Résumé Le Provencal du 22 octobre 1967 |
L'O.M. BATTU (13) A RENNES ... ET PAS CONTENT (de notre envoyé Louis DUPIC) |
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RENNES - Temps doux et humide ; excellente pelouse ; éclairage remarquable. Arbitre : M. Carette, un peu tendre pour l'O.M. 10.801 spectateurs pour 50.000 Fr. de recette. LES EQUIPES O.M. - Escale (1), Novi (2), Artelesa (3), Zwunka (4), Djorkaeff (5), Donat (6), Destrumelle (7), Fiawoo (8), Joseph (9), Bonnel (10), Robuschi (11) - Casolari (12). Rennes - Robin (1), Jatzyk (2), Beaulieu (4), Cedolin (5), Cartier (3), Rossignol (8), Mosa (6). LA PARTIE Floch (7), Rodighiero (9), Takac (10), Rico (11). Beaucoup de monde hier soir autour de la pelouse de Rennes, éclairée "a giorno". L'O.M. présentait l'équipe annoncée, à cela près que Bonnel occupait l'aile droite, Robert Domergue ayant placé Joseph et Fiawoo côte à côte au centre de l'attaque. Rennes aligne deux amateurs, Beaulieu et Rossignol. L'international Cartier effectuant sa rentrée. Par une soirée douce et nuageuse, les deux équipes abordent le match avec assez vivement. La première action dangereuse était menée par Rico, dans le centre-tir tendu était chassé prudemment du coin par Escale (8e mn). Peu après, Rodighiero et Takac étaient près d'aboutir. Le but chauffe ; on crut au but à la 11me mn lorsque Takac reprit de plein fouet de l'extérieur du pied un centre de Floch, qui avait servi lui-même. La balle frôla la cage. L'attaque rennaise, que l'on disait peu efficace, faisait merveille. À la 15e mn, Escale déviait un centre de Takac, Rodighiero reprenait de la tête et mettait la balle dans les bras du gardien marseillais. Deux minutes plus tard, nouveau déferlement et passe remarqua de Takac à Floch. L'O.M. desserrait l'étreinte et obtenait un coup franc sur Joseph, bien parti, était balancé par deux Rennais. Coup franc contre lui. JOSEPH seul Mais à la 22e mn tout le stade trembla lorsque Joseph partit seul sur passe de Fiawoo, dribbla Robin sorti à sa rencontre, mais fut rejoint et abattu par Cedolin. Une belle action ratée sans qu'on puisse incriminer Joseph, qui avait beaucoup de monde autour de lui. Rennes reprenait sa pression, mais l'O.M. ouvrait la marque au moment même ou Escale venait d'échapper au pire. 28e minute : but de FIAWOO Fiawoo s'engouffra au centre, comme Joseph précédemment, résista à Cédolin et de la droite ajusta un tir croisé à mi-hauteur qui fit mouche. |
Son actif aurait pu être doublé trois minutes plus tard si M. Carette avait accordé à Bonnel - fauché dans la surface - le penalty qu'il méritait d'obtenir. On arrivait à la pause sur un nouveau sauvetage d'Escale plongeant avec décision sur un centre de Rossignol, à la 43me minute. Le repos ne pouvait raisonnement pas modifier les données du problème. Les arrières bretons s'installaient sur la ligne médiane et les attaquants prenaient position aux abords de la surface. 48me minute : RODIGHIERO égalise On avait reprise les hostilités depuis 3 minutes lorsque sur passe de Takac à Rodighiero, la défense marseillaise s'aligna et fit tête à gauche vers le juge de touche. Ce dernier ne broncha pas et Rodighiero égalisa, comme à la parade. Hors-jeu ou pas, la réussite rennaise récompensait l'excellent travail de toute l'attaque. À la 53me minute, Escale para un tir terrible de Takac mais renvoya sur Rodighiero, moins heureux que précédemment, puisqu'il mit de la tête à côté. 54me minute : but contesté de RICO Le déferlement rennais continuait de plus belle. Escale réussit une parade à bout portant devant Rico, qui reprit la balle au bond et la mit au fond des filets, de la tête, semble-t-il : de la main, protestèrent Escale et ses camarades qui discutèrent deux bonnes minutes avec M. Carette et le fameux juge de touche déjà inflexible 6 minutes auparavant. Mais il était bien inutile d'attendre quelque chose ces hommes. En 6 minutes, tout avant changé ! Rennes attaquait de plus belle, follement encouragé, et Rodighiero réussissait une excellente volée sur ouverture de Rossignol (65me). Escale para un tir terrible de Takac puis plongeait dans les pieds de Rodighiero menaçant (66me). 68me minute : Penalty et but RODIGHIERO M. Carette, qui veut avoir sa statue à Rennes et l'aura probablement, acheva l'O.M. à la 68me minute. Floch dribblait et redribblait devant Zwunka qui se rendit alors coupable d'une obstruction manifeste. Coup franc indirect, dit le règlement : penalty estima M. Carette (transformé par Rodighiero) alors que les Dieux, pour protester, ouvraient des écluses célestes. Le match était fini et l'O.M. battu. C'est pour mémoire que nous signalerons un coup de tête de Rodighiero sur la barre à la 83me minute, et d'innombrables offensives bretonnes. |
