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Résumé Le Provencal

du 26 août 1967

 

Victoire de l'O.M. à BORDEAUX (2-1)

à l'issue d'une grande bataille

(de notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

BORDEAUX - Il fait aussi chaud et beau à Bordeaux qu'à Marseille. C'est donc sur une pelouse en parfait état, et dans la douceur d'une belle nuit d'été que Girondins et Olympiens vont se rencontrer à la loyale.

Les joueurs de l'O.M. ont fait un voyage aérien sans histoire. Leur moral d'avant match nous a paru excellent.

Voici la composition des équipes, qui entrent en ce moment sur le terrain, applaudies par environ 12.000 spectateurs.

O.M. : Escale, Tassone, Artelesa, Zwunka, Djorkaeff, Novi, Bonnel, Destrumelle, Joseph, Invernizzi, Robuschi ; No 12 : Gueniche.

Bordeaux : Montès, Baudet, Péri, Abossolo, Desrumeaux, Calleja, Masse, de Bourgoing, Couecou, Tessier, Wojciak ; No 12 : Ruiter

13e minute :

ROBUSCHI marque

Dès le coup d'envoi, alors que l'arbitre M. Mouton s'applique à siffler les très petites fautes, on constate que les deux équipes jouent en sensiblement de la même façon.

À l'O.M., Zwunka a pris en charge Couecou, alors qu'Artelesa "couvre" ses partenaires.

À Bordeaux, Péri marque Joseph, tandis que le rôle de bétonneur incombe à Desrumeaux.

Premier tir de la partie pour de Bourgoing, à la suite d'une remarquable reprise de volée de Péri, mais Escale est là !

Nous notons ensuite un tir remarquable de très peu à côté du même Péri dont on se plaît à souligner qu'il est un pur marseillais.

Voici les faits marquants - c'est le cas de le dire - de ce premier quart d'heure.

Corner pour l'O.M. Destrumelle le tire de la droite, légèrement en retrait, Zwunka qui s'était porté à l'attaque reprend de la tête ; le ballon se dirige vers la cage et Robuschi, le roi de l'opportunisme, marque du pied, au nez et à la barbe des grands gabarits girondins, surpris par la vivacité de leur ancien partenaire.

O.M. 1 - GIRONDINS 0.

ROBUSCHI, encore lui

Comme on pouvait aisément le prévoir les Girondins émoustillés par ce but, force l'allure.

Mais la défense de l'O.M. qui, devant Escale et Artelesa pratique un marquage individuel très strict fait échec aux entreprises bordelaises, pourtant vivement menées.

Mieux même, alors qu'Escale fort bien protégé a peu à faire, l'exploit de ce dernier quart d'heure est à porter au gardien girondin Montes.

Sur une très rare contre attaque de l'O.M., Destrumelle centre sur Robuschi. Ce dernier comme animé par la fureur anti-girondine, réussit de plein fouet, une admirable reprise de volée à bout portant. Montes plonge et, est assez heureux pour dévier en corner ce véritable bolide.

Bref, jusqu'à présent, et comme il y a deux saisons en Coupe, à Sète, l'O.M. a battu les Girondins à leur propre jeu.

Mais nous ne sommes qu'à la trentième minute et la domination de masse des Bordelais est assez impressionnante.

Quelle mêlée !

Le dernier quart d'heure de cette première mi-temps débute par un bon tir de Péri, sur coup franc suivi d'une percée de Joseph, la première du genre. Dans les deux cas, Escale et Montes font tout leur devoir. Mais le grand moment de cette première mi-temps se situe à la 38e minute.

Coup franc indirect pour Bordeaux dans la surface de réparation de l'O.M.

Les dix joueurs marseillais du camp font le mur devant Escale. De Bourgoing servi par Abossolo tire dans le tas. Le ballon revient sur le même De Bourgoing qui retire. Au passage, Escale touche miraculeusement le ballon qui va en corner.

Ouf ! On se serait cru à Lourde - Tarbes en rugby.

1 - 0 pour l'O.M. à la mi-temps donc.

