Résumé Le Provencal

du 14 avril 1968

Les Sedanais ont mis la main à la pâte

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

SEDAN - Nous ignorons ce que les téléspectateurs ont pu penser de cette rencontre. Entre le grand écran du terrain et le petit écran, l'harmonie n'est pas toujours parfaite.

Mais ici, à Sedan, où nous écrivons ce commentaire, toutes les opinions concordent.

Robert Domergue vient de nous dire : "Mon équipe a paru dépourvu de l'influx nerveux. Je crains que les téléspectateurs n'aient pas apprécié cette rencontre".

Louis Dugauguez : "Ce fut un tout petit match sans rythme et fort décousu".

Le réalisateur de la T.V. laissait apparaître une moue qui signifiait très clairement : "Ce que j'ai retransmis aujourd'hui ne laissera certainement pas un souvenir impérissable".

Quant au public, décrit de "Remboursez... remboursez... " scandés en deuxième mi-temps étaient assez clairs pour que nous n'ayons pas à les expliquer.

Devant ce réquisitoire, nous avons alors consulté nos notes. Leur brièveté même rend difficile toute tentative de plaidoyer.

Une fois que l'on aura rendu hommage à l'évidente bonne volonté des 22 joueurs, à leur conscience professionnelle, même si certains sélectionnés ont encore le qualificatif d'amateur, il semble difficile d'aller plus loin.

Certes, on peut ajouter que le terrain était trop sec, le vent assez fort, ce qui constitua une gêne certaine pour les deux équipes, mais enfin, tout cela ressemble surtout à de mauvaises excuses. Car, le vent nul au vent coquin, terrain mou ou terrain sec, cette rencontre fut surtout marquée par son caractère totalement inoffensif.

Rose, le gardien sélectionné, n'eut à intervenir vraiment que deux fois sur autant de penalties.

Escale, lui, s'il fut un tout petit peu plus sollicité, ne fut jamais mis dans l'obligation de se surpasser.

De part et d'autres, on a relevé le même défaut : une telle lenteur dans les manoeuvres que chaque fois, la défense d'en face avait largement le temps de se regrouper, et encore, nous voulons oublier les "chandelles", les dégagements en touche élevés à la hauteur d'une institution et les passes approximatives. L'O.M. et Sedan valent beaucoup mieux que ce mauvais match, c'est certain !

Il est seulement regrettable que ces deux équipes, qui font partie de l'élite de notre championnat, aient choisi précisément le jour où il y avait les caméras de la T.V. pour multiplier les couacs.

Le plus grand mérite de l'O.M. aura été d'obtenir le partage des points.

Il le doit à lénergie bien connue de sa défense, faisant alterner le "béton" et la ligne et aussi à la maladresse des attaquants sedanais.

On remarqua toutefois que les arrières olympiens, très forts en défense pure, ne font aucun effort pour relancer le jeu.

Ce match nul à aussi une autre cause assez curieuse qui n'a vraisemblablement pas échappée aux téléspectateurs : mettant la main à la pâte olympienne, au propre et au figuré, les Sedanais concédèrent deux penalties aussi indiscutables que parfaitement idiots.

Il faut que toutes pour faire un match de football, le jeu n'est-il pas fait que de fautes ?

On constatera aussi que l'O.M. aurait peut-être gagné ce match si Joseph n'était pas le premier buteur du championnat.

À la seule fin de faire passer son actif de 16 buts à 17 buts, ses camarades lui demandèrent de tirer le premier penalty. Vous avez vu vous-même ce qu'il advint.

La rencontre en bref

2.317 spectateurs. Recette : 8.190 F.

60me : Herbert et Bonnel, les deux No 10, se télescopent en pleine course à une dizaine de mètres de la surface de réparation de l'O.M.

Les deux hommes vont au tapis, l'arbitre, M. Machin, accorde un coup franc indirect à Sedan. Lemerre passe le ballon à Levavasseur et ce dernier, d'un tir irrésistible du pied droit, loge le ballon dans la lucarne.

Sedan 1 - O.M. 0.

