Résumé Le Provencal

du 05 juin 1969

L'O.M. s'incline à SEDAN (1-3)

(De notre envoyé spécial : Luis DUPIC)

SEDAN (par téléphone) - Comme on le prévoyait le mauvais temps à nui considérablement à la réussite de ce match Sedan - Marseille dont les sportifs attendaient beaucoup. Bien que les deux formations soient sans ambition en championnat, on attendait une confrontation entre le vainqueur de la Coupe et le demi-finaliste.

Sur un terrain assez glissant et devant 2 à 3.000 spectateurs seulement, M. Wurtz siffla le coup d'envoi et la partie s'engagea très vivement comme si les joueurs désiraient s'échauffer et les attaques fusaient de part et d'autre avec un léger avantage en faveur des locaux. Et il fallait toute la prestesse d'Escale pour sauver les buts devant Levavasseur et Hardouin (2e et 7e minutes).

Puis sur un tir de 30 mètres de Madot, à la 11e minute, Escale se signala à nouveau en sauvant ses filets sur corner.

Les réactions des visiteurs étaient rares. Enfin, à la 19e minute, sur corner, Salem, de la tête, ouvrait le score et était récompensé de son forcing. On attendait une réaction des Marseillais et les Ardennais continuaient à presser la défense adverse sous l'impulsion de Lemaire, Salem et Broissard, omniprésent.

Mais sur un tir décoché par Madot, à la 27e minute, sur le poteau, Tokoto répliqua de la même manière deux minutes plus tard.

Sedan était le plus fort et c'est Hardouin qui aggravait le score à la 31e minute : 2 à 0.

Le score était lourd quoique parfaitement normal. Sedan concéda son premier corner à la 36e minute ; sur celui-ci Marseille ouvrait le score de façon scandaleuse : Bonnel, après un renvoi, se trouvait hors-jeu de cinq mètres au moins. C'était un cadeau royal que la foule n'approuva guère.

À la mi-temps Sedan menait devant Marseille par 2 buts à 1.

Au repos, 2 à 1 en faveur de Sedan.

Mais le moral avait varié car les Marseillais, heureux de cette aubaine et d'un arbitre sans doute dépassé par les événements, retrouvèrent le moral qui leur manquait et se lancèrent à l'assaut avec ardeur mais sans grande cohésion.

On put noter un nouveau tir sur la transversale de Sedan (39e minute) puis Levavasseur manqua deux occasions d'aggraver la marque (63me minute).

Cependant Sedan reprenait son assurance et alertait à nouveau Escale par Hardouin et Cardoni. Et à la 60e minute, sur un débordement de Roy, Escale rata l'interception et Hardouin inscrivait un superbe troisième but dans les buts désertés par le gardien.

On attaque le dernier quart d'heure alors que Marseille jetait ses dernières forces dans la bataille mais sans succès et les Ardennais remportaient une victoire amplement méritée.

L'O.M. sans attaque !

Sedan n'a pas changé avec les années, on entre toujours au stade comme chez la crémière et le public arrive au dernier moment comme au cinéma de quartier, tout à côté.

La Meuse roule des flots boueux et des gros nuages noirs se bousculent dans le ciel. Hier soir il faisait un froid de canard et le vent venu en droite ligne de la mer du Nord nous plaquait la pluie au visage.

Les joueurs marseillais, le col relevé, se demandaient ce qu'ils étaient venus faire dans cette Sibérie.

Les Ardennais ne nous avaient pas caché qu'ils étaient très désireux de gagner le match et de se qualifier pour la Coupe des villes de foire en s'attribuant la cinquième place. Motivation très différente donc pour les deux adversaires. Quant au public, il était resté sur une prudente réserve, c'est le moins qu'on puisse dire et on ne saurait le lui reprocher sérieusement.

Il existe des régions où organiser des rencontres nocturnes relèvent du défi.

Comme on pouvait s'y attendre les Ardennais s'efforcèrent de prendre assez vite la partie en mains. Sous l'impulsion de Lemerre, en grande condition d'ailleurs, du trio intermédiaire Salem, Cardoni, Bourgeois, mais aussi du jeune arrière Medot très à l'aise dans la partie offensive de son rôle et dont les actions faillirent aboutir dès les premières minutes.

L'O.M. qui avait bien débuté par Joseph et Tokoto fut très vite réduit à la défensive et le but marqué par Salem en conclusion d'une longue période de domination semblait en appeler bien d'autres.

Son attaque ne parvenait pas à garder la balle qui revenait sans cesse dans le son camps ou Zwunka, Novi et Lopez se montrèrent heureusement vigilants, de même que Escale.

Mais comme cela arrive souvent, cette partie sans histoire eut vers la 30e minute des rebondissements imprévus. Il y eut tout d'abord un tir de Tokoto de plein fouet sur l'angle des buts et sur la contre-attaque même un but de curieux de Hardouin prenant au piège Zwunka en possession de la balle.

Pour Sedan, l'affaire paraissait entendue, aussi il y eut un beau tumulte lorsque Bonnel, servi par Joseph, marquait, comme à la parade devant une défense arrêtée qui avait "tête à gauche" vers le juge de touche au lieu de continuer à jouer.

Événement évident contestable et qui eut le mérite de redonner aux Marseillais un moral élevé et de relancer en conséquence une partie qui tournait court.

Cette erreur d'arbitrage n'eut finalement aucune influence sur le résultat. Au milieu d'une seconde mi-temps à l'avantage ses Sedanais, le jeune Hardouin que l'on pouvait appeler le "roi des resquilleurs", profita d'une glissade malencontreuse de Jean Paul Escale pour mettre fin à toute équivoque. L'O.M. ne pouvait espérer mieux devant une équipe de qualité, son attaque, malgré sa bonne volonté, était hier soir beaucoup trop faible. C'est évidemment parmi les défenseurs qu'il faudra rechercher les meilleurs Marseillais : Escale malgré son imprudence déjà réalisée, Novi intraitable garde du corps de Levavasseur, Zwunka toujours impressionnant par son allant et Bonnel par son travail incessant.

À Sedan, nous avons apprécié Medot, Lemerre supérieur à Broissard, Salem et Bourgeois, l'un et l'autre excellents, Levavasseur par contre ne put jamais se défaire du marquage de Novi alors que Hardouin sut toujours se montrer opportuniste.

M. Neumann :

Nous avons perdu pour avoir joué sans ailier, nous disait après le match M. Neumann qui avait cumulé, hier toutes les fonctions dirigeantes en compagnie de Marcel Poujent. Après une attaque réduite au seul Joseph, nous ne pouvions espérer mieux.

Fiawoo, touché dans un choc tête contre tête avec Salem, nous assurait avoir joué toute la seconde mi-temps dans le brouillard, et il se plaignait encore après la rencontre.

Jean-Paul escale nous racontait comment il avait glissé au moment d'encaisser le troisième but. Quant à Bonnel, il nous assurait n'avoir pas été hors-jeu au moment du but qui déclencha un si beau tumulte ; et tous les joueurs se plaignaient de l'attitude très véhémente du public sedanais au cours d'un match joué très correctement.