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Résumé Le Provencal

du 19 avril 1969

 

L'O.M. vainqueur de ROUEN (1-0)

BONNEL auteur du but à la quatrième minute !

Nous n'expliquerons pas à nos lecteurs marseillais que le mistral et le pire ennemi du bon football, et des coquettes recettes.

Il y avait donc hier au Stade Vélodrome qu'un public assez restreint.

Les équipes sont celles annoncées et après une minute de silence observée à la mémoire du regretté Jean Bastien la partie s'engage, tandis qu'une fusée rouge, sans doute un exercice préparatoire avant Angers, monte vers le ciel.

4me : Bonnel de la tête

La partie débute on ne peut mieux pour l'O.M. Dès la 4me minute coup franc pour les olympiens. Il est donné par Novi. Bonnel, d'une reprise de la tête met le ballon sur la transversale et ce n'est pas fini : profitant du rebond, Bonnel, encore lui, plonge et d'un deuxième coup de tête trompe définitivement Rigoni.

O.M. 1 ; Rouen 0.

C'est ce qu'on appelle en Normandie être cueilli à froid.

Les émotions fortes vont se poursuivre pour la défense rouennaise. Un tir canon de Joseph qui plie littéralement Rigoni en deux et un sauvetage désespéré de Sénéchal, celui-ci détournant de la tête en corner, un tir de Magnusson.

Cette action avait été précédée par une combinaison Magnusson - Bonnel que l'on peut qualifier de haut standing puisqu'il s'agissait de construire du jeu.

Rouen se fait applaudir

Ce premier quart d'heure euphorique passé, on commence à découvrir le Football Club de Rouen et son jeune ailier gauche Leroy, un blondinet qui rappelle Bruneton jeune.

Rustichelli, le vrai, qui joue à l'aile droite, se porte bien lui aussi. Bref, Rouen avec ses Betta, Druda et compagnie mène quelques bonnes attaques et se fait applaudir par le public. Par contre Tokoto assez malheureux jusqu'à présent hérite de quelques sifflets. Quant à Magnusson, il ne tourne encore qu'à son demi-régime, ce qui suffit tout de même pour poser de délicats problèmes à Poulain.

1-0 à la mi-temps

Chose extraordinaire, l'arbitre s'attire quelques murmures désapprobateurs. Savez-vous pourquoi ? Parce qu'il avantage l'O.M. de façon un peu trop visible. Le fait rarissime méritait d'être souligné !

Ces digressions indiquent clairement qu'il ne se passe pas grand-chose de décisif sur le terrain. Nous en avions médit. Voici consécutivement : 36me un bon tir de Bonnel sur lequel Rigoni doit plonger et une percée de Dos Santos qui conduit son auteur jusqu'à escale. Là-dessus, c'est Novi qui, en position d'ailier droit, essaie d'imiter Magnusson. Il réussit assez bien et son centre est détourné en corner par Gosselin. Sur ce corner, Joseph s'envole, plane, frappe de la tête, met de peu à côté.

La réplique rouennaise se traduit par un excellent tir de Rustichelli sur lequel Escale effectue un non moins excellent arrêt plongé. Mais en dépit d'une nouvelle domination de l'O.M., aidé par leur petit succès, toujours 1 à 0 à la mi-temps.

Un exploit de Djorkaeff

Rouen repart avec le vent, et Leroy se fait applaudir par une série de dribbles très heureux, pas mal du tout ce "jeunot".

C'est ensuite au tour de Rigoni de se distinguer, il arrache littéralement le ballon dans les pieds de Bonnel, ce dernier fort bien lancé par son ami Joseph.

Actions très percutantes pour Rouen, 52me minute, sur centre de Poulain, monté en position d'ailier gauche, Escale plonge dans les pieds de Dos Santos et c'est le k.o. pour le gardien marseillais, sans gravité heureusement.

Escale, à peine rétabli, nous assistons à un exploit de Djorkaeff. Un esprit de 60 m au moins, le long de l'aile gauche, son centre offre presque le but à Joseph, mais ce dernier rate la reprise de volée (60me minute).

Vaine domination

de Rouen

La partie est toujours très animée, et encore indécise, l'O.M. n'ayant qu'un but d'avance, Rouen tente résolument sa chance et sur une montée collective parfaitement orchestrée par Leroy, la défense de l'O.M. se laisse surprendre. Il est heureux pour Marseille que le F.C. de Rouen soit malheureux ou inefficace, ce qui sur un match, revient au même.

Le vent aidant son adversaire, l'O.M. joue maintenant la contre-attaque, et l'on voit le tandem de couleur Tokoto - Joseph s'envoler, tentative que Sénéchal va réduire à néant.

Magnusson, assez discret, ce soir, temps à son tour sa chance pour n'obtenir qu'un corner.

Dernière alerte

Toujours 1 - 0 alors que débute le dernier quart d'heure. Tokoto est sorti un peu trop spectaculairement par ses dirigeants, tandis que Tassone entre.

Bonnel est déchaîné, sur un de ses passages en force et en vitesse à la fois, le but chauffe pour l'O.M.

Puis sur corner pour Rouen, Escale ayant été bousculé par Sénéchal, nous assistons à une petite bagarre ; encore Bonnel qui passe sur la droite, mais dont le centre passe derrière Joseph. Un peu de grand spectacle à quelques minutes de la fin, projeté aux avant-postes par une admirable passe de Magnusson, Joseph fonce à grandes enjambées vers Rigoni, c'est David contre Goliath, le tir par dans la foulée, terrible, mais Rigoni, remarquable ce soir, dévie en corner.