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ESCALE n'a pu sauver l'O.M. |
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Rennes était, hier soir, intrinsèquement supérieure à l'O.M. Nous dirons tout net que les Bretons n'avaient pas besoin du coup de pouce généreux que le destin leur accorda en la personne de M. Carette, l'arbitre, dans les deux circonstances, par le juge de touche qui surveillait sans doute symboliquement l'attaque rennaise, d'ailleurs étincelante. Alors que les Rennais eurent cinq occasions de buts, il est navrant de constater que les trois buts acquis au tableau d'affichage, et qui firent la décision, furent vivement contestés par les joueurs de l'O.M. M. Carette avait montré "la couleur" en première mi-temps en sanctionnant, deux fois consécutives, Joseph "balancé" proprement par Beaulieu et Cedolin. Nous regrettons d'avoir à écrire, mais M. Carette est ce que les Anglais appellent un "home-referee", c'est-à-dire un de ces arbitres maison qui ne sont ni partiaux, ni malhonnête, mais ne font jamais aucune peine au public local, qu'ils arbitrent à Rennes ou à Marseille, empressons-nous de le dire, comme de préciser à nouveau que Rennes n'avait pas besoin de lui. Le jeu offensif de l'équipe bretonne fut, en effet, en tous points remarquable, les quatre avants Floch, Rodighiero, Takac et Rico participant également au festival. Devant ce véritable déferlement, la défense marseillaise, athlétique et courageuse, fut constamment sur les boulets. Il y avait toujours beaucoup de monde devant le but de l'excellent Escale, tout à fait admirable de courage et d'inspiration. Il est normal que les contacts sont nombreux, et ils le furent. |
Cela explique, peut-être, l'acharnement que M. Carette mit à sanctionner les Marseillais. On disait l'attaque bretonne faiblarde. C'est une faiblarde qui se porte bien ; alors que le reste de l'équipe ne se signala pas autrement, cette attaque fut éblouissante. Les dribbles et les sprints de Floch, et de Rico, la technique de Takac et de Rodighiero se conjuguèrent si heureusement qu'on eut aimé que cette euphorie se traduisit par des buts bien amenés. Il n'en fut rien, et c'est pourquoi ce n'est pas la défaite elle-même, mais la façon dont elle fut consommée qui laissera aux Marseillais un goût d'amertume. Tout avait bien commencé pourtant pour l'O.M. qui jouait un bon match offensif et ne ratait aucune occasion de contre-attaquer avec décision. Notons que lorsque Fiawoo ouvrit le score, Joseph avait déjà eu une occasion de conclure. Après le premier but rennais, ce fut un véritable déferlement et l'on ne vit plus que la défense et un extraordinaire Escale en tête. Malade avant la rencontre, Jean-Paul réussit une bonne vingtaine de sauvetages, ne s'inclinant que sur les coups fourrés incriminés par l'ensemble de l'équipe marseillaise. C'est une des parties les plus brillantes de sa carrière, sinon la plus brillante. Il est dommage qui n'ait pu, dans ces conditions, éviter la défaite de son équipe. |
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Le choeur marseillais : "Trois buts qui s'appellent Carette" |
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Dans le vestiaire marseillais, on reconnaissait la supériorité de l'équipe rennaise et le très bon match de l'attaque bretonne. Mais on déplorait que les trois buts locaux n'aient pas été acquis en conclusion de brillantes attaques, mais bien sur des coups douteux. Robert DOMERGUE : "Je suis sûr que le juge de touche a vu les fautes, mais a eu peur du public. Et n'a pas osé me regarder en face depuis. Ceci dit, nous avons perdu devant une bonne équipe. Ce qui je regrette le plus, c'est que toute ma défense se soit arrêtée sur le premier but, qui fut déterminant. M. LECLERC : "Défaite incontestable en un sens si nous ne considérons que la valeur de l'adversaire, mais tout à fait contestable quant à la façon dont elle s'est consommée". ZWUNKA : "Floch a fait deux crochets devant moi et il est venu me percuter de plein fouet. Que pouvais-je faire ? Il y avait peut-être obstruction de ma part, mais pas de faute valant un penalty". ESCALE : "J'ai repoussé le premier tir de Rico et le ballon lui échappait lorsqu'il le boxait et l'envoyait dans la cage. C'est un scandale". "Sur le premier but, je vous assure que les Rennais avaient tardé à revenir en jeu et ils étaient hors-jeu. Je suis allé le dire au juge de touche qui m'a répondu : cela ne me regarde pas, adresse-toi à l'arbitre du centre". Nous n'ajouterons rien à ces déclarations qui se suffirent à elle-même. Bien entendu on parlait de récuser M. Carette qui doit arbitrer l'O.M. à Metz dans 15 jours. |