend la politesse. Héritant d'une bonne balle dans la surface, il croise son tir. Là-dessus, pour de multiples raisons et sans que l'on sache exactement qui a commencé le jeu dur fait son apparition.

Comme presque toujours, la seconde mi-temps est moins bonne que la première. Lyon joue le rôle de challenger tandis que l'O.M. ayant l'avantage de voir venir, procède par de tranchantes contre-attaques.

Et c'est l'occasion pour Zwunka qui semble penser "pourquoi pas moi" de passer au avant postes avec assez de succès.

Le meilleur tir de cette période est cependant l'oeuvre de Skoblar, mais Zevulko dévie le ballon en corner.

Pendant tout ce temps, Joseph livrait aux défenseurs lyonnais fait une rude bataille, un vrai travail de bulldozer.

Nous attaquons le dernier quart d'heure (quand nous disons "nous" c'est une façon de parler). Le travail de Joseph va-t-il payer ? On peut le croire. Une montée Cazé Zé se termine par un tir de l'ailier gauche.

Zevulko est encore battu mais l'arbitre refuse ce but pour hors-jeu pas tellement visible. On se pose alors la question : Skoblar va-t-il laisser passer un match au Stade Vélodrome sans marquer son but ? Bien sûr que non !

À la 82e minute, Destrumelle centre ; Joseph amortit le ballon de la tête et Josip reprenant de volée et de plein fouet, laisse aucune chance à Zevulko.

O.M. 4 - Lyon 1.

"Encore un !... Encore un !..." crie le public. Mais on n'en restera là, ce qui est déjà pas si mal.

La nuit des lieutenants

Fautes ou pas fautes, le public aime voir marquer des buts.

Surtout quand des cinq buts de la rencontre sont marqués par son équipe.

N'étant pas différent des autres, cette partie vivante, fort disputée, avec même parfois un excès de force, nous a permis de passer une bonne soirée.

Il y eut par-dessus le marché, un petit côté sentimental.

Trois buts de l'O.M. furent marqués par Destrumelle, Casolari, Djorkaeff, ceux que l'on qualifie, ordinairement de vaillants lieutenants.

La joie de Casolari après ce qui fut (tout comme Destrumelle) son premier but de la saison faisant plaisir à voir.

Vive donc "la nuit de lieutenants", encore que le général Skoblar ait tenu à marquer doublement sa présence d'un tir fulgurant.

On a remarqué que l'O.M. avait changé de méthode à la mi-temps.

A la "ligne" succéda une "couverture" assurée par Artelesa.

La blessure d'Escale est à l'origine de ce changement, ses camarades craignant qu'il ne puisse sortir avec son autorité habituelle.

Mais une méthode de jeu n'étant pas toujours l'important, l'O.M. a surtout plu par la simplicité retrouvée de son jeu.

Les quatre buts qui assurèrent une large victoire à l'O.M. furent la conclusion brutale de centres longs ou de balles en profondeur.

À l'opposé, je cours de Lyon parut parfois précieux, quoique brillant.

Il semblerait que l'équipe marseillaise ait enfin trouvé le style convenant le mieux aux qualités de ses joueurs.

Dans une équipe ayant jamais failli nous avons plaisir à citer en premier lieu : Casolari, Destrumelle, Hodoul et Zvunka. Ce dernier ayant démontré qu'il était mieux qu'un "briseur de jeu".

Ce qui, bien entendu, n'enlève rien aux qualités mieux connues de Skoblar, Artelesa, Djorkaeff et Escale entre autres.

Quant à Joseph, son dur travail de sape, à la pointe du combat - le rôle lui convenant le mieux - fini par payer.

L'Olympique Lyonnais nous a présenté une équipe d'avenir.

Un peu trop de naïveté, en défense, mais cela se corrige.

Il reste qu'aligner autant de débutants et discuter la demi-finale de la Coupe, tout en jouant de manière très agréable, est un petit exploit.

On entendra certainement parler de Palka, remarquable par sa vitesse de course, de Glizinski, de Lhomme et de Nozaret.

Di Nallo, auteur d'un excellent but, Rambert, Maison et Leborgne sont toujours des valeurs sûres.

Lyon en finale ?

Nous y croyons.

Maurice FABREGUETTES

SKOBLAR : " Maintenant, je peux aller jouer à Belgrade contre l'Allemagne"

Larges sourire dans le camp marseillais. Les " blancs" exultaient après leur large succès.

L'entraîneur Mario Zatelli soupirait : "A présent, nous sommes vraiment à l'abri !"

Casolari été radieux : "Mon premier but de la saison maintenant je suis "démasqué !"

Joseph souligné : "Ce fut dur pour la rentrée à Marseille !"

Skoblar nous déclarait : "Les dirigeants olympiens autorisent à aller à Belgrade, mercredi prochain. Je jouerai à Belgrade avec mon équipe nationale contre l'Allemagne en Coupe d'Europe des nations !"

Tassone remarquer : "C'est la troisième fois que je remplace Escale dans ses bois, mais par bonheur chaque fois ça ne dure pas plus de 10 minutes".

Chez les Lyonnais, le coach Louis Hon constatait : "Nous aurions dû avoir un 2 à 1 favorable et nous avons eu un 2 à 1 défavorable !

C'est là que tout le match s'est joué"