Et c'est la fin sur la victoire de l'Olympique de Marseille par 1 but à 0.

Maurice FABREGUETTES

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LEROY : un vrai "Diablotin Rouge"

Ce diable de mistral nous a certainement privé d'une excellente partie.

Nous ne voulons pas seulement parler de l'enthousiasme du public naturellement refroidi, mais aussi la conduite de la balle rendue très difficile en pareille circonstance.

Le F.C. de Rouen a indiscutablement plu, lui qui doit avoir une plus grande habitude du crachin que du vent fou.

Hier soir, le public du Stade-Vélodrome a compris pourquoi cette équipe était troisième, et nul n'a pensé que cette place d'honneur était usurpée.

De vrais "diables rouges" ces normands, bien dans la tradition de leur grand et vieux club.

Une victoire précieuse

L'O.M. a tout de même gagné, ce qui était l'essentiel, mais au millimètre.

Un but à la 4me minute, que Bonnel marqua, comme à l'abordage.

Contrairement à la plupart des joueurs d'un certain âge, le Florensacois est de plus en plus dynamique et percutant.

Qu'il y ajoute, parfois, un zest de méchanceté, n'y ajoutera rien. Bien au contraire.

Sur l'ensemble de la rencontre, la victoire de l'O.M. n'est pas imméritée, mais il suffit de vraiment de peu de choses pour que le résultat fut inversé.

Les deux équipes eurent un nombre à peu près égal d'occasions de buts, et en ratèrent beaucoup.

Il faut dire que le vent compliqua énormément la tache, toujours délicate, des buteurs.

Une grande révélation :

LEROY

Pour ce qui est des individualités, le bilan peut se résumer ainsi :

Une révélation est un échec.

La révélation est celle du jeune Leroy, comme titulaire en équipe réserve de son club il y a quelques jours.

Nous avons rarement vu un jeune, surtout en déplacement, s'imposait de telle façon.

Rapide, remarquable dribbleur, précis, autoritaire et doué d'un esprit combatif exemplaire.

Pourquoi, diable, les dirigeants rouennais sont-ils allés chercher un assez vieux Tchèque, alors qu'il possédait une pareille perle chez eux ?

L'échec s'appelle Tokoto. Il fut tellement nul que nous n'aurons pas la cruauté d'insister.

Ce jeune mulâtre avait beaucoup mieux joué à Rennes.

Pensant qu'il a été "mangé" par le trac et qu'il ne faut pas le condamné.

BONNEL,

en grande forme

Dans l'équipe de l'O.M., le meilleur aura été Bonnel et, avec lui, les deux internationaux Djorkaeff et Novi.

Magnusson, qui a une sainte horreur du mistral, joua assez en dedans de ses extraordinaires moyens.

Joseph a retrouvé la forme physique. C'est une évidence. La réussite ne tardera pas à venir. Escale a au moins sauvé un but, en se faisant blessé.

Tous les spectateurs ont pu constater, comme nous, la classe du jeune gardien Rigoni.

En vedette également, à Rouen : Larcouet, Druda et Dos Santos.

Bon match, aussi, de Rustichelli. Nous avions vu, assez souvent, Betta meilleur qu'il ne fut hier soir.

Maurice FABREGUETTES

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ZATELLI :

"C'est la faute du vent"

L'ambiance mitigée dans le vestiaire olympien ou la victoire n'a pas libéré un enthousiasme délirant. Un homme est même passablement vexé. C'est le gardien Escale qui semble en avoir terminé avec un six rounds endiablé. Son arcade gauche arbore en effet un méchant hématome, suite d'un contact un peu brutal avec Dos Santos.

Ce qui fait dire à Mario Zatelli, en plaisantant : "Cette fois vous pouvez écrire que Jean-Paul a vraiment reçu un coup..." Sans doute pour lui redonner le moral.

En analysant la rencontre, entraîneur marseillais s'est surtout plaint... des conditions atmosphériques.

"Vous vous rendez compte, jouer au ballon avec un temps pareil ! Nous sommes tout de même en Provence que diable ! Et au printemps ! Bien sur, un but c'est maigre. Mais quelle partie a fait ce Rigoni."

Joseph de son côté, en dodelinant de la tête, reconnaissait que Sénéchal lui avait cherché des noises. Et visiblement le puissant avant-centre n'avait pas apprécié.

"Durant toute la partie, nous a-t-il dit, mon adversaire direct à user d'irrégularité. Heureusement j'ai de la patience..."

Quant à Tassone sa rentrée dans les dernières minutes, ne lui a pas permis seulement de se réchauffer.

"Démarrait à cent à l'heure avec ce froid, il n'y a rien de tel pour vous couper le souffle".

Le mot de la fin à Magnusson, toujours souriant et aussi peu familiers avec la langue française :

"Oui, oui ça va très bien, merci !"

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Gérard : "Guère aidés par l'arbitre"

Pas d'exubérance non plus chez les Rouennais, qui ont gardé semble-t-il, une dent à l'arbitre.

"Tout le monde fait des fautes, nous a confié l'entraîneur M. Gérard. Mais cette multitude de coups francs sifflés contre nous, pardon ! M. Mallereau ne nous a guère ménagés. Sans vouloir contester la victoire de l'O.M., le but encaissé d'entrée nous a coupé les jambes. Dommage."

Dominique Rustichelli, lui, apportait une conclusion de philosophe. : "Ils ont gagné, bravo !"

 

 

 

 

 

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