ESCALE à l'ouvrage

Dès la reprise, deux corners consécutifs pour Bordeaux, un bon tir de Texier, bien arrêté par Escale... et application par l'arbitre du nouveau règlement, Escale, ayant fait plus de quatre pas avec le ballon, est pénalisé d'un coup franc indirect dans la surface.

Il en résulte une mêlée exactement comparable à celle décrite plus haut et un nouveau corner.

Puis, car Bordeaux domina de plus en plus, un tir très tendu de Couecou. Escale plonge et dévie en corner (55e minute).

Bravo !

Et voici la première contre-attaque marseillaise de cette deuxième période. Joseph démarque adroitement Invernizzi et ce dernier croise un peu trop son tir.

Un but de COUECOU

refusé

A ce moment-là (60ème minute), le stade est en ébullition.

Sur une contre-attaque style pack de rugby, des Girondins déchaînés, Couecou reçoit un coup de pied. Coup franc indirect. De Bourgoing fait glisser la balle derrière le mur olympien et Couecou qui a suivi marque.

Les embrassades ne durent pas longtemps, arbitre refuse ce but pour hors-jeu.

On devine, sans y avoir été, les protestations des joueurs girondins et le vacarme causé par les réactions vocales du public.

Et la grande bataille se poursuit, alors que le temps passe et joue en faveur de l'O.M.

70e minute :

DE BOURGOING égalise

Ce n'est plus du football c'est de la rage, tandis que le public scande : "L'arbitre au poteau". Pauvre M. Mouton, promis à la boucherie !

La défense de fer de l'O.M. et heureusement là qui, dans sa force tranquille et son sang-froid, oblige les attaquants girondins a mal joué.

Mais tout a une fin et, à la 70ème minute, nouveau coup franc pour Bordeaux. De Bourgoing - ah ! cette technique argentine - le tir en finesse de 20 mètres environ, lobant le mur et Escale.

O.M. 1 - Girondin 1.

Là-dessus, les marrons commencent à pleuvoir sur tous les points du terrain. Destrumelle est touché là-bas à droite et Tassone dans le fond, à gauche.

Puis, en assista un véritable numéro de cirque de Joseph, tentant de s'échapper dans son style particulier ; il est plaqué aux jambes n'ont pas une fois, mes trois fois, et même quatre fois, par Péri et Desrumeaux.

78e minute :

GUENICHE marque

C'est alors que Destrumelle est définitivement sorti du terrain ce qui permit à Gueniche d'entrer. Ce Gueniche doit être un porte-bonheur, car aussitôt après, une attaque de l'O.M. se développe. Joseph passe à Robuschi, qui évite Baudet et centre : Gueniche surgit et marque à bout portant.

O.M. 2 - Girondins 1.

Ah ! Quel match !

La furia girondine

impuissante

Les dix dernières minutes ne le cèdent en rien aux précédentes dans le domaine de l'engagement. Bordeaux jette ses dernières forces dans la bataille. Un tir terrible de Masse fait trembler la transversale.

L'O.M. répond par une tentative d'Invernizzi et un tir de Bonnel.

Sans plus attendre, les Girondins repassent à l'attaque et Escale doit encore se multiplier pour éviter l'égalisation. Il est même dangereusement bousculé, à deux minutes de la fin, par Masse et Couecou et tout se termine sur la victoire de l'O.M. et une note comique : Couecou marquant avec les deux mains !

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LAURENT le magnifique

A la pointe du combat olympien

L'O.M. a mené son combat comme un boxeur, bien protégé derrière une garde hermétique mais capable de passer de temps à autres des directs ou des crochets fulgurants.

Ce n'est certes pas ainsi que l'on peut satisfaire les puristes, mais c'est souvent de cette façon que l'on gagne par k.o.

C'est très exactement ce qui se produisit hier sur la pelouse du stade municipal de Bordeaux.

Les Girondins, il est vrai, tombèrent avec une naïveté surprenante dans le piège à eux tendus.

Cette équipe, pourtant spécialisée dans la contre-attaque, s'époumona à vouloir attaquer en force, en nombre, et dans le plus grand désordre.