613e : corner pour l'O.M. Il est tiré de la droite par Robuschi. À la surprise générale, on voit le grand arrière central de Sedan Lemerre sauter très haut et saisir le ballon à pleines mains en pleine surface de réparation, alors qu'il n'y avait aucun danger.

C'est le penalty indiscutable mais complètement inutile.

Joseph le tire et loge la balle dans les mains du gardien sedanais Rose.

Grosse déception dans le camp olympien.

86me : Destrumelle était en train de passer sur l'aile gauche et, au moment ou il entrait dans la surface de réparation de Sedan, l'arrière droit Zamojsky tombe devant son adversaire et touche le ballon des deux mains.

Nouveau penalty tout aussi indiscutable que le précédent mais également idiot.

Djorkaeff le tire cette fois et, prenant Rose à contre-pied, marque le but de l'égalisation pour l'O.M.

O.M. 1 - Sedan 1.

63me : Robuschi entre sur le terrain à la place d'Invernizzi.

70me : Rastoll remplace son partenaire Bourgeois.

78me : H. Lopez écope d'un avertissement pour charge irrégulière.

Robert DOMERGUE :

"Je ne comprends pas"

SEDAN - Dans les vestiaires de l'O.M., on notait une demi satisfaction à cause de ce point précieux arraché à Sedan, mais aussi une certaine déception due au fait que tout le monde comprenait bien que cette rencontre n'avait pas dû plaire à la grande foule de téléspectateurs.

Robert DOMERGUE nous a dit : "Je ne comprends pas la mollesse de mon équipe aujourd'hui ; pourtant elle n'était pas surentraînée, tout au contraire, il y a en effet 15 jours que nous n'avons pas joué en championnat".

TASSONE alors fit remarquer à son entraîneur : "Je crois moi, que c'est parce que nous n'avons pas assez joué ces derniers jours temps que nous ne sommes pas "trouvés" aujourd'hui. Nous étions sans doute à court d'entraînement".

JOSEPH, lui, dodinait du chef dans son coin. Lui, le meilleur buteur du championnat, avoir raté aussi bêtement un penalty, ne se pardonnait pas.

"Je n'ai pas l'habitude, nous a-t-il confié ; c'est la première fois que je tire un penalty en championnat, et je crois que j'ai voulu trop bien faire et j'ai raté complètement mon tir.

"Dommage pour l'O.M., la prochaine fois, c'est un autre qui tirera les penalties pour l'O.M.

Louis Dugauguez : "Herbet était très fatigué"

Après nous avoir donné son opinion sur la rencontre, l'entraîneur de l'équipe de France a bien voulu nous confier qu'il se garderait bien de juger Herbert sur ce match : "Vous comprenez, il a joué trois fois cette semaine : à Monaco mardi, à Bruxelles mercredi et aujourd'hui contre l'O.M. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'il est paru émoussé. À mon avis, ce fut une erreur de l'avoir autorisé de faire autant de rencontres dans le courant de la semaine."

Pour ce qui est du reste de l'équipe de France, Louis Dugauguez nous a confirmé qu'il ne mettrait vraisemblablement que trois attaquants de pointe et que le Messen Szepaniac avait une grande chance de jouer sous le maillot tricolore à Belgrade.

TELEVU

Heureux ou malheureux ?

Les dimensions réduites du stade Émile Albeau compensant la pauvreté habituelle des moyens mis en oeuvre, nous avons pu voir Sedan-O.M., presque comme si nous y étions ! Pour nous, une seule question se pose... En ramenant un point d'un déplacement difficile, après avoir été nettement dominés, marquant sur penalty mais en ratant un autre, les Marseillais sont-ils bien ou mal payés de leurs efforts ?

Nous pensons que les choses sont bien comme cela, d'attaque provençale, réduite au seul Joseph, n'ayant pu se créer aucune occasion de but, les Sedanais Lemerre et Zamojski venant heureusement à son secours sous la forme de deux fautes de main "gratuites" est bien inutiles...

Deux hommes à mettre en évidence : Jean-Paul Escale, absolument impeccable et digne de la sélection suprême et l'arbitre M. Machin, aussi honnête que courageux. Siffler deux penalties, même indiscutables, en faveur de l'équipe visiteuse, cela mérite un coup de chapeau !

Louis DUPIC