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Résumé Le Provencal

du 05 février 1968

 

JOSEPH enfin !

Il égalise pour l'O.M. à 2 secondes de la fin (2-2)

Le vrai compte a rebours.

Dans la tribune de presse on se serait cru au Cap Canaveral.

5... 4... 3... 2...

La grande aiguille de notre chrono tournait... tournait...

On venait de dépasser la 91e minute. Très légitimement, au demeurant, les arrêts du jeu justifiant amplement cette prolongation.

Rouen menait toujours par 2 à 1.

Les aristocrates olympiens de la première division allaient-ils être pendus à la lanterne rouge ?

... 2... 1...

C'est alors que la fusée partit, enfin.

Un centre d'Invernizzi, très tendu. Un bon de Joseph, une extension du corps en plein vol... et l'on vit la tête noire dévier le ballon dans le coin droit du but de Rouen.

Un splendide exploit athlétique et technique à la fois, l'égalisation que l'on n'attendait plus.

Le temps pour Dortomb de rengager et l'arbitre sifflait la fin.

1... 0... Ouf !

O.M. : une détestable

première mi-temps

Après avoir dit "merci" aux olympien de nous avoir ménagé ce "suspense" - ils auraient pu, par exemple, gagné par 3 à 0 tuant ainsi la partie dans l'oeuf - on se posera, aussitôt, la question :

"Pourquoi l'O.M. 2e du championnat, était-il mené, sur son terrain, à une ou deux secondes de la fin, par le bon dernier ?

Deux raisons principales à cela :

1) Le F.C. de Rouen, confirmant ce que nous avions écrit de lui la semaine dernière, possède une équipe très estimable. A la voir jouer, de façon alerte et parfois très technique, on ne comprend pas qu'elle soit tombe aussi bas.

2) l'O.M. a joué une première mi-temps détestable. En 45 minutes de "mayonnaise", pour user une expression qui fut jadis à la mode, l'attaque marseillaise, malgré l'appoint offensif de ses demis et de ses arrières, n'avait décoché, en direction de Duchêne aucun tir digne de ce nom.

Une équipe sans but étant une équipe qui erre, on ne saurait être surpris qui l'adversaire, profitant de cette errance, soit en mesure de marquer.

C'est bien ce qui se produisit et si le but rouennais, de cette première mi-temps, fut parfaitement anarchique, il récompensait l'équipe ayant le mieux joué.

Trois buts en 2me mi-temps.

Menant donc (1 à 0) à la mi-temps, les Rouennais n'allaient pas en rester là.

Cinq minutes après la reprise, en conclusion d'une attaque excellemment conduite, Dos Santos allait marquer, pour son camp, un fort joli deuxième but.

Ce fut le grand tournant de la rencontre.

Peu habitué à entrevoir la victoire sur terrain adverse - ils n'y ont jamais gagné cette saison - les timides "diables rouges" se replièrent massivement en défense.

Était-ce une erreur tactique, ou une sage prudence ? On ne le saura jamais.

Par suite, l'O.M. se mit à dominer alors autant que faire se peut et après que Joseph eut marqué (58e) le premier but marseillais, commença la longue attendre que nous savez - et la fin "re-joséphienne" que vous connaissez.

Le grand "Zé"

Privée au dernier moment de Djorkaeff, grippé et que remplaça le sympathique revenant Henri Lopez, l'O.M. devait subir un deuxième changement en cours de la rencontre. Robuschi, souffrant à nouveau de son claquage céda sa place à Invernizzi, à la 28e minute.

Écrivons sans plus tarder que Henri Lopez joua un match très honorable, après une aussi longue absence et que le jeune Invernizzi fut l'un des meilleurs joueurs de son équipe.

Cela précisé, on aura déjà deviné même si l'on est resté au chaud devant son poste de TV, que Joseph, fois de plus, fut le sauveur de l'O.M.

Le grand "Zé" fut non seulement le buteur de son équipe, mais encore il se manifesta, avec bonheur, dans toutes les actions offensives de l'O.M.

Mettez Joseph à Rouen et il n'y aurait pas eu de match.

Remarquons, encore, que cette saison, Rouen a encaissé 4 buts contre l'O.M. : 3 de Joseph et 1 de son compère Fiawoo.

Le reste de l'équipe joua l'un de ses plus mauvais matches. Toujours dans le style : une grande dépense d'énergie, énormément de bonne volonté dans du désordre, de la "dentelle" et trop peu de clairvoyance.

Druda et Betta

Le F.C. de Rouen avant son repli excessif en défense joua de façon claire assez précise et très correctement, ce qui est à souligner par les temps qui courent.

Druda et Betta brillèrent d'un vif éclat, Largouet, Gosselin et le gardien Duchene méritent également la citation ainsi que Ruelles l'ex-Cannois.

Une bien sympathique équipe à laquelle ne manque, sans doute que le sens du but.

Et c'est grand dommage pour elle

Maurice FABREGUETTES

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 Deux buts de JOSEPH et...

