Résumé Le Provencal

du 18 mars 1968

FLAMBEE DE L'O.M.

C'était le derby des violettes. Gentillesse et modestie.

L'O.M. était endormi : Aix mal éveillé.

Pas un drapeau, pas une pancarte... pas un seul geste plaçait dans les tribunes et un seul pétard, sans doute oublié par les supporters corses, dont l'éclatement fit penser à une incongruité.

Telle fut le derby départemental O.M. - Aix jusqu'à la 45e minute.

Mais, il devait y avoir, heureusement pour le plan public, une prolongation d'une douzaine de minutes.

Douze minutes explosives qui devaient constituer l'essentiel d'un bon spectacle.

Car, on en pensera ce que l'on voudra, un match de football sans passion est comme une bouillabaisse aux poissons de roche.

Cette longue prolongation eut pour cause première les nombreuses entrées sur le terrain du Docteur Luciani, pour des blessures diverses et heureusement sans gravité.

Une rencontre peut-être molle, jouée sans méchanceté, de part et d'autre, et nécessiter les précieux services du médecin désigné à cet effet.

Donc, l'aiguille de notre chrono tournait aux environs de la 45e minute, quand se produisit la première explosion.

Sur un centre venu de la droite olympienne, Varini se détendit et Joseph aussi. À peine repoussé, le ballon furent re-disputé par la tête de Destrumelle et le poing de Varini. Destrumelle frappa le premier, expédiant le ballon dans la cage, avant d'être mis k.o. par le poing du gardien aixois.

Peine perdue, l'arbitre avait déjà sifflé coup franc contre Joseph pour jeu dangereux.

Le public surtout les jeunes massés derrière le but aixois, ne l'entendit pas de cette oreille.

Et ce fut la "bronca" accompagnée du jet d'objets divers : pierres, bouteilles... et même un banc.

On s'amusait, enfin.

Là-dessus, les esprits étant encore mal calmés, nouvelle séquence de catch entre Joseph et Varini qui ne tenait pas à être mangé à la "sauce Zé".

Deuxième "bronca" encore plus forte que la première.

De supplément en supplément, la 50e minute était écoulée quand Leonetti réussit un remarquable numéro de dribbles devant la défense de l'O.M.

Une passe habile à Cossou, un tir beaucoup trop croisé de ce dernier, pour ne pas écrire complètement raté... et Tejedor, plus vif qu'Escale logeait le ballon dans la cage marseillaise.

1 à 0 pour Aix... et l'on vit, alors une banderole aixoise s'agitée par des mains supportrices.

Il y en avait tout de même une !

La mauvaise humeur et les craintes des supporters olympiens ne durèrent qu'une vingtaine de minutes.

Dès la reprise du jeu, on devait noter une nette accélération marseillaise, coïncidant avec une série de fautes de la défense aixoise.

Résultat : 3 buts en 12 minutes, de la 52e à la 64e, si vous aimez les précisions.

Invernizzi, le premier, après s'être joué de ses adversaires, sur la droite du terrain, offrit un but quasiment immanquable à son ami Bonnel.

Ça allait mieux !

Le petit Invernizzi, remis à sa meilleure place, ne devait pas s'en tenir là. Profitant d'une faute grossière de Sejnera, il se permit de "lober" Varini, comme un grand.

Avantage aux "Blancs" qui, pour cette fois étaient tout de bleu vêtu.

Joseph, mis en appétit par la réussite de son partenaire de poche, déboulait alors sur la gauche et d'un revers du pied droit (méthode Skoblar) trompait une troisième fois Varini.

Joseph venait ainsi de rejoindre Sansonetti : 15 buts à 15 buts.

Il faut rendre cette justice à l'équipe aixoise qu'elle ne joua jamais aussi bien qu'après cette déconvenue.

Grâce à ses techniciens, Cossou, Leonetti, Gauthier et ses "battants" Tejedor, Yansanne, Gassert... elle reprit la direction du jeu et ses dernières offensives inquiétèrent souvent la défense olympienne.

Tant et si bien qu'à 79e minute, l'arbitre accorda aux Aixois un coup franc indirect en pleine surface de réparation de l'adversaire.

Tous les joueurs marseillais s'étant massés sur leur ligne de but, Cossou passa à Leonetti qui tira et marqua.

"Pas d'accord messieurs ! déclara l'arbitre, Cossou a feinté le tir, ce qui est défendu par le règlement."

À refaire ce qui est toujours extrêmement délicat.

Pourtant Leonetti devait recommencer et remarquer de belle manière.

Bravo ! et 3 à 2 seulement pour l'O.M.

On devait en rester là.

Maurice FABREGUETTES

AIX ouvre et ferme la marque...

mais encaisse 3 buts...

Ce ne fut pas un derby échevelé.

L'O.M. joua comme il en a l'habitude un match sérieux mais sans éclat. Le style actuel de l'A.S. Aixoise s'accommode mal des assauts désespérés.

