Résumé Le Provencal

du 23 janvier 1967

SKOBLAR assomme

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

MONTPELLIER (par téléphone) - Les défenseurs albigeois avaient pour mission de surveiller Skoblar comme le lait sur le feu. Ils s'y employèrent de leurs mieux, usant de tous les moyens, même de ceux qualifiés de "moyens du bord".

Mais la tâche les dépassait et, à partir de la 70e minute, ils ne purent empêcher le lait de passer largement par-dessus le bord de la casserole.

On en déduira donc assez aisément que la partie n'était pas complètement jouée à cette 70e minute.

L'O.M., en effet, ne menait que par 1 but à 0, et il aurait suffi d'un quelconque coup de pied heureux albigeois, pour remettre la qualification marseillaise sur le chantier.

Une chose paraissait d'autant moins invraisemblable que les amateurs contrairement à toute logique, venaient de dominer les "pros" au cours du premier quart d'heure de la deuxième mi-temps.

C'est alors (70e minute) que ce Skoblar hérita du ballon en plein coeur de la défense albigeoise fortement groupée. Un pas de danse à gauche, un saut à droite pour éviter un pied adverse, un deuxième pas à gauche, avec retour immédiat vers la droite... et pour terminer ce petit numéro de haute voltige, un tir en apparence anodin, mais qui prit le gardien albigeois Sanchez absolument à contre-pied.

2 à 0 : la cause olympienne était entendue.

Skoblar ne devait pas en rester là. Trois minutes plus tard à peine, et lançait Casolari sur la droite, comme lui seul sait lancer un ailier. Casolari avançait, centrait, et notre Skoblar, qui avait suivi en plein centre, cueillait littéralement le ballon de la poitrine, le laissait retomber au niveau de son pied et, d'un même jet, marquait un troisième et splendide but

3 à 0 : la note commençait à être salée pour les amateurs.

Ce n'était pas fini. À la 78e minute, une attaque de l'O.M., se développait sur la droite, conduisant le ballon devant le pied de Skoblar, c'est-à-dire à l'extrême gauche.

Et de là, sous un angle impossible, partit un tir ras de terre, d'une telle violence, d'une telle soudaineté, que Sanchez n'eut même pas le temps de plonger.

4 à 0. Cette fois, la partie était bien terminée.

Sue s'était-il passé en première mi-temps ?

Et bien pendant quarante et une minutes, très exactement, l'O.M. avait dominé, s'appliquant à jouer de façon assez précise, mais les amateurs, dont la défense faisait merveille, s'étaient défendus avec beaucoup de bonheur.

On croyait déjà à un résultat nul à la mi-temps, quand Skoblar, au moment ou l'amorçait un dribble irrésistible, fut plaqué au sol, exactement comme s'il s'était agi d'une partie de rugby.

Coup franc, bien sûr, Destrumelle le tire ; Fiawoo, saute plus haut que tout le monde, et de la tête, trompe Sanchez.

1 à 0. Il n'était que temps.

Pendant les quelques minutes restant à jouer se produisit un incident curieux.

Tassone, passé à la contre-attaque, fut arrêté par l'arrière gauche d'Albi, Charles Guillot. Les deux hommes se retrouvèrent au sol et, en se relevant, l'Albigeois donna un coup de genou à Tassone.

Là-dessus, il y eut des discussions entre joueurs, quelques menus incidents, et l'arbitre, pour calmer définitivement les esprits pria Tassone de monter à son tour dans la charrette.

Tant et si bien qu'en deuxième mi-temps les deux équipes jouèrent à dix contre dix.

Ce qui s'est passés au cours de cette deuxième mi-temps nous le savons déjà.

Josip : une hirondelle

qui fait le printemps

MONTPELLIER - Cette somme toute précieuse victoire de l'O.M. n'appelle pas de longs commentaires.

Il est certain qu'un joueur à dominer adversaires et partenaires de toute sa classe, de son insolente facilité et de son punch : Josip Skoblar.

"Monsieur Un-but-par-match" à cette fois, forcer la dose. Certes ses adversaires n'étaient que des amateurs, mais encore fallait-il le faire, car les trois buts qu'a marqué le Yougoslave n'étaient pas faciles, bien au contraire.

Il faut en prendre son parti, parler de l'O.M., désormais, est ouvrir d'abord le chapitre Skoblar. Un chapitre bien à part.

Le reste de l'équipe a fait dans l'ensemble, son match habituel.

Escale fut sans reproche, encore qu'il n'ai eu, cette fois, aucun tir franc à arrêter.

Les quatre arrières, Djorkaeff, remplaçant Tassone en seconde mi-temps, ne furent pas surchargés de travail. Les Albigeois, en effet, ne jouèrent qu'à deux ou trois attaquants au plus.

Au milieu du terrain, Destrumelle fut égal à lui-même, tandis que Brotons en position de faux ailier, s'évertua à combiner avec Skoblar.

Fiawoo confirma qu'il n'était pas très à l'aise en pointe, et Casolari fit une bonne deuxième mi-temps.

À Albi, les meilleures, une fois encore, furent Christian Guillot et le trop rude Sloneski, ainsi que Lissarague, Rivals et Azéma, les meilleurs techniciens de l'équipe amateur.

D'une équipe amateur qui aura eu le grand mérite de tenir en échec les professionnels de l'O.M. pendant 161 minutes, si nos calculs sont exacts.

Robert Domergue :

"Rien à dire"

"Il y a peu de choses à dire sur ce match" nous a confié Robert Domergue, "Bien qu'elle ait marqué surtout en 2e mi-temps mon équipe a beaucoup mieux joué en première. Mais marquer des buts contre une défense qui joue fortement groupée devant ses buts est toujours très difficile".

"Je me demande encore, disait Tassone à qui voulait l'entendre comment j'ai pu être expulsé du terrain. Je suis monté en contre-attaque, j'ai été contré par un arrière albigeois qui m'a donné un coup de genou au moment ou je me relevais. L'arbitre a alors expulsé ce joueur.

"Je me préparais à reprendre le jeu quand mon capitaine Artelesa m'a dit : "Toi aussi, tu es expulsé, il te faut sortir.

A ses partenaires qui lui disaient : "Prendre quatre buts, c'est tout de même beaucoup, le capitaine albigeois, Christian Guillot a répondu : "J'aurais voulu vous voir à ma place. Ce Skoblar n'est pas un guignol. Aujourd'hui il n'y avait rien à faire contre lui. Chapeau !"