...l'O.M. rejoint ROUEN (2-2)

On emploie souvent de façon quelque peu impropre l'expression "in extremis"... Mais, pour ce qui est de cet O.M. - Rouen, elle convient parfaitement. Joseph ayant marqué le but régulateur marseillais alors que l'on en était depuis près de 2 minutes aux arrêts de jeu...

M. Ulhen consultait de plus en plus souvent son chronomètre et l'on crut un moment qu'il arrêterait le jeu au moment même ou l'O.M. obtenait une touche. Elle fut jouée, Invernizzi centra de la gauche et Joseph, toujours aussi adroit de la tête, put dévier "in extremis" la balle dans le coin du but de l'excellent et héroïque Duchêne... On en était à la 92e mn, mais on ne reprochera rien à M. Ulhen, l'évacuation de Betta, à la 35e mn de la seconde mi-temps, ayant duré bien plus de deux minutes.

Demi-heure insipide

Si la fin du match rachetait quelque peu son début, il n'en demeure pas moins que la première mi-temps de l'O.M. avait été tout à fait médiocre. Sur les essais marseillais, Duchêne se montrait très sur, tandis que la légère équipe normande faisait front vaillamment, faisant largement jeu égal.

À la 26e mn, Robuschi, ressentant une douleur à la cuisse, laissait sa place à Invernizzi.

Rouen frappe deux fois

A force de jouer avec le feu, l'O.M., qui venait de recevoir deux avertissements gratuits, allait finir par se brûler. Betta et Dos Santos, en bonne position, avaient tiré le premier sur Escale (31e mn), le second à côté (38e mn).

À la 41e mn, un centre de Betta depuis la gauche surprit complètement la défense de l'O.M. et arriva dans les jambes de Henri Lopez (remplaçant Djorkaeff grippé). Ce dernier subissant simultanément la charge de Ruelle, ne put freiner sa course, marquant contre son camp...

On commentait encore l'événement lorsque les deux équipes (Rouen très applaudi) revinrent des vestiaires. Cinq minutes plus tard, une belle attaque normande se terminait par un tir victorieux du petit Dos Santos ! Là, ça devenait sérieux.

Le forcing de Joseph

Heureusement pour l'O.M., Rouen, devenu conservateur, se massait en défense et facilitait la tâche de Joseph et de ses camarades, beaucoup plus à l'aise dans le corps à corps.

À 50e mn, sur mauvais renvoi de la défense, Joseph fusillait l'infortuné Duchêne pourtant excellent. Un peu plus tard, en bonne position, Joseph ratait son tir.

La domination marseillaise devenait massive, totale... Duchêne multipliait les parades, Betta, blessé à la tête et k.o., était remplacé par Godoy à 10 minutes de la fin. Au même moment, un centre de Destrumelle provoquait une bagarre monstre devant le but normand et un but refusé à Joseph pour jeu dangereux.

Le temps passé, Sénéchal, épuisé, dégageait une derrière fois en touche et cette touche, à la 92e mn, permettait à l'O.M. de rejoindre son adversaire...

L.D.

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ESCALE :

"La prolongation nous a sauvés"

Le président Marcel Leclerc constatait avec beaucoup de flegme : "On a vu les deux visages de l'O.M., le vilain et le beau..."

Escale faisait remarquer avec infiniment de logique : "Heureusement que les Rouennais ont fait le cirque et qu'il y a eu 2 minutes de prolongations autrement nous perdions la partie !"

Artelesa avouait : "Nous pouvons nous considérer heureux d'avoir fait match nul !"

Robuschi était soucieux :

"Mon ancien claquage m'a fait mal dès mon premier démarrage !"

Tassone s'écriait : "Nous avons la chance de que notre équipe soit une équipe de collègues ! Autrement !"

Joseph était hilare : "Ce fut réellement difficile mais j'ai enfin trouvé le chemin des filets adverses !"

Alain DELCROIX

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VERNIER : Le moral

de mes hommes "regonflés" !

Dans le camp rouennais chacun était sincèrement dépité. On la voulait tant, cette victoire !

L'entraîneur Vernier regrettait le nul en ces termes : "Nous aurions du gagné ce match ! Nous avions pris l'avantage en première mi-temps ! Nous savions qu'à la reprise les Marseillais allaient faire le forcing et nous aurions dû mieux savoir nous accrocher ! Enfin c'est un point précieux qui va regonfler le moral de mes hommes. Ils ont démontré qu'ils avaient du coeur !"

Piantebat soupirait avec une certaine amertume : "C'est vraiment la malchance ! Est-ce qu'elle finira par nous abandonner ?"

Bruant remarquait avec un léger sourire : "C'est la première fois que nous faisons match nul à l'extérieur depuis quatre mois !"

Dos Santos protestait : "C'est toujours la même chose : les équipes de bas du tableau sont considérées comme des loups et celles de tête sont des moutons, mais voyez le cadeau que l'on a fait à Betta !"

A.D.

 

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