Jamais ses joueurs ne parurent s'apercevoir qu'ils se heurtaient à un véritable mur d'une solidité telle que la force seule ne pouvait en venir à bout.

La meilleure preuve : c'est seulement en finesse, grâce à un tir "brossé" à l'Argentine que De Bourgoing réussit à obtenir l'égalisation provisoire.

Mais, quelques minutes après, sur passe de "Laurent le magnifique" Invernizzi donnait à l'O.M. une véritable victoire par chaos.

La défense de fer

de l'O.M.

Vous avez pu vous en rendre compte en lisant le compte rendu du match que l'O.M. hier soir à Bordeaux à jouer le béton. Devant Artelesa, l'homme libre, les autres joueurs de la défense pratiquèrent un marquage individuel très strict.

Cette défense que l'on peut qualifier de "fer" et qui fut soutenue par les hommes du milieu du terrain et même parfois par les attaquants, est à la base de la victoire marseillaise. C'est elle qui contraignit les attaquants girondins à s'énerver, et par suite à mal jouer, à tirer de trop loin et multiplier les maladresses.

Mais cette défense n'aurait rien pu à elle seule si aux avants-postes de l'équipe marseillaise ne s'étaient pas trouvés des garçons qui profitèrent admirablement bien des quelques rares occasions qu'ils eurent à ce manifester. Le meilleur à ce point de vue fut Robuschi qui, applaudi par le public bordelais lors de son entrée sur le terrain, voulut prouver à ses anciens dirigeants qu'ils avaient eu tort de le vendre. Robuschi marqua le premier but marseillais sur corner et fit marquer à Invernizzi le deuxième c'est-à-dire le but de la victoire.

Joseph, lui, était marquée par les deux colosses de la défense girondine, Péri et Desrumeaux ; la tâche était trop dure pour un seul homme et pourtant à plusieurs reprise le noir attaquant olympien réussit à bousculer ses deux solides opposant.

Gueniche eut le mérite de marquer le deuxième but de l'O.M. ; et joua avec beaucoup de conviction et une force de percussion assez remarquable.

Tous les autres joueurs méritent d'être réunis dans les mêmes éloges, sans oublier Escale qui fit un très grand match.

La furia girondine

Malgré son échec l'équipe girondine, très rajeunie, fera encore parler d'elle. Cette saison il lui manque vraisemblablement au milieu du terrain un footballeur capable d'organiser le jeu de l'ensemble. Mais tous les joueurs qui constituent cette rude équipe sont énergiques, robustes et avec le temps ils feront certainement des dégâts.

Ses meilleurs joueurs hier soir furent : le Marseillais Péri, le noir Abossolo, que l'on vit partout et De Bourgoing qui fut certainement le seul joueur girondin à faire entrer un peu de finesse dans cette machine.

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Robert Domergue :

"Bravo, mais trop dur"

La rencontre terminée, nous avons trouvé les joueurs olympiens très contents, mais très fatigué aussi. Destrumelle, le plus touché, a reçu un coup sur le tibia de la part de Couecou. La blessure, cependant paraît plus douloureuse et plus spectaculaire que grave.

Robert Domergue nous a dit : "Bravo, je suis content temps de cette victoire pour mes garçons, qui ont joué avec une conviction admirable. Mais ce fut tout de même beaucoup trop dur. C'est miracle qu'il n'y ait pas eu davantage de blessés. Jouer au football avec un pareil engagement est certes méritoire, mais il faudra s'expliquer à mieux construire. L'équipe bordelaise nous a donné une réplique très virile, et je pense que nous l'avons battue à son propre jeu.

Bakrim : "Dommage"

L'entraîneur de Bordeaux a pris cette défaite avec une certaine philosophie : "L'arbitre, nous a-t-il dit, ne nous a pas avantagé. Pour ma part, je pense que le but de Couecou n'était pas hors-jeu. Toutefois, mes joueurs ont eu le tort de s'affoler et d'attaquer de façon désordonnée. Je crois cependant que notre équipe obtiendra cette année encore de bons résultats dans le championnat. Une fois mieux rodée, elle sera compétitive.

 

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