Les Marseillais prirent un bon départ et ratèrent aux 7e et 21e minute l'occasion de se rendre de se mettre à l'abri. Mais Bonnel servi par Joseph, rata son tir, tandis que Robuschi, sur ouverture du même Joseph, poussait la balle trop loin. Même mésaventure allait arriver à la 24e minute à Leonetti qui tirait à côté habilement démarqué par Cossou.

À la 36e minute, alerté par Gauthier, Cossou se débarrassa de ses opposants, grâce un changement de pied et tirait sec... à côté.

Malgré de multiples mais menus incidents de jeu, tout le monde s'endormait quelque peu jusqu'à la pause.

À la 45e minute, sur une phase très animée, Destrumelle marquait de la tête et recevait en même temps le poing de Varini en pleine figure... Incident jet de menus objets et... but refusé pour faute de Joseph.

Temps réglementaire était écoulé depuis six minutes, lorsque Escale trop, trompé par la direction d'un tir raté de Cossou était devancé par le jeune Tejedor.

Dès le repos - la première mi-temps avait duré 52 minutes - Escale devait intervenir sur une reprise de la tête à bout portant de J.L. Leonetti servi par un long centre de Yansane.

L'O.M. allait encore prendre nettement la direction des opérations et profiter au maximum de grossières erreurs de la défense aixoise.

Le but égalisateur marseillais fut obtenu de façon assez ahurissant à la 52e minute...

Invernizzi attira de lui le long de la ligne de but une bonne partie de la détresse aixois y compris Varini et glissa au centre pour Bonnel complètement démarqué.

Dix minutes plus tard, Stasiak ayant quitté sa place, le ballon revint au centre ou Sejnera se laissa tromper par un rebond... et par Invernizzi qui loba adroitement Varini (62e).

Le temps de remettre en jeu et Joseph, parti en force sur la gauche, "oubliait" Rault et trompait Varini par un revers du pied droit.

Courageusement Cossou et ses camarades de l'attaque remettaient sur le métier leur ouvrage, soutenus par un excellent Gauthier.

À la 79e minute, Aix obtenait à 7 ou 8 mètres du but un coup franc indirect. Servi par Cossou, Leonetti marquait en force pour rien, car M. Kitabdjian le faisait recommencer. Suivant le même scénario, Leonetti récidivait plaçant la balle exactement au même endroit...

Cette réussite redonnait de l'espoir aux Aixois et ne parvenaient pourtant pas à égaliser.

Louis DUPIC

ESCALE : "Les Aixois cassent le rythme !"

Les Marseillais n'étaient pas mécontents d'avoir franchi les obstacles de ce derby.

Le président Marcel Leclerc analysait le rendement de centimes en ces termes : "L'ennui pour nous c'est que notre équipe a manifesté une indéniable irrégularité dans son rendement au cours du même match ! C'est ce défaut que nous devons nous efforcer de corriger à l'avenir !"

Djorkaeff sortaient un peu de son laconisme habituel pour nous dire : "Je manquais d'un peu de jus, j'étais fatigué par le match de Nice avec l'équipe de France contre le Torino ! Nous avons eu des occasions en première mi-temps que nous n'avons pas su exploiter !"

Escale résumait son impression par ces mots : "Après avoir démarré lentement ce match a été un véritable derby ! Les Aixois se sont ne sont pas faciles à manoeuvrer, ils cassent le rythme !"

Robuschi regrettait : "Nous aurions dû mener à la fin de la première mi-temps ! Nous aurions pu gagner plus largement !"

Gueniche bien que n'ayant pas joué, était radieux : "Nous avons une équipe de grandes classes, car il n'y a qu'une équipe de grandes classes pour marquer trois buts sur en un quart d'heure !"

Alain DELCROIX

Herczeg : "Tejedor m'a plu !"

Les Aixois avaient un sourire amer, on les comprend !

L'entraîneur Bela Herzceg résumait son opinion en ces termes : "Si Leonetti avait réussi à marquer un deuxième but au commencement de la seconde mi-temps, nous aurions mené par deux buts à zéro et cela aurait changé bien des choses ! J'ai beaucoup apprécié la tenue du jeune Tejedor, l'un de nos meilleurs joueurs !"

Varini n'était pas content : "Je n'ai pas encore compris pour quelles raisons l'arbitre m'a infligé un avertissement ! J'ai "cogné" Destrumelle bien involontairement !"

Cossou murmurait sur un ton philosophe : "Avec un peu d'attention et d'appréciations nous pourrions faire mieux..."

Gauthier soupirait : "Un match nul aurait été équitable ! Enfin, la chance n'était pas avec nous !..."

Jean-Louis Leonetti constatait : "Nous avons raté le coche, nous avons eu un passage à vide qui nous a été fatal !..."

Tejedor était radieux : "J'ai fêté mon 21e anniversaire en marquant un but, mais ma joie aurait été plus complète, si mon équipe avait remporté ce derby !"

Alain DELCROIX