Résumé Le Provencal du 24 septembre 1967 |
L'O.M. l'emporte à ROUEN grâce à son tandem africain (De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES) |
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ROUEN - Comme on pouvait malheureusement le craindre, Joseph Bonnel a dû rester à Lyon au chevet de son père. Par suite, Robert Doumergue fera jouer au centre de l'attaque son tandem africain Joseph - Fiawoo. Il pleut alors que les deux équipes vont pénétrer sur le terrain une pluie fine, persistante, tenace, un vrai crachin normand en somme. L'éclairage du Stade Robert Diochon est excellent et le banc de la presse a une telle attitude que nous verrons la rencontre comme à travers le hublot d'un avion. Rappelons la composition des équipes : Rouen : Duchêne, Morel, Corrolle, Sénéchal, Largouet, Gosselin, Betta, Dos Santos, Dortomb, Godoy, Ruelle. L'O.M. : Escale, Tassone, Artelesa, Zwunka, Djorkaeff, Donat, Destrumelle, Casolari, Joseph, Fiawoo, Robuschi, No 12 : Novi 15me minute : un but de JOSEPH La première chaude alerte de la rencontre est au bénéficie de l'O.M. Dès la cinquième minute, Joseph passe en plein coeur de la défense de Rouen et tire après un temps d'hésitation. Le gardien Duchêne est battu, mais Morel sauve de la tête sur sa ligne. Tout de suite après, coup franc pour l'O.M. tiré par Joseph d'une bonne vingtaine de mètres, de face. Le ballon part tel une fusée, obligeant Duchêne à réussir un arrêt très délicat. Bon début de Joseph donc qui semble avoir retrouvé - ou conservé - tout son dynamisme. C'est alors autour de l'attaque rouennaise de se manifester par Dortomb, auteur d'un tir croisé d'excellente facture sur lequel Escale réalise un arrêt de classe. C'est à la quinzième minute que Joseph allait être payé de ses généreux efforts et marquer son premier but officiel de la saison. De façon curieuse, il est vrai. Duchêne se préparait à ramasser une balle, plus ou moins perdue, quand il vit Joseph - plus de 80 kilos de muscles - foncer sur lui à l'allure d'un troisième ligne Springboks. Le gardien rouennais eut-il peur on ne sait, mais le fait est qu'il laissa son puissant adversaire lui chiper le ballon et entrer en triomphateur dans la cage. O.M. 1 - Rouen 0. 25me minute : 2me but pour FIAWOO La réussite de Joseph semblant avoir inspiré Fiawoo, le début du deuxième quart d'heure nous permis de revoir le tandem africain dans ses oeuvres. Autant dire, ou écrire, tout de suite que le centre de la défense rouennaise éprouva le plus grand mal pour faire face à cette situation particulièrement perturbante. C'est ainsi que, sur une montée au pas de charge des deux frères de couleur, seul un miracle permit à Duchêne d'éviter le pire pour son équipe mais, entre la 24e et la 25e minute, la situation allait brusquement changer du tout au tout. À la 24e minute donc, penalty en faveur de Rouen pour bras de Zwunka, Betta le tire à la manière de Camberabero, c'est-à-dire nettement au-dessus. |
Là-dessus, à la suite d'une excellente montée de Robuschi, corner pour l'O.M. Il s'ensuit un cafouillage devant le but de Rouen dont Fiawoo profite pour marquer d'un revers du pied subtil. O.M. 2 - Rouen 0. 2 à 0 pour l'O.M. à la mi-temps Le dernier quart d'heure de cette première mi-temps nous vaudra le spectacle d'une équipe rouennaise assez décontenancée et sifflée par son public, se laissant franchement malmener par l'O.M. À la 35e minute, Joseph, ayant fait jusqu'ici le plus difficile, par raté le plus facile. Servi par Robuschi dans des conditions quasiment idéales - la balle au bond de face sur le point de penalty - il va tirer par-dessus la transversale. Malgré quelques dernières réactions de Rouen, rien ne changera jusqu'à la mi-temps qui se termine sur le résultat de 2 à 0 en faveur de l'O.M. Rouen domine en vain On pouvait s'en douter, l'entraîneur rouennais Vernier a du dire deux mots à ses joueurs pendant la pause. Aussi ces derniers attaquent-ils la deuxième mi-temps à la vitesse maxima. Mais il en faut davantage pour troubler la défense marseillaise, dont la sûreté est bien connue, alors, quand cette défense à un avantage deux buts à défendre, il ne suffit pas d'un petit jeu bien fignolé pour la mettre vraiment en péril. Tant et si bien que le premier quart d'heure de cette mi-temps se passe sans qu'Escale ait eu à toucher le ballon sauf sur passes de ses partenaires. Rouen aura pourtant tout essayé pour conjuguer le mauvais sort : un méchant coup de pied de Largouet dans les fesses de Casolari, ce dernier étant au sol, un assez remarquable tir de loin de ce même Largouet et, plus dangereux, un tir ras de terre dans l'encadrement celui-là, de Ruelles. Tir sur lequel Escale plonge et arrête la balle avec autorité. Mais le temps passe... passe... passe et l'O.M. de plus en plus défensif, mène toujours par 2 à 0, alors qu'il ne reste qu'un quart d'heure à jouer. 83me minute : but de Sénéchal C'est à ce moment qu'Escale commet une bévue, pour avoir trop gardé le ballon, il fait pénaliser son équipe d'un coup franc indirect dans la surface de réparation. Il en résulte une confuse mêlée dont Zwunka sort vainqueur au prix d'un dégagement acrobatique. On note ensuite un tir de Ruelle, le meilleur attaquant rouennais, sur la transversale, mais ce soir la Bonne Mère veillait et rien ne passe. Pas tout à fait, cependant, car à sept minutes de la fin, sur un coup franc pour Rouen, tiré de la droite par Betta, Sénéchal, monté à l'attaque, marque d'un magistral coup de tête. O.M. 2 - Rouen 1. La fin de la rencontre va être épique. Rouen attaque avec furie, mais à quelques secondes de la fin c'est une contre-attaque marseillaise, menée par Joseph, Fiawoo et Robuschi, qui échoue sur la ligne de buts de Rouen, et finalement l'O.M. l'emporte par 2 à 1. |
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JOSEPH plébiscité par le public normand |
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ROUEN (Par téléphone) - "Joseph... Joseph... Joseph !" Ce fut le cri du jour, ou plus exactement le cri de cette humide soirée rouennaise. Nos voisins, tous journalistes normands ou parisiens, ont plébiscité le surpuissant attaquant marseillais. On a de la peine à l'écrire étant donné les circonstances, mais à quelque chose le malheur est bon. Sans l'absence de Bonnel, Joseph serait resté sur la touche et le tandem africain n'eut pas été reconstitué pour le plus grand bien de l'O.M. Car, si Joseph littéralement a plané sur la rencontre, surtout en première mi-temps, Fiawoo a été son partenaire idéal, et presque indispensable. Avec deux gaillards pareils, dans un bon jour, au centre de l'attaque, tout le reste est simplifié. Tout cela, il est vrai n'est pas nouveau pour nous, nous savons ce que l'O.M. doit depuis maintenant trois saisons à ces deux sympathiques athlètes du football. Certes nous savons aussi que leur réussite n'est qu'épisodiquement, mais enfin, ces épisodes, dont certains furent aussi fulgurants que celui de ce soir, l'O.M. ne serait peut-être pas en Première Division et aurait éprouvé le plus grand mal, la saison dernière, pour s'y maintenir. ROBUSCHI, DESTRUMELLE, ESCALE Cet hommage mérité ayant été rendu à Joseph et à Fiawoo, il convient d'ajouter que les neuf autres membres de l'équipe olympienne en fait tout leur devoir dans des conditions souvent difficiles, car, en deuxième mi-temps, la domination rouennaise fut constante, souvent dangereuse, surtout en fin de partie et on crut bien que l'égalisation pouvait être obtenue. Parmi les joueurs de l'O.M. nous avons plus particulièrement remarqué Escale, qui, à une bévue près, dont nous parlons dans notre compte rendu, fut absolument parfait. Au centre du terrain, Destrumelle, sans doute revigoré par l'air de son pays natal, fut un joueur précieux. Enfin, Robuschi, à l'aile gauche, fut constamment dangereux et donna à ses partenaires du centre plusieurs balles qui auraient pu leur permettre d'ajouter un ou deux buts de plus. Mais répétons-le, les autres joueurs, la déefnse au complelt, le jeune Donat et même le courageux Gasolari n'eut absolument rien à se reprocher, et défendirent avec la vaillance qu'on leur connaît les couleurs de leur équipe. Le Paraguayen GODOY a déçu Dans l'équipe rouennaise, le nouveau, le Paraguayen Godoy, un assez bel athlète, a déçu. Dans l'attaque de l'équipe normande, les deux meilleurs joueurs sur l'ailier gauche ex-monégasque Ruelle et l'avant-centre Dorton. Il est certain que cette équipe a été assez malheureuse aujourd'hui. Elle a raté un penalty et à encaisser au moins un but absolument idiot. Nous ne la jugerons pas sur ce match perdu, et pensons qu'elle devrait terminer au milieu du tableau. Maurice FABREGUETTES |